Migration: le point sur la situation de crise à Lampedusa

Depuis lundi 11 septembre, l’Italie a vu arriver par la mer pas moins de 11.000 migrants, dont plusieurs milliers se sont arrêtés sur les côtes de la petite île de Lampedusa. Une situation pour le moins compliquée étant donné que la capacité d’accueil du centre « Hotspot » géré par La Croix Rouge italienne sur l’île est officiellement de 400 personnes… Un chiffre déjà largement dépassé en temps normal. Point sur la situation ce vendredi 15 septembre en fin d’après-midi.

La petite île de Lampedusa a vu sa population doubler en l’espace de quelques jours. De 6000 habitants environ en temps normal, elle est rapidement passé à près de 13.000. Ce sont en effet plusieurs milliers de migrants, environ 7000 selon l’AFP, qui seraient arrivés sur l’île entre lundi et mercredi. « La situation est catastrophique« , déplore Frédéric Joli, porte parole du Comité International de La Croix Rouge Française. Et d’ajouter : « leur centre d’accueil est prévu pour 400 personnes, là il y en a près de 8000. L’urgence absolue est de désengorger, de dispatcher les gens dans les autres pays européens ». Sur les nombreuses images circulant sur les réseaux sociaux, on peut voir des files interminables de personnes assises à même le sol. L’AFP raconte les situations de personnes obligées de dormir à l’extérieur, sur des couvertures ou de petits lits, faute de place.

C’est justement afin de « désengorger » l’île que 700 personnes ont officiellement été transférées vers la Sicile vendredi, a annoncé la Croix Rouge Italienne, en indiquant que 2500 personnes supplémentaires les suivraient dans la journée. Mais qu’en est-il d’une possible relocalisation de certains migrants vers les voisins européens de l’Italie ? L’Allemagne a suspendu l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance de la péninsule, « en raison d’une ‘forte pression migratoire’ et du refus de Rome d’appliquer les accords européens« , selon l’AFP. De son côté, le gouvernement français prône la solidarité européenne tout en restant, à ce jour, relativement vague. Emmanuel Macron dit en effet ne pas souhaiter « laisser seule l’Italie avec ce qu’elle vit aujourd’hui« , sans toutefois poser de décisions concrètes. Il s’inscrit par contre face à l’extrême droite du pays, qui appelle à un refus pur et simple de toute potentielle relocalisation des migrants en France. Vendredi matin, Jordan Bardella, Président du rassemblement national, invectivait ainsi le Président français sur X : « Emmanuel Macron doit prendre solennellement cet engagement: la France n’accueillera pas un seul migrant« .

Un cadre juridique inadapté aux situations de crise

Cette situation relance le débat concernant la solidarité européenne en termes de gestion des flux migratoires, particulièrement en période de crise, comme c’est le cas avec Lampedusa.  « Les négociations européennes en matière d’asile et d’immigration sont extrêmement difficiles, faute de consensus politique« , indique Géraldine Renaudière, juriste spécialisée en droit de l’immigration. Elle explique qu’aucun mécanisme européen de solidarité, avec par exemple des relocalisations obligatoires en période de crise, n’est actuellement en place. C’est donc toujours le règlement « Dublin III » qui s’applique. Selon lui, les réfugiés doivent déposer leur demande d’asile « dans le premier pays d’Europe où ils sont entrés« , peut-on lire sur le site vie-publique.fr. De quoi faire « peser la responsabilité » sur les « pays en première ligne » comme l’Italie, note le site.

« Suite à la crise de 2015, il y a bien eu des tentatives de répartition des demandeurs d’asile par quotas mais les pays d’Europe centrale s’y sont toujours opposés. La France a pu lancer des appels à la solidarité avec ses partenaires européens, pour soutenir l’Italie notamment, mais il s’agissait de mécanismes ad hoc, basés sur le bon vouloir des Etats« , continue Géraldine Renaudière. Une nouvelle proposition dans le cadre du Pacte européen sur les migrations et l’asile proposé par la Commission européenne, pourrait de fait permettre des mécanismes de solidarité. Si un accord politique sur plusieurs volets de la réforme a été atteint par le Parlement et le Conseil en juin dernier, « aucun nouveau règlement n’est à ce jour adopté« , précise-t-elle.

« Les Etats membres devront donc se montrer responsables et solidaires face à cet énième épisode de crise, tragique sur le plan humain. Faute d’un texte juridique, ils devront encore une fois réagir au cas par cas« , conclut la juriste. La relocalisation d’urgence des migrants de Lampedusa ne semble toutefois pas être l’objectif numéro un du ministre français de l’intérieur Gérald Darmanin et de son homologue italien Matteo Piantedosi qui ont annoncé vendredi soir souhaiter renforcer la « prévention des départs de migrants » et lutter « contre les passeurs » à l’échelle européenne, selon l’AFP.

Nikita Guerrieri

 

L’Europe toujours en désaccord face à des flux migratoires importants

Malgré certaines mesures européennes pour tenter de freiner l’afflux de migrants débarquant sur le continent, les arrivées ne ralentissent pas. Sans vrai moyen de réponse, l’Europe continue, elle, de se désaccorder sur ces questions migratoires.

En vingt-quatre heures, l’Italie a vu 6000 personnes débarquer à Lampedusa, soit presque autant que la population de l’île. Ce nouveau flux marque une forme de continuité dans l’arrivée de migrants en Italie, Lampedusa restant l’une des principales porte d’entrée en Europe depuis l’Afrique du nord.

« Je ne suis pas étonné que ces arrivées se poursuivent », confirme Guido Nicolosi, auteur du livre « Lampedusa, les damnés de la mer ». Avant cette arrivée massive par la mer, l’île avait vu plus de 4000 personnes accoster le 27 août dernier, provoquant de nouveaux problèmes relatifs à l’accueil de ces personnes.

Un flux migratoire qui continue d’augmenter

Ces arrivées continues à Lampedusa sont le symbole d’un flux migratoire qui ne ralentit pas, malgré quelques tentatives de l’Europe. En juillet, l’Union européenne avait conclu un partenariat stratégique avec la Tunisie pour freiner les traversées illégales provenant de ses côtes.

Une volonté d’externaliser les frontières qui marque un problème d’approche de la part de l’Europe. « On a fermé les portes mais ce n’est pas possible. On veut cacher le problème plutôt que le résoudre », explique Guido Nicolosi, également professeur en sociologie des médias à l’Université de Catane.

Cette stratégie semble avoir des limites, au regard des arrivées de migrants qui se poursuivent en Italie. « Au début, il semblait y avoir un impact. Mais plus maintenant », analyse Guido Nicolosi.

Sur les huit premiers mois de l’année 2023, près de 115 000 migrants maritimes sont arrivés en Italie. Comparativement, c’est presque autant qu’en 2016 sur la même période, une année record sur le nombre de personnes arrivés en Italie par la mer. L’Europe fait donc face à des flux arrivant en Italie qui ne désemplissent pas malgré cet accord et peine à trouver des solutions pour endiguer cette immigration illégale.

Des désaccords récurrents entre les membres de l’Union

Parallèlement à ces problèmes pour contrôler les flux, l’Europe fait également face à des désaccords en son sein quant à la répartition des personnes arrivant sur le continent entre les différents pays. Mercredi, l’Allemagne a par exemple annoncé suspendre l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie.

Pourtant, difficile pour autant de parler de regain de tension en Europe tant ces tensions sont presque permanentes sur ces questions migratoires. « C’est une tension qui n’est pas nouvelle, elle est même plutôt cyclique », explique Tania Racho, docteure en droit européen et juge-assesseure à la Cour nationale du droit d’asile.

Ce désaccord là est même plus symbolique qu’autre chose, au vu du poids qu’a ce mécanisme. « Les chiffres sont faibles », rapporte Tania Racho, qui considère que ce mécanisme solidaire a été mis en place « histoire de trouver une solution » plutôt que pour trouver une solution pérenne.

Le système de Dublin, symbole d’inefficacité

Ces désaccords entre l’Allemagne et l’Italie se cristallisent aussi autour du système de Dublin, que Rome n’applique pas comme il faut selon Berlin. Selon ce système, le pays d’arrivée d’un migrant dans l’Union européenne doit traiter sa demande d’asile. Or, le gouvernement de Giorgia Meloni a cessé de reprendre les demandes d’asile transférées par les autres pays membres.

Plusieurs pays sont donc en désaccord autour de ce système controversé par les pays membres. Un système pas forcément appliqué, en plus de manquer d’efficacité. « Cela ne marche pas du tout, dit Tania Rocho. Ça coûte de l’argent plus qu’autre chose ».

Malgré les dissensions autour de ce système, il n’est pas voué à être modifié. Un symbole des difficultés de l’Europe à trouver des solutions face à des flux migratoires toujours importants, et qui continuent de provoquer des tensions entre les différents pays européens.

Crédit image en Une : Alessandro Serranò/AFP

L’élevage en cage a de lourdes conséquences psychologiques sur les chiens et les chats

Dans un rapport publié ce 14 septembre, une autorité européenne préconise l’arrêt des élevages d’animaux domestiques en cage ou dans des espaces restreints et confinés. Des conclusions qui se heurtent pourtant à la réalité selon certaines spécialistes.
L’environnement dans lequel grandissent les chatons et les chiots influencent leurs comportements futurs une fois adultes. Photo: Krista Mangulsone via Unsplash

Dans le cadre de son étude scientifique, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) s’est penchée sur le bien-être des animaux domestiques dans les élevages, et plus particulièrement celui des chats et des chiens. Si elle a d’abord rappelé la dangerosité des opérations de chirurgie esthétique — comme les interventions visant à couper les oreilles pour certaines races de chiens, le dégriffage ou encore le retrait des cordes vocales pour empêcher les aboiements, trois pratiques interdites en France — l’Efsa a également donné ses recommandations concernant l’hébergement.

Elle a ainsi expliqué que « le confinement des chiens ou des chats dans des box à plusieurs niveaux ou des caisses peut avoir des conséquences sur leur bien-être et conduire à des comportements anormaux ou à de l’anxiété ». Pourtant, les réglementations en vigueur peuvent donner du fil à retordre aux professionnels du secteur. « Les éleveurs professionnels n’ont pas forcément le choix et ne peuvent pas vraiment faire autrement », regrette Sylvia Masson, vétérinaire et spécialiste européenne en médecine du comportement des animaux de compagnie.

La spécialiste ajoute: « Il y a des contrôles de la part des autorités qui ne s’appliquent pas aux particuliers qui font de l’élevage une activité secondaire. Mais les élevages de plus de dix chiens [âgés de plus de quatre mois, NDLR] doivent être déclarés et sont obligés d’avoir des cages pour des raisons sanitaires ». Actuellement en France, l’espace minimum requis pour un chien dans les élevages est de 5m². Quant aux chatteries professionnelles, dans lesquelles les chats de race sont élevés, elles « n’ont pas de cages » précise Anne-Claire Gagnon, vétérinaire et comportementaliste pour chats à domicile. Les normes préconisent 2m² pour chaque chat.

De lourdes conséquences une fois adultes

Pour Anne-Claire Gagnon, cela ne fait aucun doute: les espaces restreints et confinés ont des conséquences indéniables sur les jeunes félins. « Les chatons de deux mois ont besoin d’observer, d’explorer. Il leur faut un endroit avec des points d’observation et des arbres à chat. Ce sont des animaux qui ont besoin d’avoir l’impression de contrôler la situation, c’est dans leur comportement ». Autant d’éléments qui lui seront nécessaires dans sa vie d’adulte.

Même conclusion du côté des chiots âgés de zéro à trois mois. « A cet âge, ils ont une grande capacité d’adaptation, détaille Sylvia Masson, c’est la période de socialisation et c’est à ce moment-là qu’il faut les habituer à leur futur environnement. Par exemple, certains chiots qui sont isolés dans des cages deviendront des chiens craintifs parce qu’ils n’auront jamais entendu des bruits de machine à café ou d’aspirateur [avant leur adoption, NDLR]« .

L’environnement est donc crucial pour le bon développement de l’animal mais, selon la spécialiste, il ne fait pas tout. « Certains élevages professionnels avec des cages sont mieux que certains élevages de particuliers sans cages. Tout dépend de l’implication de l’éleveur, s’il sort ses chiots, s’il les connait bien… Le meilleur conseil à suivre avant d’acheter un chien est de visiter l’élevage ».

De l’accompagnement plutôt que des réglementations?

Difficile donc pour elle d’établir de nouvelles réglementations tant les cas différent entre eux. Mais l’accompagnement peut être une solution selon l’experte. « Je ne suis pas vraiment pour de nouvelles contraintes ou réglementations parce qu’il est toujours possible de les contourner, confie-t-elle, mais certains vétérinaires et éducateurs accompagnent les gens dans les élevages pour les conseiller et les aider à choisir leur chiot. C’est une bonne démarche mais qui reste encore trop marginale ».

Renseigner les futurs propriétaires de chats et de chiens en amont peut également être une piste d’amélioration, avance Sylvia Masson. « Il y a une méconnaissance autour du bien-être animal en général, donc le plus souvent les propriétaires viennent nous demander des conseils une fois qu’ils ont acheté le chiot et rencontrent les premiers problèmes ». Une démarche qu’il faudrait faire bien avant l’adoption afin d’éviter les mauvaises surprises.

Pour le moment, les conclusions de ce rapport ne sont que des recommandations, mais la Commission européenne devrait réviser sa législation concernant le bien-être des animaux domestiques d’ici la fin de l’année 2023.

Elena GILLET

La Banque centrale européenne augmente ses taux d’intérêt directeurs

Siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort. (Photo by Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)

La Banque centrale européenne (BCE) relève à nouveau ce jeudi 14 septembre son principal taux directeur, qui est désormais fixé à 4,5 %. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, doit justifier ces choix devant la presse. 

La BCE a décidé de poursuivre sa lutte contre l’inflation. L’institution de Francfort a relevé jeudi 14 septembre de 0,25 point de pourcentage ses taux directeurs. C’est la dixième hausse successive dans le cadre de cette politique monétaire visant à combattre l’inflation dans la zone euro.

 

« L’inflation continue de ralentir mais devrait toujours rester trop forte pendant une trop longue période« , a indiqué l’institution dans un communiqué. Le taux de dépôt, qui fait référence, est porté à un niveau jamais jamais atteint depuis le lancement de la monnaie unique en 1999. Christine Lagarde, présidente de la BCE doit s’exprimer pour justifier ces décisions, considérant selon les premières déclarations que « nous ne pouvons pas dire que nous avons atteint le pic des taux« . La BCE fait face à un dilemme, rendant sa décision plus incertaine que jamais, car l’activité économique de la zone euro affiche de véritables signes de contraction.

Un niveau inédit depuis 1999

Ce relèvement de taux, d’une ampleur inédite, vise à faire revenir l’inflation mesurée en zone euro à des valeurs plus faibles alors que les prévisions d’inflation pour les années 2023 et 2024 ont été revues à la hausse, en raison de l’impact des prix de l’énergie. Les nouvelles projections macroéconomiques de l’institution prévoient une hausse des prix de 5,6% en 2023, puis 3,2% en 2024 et 2,1% en 2025, se rapprochant de l’objectif à moyen terme de 2,0%.

 

Des objectifs qui sont loin d’être aussi positif que pour le niveau de croissance. La croissance du PIB (Produit intérieur brut) devrait atteindre 0,7% en 2023, contre 0,9% auparavant, puis 1,0% en 2024 et 1,5% en 2025.

Adrien-Guillaume Padovan avec AFP