La laïcité à l’école, un casse-tête pour les profs

Joséphine Boone, Pierre-Yves Georges, Bénédicte Gilles

La laïcité à l’école, un casse-tête pour les profs

La laïcité à l’école, un casse-tête pour les profs

Joséphine Boone, Pierre-Yves Georges, Bénédicte Gilles
25 mai 2022

De la primaire au lycée, la laïcité et les faits religieux figurent dans les programmes scolaires. Les jeunes doivent avoir accès à la même éducation, quelque soit leur origine ou leur croyance. Mais, peu formés, les professeurs peinent à se projeter dans ces enseignements, particulièrement sensibles aujourd’hui.

Chaque matin, la même routine : Catherine (le prénom a été changé), enseignante en CP à Paris, fait écouter à ses élèves un peu de musique. « Ils sont pour beaucoup issus de milieux populaires, je le vois comme un moyen de leur donner un accès à la culture », assure-t-elle. Cette fois, c’est What A Wonderful World du jazzman Louis Armstrong. « Je mets l’accent sur l’optimisme de la chanson », explique l’enseignante. Quand soudain, un de ses élèves lève la main : « Armstrong, il doit être chrétien ! Il n’y a que les chrétiens qui pleurent quand ils voient de belles choses ! ».

Mettre de côté ses croyances religieuses peut s’avérer difficile pour les plus jeunes élèves. Influencés par leur environnement familial, premier cercle de socialisation des individus, ils découvrent souvent le concept de laïcité sur les bancs de l’école. C’est donc aux enseignants qu’incombe la tâche de leur faire découvrir cette notion, comme l’a rappelé, lundi 23 mai, le nouveau ministre de l’Education nationale. Pour sa première visite officielle, Pap Ndiaye s’est rendu dans le collège du Bois d’Aulne, à Conflans Saint-Honorine, en région parisienne.

Là où, le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty a été décapité par un jihadiste après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. Un parent d’élève musulman s’en était ému sur les réseaux sociaux, alors même que ces caricatures font partie du programme.

Ce drame est révélateur du malaise que beaucoup de professeurs ressentent vis-à-vis de la laïcité : comment l’enseigner ? Faut-il parler de religion en classe ? Peut-on proposer à des élèves de quitter un cours pour des questions religieuses ? En l’occurrence, Samuel Paty avait proposé aux élèves ne voulant pas voir les images de quitter la salle.

Avec la laïcité, beaucoup ont la sensation de marcher sur des œufs. « Dans les équipes pédagogiques, les professeurs me disaient : ‘Ah non, je n’en parle jamais, ça crée des histoires !’ « , se souvient Catherine.

C'est quoi le programme ?

                « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes », affirme la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Si le principe de laïcité fait souvent l’objet de longs débats médiatiques et politiques, il est assez clairement défini et encadré par la loi.


POUR BIEN COMPRENDRE

D’après Philippe Gaudin, directeur de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité, les grands débats sur la laïcité sont récents. “L’Education nationale et la société française ont la nostalgie du temps où l’on ne se préoccupait plus de cela. La laïcité s’est pacifiée après la Première guerre mondiale. A ce moment-là, il y a deux questions latentes : celle du financement des écoles confessionnelles par les pouvoirs publics, réglée en 1959, et celle du concordat en Alsace-Moselle. Mais la question de la religion disparaît quasiment du débat public”, souligne le chercheur.

“Mais les années 1980 ont été déterminantes. En 1979, les Soviétiques envahissent l’Afghanistan et l’ayatollah Khomeini entre victorieux en Iran. Dès lors, la religion entre à nouveau dans l’actualité internationale. La Guerre froide s’achève en 1989 et on réalise alors que le monde à changé. On a donc la nostalgie du vieux monde mais on n’a pas les outils intellectuels pour répondre à ces nouvelles questions.”. 

Cependant, l’ensemble des événements de la fin du XXème siècle et du début des années 2000 entraîne une accélération des débats sur la laïcité dans l’espace public français, en témoignent les points chronologiques largement multipliés ces dernières années.
La charte de la laïcité à l’école est affichée dans tous les établissements scolaires depuis 2013. Source : Ministère de l’Éducation nationale

C’est le code de l’éducation qui érige les grands principes s’appliquant à l’école : « L‘Etat assure aux enfants et adolescents dans les établissements publics d’enseignement la possibilité de recevoir un enseignement conforme à leurs aptitudes dans un égal respect de toutes les croyances. ».

Pour Véronique Grandpierre, référente laïcité-faits religieux de l’académie de Paris, le constant est clair : »La laïcité, c’est à la fois très simple à comprendre et très compliqué à mettre en œuvre ».

Cela fait pourtant plus de 20 ans que l’Education nationale réfléchit à l’enseignement de la laïcité aux élèves, de la primaire au lycée.  En 2002, le philosophe Régis Debray rend un rapport commandé par le ministère de l’Éducation nationale sur l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque. Un document devenu référence en la matière et qui inspire, encore aujourd’hui, les programmes scolaires. Le philosophe y affirme, entre autres, qu’on ne peut « séparer principe de laïcité et étude du religieux ».

Sur Eduscol – site géré par le ministère de l’Éducation nationale à destination des professionnels de l’éducation – on peut ainsi lire : « L’enseignement des faits religieux, dans notre république laïque, est inscrit dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Avec objectivité et méthode, il décrit et analyse les faits religieux comme éléments de compréhension des sociétés passées et de notre patrimoine culturel. ». Les religions et la laïcité sont donc censées être intégrées à un grand nombre de cours, de façon transversale et interdisciplinaire.

En tant que fonctionnaires, les enseignants sont soumis à un devoir de neutralité religieuse et politique. En tant que professeurs de la République, ils sont chargés de transmettre un certain nombre de valeurs fondamentales, dont la laïcité, à leurs élèves. D’après le programme d’éducation morale et civique (EMC), l’obligation de neutralité « ne doit pas conduire à une réticence, voire une abstention, dans l’affirmation des valeurs transmises. Les enseignants et les personnels d’éducation sont au contraire tenus de promouvoir ces valeurs dans tous les enseignements et dans toutes les dimensions de la vie scolaire ».

Et dans le privé, comment ça se passe ?

“Sincèrement, dans l’école où j’enseigne, je trouve que ce n’est pas très compliqué de parler religions et laïcité”, constate Philippine de Colombel, 27 ans, jeune professeure d’histoire-géographie dans un collège privé sous contrat au Vésinet (Yvelines). “On sait que la majorité des élèves est catholique. Ils ont déjà un biais avec le cadre familial”, s’amuse la jeune femme.

Pour autant, elle dispense un cours sur la laïcité et un autre sur les faits religieux, comme à l’école publique. “Pour ne pas rendre le cours trop rébarbatif, j’essaie d’aborder ça à travers les thèmes étudiés, par exemple quand on parle des inégalités, j’aborde la question de la religion dans l’espace public. Pareil, on a accueilli un élève ukrainien dans la classe et on a discuté du racisme et des différentes religions”, décrit-elle.

Mêmes obligations, quelques exceptions

Le statut de l’école privée, défini en 1959, permet le financement par l’Etat sous réserve de contreparties : les professeurs du privé sont soumis aux mêmes obligations que ceux du public, ils passent le même concours, les programmes dispensés sont les mêmes et les écoles privées n’ont pas le droit d’imposer un enseignement religieux aux élèves.

En France, la majorité des écoles privées sous contrat sont de confession catholique, “mais, grâce à ces contreparties, beaucoup d’élèves non catholiques sont quand même inscrits dans ces écoles privées”, souligne Philippe Gaudin, directeur de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

Les écoles privées ne sont en revanche pas soumises aux dispositions de la loi de 2004 sur le port de signes religieux ostentatoires. Il y a aussi une tolérance sur l’expression religieuse des professeurs : un enseignant en école privée sous contrat peut dire à ses élèves qu’il est catholique et en discuter avec eux. Le prosélytisme demeure strictement interdit.

Dans les écoles privées hors contrat, toutes ces règles s’évaporent, sous réserve d’instruire les enfants et de respecter l’ordre public. Pas de contrainte de programme, pas d’enseignement obligatoire de la laïcité. Ces écoles sont régulièrement inspectée par l’Education nationale. Elles été d’ailleurs dans le viseur de l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, à l’origine de la loi d’août 2021 sur le respect des principes de la République pour lutter contre le fondamentalisme religieux dans les écoles privées hors contrat.

Pas au point sur le terrain

Si par principe, tous les enseignants, du professeur de sport à celui de Sciences de la vie et de la terre (SVT), doivent se saisir de la question de la laïcité, c’est surtout aux professeurs d’histoire-géographie que revient cette tâche. Ils ont pour mission d’enseigner le principe de laïcité lors de cours d’EMC et d’histoire des faits religieux. Comprenons : l’histoire des religions à travers les époques.

Néanmoins, il n’existe pas de support spécifique prévu pour un cours sur la laïcité. « Ce programme, je l’ai moi-même entièrement construit », explique Hapsatou Agne, 44 ans, enseignante d’histoire-géographie à Versailles. « C’est un choix personnel, dans la continuité de ce que je fais en cours d’histoire et de géographie. Par exemple, j’utilise la bande dessinée Persepolis de Marjane Satrapi qu’on étudie par ailleurs pour expliquer la laïcité aux élèves. ». Cet ouvrage autobiographique raconte l’enfance de l’autrice en Iran sous la révolution islamique et son arrivée en France.

Pour la professeure, qui a étudié les sciences politiques, le sujet n’est pas difficile à aborder : « Lors de la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty, on a fait une séance sur la liberté d’expression. J’ai choisi de décrocher du sujet uniquement Samuel Paty pour éviter l’hystérisation. ». 

“Après la mort de Samuel Paty, nous avons eu une réunion de professeurs avant d’accueillir les élèves au retour des vacances. Il s’est avéré que certains collègues ne savaient pas définir la laïcité… J’étais stupéfaite.” 

Mais pour d’autres, le manque d’encadrement général sur l’enseignement de la laïcité entraîne des situations compliquées, comme en témoigne une professeure d’histoire-géographie du nord de Paris : « Après la mort de Samuel Paty, nous avons eu une réunion de professeurs avant d’accueillir les élèves au retour des vacances. Il s’est avéré que certains collègues ne savaient pas définir la laïcité… J’étais stupéfaite. ». Un décalage qui montre bien la situation de déroute de certains enseignants.

« Ce n’est pas un cours que tous les professeurs ont l’habitude de faire, note Véronique Grandpierre. Or on leur demande de le faire à un moment difficile. Il faut mobiliser des connaissances qu’on n’utilise pas d’habitude… D’où l’importance de former chacun.« . 

Le manque criant de formation 

Pourtant, la formation initiale est très légère, voire inexistante sur le sujet de la laïcité pour une partie des professeurs. De nombreux enseignants interrogés confient n’avoir reçu aucun cours sur le sujet, ou alors un contenu très faible. Le rapport Obin d’avril 2021 sur la formation des personnels à la laïcité et aux valeurs de la république fait ce constat : « Dans le premier degré, pendant l’année scolaire 2018-2019, seul un enseignant sur cent environ a suivi une journée de formation (en moyenne) sur le thème « laïcité et valeurs de la République » ; un taux dramatique et en chute libre puisqu’il était cinq fois supérieur trois ans auparavant ».

Jérémie (le prénom a été changé), 25 ans, professeur stagiaire de mathématiques, partage ses journées entre ses cours dans un collège parisien et la faculté. « L’année dernière, on a eu un enseignement commun à toutes les formations de master 1 second degré [NDLR : collège et lycée], quelques heures consacrées à la laïcité. Mais c’était extrêmement superficiel », regrette le jeune homme. Cette année, il a donc choisi l’option « enseignement laïc des faits religieux ». « J’ai eu un cours d’histoire des religions, mais on ne m’a pas appris le ‘comment enseigner’ », précise-t-il. A quelques mois de sa première rentrée en tant qu’enseignant titulaire, Jérémie ne se sent pas “correctement préparé pour traiter ces questions ».

Pour combler le manque de formation, les professeurs peuvent passer par la formation continue. Depuis quelques mois, la formation laïcité s’est développée, dans le sillage du rapport Obin. Un module d’une dizaine d’heures sur le sujet est proposé au personnel scolaire via les académies. Les professeurs peuvent s’y inscrire sur la base du volontariat, ou bien être forcés à le faire par leur chef d’établissement.

A Paris, c’est Véronique Grandpierre qui encadre l’équipe laïcité. Les établissements peuvent faire appel à l’équipe pour demander conseil, de façon préventive ou après une atteinte à la laïcité – par exemple, un élève qui refuse de suivre le cours sur l’évolution en SVT. Il existe d’ailleurs un formulaire en ligne de signalement des atteintes à la laïcité, qui permet aux professeurs de contacter l’équipe laÏcité de l’académie dont ils dépendent.

Suivant la situation, l’équipe se déplace dans l’établissement et construit une formation « sur-mesure » avec l’aide du chef d’établissement et des professeurs. L’année dernière, Véronique Grandpierre a, par exemple, été contactée à propos d’une sortie scolaire au cours de laquelle des élèves de quatrième devaient visiter une mosquée, une synagogue et une église. « On a eu les trois cas de figure, de jeunes qui refusaient de rentrer dans chacun des bâtiments, explique la référente. On a discuté avec les élèves pour essayer de voir où était le problème. » A l’occasion d’un cours d’histoire sur l’architecture religieuse, les élèves avaient vu des photos de lieux de culte. « Ce qui les dérangeaient, c’était de rentrer pour de vrai dans ces lieux. On leur a expliqué que ce n’était pas une sortie touristique, ni une sortie pour convertir les gens et qu’aller voir un monument religieux relevait du cours… C’est quand même beaucoup mieux de voir par soi-même que sur diapositive ! ». 

En même temps, l’information ne passe que quand on rencontre un problème » 

Ces différents dispositifs sont encore très peu connus des professeurs. La plupart des personnes interrogées au cours de cette enquête ne connaissaient pas l’existence de cette aide qu’ils peuvent solliciter. « En même temps, l’information ne passe que quand on rencontre un problème, remarque une professeure de lettres classiques, Sinon, on n’a pas le temps de se demander ‘en cas de problème, qu’est-ce que je fais ?’ ».

Autre problème, plus pratique : pour effectuer une formation continue, il faut pouvoir être remplacé dans la classe. Or, le manque criant d’effectifs chez les professeurs entraîne souvent un renoncement à ces formations, les enseignants ne voulant pas abandonner leurs élèves une dizaine d’heures sans remplacement possible. Même soucis du côté des inspecteurs chargés de dispenser cette formation, ils ne sont pas assez nombreux d’après le rapport Obin.

La complexité administrative 

Parmi les aides proposées aux professeurs pour parler à leurs élèves de laïcité, il y a aussi une série de contenus et recommandations disponibles sur le site Eduscol, consacré aux personnels éducatifs. Mais la plateforme est peu intuitive. Face à une question sur la laïcité, ​​ »Les institutionnels, ils peuvent vous répondre qu’il y a un site Eduscol. Je vous avoue, quand j’arrive là-dessus, ils me font bien rire : ce n’est pas très facile, ce n’est pas du clé en main », explique Catherine, l’institutrice.

“Le problème, c’est que même les professeurs ne savent pas comment fonctionne l’Education nationale » 

Au sein de l’Éducation nationale – premier employeur du pays avec près d’un million de travailleurs – la parole n’est pas unanime. « Le problème, c’est que même les professeurs ne savent pas comment fonctionne l’Education nationale. C’est une très grosse administration pour laquelle il est difficile de faire des généralités. Il ne faut pas croire qu’il y a une parole unique qui tombe de haut en bas selon le mythe de l’Etat jacobin », expose Philippe Gaudin, directeur de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité.

Parmi les exemples de cette complexité administrative et institutionnelle, il y a l’emblématique affaire Matthieu Faucher. En 2017, cet enseignant à Malicornay (Indre) donne à ses élèves des extraits de l’Ancien Testament et des Evangiles dans le cadre d’un cours sur les religions. Du jour au lendemain, il est muté d’office par son académie, estimant qu’il « avait exploité des sources religieuses inadaptées à l’âge de ses élèves et contraires au principe de neutralité et de laïcité ». Or, le tribunal administratif de Limoges puis la Cour d’appel de Bordeaux ont successivement jugé cette sanction injustifiée : le fait de montrer ces textes religieux avec une explication contextuelle ne constitue pas une infraction à la laïcité. Preuve que, sur ce sujet, les institutions marchent sur un fil.

 

 

La laïcité, incomprise des adultes plus que des enfants ?

Pour combler les manquements de l’Education nationale, les professeurs ont aussi recours aux associations, telles que Coexister ou Enquêtes (voir encadré). Elles organisent des formations pour les professeurs et les élèves pour mieux comprendre la laïcité. « L’idée, c’est de compléter la formation des enseignants avec un volet pédagogique », explique Marine Quenin, présidente d’Enquête. L’objectif : rester dans le concret. « Comprendre la croyance des camarades, comprendre par exemple pourquoi les parents de leur copain ne mangent pas dans la journée pendant un mois une fois par an ». L’association s’adresse principalement à des CM1-CM2 : « A l’âge adolescent, il y a une posture contestataire et de remise en question. Là où les enfants sont très curieux et soucieux d’apprendre », explique la présidente de l’association.

Ateliers avec les élèves, formations des enseignants, vidéos explicatives : de nombreuses associations viennent en aide aux enseignants pour défricher la laïcité. Depuis 2009, l’association interconfessionnelle Coexister se rend dans les écoles pour aider les enseignants à défricher le terrain de la laïcité. « Qu’est-ce que la laïcité ? Qu’est-ce que l’athéisme ? Quels sont les cinq piliers de l’islam ? C’est quoi, être chrétien ?«  : autant de questions essentielles qui figurent dans un « kit spécial enseignants », composé d’une série de courtes vidéos explicatives.
La différence entre savoir et croire est la base de l’enseignement de la laïcité. « Peut-on croire ou savoir que Louis XVI a été décapité ? », questionne par exemple, dans ses ateliers destinés aux élèves d’école élémentaire, l’association Enquête, créée il y a dix ans. Et de compléter : « Peut-on croire ou savoir que Dieu existe ? ». Catherine* a participé à ces ateliers au cours d’une option proposée durant sa formation initiale. Pour cette ancienne chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), « ce n’est pas tant enseigner la laïcité que le principe de la recherche, explique-t-elle, le savoir est prouvé et, donc, il peut être imposé. Pas la croyance ».

Et vous ? Faites-vous la différence entre croire et savoir ?
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Et si, dans le fond, la laïcité était aussi bien le problème des adultes que celui des enfants ? Perméables, curieux, ouverts : les jeunes élèves sont loin d’être réticents à apprendre ce concept. Difficile d’en dire autant des adultes et, notamment, des parents d’élèves, comme le rappelle la coprésidente de la Fédération de conseils des parents d’élèves (FCPE), Carla Dugault : « Il y a des parents qui sont loin d’avoir compris la laïcité, mais parce que personne ne leur a expliqué ! Certains pensent que la laïcité exclut les croyants ! »

« Il y a des parents qui sont loin d’avoir compris la laïcité, mais parce que personne ne leur a expliqué ! »

« L’exemple le plus fréquent, c’est celui de la cantine. La question du halal et du casher revient souvent chez les parents d’élèves. Et non, les collectivités n’ont pas à proposer des menus diversifiés ! », rappelle-t-elle. Méconnaissance des adultes, des parents d’élèves et, par extension, du reste de la société. « Les élus ont aussi une grande part de responsabilité. On doit leur expliquer la définition unique de la laïcité, celle de la loi  ! »En cause, selon Marine Quenin, le fait que la laïcité « n’est abordée qu’au travers de crises ou par les extrêmes », comme au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty. C’est ce qui a poussé le ministre de l’Education de l’époque, Jean-Michel Blanquer, à annoncer le plan de formation des enseignants à la laïcité.« Ce qui est certain, c’est que l’enseignement de la laïcité est un choix politique, un choix de volonté éducative, identifie Philippe Gaudin. Aujourd’hui, les débats sur la laïcité dans la vie publique découlent des évènements en lien avec la mouvance islamiste, les guerres comme les attentats, rappelle-t-il. En France, la laïcité reste une priorité dans l’enseignement au même titre que les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité et c’est une constante ».

Joséphine Boone, Pierre-Yves Georges, Bénédicte Gilles
Photos d’illustration : Kelli Tungay, CDC, ElasticComputFarm, Markus Spiske.

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