Grève des fonctionnaires : les Ultramarins craignent pour leurs congés bonifiés

Les manifestants protestent devant Bercy contre les critères plus en plus difficiles à remplir pour bénéficier des congés payés
Les manifestants protestent devant Bercy contre les critères plus en plus difficiles à remplir pour bénéficier des congés payés. Crédit Photo : S. Spautz

« Respect ! Respect ! Égalité des droits ! » crient les manifestants réunis devant le ministère de l’Economie et des Finances. Sous les drapeaux rouges de la CGT, ces fonctionnaires nés dans les départements d’outre-mer (DOM) protestent contre les restrictions qui touchent les congés bonifiés auxquels ils ont droit.

 

 

Accordés en 1978, les congés bonifiés permettent aux ultramarins de rentrer chez eux une fois tous les 3 ans, afin de voir leur famille. Ils sont dit « bonifiés » car 30 jours sont accordés en plus des 5 semaines de congés payés dont tout fonctionnaire bénéficie. Mais les conditions pour les obtenir se sont durcies au fur et à mesure des années. Dès 1981, un avis du Conseil d’Etat précise les critères à remplir pour pouvoir les obtenir. Il faut par exemple être titulaire de comptes bancaires ou d’épargne sur le territoire d’outre-mer où ils passent leurs vacances, payer certains impôts dans la commune où ils résident, ou encore y être inscrit sur les listes électorales.

« Lorsque j’ai voulu partir cette année, on m’a demandé en plus des papiers habituels l’acte de naissance de mes parents » précise Maryse Romain, originaire de Guadeloupe, qui travaille dans la fonction publique territoriale depuis 15 ans. « Je l’ai ressenti comme un rejet, c’est déjà suffisamment énervant de devoir se justifier en donnant autant de documents, alors que pour moi les congés bonifiés sont un dû ». Pour Casimir Largent, représentant syndical CGT du collectif DOM, il y a une raison à ce durcissement : « On demande aujourd’hui trop de critères pour pouvoir justement les refuser. Et donc les gens qui partaient avant en congés bonifiés ne partent plus. »

Si les manifestants ont choisi de se rassembler devant Bercy, c’est dans l’espoir d’avoir un entretien avec le cabinet du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin. Le but est d’obtenir de lui une garantie du droit aux congés bonifiés. Car même lorsque tous les critères sont remplis pour en bénéficier, les restrictions budgétaires sont souvent une raison invoquée pour les refuser. Quant à ceux qui prétendent que ces congés sont des vacances sous les tropiques tout frais payées, Jean-Claude Raquil, répond « c’est surtout un droit, celui de voir nos familles tous les 3 ans ».

Sarafina Spautz

 

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Mort du Che : « Il voyait le Congo comme un territoire stratégique au cœur du continent africain »

Che Guevara et Fidel Castro en 1961 Crédit Photo : Alberto Korda
Che Guevara et Fidel Castro en 1961
Crédit Photo : Alberto Korda

Amzat Boukari-Yabara est un historien spécialiste de l’Afrique et docteur de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est également auteur de plusieurs livres dont Africa Unite, une histoire du panafricanisme. Pour les 50 ans de la mort de Che Guevara, retour sur les ambitions révolutionnaires de Cuba en Afrique.

 

Quels étaient les liens entre Cuba et le Congo (aujourd’hui République Démocratique du Congo) à l’époque de Lumumba ?

Avant l’assassinat de Lumumba il n’y avait pas de lien officiel en tant que tel. La révolution cubaine a lieu en 1959, le Congo devient indépendant en 1960 et la crise s’installe tout de suite donc Lumumba n’a pas vraiment le temps de créer des liens politiques et diplomatiques avec Cuba. En revanche, il y a beaucoup de lien culturel notamment musical, une petite diaspora cubaine est aussi présente au Congo, et on retrouve un héritage congolais très fort à Cuba issu de l’époque de la traite et de l’esclavage qui se manifeste également dans la langue.

Pourquoi Che Guevara décide d’aller faire la révolution au Congo ?

Parce qu’il y avait des difficultés au niveau de la révolution en Amérique latine. De l’autre côté du globe, le Vietnam causait beaucoup de soucis aux Américains. Donc pour Che Guevara, il voyait le Congo comme un territoire stratégique au cœur du continent africain. Et on est également dans une période où les pays au sud du Congo sont encore des colonies (Zimbabwe, Zambie, Afrique du Sud etc.) Donc il voyait le pays comme le point de départ pour libérer le reste du continent africain. En plus de cela, les Américains sont intervenus en Afrique en manipulant les Nations Unies et ils ont pris position de manière ferme pour bloquer les soviétiques. Il y avait donc un enjeu géopolitique important.

Que deviendront les aspirations révolutionnaires cubaines sur le continent africain ?

Depuis la crise de 1962, les Cubains désirent développer leur propre ligne de soutien aux armées de libération. Suite de l’échec de la révolution congolaise, Fidel Castro organise la conférence tricontinentale à La Havane en janvier 1966 où un véritable soutien de Cuba est mis en place pour les mouvements africains de libération. Mais Fidel Castro devra attendre les années 70 et les guerres d’indépendance des colonies portugaises, comme l’Angola, pour vraiment participer à une révolution africaine, avec le soutien de Moscou. L’échec au Congo a permis à Fidel et Raul Castro de réaliser qu’une révolution sur le continent africain nécessitait plus de temps et surtout beaucoup plus de moyens.

 

Propos recueillis par Sarafina Spautz

 

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