La nouvelle jeunesse des libraires indépendants
Alors qu’on pourrait les croire menacées par les géants du e-commerce, Amazon en tête, les librairies indépendantes font mieux que tenir bon. Cette bonne santé relative s’explique par une qualité de service et de conseil recherchée par les lecteurs, mais pas que. Les politiques apportent leur soutien à ces acteurs de la vie culturelle, qui découvrent une nouvelle manière de travailler.
“Pour des librairies de quartiers comme ici, Amazon ne me semble pas être un danger.” Libraire depuis 35 ans et patron du “Livre Ecarlate”, Philippe Leconte n’est pas franchement effrayé par le géant américain. Nichée au coeur du 14e arrondissement de Paris depuis 2006, sa librairie ne connaît pas la crise. “Depuis l’ouverture il y a 13 ans, mon chiffre d’affaires n’a fait qu’augmenter, poursuit le bientôt sexagénaire en redressant ses lunettes noires. Nous sommes trois salariés, payés plutôt bien par rapport à de nombreuses autres librairies. » De quoi éclaircir le tableau souvent bien gris qui est fait de la profession.
« Pour des librairies de quartiers comme ici, Amazon ne me semble pas être un danger », Philippe Leconte
Pour certaines enseignes, le virage des années 2010 a bel et bien été fatal. En 2013, le réseau de librairie “Chapitre” doit mettre la clé sous la porte et entraîne la fermeture de 23 magasins à travers la France ainsi que la perte de plus de 400 emplois. Mais paradoxalement, les librairies indépendantes semblent plus résistantes face à la force de frappe du mastodonte Amazon. Selon le média spécialisé Livres Hebdo, en 2017, on comptabilisait 37 ouvertures de librairies indépendantes contre “seulement” 23 fermetures.
En fonction de ce qu’on comptabilise ou non comme une enseigne indépendante – il n’y a pas de cadre juridique précis – les chiffres diffèrent. “3.000 points de vente sur le territoire, c’est une fourchette moyenne fréquemment admise”, avance tout de même Caroline Mucchielli, chargée de mission à l’Observatoire de la librairie. Surtout, ce nombre reste stable depuis dix ans, malgré la révolution Amazon. Conséquence, “la France peut s’enorgueillir de disposer de l’un des réseaux les plus denses du monde”, se félicite le Syndicat de la librairie française (SLF).
Merci beaucoup pour ce très bon article. Je pense qu’il y a également un particularisme de la librairie de petite ville de province qui n’est pas abordé dans l’article : son rôle dans la vie culturelle locale, lieu d’échanges et de lien social, lieu d’accueil pour les nouveaux arrivants, etc. V Goulet