En entreprise, l’invisibilité des conjoints LGBT

Peur des discriminations ou autocensure, plusieurs raisons poussent de nombreux employés LGBT à ne pas mentionner leur vie amoureuse en entreprise. Un tabou mis en lumière par l’Ifop dans un rapport publié ce jeudi, dont les conséquences elles, sont visibles. 

Gay pride 2011 à Toulouse
Gay pride 2011 à Toulouse

Une personne LGBT sur trois refuse d’indiquer le nom de son conjoint sur sa mutuelle. Peur des remarques, ou des discriminations, ils sont nombreux à refuser de mêler leur vie privée à la vie de bureau. Un constat alarmant que dresse une étude de l’IFOP commandée par l’agence Tell Me The Truffe, qui analyse l’évolution du « coming out » dans le milieux familial, amical et pour finir professionnel. Et concernant la vie amoureuse en entreprise, les résultats sont symptomatiques d’un malaise qui persiste. Sur 1 000 personnes LGBT interrogées, 34% refusent de mentionner leur partenaire sur leur mutuelle, quand 38% ont déjà renoncé à participer à des évènements d’entreprises où les conjoints sont invités.

Porte-parole de l’Autre Cercle, une association qui milite pour l’inclusion et le respect des orientations sexuelles en entreprise, Catherine Tripon connaît bien cette problématique. « Beaucoup de personnes LGBT ne profitent pas des droits auxquels elles ont accès par peur de se dévoiler » explique-t-elle. Si le mariage pour tous a apporté de nouveaux droits aux couples LGBT, l’étape du coming out est nécessaire, mais sa difficulté souvent négligée. « Le coming out doit s’envisager dès le début en plus, au moment de signer le contrat et de remplir sa feuille de mutuelle » ajoute Catherine Tripon.

« Il y a énormément d’autocensure »

Pourtant, parmi la communauté LGBT, révéler son orientation sexuelle n’est pas forcément nécessaire. « Les personnes LGBT estiment qu’il y a une séparation claire entre vie privée et vie professionnelle » analyse Thomas Cusson, responsable des partenariats et intervenants pour l’association LGBT Talents. « Mais vouloir étanchéifier ces deux sphères est totalement illusoire » poursuit-il. Depuis deux ans, il organise un évènement annuel dédié aux sujets LGBT dans la sphère de l’entreprise. Et le question du couple revient régulièrement. « En France il y a énormément d’autocensure. Le reste est lié au fait que l’entreprise n’est pas toujours un milieu inclusif » conclut Thomas Cusson.

Une invisibilité qui n’est pas sans conséquences, analyse Catherine Tripon, pour qui il y a également une grande porosité entre vie professionnelle et vie privée. « Pot de départs, fêtes de fin d’année, vacances du comité d’entreprise… pour profiter de tous ces avantages qui font le charme d’une atmosphère conviviale au bureau il est nécessaire de faire son coming out », explique-t-elle. Un point de vue partagé par le défenseur des droits qui dans un rapport en 2015 dressait la liste des conséquences de cette invisibilité. « Ainsi en vient-on à s’exclure de certaines conversations avec les collègues, à fuir les manifestations d’entreprises pour éviter toutes questions intimes » relève notamment l’article.

Un état des lieux qui diffère selon les pays

Da manière générale, moins de six homosexuels sur dix affirment que leur orientation sexuelle est connue par leur supérieur hiérarchique, selon l’Ifop. Un phénomène « très français » affirme Thomas Cusson de LGBT Talents, qui lui oppose le modèle anglo-saxon, bien plus « gay friendly ». Un nuance que confirme une étude du Boston Consulting Group réalisée avec le magazine Têtu en septembre 2018, où l’on apprend notamment que l’Espagne et l’Italie font figure de pires élèves en matière d’inclusion en entreprise.

Au delà des pays, la taille des entreprises compte aussi. « Dans les petites entreprises, les gens osent peu prendre la parole » explique Thomas Cusson, avant de se contredire. « Mais dans certaines grandes entreprises, des membres LGBT du comité exécutifs sont parfois invités à venir accompagnés avec une personne de l’autre sexe, parce que selon ses collègues, ça le fait mieux » détaille-t-il.

Une charte pour tous

Premier interlocuteur avec les salariés dès leur entrée dans l’entreprise, le directeur des ressources humaines tient un rôle important dans le débat. « Les RH doivent être moteurs de l’intégration à la sortie de l’entreprise » explique Pierre-Emmanuel Bourguoin, DRH pour la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques. Pour lui, « les RH ont un vrai rôle à jouer, surtout à l’embauche, en proposant si possible une clause de confidentialité pour ceux qui le désire ».

Mais comment faire comprendre aux postulants LGBT qu’ils seront accueillis avec bienveillance par leur futur employeur ? « Nous allons bientôt signer la Charte » assure Pierre-Emmanuel Bourguoin. Portée par l’association l’Autre Cercle, la Charte d’engagement LGBT permet depuis 2013 d’assurer un accord sur des valeurs d’inclusion et de respect de l’orientation sexuelle au sein de l’entreprise. BNP Paribas, TF1, l’Oréal, IBM ou encore le Ministère du Travail, ils sont plus de 100 entreprises et organismes privés et publics l’avoir signée.

 

Clara Losi

Changement climatique : vers une justice citoyenne

Les procès intentés contre les gouvernements pour lutter contre le changement climatique se multiplient. Ces initiatives souvent citoyennes engagent la responsabilité de l’État pour la cause environnementale. Assistons-nous à une nouvelle forme de militantisme écologique ?

La cour d’appel de La Haye a rendu son jugement définitif. L’État néerlandais attaqué par l’ONG Urgenda en juin 2015 aura désormais l’obligation de prendre des mesures contre les conséquences du changement climatique. « Avant cette affaire, on ne pouvait même pas penser à engager un procès contre l’Etat. C’est une affaire historique rendue au lendemain du rapport du GIEC, qui est extrêmement alarmant » nous explique Émilie Gaillard, maître de conférence en droit privé à l’Université de Caen Normandie. Ce jugement historique a inspiré toute une génération de militants. Après l’initiative d’Urgenda en juin 2015, c’était au tour d’un agriculteur pakistanais de porter plainte contre son gouvernement. Considérant que la politique environnementale de son pays portait atteinte à ses droits fondamentaux. Selon un rapport publié par le Programme des Nations unies pour l’environnement en mars 2017, 894 actions judiciaires liées au climat seraient en cours.

 

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Crédits: wikimédia

 

« Il y a une réelle mutation du droit »

La justice climatique est un combat de longue haleine. S’attaquer à un État pour des motifs environnementaux n’avait jamais été vu auparavant. En cause ? Un droit environnemental inadéquat. Cependant la multiplication des procès climatiques a permis de faire jurisprudence, explique Émilie Gaillard :« Il y a une réelle mutation du droit. Par exemple, le droit des Générations futures était complétement utopique en 1993, maintenant on y fait toujours référence. A termes, l’idée ce serait d’aboutir à une juridiction internationale comme dans le cadre de la Cour pénale internationale. »

« Ce n’est pas possible dans tous les pays, on a du mal à engager la responsabilité de l’Etat. Les liens de causalité sont difficiles à établir mais de manière générale, le changement climatique est de plus en plus lié aux droits de l’homme donc cela devient plus facile d’agir » assure Marie Toussaint, déléguée Europe Écologie – les Vert et présidente de l’association Notre affaire à tous.

Militantisme ou acte citoyen ?

Si criminaliser les États en matière d’environnement n’est pas chose aisée, les procès sont souvent le fruit d’une initiative citoyenne, participant à la médiatisation de la cause environnementale. Comme lorsqu’en janvier 2013, des citoyens européens ont lancé « directive écocide ». Ils demandaient la criminalisant l’écocide et pour viser pénalement des personnes physiques, décideurs et dirigeants, dont les ordres porteraient atteinte à l’environnement et aux populations qui en dépendent. Une initiative timide à l’époque qui avait participé à faire connaître le principe d’écocide. Ces initiatives permettent de convaincre de plus en plus d’individus explique Marie Toussaint :« On voit qu’il y a une prise de conscience qui s’accroit. Et la mobilisation citoyenne s’accroit avec. On a plus tellement de doutes sur les causes du changement climatique. Le citoyen lambda en a marre de couper l’eau, et de faire attention à l’électricité quand L’État ne fait rien. »

Cette mobilisation de plus en plus accrue pour l’écologie se traduit ainsi par l’augmentation des procès citoyens, mettant un peu à part le militantisme dans sa dimension politique analyse Émilie Gaillard « Pour moi ce n’est pas une nouvelle forme de militantisme mais une action citoyenne qui nous concerne tous. »

Capucine Japhet

 

 

Amiante : l’assassin court toujours dans les écoles

Une manifestation nationale contre l’amiante dans les écoles aura lieu ce vendredi 12 octobre, à 14 heures, de la gare Montparnasse à l’église Saint-Sulpice, à Paris. L’association Andeva alerte sur la dangerosité de la substance, interdite depuis 1997.

 

La manifestation contre l'amiante dans les écoles aura lieu à 14 heures à la gare Montparnasse. (Photo : Google image libre de droits)
La manifestation contre l’amiante dans les écoles aura lieu à 14 heures à la gare Montparnasse. (Photo : Google image libre de droits)

Interdite en France depuis plus de vingt ans, l’amiante fait encore trop parler d’elle. L’Andeva (Association nationale de défense des victimes de l’amiante), a donc lancé une manifestation nationale, ce vendredi 12 octobre, gare Montparnasse à Paris.

Sur les 63 000 établissements scolaires français, 85% ont au moins un bâtiment construit avant l’interdiction de l’amiante, en 1997. Donc fortement susceptibles de contenir des traces de ce matériau, autrefois utilisé pour son prix bon marché. C’est par exemple le cas du lycée Georges Brassens, à Villeneuve-le-roi dans le Val-de-Marne, qui en a fait la triste découverte dans ses locaux en janvier 2017. Depuis, les professeurs se mobilisent et, depuis une semaine, exercent leur droit de retrait.

Quels effets sur la santé ?

L’impact de cette substance sur la santé est dramatique. Le risque de cancers est connu mais l’inhalation de fibres d’amiante peut aussi entraîner d’autres pathologies comme l’asbestose ou des plaques pleurales, deux maladies provoquant une grave inflammation des poumons. Et corrélée à l’exposition au tabac, l’inhalation de ces fibres augmente de façon considérable le risque de cancer broncho-pulmonaire.

Selon un rapport du Sénat publié en 2005, l’amiante est responsable de 35 000 décès survenus entre 1965 et 1995 et pourrait encore causer de 65 000 décès à 100 000 décès entre 2005 et 2030.

G. de Préval

Les livreurs Déliveroo à nouveau dans la rue ce vendredi

Un livreur déliveroo (crédit: creative commons)

A l’appel du Collectif des livreurs autonomes parisiens, les livreurs qui travaillent pour Deliveroo se rassemblent à 14 heures, place de la République à Paris. Une manifestation qui fait suite à de nombreuses autres, les livreurs dénonçant la baisse constante de leur rémunération par la plateforme.

« 4, 80€ aujourd’hui, combien demain ? » Voilà le mot d’ordre de ce rassemblement, en écho aux rassemblements similaires à Lyon ou Bordeaux. 4,80€, c’est le montant minimum d’une course Deliveroo selon les nouveaux tarifs de la plateforme, en vigueur depuis cet été. Depuis l’apparition des vestes vertes et noires de la marque en France, le système de rémunération des livreurs autoentrepreneurs a changé trois fois. Et à chaque fois, dénoncent les livreurs, en leur défaveur.

En grève le dimanche 8, les livreurs entendent désormais se rendre de la place de la République au siège social parisien de la plateforme britannique.

« Penser que Deliveroo vont s’arrêter de baisser les prix, c’est être naïf. Deliveroo est un système qui prospère et fonctionne grâce au travail des livreurs mais ils nous méprisent et nous exploitent » à indiqué le Collectif des livreurs autonomes parisiens (CLAP) aujourd’hui dans un communiqué.

En France, Deliveroo, qui s’appuie sur 10 000 livreurs et 6 000 restaurants partenaires, a annoncé vouloir investir 100 millions d’euros dans les deux années à venir pour son développement.

 

Gaël Flaugère