Au premier rang des accusés : une inflation rampante depuis 2020. En un an, le prix des biens a augmenté de 5,2% selon l’INSEE. Le bio, qui passe toujours pour une dépense de luxe, pâtit de la perte de pouvoir d’achat des ménages, qui se redirigent vers les produits conventionnels, en moyenne moins chers.
L’inflation pèse aussi sur les charges des producteurs, qui, comme le reste du secteur agroalimentaire, sont contraints d’augmenter leurs prix, étouffant un peu plus la demande. “L’année dernière, à la même période, je payais 2200 euros par mois d’électricité et de carburant, aujourd’hui je suis à 5000 euros par mois. On a dû le répercuter dans le coût de nos produits”, s’alarme Yves De Fromentel, éleveur et producteur de fromage en Seine-et-Marne.
Mais le désintérêt s’explique aussi par la méfiance des consommateurs envers le label biologique. D’après l’Agence bio, l’établissement national chargé du bio, plus de la moitié d’entre eux ne consomme pas bio car elle doute des qualités du label. Un manque de confiance en progression, passé de 40 à 57% en un an. C’est le second motif, après le différentiel de prix, pour lequel les acheteurs boudent le bio, d’après la Fnab, la Fédération nationale de l’agriculture bio.
Son président, Philippe Camburet, impute ce phénomène à la confusion du public. “Aujourd’hui les gens ont de multiples raisons de confondre les labels”, regrette-t-il. Biologique, haute valeur environnementale, Nutri-Score, label rouge… Selon lui, les mentions apposées sur les emballages pullulent sans que le consommateur n’ait les capacités ou le temps de comparer les cahiers des charges. Matthieu Le Compagnon, futur producteur de vaches laitières en bio, a en ligne de mire les labels promettant une “agriculture raisonnée”. “Il n’y a aucun cahier des charges, c’est de l’enfumage”, peste-t-il. Au contraire, “le label bio est particulièrement strict avec une exigence de traçabilité. C’est le plus contrôlé des labels”, assure Charles Pernin, délégué général du Synabio, le syndicat des entreprises bio agroalimentaires.
Résultat, la filière biologique a perdu 172 millions d’euros de chiffre d’affaires en un an, de 2020 à 2021. Les filières maraîchères et les éleveurs porcins, bovins et de produits laitiers sont les plus en crise, avec une baisse moyenne de 5% de leurs ventes en 2021 par rapport à 2020.
L’évolution des ventes bios par filière en millions d’euros