Sans contrats aidés, le Troisième café risque de fermer

Le Troisième café, lieu associatif et solidaire du troisième arrondissement de Paris, risque de mettre la clé sous la porte. La raison : le non-renouvellement de contrats aidés, annoncé cet été par le gouvernement.

 

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Le Troisième café n’est pas un bistrot comme les autres; des activités et concerts y sont aussi organisés. Crédits : Lou Portelli

« Ici, on ne peut pas rester seul. Tout le monde se mêle des conversations des autres. » Voilà comment une bénévole résume le Troisième café après avoir déjeuné sur place. Dans ce troquet associatif au cœur du quartier du Marais à Paris, règne une ambiance familiale. Tous les adhérents, seuls à pouvoir consommer sur place, s’y sont déjà croisés au moins une fois. Certains y mangent tous les jours. D’autres laissent des pourboires pour nourrir un démuni de passage. Mais leurs habitudes risquent de changer.

Depuis la rentrée, le non-renouvellement de trois contrats aidés remet en cause la pérennité du bistrot. L’annonce a été faite cet été par le gouvernement. « Sur cinq salariés, quatre sont en contrats-aidés. Ils nous sont indispensables. Sans leur renouvellement, on ne peut pas continuer la même activité », regrette Anne Esambert, présidente de l’association.

Une aide annuelle d’environ 30 000 euros

Ces contrats aidés – 26 heures par semaine maximum – réservés notamment aux chômeurs de longue durée et aux titulaires du RSA, sont financés par l’État, à hauteur de 50 à 80% du SMIC selon plusieurs critères comme l’âge du bénéficiaire. « Notre café perçoit 2 000 euros par mois pour payer une partie des contrats aidés. Par an, on reçoit une aide d’environ 30 000 euros », résume Anne Esambert. Le quatrième contrat aidé du café se termine le 30 octobre. « L’association perdurera, espère la présidente, mais sans le café, ça n’a plus de sens… »

Nathalie C., 53 ans, a travaillé pendant deux ans au Troisième café. Son contrat aidé est arrivé à terme. Mais ce jeudi midi, elle est naturellement venue donner un coup de main. « Je me sens bien ici. Ce lieu permet à des gens de tous les horizons de se rencontrer et à d’autres de trouver du boulot, confie-t-elle entre deux gorgées de café, à la fin de son service. Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis dit que ça allait être compliqué pour le Troisième café et pour tous les autres bistrots solidaires (une dizaine à Paris, ndlr). Il va falloir que je songe à autre chose. »

Si l’association ne trouve pas de solution, elle se verra obligée dans un premier temps de fermer le soir. Faute d’aide financière, le bistrot pourrait mettre la clé sous la porte. Empêchant alors les 5 000 adhérents de profiter des spécialités syriennes de Mahassen, la cuisinière en CDI, et des nombreuses autres activités proposées. En attendant, l’esprit est aux préparatifs : vendredi soir, l’association fêtera son troisième anniversaire.

 

Lou Portelli