Le Bol d’Or et le paradoxe des sports mécaniques tentant d’être plus respectueux de l’environnement

Disputée ce week-end, la 86e édition du Bol d’Or, l’une des courses de motos d’endurance les plus prestigieuses, met en lumière les tentatives des sports mécaniques d’être plus éco-responsables, dans un domaine qui semble peu compatible avec la situation mondiale actuelle.

Samedi à 15h00, la BMW N37 s’élancera en pole position du Bol d’Or, compétition qui vivra sa 86e édition ce week-end au Circuit Paul-Ricard du Castellet (Var). Cette course d’endurance vieille de plus de cent ans, où trois pilotes d’une même équipe se relayent pour rouler pendant vingt-quatre heures sur une moto, est une référence dans son domaine, mais aussi un symbole d’une catégorie de sport qui pollue.

Utilisation massive de carburant

Pendant vingt-quatre heures, quarante-sept motos vont rouler sur un circuit de 3,8 km, à une vitesse moyenne proche de 166 km/h (166,4 km/h en 2021). Sur cette période, ces motos vont libérer du dioxyde de carbone et consommer beaucoup de litres de carburant.

À titre d’exemple, l’équipe qui s’élancera en pole, dont fait partie le Français Jérémy Guarnoni, utilise une BMW M 1000 RR, qui a une consommation de 6,5 litres pour 100 km selon plusieurs sites spécialisés. Sachant que la moto qui l’a emportée en 2022 avait roulé 4000 km, 260 litres de carburant seraient donc consommés en une journée par un seul et unique modèle.

Une réglementation lente

À cela s’ajoute la lente transition des constructeurs pour s’émanciper des moteurs thermiques. Sa présence est même inscrite dans le règlement de l’EWC, la catégorie reine du championnat du monde d’endurance moto. Pour retrouver des moteurs hybrides ou électriques, que les constructeurs ne développent que depuis peu, il faut se tourner vers la catégorie « Experimental », dont les résultats ne comptent pas pour le classement du championnat.

Les fédérations, elles, ont fixé des objectifs de neutralité carbone, mais seulement pour l’horizon 2050. A cette date, la Fédération française du sport automobile (FFSA) et la Fédération française de motocyclisme (FFM) prévoient donc la neutralité, se laissant beaucoup de temps pour préparer l’avenir.

Des avancées techniques en cours

Malgré cette relative lenteur des instances pour transitionner vers une discipline plus verte, le sport mécanique, et en particulier la moto d’endurance, commence déjà à travailler sur des solutions pour une pratique plus durable de sa discipline. L’an dernier, pour le centenaire du Bol d’Or, la Yamaha R1 du team FMR34 a roulé uniquement avec du carburant biomasse.

Selon son fabricant TotalEnergies, ce carburant, constitué majoritairement de déchets de raisins, réduit de 65% les émissions de CO2. Fiable en termes de performances – il a permis au team FMR34 de terminer 31e sur 43 en 2022 -, il devrait être « obligatoire dès 2026 en EWC » selon Isabelle Hostin, membre de l’équipe de développement du carburant baptisé Excellium Racing 100.

Parallèlement à ces avancées sur le carburant, Michelin développe des pneus à partir de composants renouvelables et tente d’en augmenter la proportion au fur et à mesure des années. Ces pneus ne sont cependant utilisés que sur les compétitions de motos électriques, ne concernant donc pas les modèles de la catégorie EWC.

Des acteurs qui s’engagent

Conscients des enjeux relatifs à l’écologie, les acteurs de ce milieu tentent également de faire des efforts, à commencer par le Bol d’Or. En 2022, les organisateurs de la course ont signé la charte « Événement éco-responsable » mise en place par le Circuit Paul-Ricard où se déroule l’évènement. Cette charte a pour but d’aider les clients du circuit à réduire leur impact sur l’environnement en préparant et en organisant leurs manifestations.

Le circuit Paul-Ricard fait d’ailleurs partie des circuits automobiles les plus engagés sur ces questions environnementales. Le circuit possède un système de récupération des eaux de pluie, qui sont acheminées vers un lac artificiel, et a installé 20 000 m2 de panneaux photovoltaïques, qui servent aussi d’ombrage pour le parking.

Ces initiatives laissent penser que le sport mécanique et ses acteurs veulent faire des efforts et montrer l’exemple, même si l’organisation même de compétitions de ce type peuvent sembler incompatibles avec la volonté d’endiguer la crise climatique.

Louis Rousseau

Crédit image en Une : Oleksandr Pyrohov/Pixabay

La Pro D2, l’autre rugby à l’ombre de la Coupe du monde 

Alors que la deuxième journée de la Coupe du monde de rugby démarre ce jeudi soir avec le match de l’équipe de France contre l’Uruguay, d’autres matchs de rugby se sont tenus hier. A l’ombre des stars de la prestigieuse compétition, le championnat de Pro D2 trace sa route. 

29 joueurs de Pro D2 participent actuellement à la Coupe du monde de rugby (Photo by PHILIPPE DESMAZES / AFP).

Pays de Galles, Australie et Angleterre pour leurs coéquipiers. Valence-Romans, Nevers et Aurillac pour eux. Jusqu’au 28 octobre, date de la finale de la Coupe du monde de rugby disputée en France, les joueurs de Pro D2, la deuxième division du rugby professionnel, continuent d’arpenter les terrains. 4 journées, 32 matchs en tout, disputés à l’ombre du stade de France ou du stade Vélodrome. 

Chacune des 16 équipes du championnat compte au moins un joueur sélectionné pour la plus prestigieuse des compétitions de l’ovalie, ainsi que le recense la Ligue nationale de rugby (LNR). Vingt-neuf joueurs au total.

Une perte qui concerne souvent les meilleurs éléments des effectifs. “Quand on a des Géorgiens ou des Samoans dans nos équipes, on sait à l’avance qu’ils joueront la Coupe du monde. On s’adapte en conséquence, en préparant les effectifs et les joueurs”, explique Xavier Pameja, l’entraîneur de l’USON, le club de Nevers. Sans amertume, le dirigeant compte plutôt “profiter de l’expérience que les mondialistes ramèneront dans leurs valises”

« Une aubaine »

“Pour nous, c’est une aubaine. On profite tous de la Coupe du monde”, témoigne sur la même longueur d’onde Jean-Louis Louvel, président du Rouen Normandie Rugby (NMR), qui compte dans ses rangs un joueur sélectionné pour la Roumanie. L’opportunité d’accueillir une Coupe du monde en France est tellement belle que la perte de joueurs en vaut la chandelle”, ajoute-t-il.

Aussi, pour que la Coupe du monde se déroule sans anicroche, aucun doublon avec les matchs de Pro D2. Les matchs, qui se déroulent traditionnellement les vendredis, sont disputés en semaine. Le Top 14, sa grande sœur, s’est elle arrêtée. “Pour les joueurs, cela ne change rien. Le dimanche devient un mardi, le lundi un mercredi. Le temps se déplace”, raconte Xavier Pameja. Germain Burgaud-Grimart, troisième-ligne du club de Soyaux-Angoulême, acquiesce: “Jouer en semaine, on s’en fiche. Les jours d’entraînement changent, c’est tout. Cela nous permet même d’aller voir la Coupe du monde les week-end”, sourit-il, en pensant à ses deux coéquipiers qui disputent la compétition, un pour le Chili et l’autre avec le Portugal. 

Moins de monde dans les stades

La Pro D2 souffre cependant de la comparaison avec la Coupe du monde sur d’autres points. “En ce moment, faire venir des gens au stade est plus compliqué. Les matchs sont en semaine, et les familles ne viennent pas forcément les soirs. Et puis, la Coupe du monde offre une magnifique vitrine devant la télévision”, raconte Jean-Louis Louvel, pressé de voir les supporters revenir au stade Robert-Diochon. Le troisième-ligne angoumois Germain Burgaud-Grimart, est plus prosaïque: “En semaine, le rugby perd un peu de fête. Les fans vont moins boire de bières au stade entre copains”. 

Le joueur de Soyaux-Angoulême estime toutefois que l’ensemble du rugby professionnel profite de la Coupe du monde. « On voit que les petits s’intéressent, que les jeunes se licencient et regardent à la télé les grands joueurs. Tout cela va profiter à la Pro D2« , observe-t-il.

Un ruissellement version rugby acquiescé par Xavier Pameja. “A Nevers, ça bouge beaucoup. Il y a une fan zone, du monde dans les bars, on sent l’effet de la Coupe du monde. Même chez nos jeunes, on sent l’émulation, estime-t-il, avant de poursuivre : « quand on voit notre équipe de France, le bonheur qu’elle peut apporter, on se dit qu’après la compétition il y aura encore du public. Tout le monde aura envie d’être Antoine Dupont ! »  

Ulysse Llamas

 

Femmes arbitres: Une première à la Coupe d’Asie des nations

L’annonce de la Confédération asiatique de football qui sera mise en place dès sa prochaine édition en 2024 constitue une réelle avancée féminine dans le monde du sport.

Pour la première fois, des femmes arbitreront des rencontres de la Coupe d’Asie des nations de football dont la prochaine édition se tiendra en 2024 au Qatar, a annoncé jeudi la Confédération asiatique de football (AFC).

Parmi les cinq femmes arbitres retenues figure la Japonaise Yoshimi Yamashita qui était également présente au sein du corps arbitral lors du Mondial-2022, déjà au Qatar.

Lancement d’une Ligue des champions féminine asiatique

Pour accompagner le développement du football féminin, l’AFC avait annoncé le mois dernier le lancement d’une Ligue des champions féminine asatique dès l’an prochain.

Par ailleurs, l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) sera utilisée pour la première fois lors de ce tournoi continental qui réunira 24 équipes du 12 janvier au 10 février 2024.

Le Japon et la Corée du Sud, qui avaient atteint les 8e de finale lors du Mondial-2022 figureront parmi les équipes favorites, tout comme le Qatar, champion d’Asie en titre, sacré en 2019.

 

avec AFP

Compléments alimentaires : une pratique à haut risque pour les sportifs

Souvent nécessaire pour les sportifs de haut niveau, la prise de compléments alimentaires comporte des risques liés au dopage, lorsque des substances interdites font partie d’une composition parfois floue.

En moins d’une journée, les cas du footballeur Paul Pogba et de la tenniswoman Simona Halep ont mis en lumière deux affaires de dopage qui semblent avoir un dénominateur commun : les compléments alimentaires.

Dans le cas du milieu de terrain de la Juventus Turin, contrôlé positif lundi à la testostérone, et dans celui de l’ancienne n°1 mondiale roumaine, suspendue pour quatre ans mardi après un test positif au roxadustat, un médicament antianémique, les traces retrouvées seraient, selon les accusés, dus à une consommation involontaire suite à une prise de compléments alimentaires. Une manière pour eux de prendre de la distance avec ces accusations et de s’assurer une ligne de défense.

Une optimisation nécessaire

Ces compléments rythment la vie de nombreux sportifs, afin d’optimiser au mieux leurs performances. « Dès que vous faites de l’activité physique, c’est presque indissociable », expose Nicolas Aubineau, diététicien nutritionniste du sport à La Rochelle. « Ce n’est pas obligatoire, mais ça va souvent de pair avec la pratique à haut niveau », ajoute-t-il.

La prise de compléments alimentaires permet aux sportifs de combler des besoins spécifiques pour l’effort demandé par le haut niveau. « La complémentation vient boucher des trous », explique Nicolas Aubineau. Leur consommation a des bénéfices directs sur les performances, notamment au niveau de la récupération. « C’est le plus important. Plus vous récupérez vite, plus vous êtes performants », précise-t-il.

Confiance totale aux médecins

Dans cette optique, il est donc courant que les sportifs de haut niveau se tournent vers des médecins pour avoir recours à des compléments alimentaires. Et souvent, la prise de ces compléments pour le sport passe par une confiance presque aveugle dans un médecin et le fabricant des compléments. « Vous pouvez faire tout avaler, et c’est là où c’est un risque et il faut être totalement honnête », affirme Nicolas Aubineau.

Dans le cas de Paul Pogba, le joueur aurait d’ailleurs fait confiance à un ami médecin américain, lui qui, selon ESPN, a admis à son club qu’il avait pris des compléments alimentaires sans savoir ce qu’ils contenaient.

À cela s’ajoute un possible manque de clarté sur la composition de ces produits. En juillet, des chercheurs américains ont notamment montré qu’aux Etats-Unis, là où Pogba se serait fourni, 89 % des compléments sportifs à base de plantes sont mal étiquetés. Une raison de plus pour les sportifs d’être particulièrement vigilants à ce qu’ils ingèrent, pour ne pas se retrouver face à des tests anti-dopage positifs.

Un risque de dopage à assumer

A propos de cette possibilité, l’Agence française de lutte anti-dopage (AFLD) rappelle d’ailleurs que « le sportif est responsable de toutes substances retrouvées dans son organisme ». Ainsi, si des produits interdits sont consommés à cause de la prise de compléments alimentaires, une suspension peut-être prononcée pour sanctionner l’infraction, même si elle est involontaire.

Les cas de tests positifs à cause de compléments alimentaires peuvent cependant être évités si l’on se renseigne suffisamment bien. Spécialiste du dopage dans le sport, le docteur Jean-Pierre de Mondenard a rappelé sur X (anciennement Twitter) que l’Agence française de normalisation (AFNOR) avait mis en place une mention pour labelliser les produits « exempts de substances prohibés ».

Il a également soutenu que la plupart des instances conseillaient de faire vérifier par un organisme spécialisé les « produits hors médicament que des fabricants peu scrupuleux contaminent à dessein de substances illicites pour les rendre efficaces ». Ce qui montre une potentielle négligence de certains sportifs dans leurs renseignements, lorsqu’ils n’ont pas recours à ces contrôles.

Sans vigilance, l’athlète risque donc une longue suspension allant, selon l’AFLD, jusqu’à quatre ans dans les cas les plus graves. Et ce même s’il n’y avait aucune intention de se doper.

Crédit image en une : Thomas Breher/Pixabay