Réchauffement climatique et empreinte carbone, quels enjeux pour l’habitat de demain ?

Du 22 au 24 septembre se tient à Paris la 1ère édition du Salon de l’immobilier bas carbone (SIBCA), où se rencontrent les géants du secteur. L’occasion de parler neutralité carbone et habitat de demain.

L’affiche de la première édition du Salon de l’immobilier bas carbone (SIBCA)

« L’immobilier bas carbone c’est une évidence parce que nous n’avons plus le choix ». Ce sont les mots de Julien Denormandie, ancien ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, de la Ville et du Logement. En visite au Salon de l’immobilier bas carbone (SIBCA), le ministre a affiché son soutien aux acteurs d’un marché en pleine en expansion. « J’ai toujours cru en l’immobilier bas carbone », confit-il à CelsaLab. 

Fraîchement engagé aux côtés de la start-up Sweep, leader de la gestion de l’empreinte carbone des entreprises, Julien Denormandie explique : « La donnée climatique va devenir aussi importante que la donnée financière ». Il ajoute fièrement : « Il n’y a plus d’investissement sur lequel on ne demande pas l’impact environnemental. La France est championne du monde dans l’immobilier bas carbone ». Et pour cause, pendant son mandat, l’ancien ministre avait travaillé à la création de la réglementation environnementale « RE2020 », qui sert à mesurer les émissions de carbone des bâtiments neufs. Il conclut : «  Atteindre la neutralité carbone en 2050 est un objectif incroyablement ambitieux, mais incroyablement nécessaire ».

https://www.ecologie.gouv.fr/re2020-nouvelle-etape-vers-future-reglementation-environnementale-des-batiments-neufs-plus 

Des mastodontes face aux start-up

De part et d’autre du salon, les stands de Vinci, Bouygues Immobilier, Nexity ou encore BNP Real Estate, côtoient ceux de PME et de start-up. Comment de tels géants peuvent-ils alors prétendre à la neutralité carbone dans le secteur immobilier, quand le reste de leurs activités ne semblent pas concernées par de tels enjeux ? BNP Paribas avait par exemple été épinglé pour ses financements des énergies fossiles, à hauteur de 142 milliards d’euros entre 2016 et 2021. Bouygues et Vinci avaient, quant à eux, fait l’objet d’un scandale écologique et financier en 2014, dans le cadre du projet de la « nouvelle route du littoral » à la Réunion, entre malfaçons dissimulées et destruction de la biodiversité littorale. 

https://www.liberation.fr/environnement/climat/financement-des-energies-fossiles-par-les-banques-francaises-les-bons-et-les-mauvais-eleves-20220330_7XM7Y6HW2VH6RFF7ZAQSOQDI6E/ 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/25/contentieux-retards-et-malfacons-a-la-reunion-les-affres-de-la-route-du-littoral_6099819_3234.html 

« Si on veut maintenir le réchauffement climatique à 1.5°, il va falloir que chaque français divise par cinq son empreinte carbone. » soutient Marc Lafont, directeur général de WO2, promoteur de bâtiments bas carbone. Il l’assure, c’est bien « l’envie de faire collective » qui fera bouger les lignes. Pour lui, ce sont ces entreprises traditionnelles, plus connues du grand public, qui représentent la plus grosse part du marché. Il ajoute : « C’est une excellente chose que nous soyons entourés d‘acteurs plus traditionnels de la construction. Ça montre que le bas carbone n’est plus un marché de niche, c’est l’affaire de tous ». Il dit compter sur la coopération de chaque acteur de l’industrie, dans l’optique d’abaisser l’émission de Co2 de chaque Français à deux tonnes par an, contre dix actuellement. Et cela devrait passer par le logement, l’immobilier traditionnel représentant 30 % des émissions de gaz à effet de serre.

La création d’un label pour encourager l’immobilier bas carbone

Alors, pour rendre l’immobilier plus pérenne, le secteur s’est regroupé autour d’un seul et même label : le BBCA (Bâtiment Bas Carbone). Depuis 2016, celui-ci permet aux acteurs de la chaîne de mesurer l’émission carbone d’un bâtiment. Ainsi, en France, on retrouve 450 constructions labellisées et 3 millions de mètres carrés certifiés bas carbone. En tête du classement, le groupe Nexity, suivi par le WO2 de Marc Lafont, dont 80 % des constructions sont certifiées, puis Bouygues Immobilier. Eric Pliez, maire du 20e arrondissement, croit dur comme fer à l’habitat bas carbone : « Si on peut rénover à Bagnolet, dans un quartier populaire comme on l’a fait, alors c’est possible partout ». 

 

Agnès Robini

Des aides et outils à destination des étudiants

 

  • Les logements à tarif préférentiel

 

HLM contre cours de soutien

Ce dispositif créé en 2018 par la mairie de Paris avec l’Afev, association de la fondation étudiante pour la ville, permet à des étudiants d’accéder aux logements sociaux pour un loyer très modéré. En échange, l’étudiant consacre quelques heures par semaine à du soutien scolaire aux enfants de quartiers populaires.

 

  • Les aides financières

 

L’AILE : l’aide locale à l’installation dans les logements

En 2012, la ville de Paris a mis en place l’aide à l’installation dans un logement pour les étudiants. À la clé, 900 € pour une première installation dans un logement du parc privé. Cette aide gérée par le CROUS de Paris est ouverte aux étudiants boursiers inscrits dans les académies de Paris, Créteil et Versailles vivant à Paris.

Aide mobili-jeune pour les alternants et apprentis

L’aide Mobili-jeune est une subvention qui permet d’alléger la quittance de loyer. Elle s’adresse aux jeunes de moins de 30 ans, en formation en alternance (sous contrat d’apprentissage ou de professionnalisation), au sein d’une entreprise du secteur privé non agricole. Le montant de l’aide s’élève entre 10 € et 100 € par mois.

 

  • Les outils d’accès à la location privée

 

L’avance et la garantie Loca-Pass

Les dispositifs Loca-Pass proposent une avance du dépôt de garantie ou du loyer et des charges locatives. Celle-ci est versée au bailleur puis doit être remboursée sans frais ni intérêts par l’étudiant. Le montant de l’avance pour le dépôt de garantie est de 1 200 € maximum.

Le dispositif VISALE

Le dispositif Visale se porte garant pour le logement du bénéficiaire pendant toute la durée de son occupation. Gratuite, la démarche s’adresse aux jeunes âgés de 18 à 30 ans. Il existe cependant des montants maximaux à respecter pour le loyer de l’appartement, qui varient selon les ressources du locataire.

E.A et C.D.C.

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Faire appel à une agence : un gage de sécurité ?

Les étudiants ont tendance à se diriger vers des bailleurs particuliers pour éviter les frais, explique Charles-Antoine Pastour, conseiller location à Century 21, mais ça ne leur garantit pas la conformité et un suivi réglementé du logement qu’ils louent.”  Car si faire appel à une agence a un coût (15€/m2 du logement loué à Paris), les agents s’assurent de la conformité d’un logement avant sa mise sur le marché.


Le témoignage de David Rodrigues vient pourtant nuancer ces affirmations. Selon ce membre de l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV), “les agences ont un objectif, celui de louer le plus vite possible” et redoublent d’imagination pour arriver à leurs fins. “Déontologiquement, elles sont censées rechercher l’intérêt des deux partis. Mais leur client reste le bailleur, il ne faut pas l’oublier, parce que c’est lui qui paie les honoraires de gestion.

E.A. et C.D.C.

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La bataille de l’encadrement des loyers

L’encadrement et du plafonnement des loyers est un des éléments les plus importants pour limiter les abus [des bailleurs]” considère David Rodrigues, membre de l’association Consommation Logement Cadre de vie (CLCV). Mis en place par la loi ALUR en 2014, puis annulé en 2017 par le Tribunal administratif de Paris, le dispositif d’encadrement des loyers est finalement remis en vigueur à partir du mois de juillet par la loi ELAN (Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, 23 novembre 2018). Ce mécanisme qui  “protégeait particulièrement les étudiants dans les zones tendues”, comme l’estime David Rodrigues, sera mis en place à titre expérimental, pour une durée de cinq ans, sur demande des villes dans la mesure où elles se situent dans une “zone tendue”. Les dispositions mises en place par la loi ALUR sont conservées. Comme le prévoyait déjà la loi en 2014, l’arrêté préfectoral fixe un “loyer médian” calculé par l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP), qui étudie le montant des loyers pour 80 quartiers de Paris regroupés en quatorze zones, et selon le type de logement et l’année de construction de l’immeuble. L’observatoire établit ensuite un “loyer plafond autorisé”, déduit à 20% de plus que la médiane. “On a constaté que les petites surfaces étaient statistiquement les logements qui respectaient le moins l’encadrement des loyers, remarque David Rodrigues, avec parfois des dépassements à plus de 200 euros par rapport au maximum légal”. La demande sur le marché parisien est telle que “même avec 200 euros de plus, une chambre de bonne reste toujours moins chère qu’un deux pièces”. La loi ALUR, même si elle instaurait un cadre législatif stricte autour de la question des loyers, était largement contournée par les bailleurs. “Ils savent très bien qu’il y a une forte demande, ajoute David Rodrigues. De même, les CROUS et résidences universitaires sont tellement saturés que de toute façon ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Cette année, la loi ELAN apporte donc une nouveauté : le risque d’amende pour les bailleurs qui ne précisent pas le loyer de référence dans leur contrat de location. De quoi “ramener un peu de décence sur les loyers pratiqués”.

E.A. et C.D.C.

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