La 15ème édition du Tour du Qatar s’ouvre aujourd’hui à Dukhan, petite ville située à 60 km de Doha, la capitale. L’occasion de revenir sur les investissements massifs réalisés par ce petit État de la péninsule arabique dans le sport dans le but de peser sur la scène internationale.
Cavendish débloque son compteur 2016 au Tour du Qatar Crédit / AFP
Omniprésent. Le Qatar est devenu en l’espace de trente ans un acteur incontournable du sport. Cyclisme, football ou encore tennis, le pays a investi toutes les disciplines sportives. La preuve? En 2018, le pays sera l’hôte du mondial de gymnastique. Un an plus tard, il accueillera le mondial d’athlétisme et en 2022, consécration ultime ou presque, le Qatar organisera la Coupe du monde de football. Mais le Qatar ne s’arrête pas là, et vise l’accueil d’un Grand Prix de formule 1 dans les prochaines années ainsi que l’organisation de Jeux Olympiques, organisation, qui lui a échappée à deux reprises.
Cette omniprésence dans le domaine du sport est le fruit d’une politique volontariste menée depuis la fin des années 1980 par le cheikh dirigeant d’alors, Hamad Ben Khalifa Al Thani et poursuivie par son fils Tamin Ben Hamad Al Thani, au pouvoir depuis 2013. Fer de lance de cette politique, le Fond d’investissement qatarie, “Qatar Investment Authority” lancé en 2005 et qui s’occupe des achats sportifs du pays.“ Les qataris ont très tôt compris qu’ils ne pouvaient uniquement compter uniquement sur les hydrocarbures et qu’ils devaient diversifier leur économie. Le sport a été jugé suffisamment stratégique car il permet la promotion rapide d’un pays”, explique Sébastien Abbis chercheur à l’Iris, intérrogé par le Celsa lab.
Un avis que partage l’économiste du sport, Frédéric Bolotny: “En étant l’hôte d’ évènements sportifs majeurs, le Qatar espère attirer des médias ainsi que le regard des spectateurs du monde entier sur le pays.” En organisant par exemple une coupe du monde de football, le Qatar espère donc faire d’une pierre deux coups: d’abord attirer l’attention du monde et surtout peaufiner son image de marque. “En misant sur le sport, le pays s’associe de facto à des valeurs positives comme le dépassement de soi ou le fair play”, estime l’économiste interrogé par le celsa lab.
– Investissement tous azimuts –
Mais le Qatar ne s’arrête pas en si bon chemin. Le pays n’est pas seulement l’hôte de grandes compétitions internationales, il a également investi plusieurs millions de dollars dans l’achat et le sponsoring de différents clubs de football. En France, le Qatar est propriétaire depuis 2008 du prix de l’Arc de triomphe renommé dans la foulée Qatar Prix de l’arc de triomphe. En 2011, il a racheté le club de football parisien, Paris Saint Germain. Un an plus tard, c’est au tour du club de handball parisien de passer sous pavillon qatarien. Rien ne sembler combler l’appétit du Qatar. Pas même l’émoi provoqué dans l’opinion par le rachat de clubs faisant partie de la ‘marque France’ à l’international. La France qui n’est d’ailleurs pas l’unique terrain de jeu du Qatar. En 2010, le pays a jeté son dévolu sur le club de football espagnol de Malaga.
A défaut de pouvoir s’offrir le FC Barcelone qui appartient a ses 153,000 “socios”, le Qatar s’est lancé dans une opération de sponsoring en vue d’être associé à la marque Barca. Le pays a investi 150 millions d’euros pour avoir le droit d’apparaître sur le maillot de l’équipe catalane. Car le FC Barcelone comme sa devise l’indique, “més que un club”, est beaucoup plus qu’un club de football. Selon différentes études de marché, le club catalan – n’en déplaise au Real madrid – est le plus connu au monde et compte 300 millions de fans dans le monde entier. En s’associant à des marques mondialement connues, le pays espère gagner en notoriété.
Mais selon Sébastien Abbis, à travers ces opérations, le Qatar ne peaufine pas seulement son image de marque: “ Il y’a une volonté du Qatar d’acquérir des partenariats qui soient en mesure d’aider et de protéger le pays. Pour le Qatar, il est plus économique d’acheter le PSG que de construire une armée.” Car si le pays est certes riche de ses hydrocarbures, il n’a selon le chercheur pas les moyens de se constituer une armée suffisamment forte.
Autre stratégie développée par le Qatar: celle de compter sur des sportifs de renom.Zinedine Zidane,champion du monde de football 1998 a servi de prête nom et de vitrine à la candidature qatarie lors de l’organisation de la coupe du monde de 2022: “ Ils apportent le prestige et la lumière nécessaire à une nation” estime Frédéric Bolotny.
Alexandra del Peral