Le MMA s’est construit aux 4 coins du monde

Le Brésilien José Aldo (à gauche) et l’Irlandais Conor McGregor (à droite) lors de la 189e soirée UFC, à Las Vegas en juillet 2015.

Les arts martiaux mixtes sont un sport de combat hérité du pancrace antique qui était très populaire en Grèce. Mélange de boxe et de lutte, cette discipline n’était régie que par deux règles : l’interdiction de mordre et de frapper aux yeux. Avec les conquêtes d’Alexandre le Grand, cette forme de combat libre se propage en Asie pour donner naissance à d’autres arts martiaux mais subit un véritable déclin en Europe au profit d’autres disciplines davantage réglementées.

Le combat libre réapparut au Brésil dans les années 1920 avec la famille Gracie. Proche d’un immigré japonais champion de judo, le père Gracie lui demande de dispenser des enseignements de combat à ses deux fils. Quelques années plus tard, en 1925, ces derniers ouvrent une académie de ju-jitsu à Rio de Janeiro et commencent à y développer un nouvel art martial basé sur la puissance et effaçant les inégalités de corpulence : le  “Gracie Jiu-Jitsu”. Forts de cette création, ils mettent au défi les combattants locaux, en particulier d’autres disciplines, avec le “Challenge Gracie” : il s’agit de combats de “Vale Tudo”, signifiant “tout est permis” en portugais. Le succès est tel que les compétitions organisées par les Gracie investissent les stades de football du pays, Hélio (le plus jeune frère) devenant la première icône sportive brésilienne.

Au début des années 1980, Rorion Gracie (fils d’Hélio) exporte le concept en Californie. Dix ans plus tard, il crée l’Ultimate Fighting Championship (UFC) avec Art Davie, un homme d’affaires qui s’intéresse au combat libre à la suite d’un voyage en Thaïlande et Bob Meyrowitz, président d’une société spécialisée dans la retransmission d’événements sportifs par le système de pay-per-view. La première soirée UFC se tient le 12 novembre 1993 à Denver (Colorado) avec des combats sans catégorie de poids ni limite de temps. Face à de nombreux détracteurs politiques, l’UFC manque de disparaître aux Etats-Unis à la fin de la décennie. C’est alors que deux dirigeants de médias et casinos de Las Vegas, les frères Fertitta, décident de relancer l’organisation en dédiabolisant l’image du MMA par une réglementation des combats, laquelle subsiste encore aujourd’hui. T.T.

MMA : sport de combat non grata ?

Sport violent et axé sur le show pour certains, discipline complète et technique pour d’autres, les arts martiaux mixtes (ou MMA) ne laissent personne indifférent. Jusqu’ici interdites dans l’Hexagone, les compétitions de MMA pourraient être finalement autorisées à l’horizon 2020. Mais cette légalisation ne fait pas l’unanimité. Par Timothée Talbi et Adrien Grange.

MMA : sport de combat non grata ?

Kaaris vs Booba, un coup de projecteur sur le MMA

Les deux rappeurs français pourraient s’affronter lors d’un combat organisé en Suisse en décembre prochain.

Octogone. Le terme désignant la cage qui encercle les rings de MMA s’est largement diffusé dans le langage courant ces derniers mois. La faute non pas aux combattants mais à deux rappeurs français. Depuis plusieurs années, Kaaris et Booba font partie des têtes d’affiche du rap en France. Si leur relation avait débuté sous les meilleurs auspices avec des collaborations musicales notoires, celle-ci vire à la confrontation depuis plus de quatre ans.

La confrontation est restée longtemps virtuelle, avec les réseaux sociaux comme seul terrain de jeu. Mais elle s’est concrétisée par un affrontement violent à l’aéroport d’Orly le 1er août 2018. La séquence, ultra médiatisée, a valu aux deux protagonistes une condamnation à 18 mois de prison avec sursis et 50.000 euros d’amende. Puis le clash entre les deux rappeurs ne s’est pas arrêté pour autant.

Depuis Noël, ils sont en effet au coeur de tractations pour l’organisation d’un combat sans règle, en dehors du territoire français donc. Un temps pressenti en Belgique, puis en Tunisie, le combat pourrait finalement avoir lieu en Suisse en décembre prochain avec comme organisatrice, la structure locale SHC, spécialisée dans le MMA.

Rattaché aux arts martiaux mixtes, l’événement fait réagir les acteurs de la discipline. D’un côté, Lionel Brezephin, ancien combattant, estime que “cette histoire est axée sur le spectacle et ne correspond pas à l’image du MMA que l’on veut renvoyer”. De l’autre, le célèbre entraîneur français Daniel Woirin perçoit ce combat comme un “formidable coup de projecteur pour le MMA en France, aussi néfaste soit-il.” T.T.