Sur l’île d’Hokkaido au Japon, le reconfinement après le déconfinement

Au Japon, le déconfinement de l’île d’Hokkaido a conduit à un nouvel état d’urgence sanitaire liée à l’épidémie du Covid-19, étendu à l’ensemble de l’archipel. Une leçon pour le reste du monde qui commence à envisager un assouplissement des mesures pour lutter contre le coronavirus.

Les habitants d’Hokkaido sont de nouveau encouragés à rester chez eux. Crédits : Flickr

L’exemple de l’île japonaise d’Hokkaido montre bien qu’un déconfinement trop rapide peut être contre-productif. L’île avait été la première touchée par la pandémie de Covid-19 mais le premier confinement avait été levé le 19 mars. Avec seulement un à deux nouveaux cas détectés chaque jour, les écoles avaient pu rouvrir début avril. Les mesures de confinement semblaient porter leurs fruit.

Mais depuis le 12 avril, la population  été de nouveau confinée car les cas de Covid-19 sont en recrudescence. Les écoles sont fermées et les grands rassemblements interdits. L’archipel japonais tout entier a pris la même voie. Le Premier ministre, Shinzo Abe, a déclaré l’état d’urgence à Tokyo et dans six autres départements le 7 avril. Le dispositif a été entendu à tout le pays le 16 avril et au moins jusqu’au 6 mai. Le Japon et ses 126 millions d’habitants sont jusqu’ici relativement épargnés par la pandémie en comparaison aux Européens. En trois mois, seuls 5 000 cas de coronavirus y ont été détectés. Mais ce nombre a plus que doublé en neuf jours, dépassant les 13 000 cas à la fin avril. A la date du 28 avril, près de 400 personnes sont décédées à cause du coronavirus au Japon.

Un gouvernement japonais désavoué

La réactivité tardive du gouvernement s’explique par un conflit entre les exigences économiques et sanitaires. Exemple marquant : Yasutoshi Nishimura, le ministre de la revitalisation économique, est aussi chargé de la coordination de la lutte contre la propagation du virus. Ce conflit entre les partisans du maintien de l’activité économique et les exigences sanitaires a pour effet de dégrader la confiance des Japonais envers leur gouvernement : plus de 70 % des Japonais sont mécontents de la gestion de la pandémie.

Contrairement à la Corée du Sud toute proche, le Japon n’a pas mis en place de campagne de dépistage massive. Or, pour les scientifiques, mesurer la propagation du Covid-19 est indispensable à la réussite du déconfinement. En l’absence de vaccin ou de traitements efficaces, seul ce dépistage pourrait empêcher la reprise de l’épidémie. Les nouveaux malades seraient rapidement identifiés et isolés.

Thibault Clément

Boris Johnson de retour à Downing Street : « Je vous demande de contenir votre impatience »

Hospitalisé depuis le 5 avril après avoir été testé positif au Covid-19, Boris Johnson est revenu dimanche 26 avril au 10, Downing Street à Londres. Il s’est exprimé lundi 27 avril pour rappeler la nécessité de garder le pays confiné.

Boris Johnson a fait lundi 27 avril sa première prise de parole après son hospitalisation (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

« Nous commençons à inverser la tendance » a déclaré le Premier ministre Britannique lundi 27 avril lors de sa première allocution après son hospitalisation. En effet, la courbe du nombre de malades atteints du Covid-19 s’aplatit au Royaume-Uni : dans la journée du dimanche 26 avril, 413 personnes sont décédées du Covid-19 à l’hôpital, ce qui représente le chiffre le plus bas depuis la fin du mois de mars.

« Je refuse de gâcher les efforts et les sacrifices du peuple britannique »

Cependant, Boris Johnson a déclaré qu’il était encore trop tôt pour mettre en œuvre le déconfinement, en raison d’un « risque de deuxième vague ». Il a demandé aux Britanniques de faire preuve de patience.

« Je refuse de gâcher les efforts et les sacrifices du peuple britannique, et de risquer une deuxième épidémie majeure, de grandes pertes humaines, et la surcharge des hôpitaux. Je vous demande de contenir votre impatience, parce que je suis persuadé que nous arrivons à la fin de la première phase de ce conflit. »

La crainte des conséquences économiques

Boris Johnson s’est dit conscient des risques économiques dus au confinement. Cependant, il juge qu’un déconfinement prématuré suivi d’une deuxième vague de la pandémie serait un « désastre économique ».

Les Britanniques sont confinés depuis le 23 mars et doivent l’être au moins jusqu’au 7 mai. Le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe les plus sévèrement touchés par la pandémie, avec 20 732 décès dans les hôpitaux.

Julie Bringer

Coronavirus : en Allemagne, la remontée du taux d’infection alerte les autorités

Alors que le déconfinement s’amorce peu à peu outre-Rhin, l’Allemagne enregistre une nouvelle hausse du nombre de contaminations au Covid-19 sur son territoire après une accalmie notable ces dernières semaines. 

Des masques en vente dans les stations de métro à Berlin, afin d’endiguer la propagation du coronavirus. (Photo by Tobias Schwarz / AFP)

Depuis le 20 avril, les magasins ouvrent peu à peu, et les élèves retournent sur les bancs de l’école. Alors que les Lander, États fédéraux allemands et autonomes en matière de santé, entament peu à peu leur phase de déconfinement, la remontée du taux d’infection alarme les autorités et le secteur médical.

D’après les chiffres publiés lundi 28 avril par l’Institut Robert Koch, en charge de la surveillance de l’évolution de l’épidémie de coronavirus, le taux d’infection a de nouveau atteint le seuil de 1.0 – en d’autres termes chaque malade contamine une autre personne – alors qu’il avait chuté à 0.7 mi-avril. Les virologues et les autorités avaient jusqu’ici toujours insisté sur l’importance de maintenir un taux inférieur à 1.

Un déconfinement qui brûle les étapes ?

Angela Merkel, qui a maintes fois souligné que ce retour à la normale était précipité, s’inquiète de la capacité d’accueil des hôpitaux. Bien que le pays soit largement équipé et ne compte « que » 5 913 décès pour 156 337 cas d’après les derniers chiffres, un nouveau pic pourrait engendrer la saturation des services de réanimation. « A 1.1, nous pourrions atteindre les limites de notre système de santé en termes de lits en réanimation d’ici octobre. Avec un taux à 1.2, nous atteindrons les limites de notre système de santé en juillet. Avec un taux à 1.3 nous y arriverons déjà en juin », a ainsi alerté la chancelière.

L’Allemagne, jusqu’ici érigée en modèle dans la gestion de la crise sanitaire, compte aussi une hausse du taux de létalité des cas de Covid-19. Établi à 3,8%, il reste cependant plus bas que celui des pays voisins. Selon certains rapports, il serait de 4% en France et de 8% en Italie.

Ces observations risquent de ralentir le déconfinement alors que les Allemands retrouvent peu à peu un semblant de normalité dans leur vie quotidienne et que de nombreux Lander sont favorables à une levée des messures. Le gouvernement et les régions doivent se réunir jeudi afin de discuter des prochaines étapes du déconfinement, avant des décisions attendues le 6 mai.

 

Colette AUBERT