Au marché d’Aligre, un commerce de proximité 2.0 (3/3)

Au marché d'Aligre, l'équipe de Patrick Dubuisson s'est lancée dans la vente sur internet.
Au marché d’Aligre, l’équipe de Patrick Dubuisson s’est lancée dans la vente sur internet.

Dans la halle du marché d’Aligre à Paris, Patrick Dubuisson quitte quelques instants son stand pour fumer une cigarette. De l’autre côté de l’allée, traversée par un air glacial, il couve son étal du regard. Patrick Dubuisson est poissonnier. Depuis vingt ans, il vend ses produits au marché en fonction de l’arrivage quotidien. Cela fait six mois qu’il est aussi présent sur le site de livraison à domicile de produits frais, C’est frais. « C’est pas très pratique de s’adapter car les prix changent tous les jours selon les poissons reçus, il faut modifier le site constamment », avoue-t-il. Cela en vaut pourtant la peine. Ce système lui assure une dizaine de commandes hebdomadaires, à 20 euros le panier environ. Ses produits les plus prisés ? « Le bar et le dos de cabillaud, ça doit être un truc d’internautes », dit-il en souriant.

L’appétence des Français pour le e-commerce

Ils sont plusieurs commerçants du marché d’Aligre à avoir pris le virage d’internet. A chaque commande, le boucher, poissonnier, fromager ou même primeur reçoivent un texto explicitant la liste des courses d’un utilisateur du site. « Le livreur vient et passe dans quatre ou cinq boutiques », précise-t-il. Les produits sont ensuite livrés à domicile en quelques heures. Ce système s’engouffre dans l’appétence des Français pour le e-commerce. En 2016, ils sont 60% à avoir effectué un achat en ligne selon les chiffres du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC). Un chiffre en augmentation continuelle. Si le e-commerce concerne surtout les denrées non alimentaires, l’offre épicerie disponible sur Amazon Prime Now et les sites des grandes surfaces poussent les commerçants de proximité à s’adapter. Démarché par plusieurs entreprises de livraison, dont Amazon Prime Now, Patrick Dubuisson a préféré se rapprocher de jeunes pousses. « Amazon, c’est trop gros pour moi, j’ai choisi de soutenir des starts-up créées par des jeunes », confie-t-il. Mais pour le poissonnier, l’interaction directe avec le client reste irremplaçable. « Au moins, je peux les conseiller sur leurs besoins et sur la cuisson des produits », conclut-il.

Anaïs Robert et Aline Bottin

Amazon, une superpuissance controversée (1/3)

Crédits : Mike Seyfang/Flickr
Crédits : Mike Seyfang/Flickr

Entreprise incontournable du e-commerce, la firme de Seattle se diversifie. Dernière nouveauté, la livraison de denrées alimentaires. Une initiative qui lui permet de rester leader, même si certaines de ses pratiques sont remises en question.

Pour le Danemark, les GAFA sont “un nouveau type de nation”. Ainsi, cet État a décidé de nommer un ambassadeur début 2017 auprès des quatre firmes américaines: Google, Apple, Facebook et Amazon. Une décision qui illustre la puissance de ces géants du numérique. Les capitaux qu’ils ont engendrés sont comparables au Produit intérieur brut (PIB) de l’Arabie Saoudite, soit plus de 640 milliards de dollars.

Sur le marché de la bourse, Amazon reste le moins coté des GAFA avec une capitalisation de 474 milliards de dollars contre 815 milliards pour Apple. Introduite en bourse en 1997, l’entreprise, autrefois cantonnée à la vente de livres, s’est peu à peu imposée comme le leader mondial du commerce en ligne. Elle s’est largement diversifiée, et propose désormais des services de dématérialisation comme le Cloud, ou encore la santé et l’intelligence artificielle. “On ne le sait pas forcément mais le chiffre d’affaire d’Amazon est principalement issu du web service et des data center”, explique Mickaël Berrebi, membre du Cercle des économistes.

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Un Black Friday à plus de 2 milliards de dollars

Cette diversification comprend aussi les denrées alimentaires. Le site a lancé Amazon Prime Now, service qui permet la livraison, dans l’heure, de produits comestibles. Il y a quatre mois, la firme de Seattle a par ailleurs racheté la chaîne de supermarché américaine Whole Foods. Une manière d’étendre son monopole physiquement. Cependant c’est bien sur le e-commerce qu’Amazon règne. En France, il représente 62% de l’audience totale des sites marchands, selon Médiamétrie. à l’occasion du Black Friday, en novembre dernier, le patron d’Amazon, Jeff Bezos, a gagné 2,4 milliards de dollars en une journée. “Le succès d’Amazon repose sur l’effet de réseau. Les utilisateurs appellent d’autres utilisateurs, la croissance de l’entreprise évolue donc de manière exponentielle”, décrit Mickaël Berrebi.

Cette omniprésence du géant américain inquiète les supermarchés, mais également les petits commerces. Certains ont d’ailleurs fait le choix de s’allier à ce concurrent jugé déloyal pour certains, et de vendre leurs produits sur la plateforme Amazon Prime Now. C’est par exemple le cas de la boucherie Metzger, dans les Hauts-de-Seine, qui propose divers produits en livraison via le site internet.

“Des entreprises privées qui doivent avant tout générer du profit”

Dans l’hexagone, Amazon dispose de cinq centres de distribution, qui emploient 5 500 personnes. Un sixième centre ouvrira ses portes à l’automne 2018. SI l’entreprise est créatrice d’emploi, les conditions de travail sont néanmoins pointées du doigt. Avec Amazon Prime Now, l’exigence de rapidité contraint les salariés à ne pas prendre de pause. Un modèle controversé qui essaye pourtant de se plier aux exigences toujours plus grande des utilisateurs. “Amazon a une logique de faire du sur-mesure, de toucher à l’individu et non plus la masse”, souligne Mickaël Berrebi.

Les GAFA sont pleins de bonnes intentions, mais ils pratiquent l’optimisation fiscale pour payer le moins d’impôts possible, car il ne faut pas oublier que ce sont des entreprises privées qui doivent avant tout générer des profits”, rappelle l’économiste. Le siège européen d’Amazon se situe au Luxembourg, où la fiscalité est avantageuse. Le Grand-Duché a par ailleurs versé des aides d’Etat illégales aux yeux de l’Union européenne, d’un montant de 250 millions d’euros. L’entreprise s’est attirée l’ire de Margaret Vestager, commissaire européenne chargée de la politique de la concurrence.

Les ambitions d’Amazon semblent sans limites. Le projet initial de Jeff Bezos d’ouvrir une librairie en ligne est aujourd’hui bien différent. L’entreprise est même devenue maître dans le processus de dématérialisation, en s’imposant comme leader du “cloud”, loin devant Google et Microsoft.

 

Aline Bottin et Anaïs Robert

 

 

 

Quand la réalité virtuelle nous guérit

Le milieu médical a très vite exploité les atouts de l’immersion en 3D dans la prise en charge des patients. Qu’elle soit utilisée comme un outil chirurgical, un remède ou un biais de rééducation, la réalité virtuelle trouve sa place dans bien des domaines.

C’était une première mondiale : le 6 décembre dernier, le Dr Thomas Grégory, chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique de l’hôpital Avicenne (AP-HP), Bobigny, a posé une prothèse d’épaule avec un casque de réalité virtuelle sur la tête. Grâce à cette technologie, le chirurgien a pu voir des images de membres de la patiente en 3D, conçues à partir des radiographies, scanner et IRM exécutés au préalable.

Et la réalité virtuelle n’en est pas à son banc d’essai au bloc opératoire. Outre son utilité pour des opérations à haut risque, comme la séparation de jumeaux siamois, le casque 3D est un outil pédagogique efficace. A Chicago, des étudiants en ophtalmologie s’entraînent à opérer la cataracte sur des patients virtuels.

Une rééducation kinésithérapeutique immersive

Les médecins ne sont pas les seuls à profiter de l’utilisation de la réalité virtuelle. L’expérience immersive réussit aussi aux patients. Certains kinésithérapeutes l’ont bien compris. Laure Khaluza, spécialisée dans la rééducation vestibulaire (qui traite les vertiges et les troubles de l’équilibre), a mis au point une série de logiciels pour rééduquer par le biais de la réalité virtuelle. « Cela nous permet de travailler sur le versant visuel. Avant, sur cet aspect-là, on n’avait pas grand-chose, la rééducation était surtout axée sur le corps. », nous explique-t-elle. Le patient est plongé dans un univers virtuel dans lequel il évolue activement. Par exemple, les personnes atteintes du mal de mer sont placées sur un bateau reproduisant une houle plus ou moins forte. Selon Laure Khaluza, la réalité virtuelle permet une prise en charge adaptée à chaque patient. « On fait ce qu’on veut, on crée l’environnement de A à Z. on peut travailler sur un environnement très doux, surtout pour des sujets sensibles. On a des paramétrages à l’infini, jusqu’à des niveau plus difficiles mais aussi plus précis. »

La prise en charge des phobies s’adapte donc aussi très bien à la réalité virtuelle. Le patient est confronté de manière progressive à sa crainte. Les acrophobes, par exemple, se soigneront en se confrontant à un vide de plus en plus vertigineux, à partir des étages d’un gratte-ciel.

La réalité augmentée pour accompagner les patients en traitement lourd

L’expérience immersive soulagerait également les patients subissant des traitements médicaux lourds. Mélanie Péron, fondatrice de l’association l’Effet papillon, qui accompagne les malades dans leur parcours hospitalier, a imaginé Bliss, une application pour casques de réalité virtuelle destinée à rendre les traitements médicaux moins pénibles. « Dans les maladies graves, on est très isolé. Ce sont des parcours plein de stress et de douleurs », expose Mélanie Péron. Myélogrammes, biopsies, ponctions mammaires, extractions de dents de sagesse… La réalité virtuelle permettrait de supporter ces soins douloureux ou inconfortables sans recourir aux antalgiques. Le gaz hilarant nécessite de rester deux heures sous surveillance à l’hôpital, peut s’accompagner d’effets secondaires, et n’est pas toujours efficace. « Dans 40 % des cas, il ne fonctionne pas », relève Mélanie Péron. « Bliss a été testé sur des centaines de gestes, et la satisfaction est évaluée entre huit et dix sur dix. » Pendant le soin, le patient est plongé dans un univers virtuel onirique, accompagné d’une ambiance sonore en binaural. Le décor, volontairement enfantin et apaisant, permet de s’évader, et d’oublier la douleur.   « C’est une solution de détente et de relaxation, mais ça va beaucoup plus loin que ça » affirme Mélanie Péron, qui souligne les bienfaits d’une expérience immersive. « On ne peut pas simplement décréter à quelqu’un « respire, détends-toi, ça va aller mieux ». Avec notre univers tout naïf, on n’exige rien. C’est plus facile. » Le système profite aussi indirectement au corps médical, moins stressé à l’idée de sentir son patient détendu. « Tout ça en mettant des licornes et des moutons… », plaisante Mélanie Péron.

Le système profite également aux patients en rémission : « après un cancer, les dépressions sont très fréquentes. Du jour au lendemain, vous quittez le cocon médical, vous retournez dans votre vie d’avant, mais elle ne ce sera plus jamais la même. Les effets sont terribles », souligne Mélanie Péron. « La réalité virtuelle détourne l’attention, elle vous emmène ailleurs, vous pouvez vous échapper de votre quotidien. » La réalité virtuelle n’en est encore qu’à ses débuts, mais elle dessine un avenir prometteur dans le milieu médical.

Emilie Salabelle

Top 3 des bad buzz les plus marquants des derniers mois

Bad Buzz

Un bouche-à-oreille négatif qui enflamme les réseaux sociaux, c’est ce qu’on appelle un “bad buzz”. Critiques acerbes sur Facebook et tweets dévastateurs mettent à mal l’image d’une entreprise, causent des surcoûts financiers, et impactent l’activité et la e-réputation des entreprises.

 

3) Electronic Arts : 52% des ventes de son jeu phare

Dans le jeu Star Wars Battlefront 2 de l’américain Electronic Arts, il faut payer un prix élevé pour jouer les divers personnages, en plus des 60 dollars que coûte le jeu. La communauté des joueurs est immédiatement montée au créneau. EA a reçu un nombre record de votes négatifs sur Reddit, le plus grand forum au monde : 673 000. Star Wars Battlefront 2 est devenu un échec commercial retentissant, avec moins de la moitié des ventes attendues.

Sur le site Metacritic, le jeu a une moyenne de 0,9 sur 100 donnée par les utilisateurs, et une moyenne de 68% par la presse.
Sur le site Metacritic, le jeu a une moyenne de 9% donnée par les utilisateurs, et une moyenne de 68% par la presse. Les joueurs sanctionnent le jeu pour la politique d’Electronic Arts.

 

2) United Airlines : 4 points en bourse

La compagnie aérienne américaine a défrayé la chronique en éjectant violemment un passager d’un avion surbooké. Deux vidéos postées sur Twitter montrent un médecin, le visage ensanglanté et les vêtements déchirés, suppliant de le laisser rester dans l’avion.

En réponse, le PDG d’United Airlines a choisi de blâmer publiquement la victime. La réaction sur les réseaux sociaux ne tarde pas et l’entreprise subit un boycott sans précédent. L’action United Airlines chute de 4 points en bourse dans les heures qui suivent, coûtant à la compagnie 1 milliard de dollars selon le journal The Independant. Depuis, l’action United est passée de $72 à $63,1, en chute constante depuis le bad buzz. Ironiquement, le PDG d’United Airlines avait reçu le mois précédant le prix de communicant de l’année.

 

1) Samsung : 5 milliards de dollars

Le Galaxy Note 7 explose, c’est la rumeur qui circule sur les réseaux sociaux à la sortie du nouveau smartphone du coréen Samsung. Des images de téléphones calcinés, postées réseau social chinois Baidu, se répandent inexorablement. Samsung estime que seuls 0,0024% des appareils présentent un risque potentiel, mais le bad buzz est inarrêtable.

La compagnie se résigne finalement à rappeler tous les téléphones en circulation. C’est le bad buzz le plus cher de l’histoire, avec un coût estimé à 5 milliards de dollars.

 

Jean-Gabriel Fernandez

 

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