TikTok, le nouvel incubateur à hits musicaux

L’application TikTok, qui compte plus de 800 millions d’utilisateurs réguliers répartis sur 145 pays, participe désormais à la propulsion des hits musicaux en haut des classements mondiaux. Un phénomène comme Doja Cat, nouvelle icône de la pop, en est la preuve.

Capture d’écran du clip « Mooo! » de Doja Cat paru en 2018, sur Youtube

Le classement du nombre de streams de Spotify cette semaine est rempli de chansons de TikTok. Attention, cela ne signifie pas que les chansons proviennent de TikTok – la plateforme pour vidéos courtes qu’affectionnent les Gen Z – une « chanson TikTok » est plutôt un morceau qui a trouvé un fondement viral dans l’application, en devenant partie intégrante d’un format de mème, d’un défi de danse ou simplement en accumulant des vues vidéo sur l’application.

Aux Etats-Unis, tous les artistes qui figurent actuellement dans le top 100 de Billboard (le classement de référence) ont fait partie d’une « trend » sur TikTok, qu’il s’agisse d’une simple popularité générale ou d’un défi de danse viral. « Blinding Lights » de The Weeknd et « Say So » de Doja Cat sont des défis de danse populaires. « The Box » de Roddy Ricch et « Don’t Start Now » de Dua Lipa sont plus proches des mèmes (mais ont aussi des défis de danse). Tous les autres morceaux du top 10 de Billboard, du numéro 1 « Toosie Slide » de Drake au numéro 10 « Everything I Wanted » de Billie Eilish, ont invité à utiliser TikTok.

Découvrir de nouveaux talents et sécuriser la popularité des stars

TikTok a démontré sa capacité à catapulter des artistes moins connus dans le courant viral dominant, comme en témoigne la trajectoire du single « Truth Hurts » de Lizzo, qui s’est hissé à la première place du classement Hot 100 de Billboard en 2019, ou le classement historique « Old Town Road » de Lil Nas X l’été dernier. L’ascension de ces deux artistes a été exponentielle grâce à leur viralité sur l’application.

Figurent aussi dans le classement des titres qui auraient sans doute atteint le sommet même sans la notoriété supplémentaire de TikTok mais qui sont désormais populaires sur l’application. La culture de Tiktok s’aligne de plus en plus sur le courant dominant, et les artistes prennent délibérément en compte le pouvoir de la plateforme.

Par exemple, les débuts historiques de Drake en numéro 1 cette semaine avec « Toosie Slide » ont probablement été aidés par le fait que la chanson, sortie le 3 avril, a déjà accumulé plus de 500 000 vidéos sur TikTok et était accompagnée d’un défi de danse intégré. Dans une interview avec Complex, Toosie, l’influenceur éponyme qui a créé la danse virale, a déclaré que Drake lui avait tendu la main pour créer une danse pour la chanson. Toosie a posté une vidéo sur TikTok le 29 mars, mettant en scène la danse avant la sortie du single.

Doja Cat : faire de la musique à mèmes

Celle qui maîtrise le mieux cette nouvelle stratégie pour lancer des hits est Doja Cat. En 2018, l’artiste californienne âgée de 24 ans déclarait dans une interview pour le média Genius qu’elle avait « l’intention de faire de la musique à mèmes« . Son premier hit « Mooo! » a cartonné, avec un clip à l’ambiance absurde et décalée où elle fantasme sur le fait d’être une vache. Saluée par des milliers de personnes dans des mèmes, dont des stars telles que Katy Perry et Chance the Rapper, la vidéo a fait plus de 71 millions de vues sur Youtube et le son a été utilisé plus de 100 000 fois sur Tiktok.

Avec un style musical qui mêle rap, pop et RnB, les chansons de Doja Cat véhiculent une bonne humeur contagieuse. Sur son dernier album « Hot Pink » paru en novembre 2019, deux titres ont bénéficié de challenges de danse qui les ont rendus viraux en très peu de temps, parmi eux, l’incontournable « Say so » repris plus de 20 millions de fois par les utilisateurs de TikTok. Cette popularité auprès du public à majorité jeune de l’application (entre 12 et 25 ans) a permis à l’artiste de se propulser au rang de star à une vitesse impressionnante, obtenant notamment un featuring avec le rappeur Tyga sur son dernier album.

Leela  Badrinath

Coronavirus : les festivals d’été annulés et reportés jusqu’en septembre

Le premier ministre a annoncé, mardi 28 avril à l’Assemblée nationale, l’interdiction d’organiser des rassemblements de plus de 5 000 personnes jusqu’en septembre. Tous les grands évènements en plein air prévus pour cet été sont donc annulés ou reportés, et les salles de spectacles resteront fermées.

Les festivals d’été annulés et reportés (Crédit : Flickr)

Un nouveau coup dur pour la saison des festivals 2020. La plupart des grands festivals du printemps et de l’été avaient déjà annoncé leur annulation, suite à l’allocution d’Emmanuel Macron le 13 avril. Mais, avec cette nouvelle déclaration du Premier ministre Edouard Philippe ce mardi, les organisateurs qui ne s’étaient jusqu’à présent pas encore prononcés peuvent désormais y voir plus clair. « Tous les événements rassemblant plus de 5 000 personnes, qui doivent être déclarés en préfecture et nécessitent beaucoup d’organisation, ne pourront se tenir avant le mois de septembre », a indiqué le chef du gouvernement.

Quelles décisions pour les festivals du mois d’août ?

Les deux grands festivals du mois d’août, l’Interceltique de Lorient et le Rock en Seine près de Paris étaient pour l’instant maintenus malgré l’épidémie de coronavirus. Mais, avec les nouvelles mesures annoncées, leur maintien cet été semblent également compromis.

Le conseil d’administration du festival Interceltique se réunit jeudi 30 avril pour discuter d’un éventuel report de l’édition 2020. Le festival, qui fête cette son 50e anniversaire, ne pourra pas être organisé comme prévu du 7 au 16 août 2020, mais Lisardo Lombardia, son directeur, annonce que la manifestation ne sera « pas annulée ».

Lundi 27 avril, les organisateurs du Festival Cabaret Vert de Charlevilles-Mézières qui devait se dérouler du 20 au 23 août, avaient annoncé l’annulation de sa 16e édition 2020 et son report en 2021.

Une majorité de festivals déjà annulés et reportés

La plupart des grands festivals ont déjà pris les devants. Le Festival d’Avignon, le Hellfest, les Vieilles Charrues, les Francofolies ou les Solidays se sont tous annulés les uns à la suite des autres.

Un autre rassemblement régulier de l’été, la Japan Expo, a également été annulé. L’évènement, qui accueille chaque année plusieurs centaines de milliers de fans du culture japonaise, devait se dérouler du 2 au 5 juillet. La 21e édition est donc reportée pour 2021.

Le Festival de Cannes devait, quant à lui, se tenir du 12 au 23 mai. Il est reporté mais aucune nouvelle date officielle n’a été communiquée. Une partie de la programmation sera diffusée sur Youtube lors du festival de cinéma virtuel We Are One: A Global Film Festival, du 29 mai au 7 juin. Les sections parallèles (Semaines de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs) ont, elles, annulé leur édition 2020.

Le Champs-Élysées Film Festival, consacré au cinéma indépendant américain, se tiendra complètement en ligne. Du 9 au 16 juin, tous les films en compétition seront accessibles gratuitement sur internet.

Les salles de spectacle, théâtres et cinémas resteront fermés pour une durée indéterminée. De nouvelles mesures doivent être annoncées par le gouvernement à la fin du mois de mai, notamment concernant les cafés et les restaurants.

Sarah Ziaï

Le confinement, un casse-tête pour les chaînes de télévision

Entre les tournages annulés et les monteurs en télétravail, les chaînes de télévision doivent redoubler d’inventivité pour combler les trous de leur programmation pendant le confinement, d’autant plus que de grosses audiences sont en jeu.

Les chaînes de télévision doivent compenser les tournages annulés à cause du confinement (Unsplash)

Avec le confinement, les Français passent plus de temps devant la télévision : d’après Médiamétrie, ils l’on regardée en moyenne cinq heures et dix minutes par jour pendant les deux premières semaines du confinement, au lieu de quatre heures en temps normal. Mais, les chaînes de télévision n’ont pas des réserves infinies d’émissions à diffuser, et les tournages annulés depuis le début du confinement laissent un vide à combler.

Les films comme alternative aux émissions inédites

Pour certaines chaînes, la solution pour continuer de divertir sans produire de nouvelles émissions est la diffusion de classiques du cinéma français. France 2 diffuse depuis le 23 mars un film patrimonial tous les jours à 14 heures. Le succès est au rendez-vous : le film Manon des sources, diffusé le mardi 24 mars, a par exemple attiré 2,5 millions de téléspectateurs.

Certaines chaînes ne renoncent cependant pas à diffuser des programmes inédits, et sont obligées de faire preuve d’inventivité pour tourner des émissions. La chaîne M6 diffuse tous les jours, depuis le 24 mars, une émission spécialement conçue pour les conditions du confinement : « Tous en cuisine », dans laquelle le chef Cyril Lignac cuisine en direct de chez lui.

Les jeux télévisés sont les premiers touchés

Ce sont sans doute les jeux télévisés qui donnent le plus de fil à retordre aux chaînes de télévision. Les émissions « Top Chef » de M6 et « Koh Lanta » de TF1 sont respectivement raccourcies d’une heure et d’une demi-heure depuis le début du mois d’avril. Pour M6, c’est une façon de s’accorder plus de temps pour le montage de l’émission, perturbé par le confinement. Pour TF1, l’idée est de faire durer l’émission en attendant de trouver une solution pour la finale, qui était censée se dérouler en direct en mai.

D’autres émissions n’ont pas eu la possibilité d’étaler leur programmation dans le temps et ont dû s’arrêter prématurément : l’émission « The Voice » de TF1 a ainsi dû repousser sa demi-finale et sa finale, qui étaient censées avoir lieu en mai et être diffusées en direct.

Certaines émissions espèrent pouvoir reprendre les tournages à temps pour ne pas interrompre leur diffusion. Arthur Ouvrard, candidat de l’émission « Le Grand Slam » de France 3, raconte que les émissions auxquelles il a participé ont été tournées au début du mois de mars, juste avant l’annonce du confinement. « Il y a encore quatre émissions inédites déjà tournées, donc je pense qu’ils ont de quoi aller jusqu’au 24 mai. » D’après lui, la chaîne compte reprendre les tournages immédiatement après le confinement :

« S’ils ne veulent pas faire de rediffusions, il va falloir qu’ils reprennent les tournages avant le 31 mai. C’est ce qu’ils ont prévu de faire, mais je suis sceptique. Je ne suis pas sûr que le public aura le droit de venir. »

Beaucoup d’émissions ont quant à elles déjà épuisé leurs stocks d’émissions enregistrées à l’avance. L’émission « N’oubliez pas les paroles » de France 2 a diffusé sa dernière émission inédite le 11 avril, et passe depuis des rediffusions.

Des perturbations jusqu’à l’été

Le casse-tête des chaînes de télévision risque de se prolonger même après le déconfinement. De nombreuses émissions sont habituellement enregistrées au printemps pour être diffusées pendant l’été. Par exemple, le tournage de l’émission « Fort Boyard » de France 2 devra être retardé d’au moins quinze jours, d’après sa productrice. Le tournage de l’émission de M6 « Le meilleur Pâtissier » a lui aussi été repoussé.

Ces émissions pourront sans doute tout de même être tournées et diffusées, même avec un planning bouleversé, mais ce ne sera pas le cas de toutes les émissions prévues pour cet été. L’émission « Ninja Warrior » de TF1 n’a pas pu être tournée en avril, et ne sera pas diffusée cet été. Si le tournage est reporté, ce sera pour l’automne 2020. Les chaînes auront donc toujours des trous à combler dans leurs programmes plusieurs mois après la fin du confinement.

Julie Bringer

Confinement : le e-cinéma, une vraie séance de cinéma chez vous

Depuis le début du confinement, il est devenu impossible de se rendre dans son cinéma de quartier pour y regarder des films. Pour continuer à faire vivre le 7e art et les petites salles, un nouveau type de vidéo à la demande est né, la plateforme de e-cinéma créée par « 25e heure ». 

Une femme fait son jogging devant le cinéma fermé de Bretagne à Paris, le 20 avril 2020, au trente-cinquième jour du confinement en France visant à freiner la propagation de la maladie COVID-19, causée par le nouveau coronavirus.
Philippe LOPEZ / AFP

Achetez vos tickets, prenez votre popcorn, et installez-vous bien confortablement : la séance va commencer. Avec la plateforme de e-cinema créée par la société de production et de distribution « 25e heure » vous pouvez continuer à vous rendre (virtuellement) dans l’un de vos cinémas de quartier.

Lancée depuis le 1er avril avec le film de Bastien Simon, Les grands voisins : la cité rêvée » , les séances de cinéma virtuelles ont déjà rassemblé 20 000 spectateurs. Le site regroupe 50 films pour 200 salles. Pour cela, les spectateurs sélectionnent un film et choisissent une séance dans le cinéma de leur choix (dans un périmètre de 5 à 50 kilomètres). Ils peuvent ensuite prendre un ticket sur la plateforme, en choisissant un horaire indexé sur les séances habituelles. Le prix de la séance est de 5€, et de 6€ si elle est suivie d’un débat avec des intervenants ou des associations. Chaque ticket fait l’objet du reversement d’une contribution carbone dont le montant est de 10 centimes.

Une offre complémentaire au cinéma

Contrairement aux plateformes de vidéo à la demande traditionnelles,  25eheure.com ne concurrence pas les cinémas. Le e-cinéma se veut être une offre complémentaire, qui vient compenser les pertes engendrées par les salles obscures pendant la période de confinement.

La programmation est choisie par les exploitants de cinéma.  À l’écran, les spectateurs auront le choix entre le documentaire « 16 levers de soleil » qui retrace l’aventure de l’astronaute Thomas Pesquet, le film césarisé « Papicha », et bien d’autres films dont la sortie au cinéma était prévue en cette période de printemps.

Les recettes sont partagées entre les distributeurs, les exploitants, et le site 25eheure.com hébergeant la salle virtuelle.

Recréer un rendez-vous

La plateforme proposée par la 25eheure n’est pas un site de vidéo à la demande classique. Elle permet de recréer un rendez-vous convivial autour d’une séance de cinéma virtuelle. « On avait eu l’idée depuis plusieurs mois de fonder une salle de cinéma virtuelle », raconte le fondateur de la 25eheure, Pierre-Emmanuel Le Goff . De base, le site permettait aux petits cinémas d’organiser des vidéo-conférences à distance pour rencontrer les réalisateurs après les séances. « Cette plateforme permet également à des publics qui habitent loin de leurs salles d’art et d’essai de continuer à être fidèles à leurs cinémas ». 

Sur le site, l’équipe de la 25eheure explique que « les séances peuvent être suivies d’une rencontre avec un membre de l’équipe du film ou des intervenants en lien avec sa thématique ». À l’issue de la séance, la plateforme permet aux spectateurs de pouvoir poser leurs questions à un intervenant grâce au dispositif de tchat vidéo intégré. Les intervenants ont accès aux questions qui leurs sont posées et la rencontre peut durer jusqu’à une heure et demie.

L’idée de Pierre-Emmanuel Le Goff est également de proposer cette solution aux cinémas pour la phase de transition pour permettre « l’accès aux personnes en Ephad, malades, ou fragile d’accéder aux séances des cinémas indépendants, d’art et d’essais« . 

Léa Sirot