Attentats, crise économique, météo clémente : à Paris, le bilan des soldes d’hiver 2016 est décevant. Selon l’enquête menée par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, malgré les démarques souvent importantes, les commerçants assistent, impuissants, à une baisse des fréquentations.
C’est un revers pour les commerçants parisiens. Pour plus de la moitié des 400 commerces interrogés entre le 1er et le 5 février par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris, le résultat des soldes 2016 est moins bon que celui de 2015. « Sachant que le soldes d’hiver 2015 n’étaient déjà pas très bonnes compte tenu des attentats de Charlie Hebdo, le bilan de 2016 est particulièrement mauvais », explique Isabelle Savelli-Thiault, responsable de l’Observatoire économique régional (Crocis) de la CCI, à l’origine de l’enquête. Pire : pour 27% des commerces interrogés, la période des soldes n’a pas changé leur chiffre d’affaires habituel. Sur le graphique suivant, les résultats des soldes d’hiver 2016 par rapport aux soldes d’hiver 2015.
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Les raisons sont multiples. 89% des commerçants interrogés estiment que les attentats du 13 novembre ont eu une répercussion importante voire très importante sur leur chiffre d’affaires. « Les Parisiens étaient plus réticents à faire les magasins et, dans le même temps, la clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat a fui Paris. Or, le tourisme, c’est ce qui permettait encore de sauver le commerce parisien », analyse Isabelle Savelli-Thiault.
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D’autres facteurs expliquent cette absence de résultats. La crise économique est jugée responsable de la morosité ambiante par 79% des commerçants. « La conjoncture reste mauvaise, les gens sont très prudents dans leurs achats », relève l’étude. A cette crise s’ajoute une météo plutôt douce, source d’invendus. « Les doudounes, les pulls, les chaussures, ce sont des produits qui génèrent des bénéfices importants. En moyenne, ces achats représentent deux tiers du chiffre d’affaires des commerçants en hiver. Une saison douce comme celle que nous connaissons, c’est autant d’argent en moins », rappelle la responsable du Crocis.
Face à ce constat, les commerçants s’organisent. Des promotions anticipées sont mises en place : 55% des magasins ont effectué des ventes privées avant la période officielle des soldes. Certains commerces affichent même des rabais à -40% pour faire revenir la clientèle. Autre conséquence : une meilleure gestion du stock. « Les commerçants sont de plus en plus prudents dans leurs commandes. Ça leur permet parfois de compenser le manque de chiffres d’affaires », observe Isabelle Savelli-Thiault qui l’assure : « malgré ces résultats, la grande majorité des personnes interrogées restent confiantes pour la saison printemps/été 2016 ».
Enquête réalisée du 1er au 5 février 2016 par la société Actel par téléphone auprès de 300 commerçants parisiens et par entretien en face-à-face avec 100 commerçants de la rue de Rennes.
Léo Pierrard