Annoncée sur la sellette depuis la récente fondation des Républicains, Nathalie Kosciusko-Morizet a finalement été renommée n°2 du parti par Nicolas Sarkozy lundi soir. Une décision qui n’est pas forcément à voir comme une marque de confiance.
Elle était le fusible n°1 de Nicolas Sarkozy. Mais désormais l’orage est passé et Nathalie Kosciusko-Morizet a conservé sans encombres son poste de vice-présidente des Républicains. C’est à l’issue d’une entrevue prévue initialement mardi et qui s’est tenue finalement lundi soir, que Nicolas Sarkozy a confirmé dans ses fonctions la députée de l’Essonne.
Pourtant, rien n’indiquait que la très médiatique NKM allait pouvoir obtenir la confiance de son président, dont la volonté affichée était de rompre avec l’image de l’UMP. Et pour cause : en décidant de changer intégralement l’identité du mouvement (jusqu’à son nom), Nicolas Sarkozy n’a pas seulement tenté d’effacer l’ardoise d’un parti miné par les scandales. Là où l’UMP était une famille assez hétéroclite de courants très divers (on l’avait observé lors de la crise de 2012), Les Républicains sont là pour afficher une ligne politique la plus restreinte possible. Une ligne qui s’assume proche des courants les plus traditionalistes, comme en témoignent les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy sur Twitter.
Nous serons #lesrepublicains avec toutes celles et tous ceux pour lesquels l’héritage de la civilisation chrétienne n’est pas une option !
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 30 Mai 2015
Des écarts répétés
Avec une telle orientation, la direction des Républicains entend surveiller particulièrement les écarts, même légers, de ses membres. Et la condamnation par NKM sur France 3 des sifflets adressés à Alain Juppé et François Fillon lors du congrès de fondation du parti samedi, avait fait craindre que la vice-présidente tombe de son piédestal : tout soutien affiché aux deux anciens Premiers ministres pourrait en effet passer pour une trahison envers Nicolas Sarkozy, que beaucoup voient déjà en candidat potentiel pour 2017.
D’autant que l’ancienne ministre n’en est pas à sa première sortie de route : en mai, elle était déjà critique envers le thème de la première convention des Républicains, qui aura lieu le 11 juin. « Parler de la République et l’islam, ce n’est pas une bonne idée », avait-elle déclaré sur BFMTV. La semaine dernière, NKM allait encore à l’encontre de la ligne sarkozyste en proposant une baisse d’impôts de 100 milliards d’euros… Autant de raisons qui agaçaient dans l’entourage du président et qui auraient sans doute suffi à motiver un rappel à l’ordre.
Une muselière pour NKM ?
Malgré les rumeurs, Nathalie Kosciusko-Morizet a déjoué les pronostics en devenant la première vice-présidente déléguée des Républicains. Un geste de clémence de la part de Nicolas Sarkozy ? Pas forcément. « Il a toujours eu un côté rassembleur par obligation », note le politologue Gaël Brustier. Et pour lui, l’apport de celle qui a failli remporter la mairie de Paris est un atout de poids. « NKM représente une sensibilité, celle des grandes métropoles », ajoute Gaël Brustier. En gardant près de lui l’ancienne chef de file des « neutres » lors du conflit Fillon/Copé, Sarkozy pourrait s’assurer d’avoir le soutien des libéraux proche du centre… tout en gardant un œil sur les partisans de Juppé. Et empêcher NKM de trop s’émanciper du discours sarkozyste. Car, comme le dit Gaël Brustier : « politiquement, c’est toujours plus habile de garder ses adversaires près de soi ».
Paul VERDEAU.