Pourtant, même traités de sous des angles différents, les gens du voyage font toujours l’objet de certains stéréotypes, notamment sur deux aspects : leurs habitations et la propreté. Concernant la première catégorie, l’arrivée massive de ces communautés entraîne de facto une présence accrue de véhicules habitables dans la commune des Saintes. Dès lors, en PQR, l’angle de la circulation dans la ville devient opportun. C’est notamment le cas dans le traitement médiatique de La Provence. Un article publié le 20 mai 2021 dans l’édition d’Arles, intitulé “L’accès aux Saintes interdit aux véhicules habitables”, montre qu’il s’agit d’un angle important. En l’occurrence, l’article rapporte que les caravanes et campings-car ne pourront pas s’installer dans la ville jusqu’au 25 mai (date du pèlerinage) en raison de la situation sanitaire. En revanche, on remarque que le soupçon de la violence pèse sur les gens du voyage lorsqu’un gendarme glisse “On craignait que quelques personnes tentent un coup de force”. Cette déclaration peut se lier à certains stéréotypes faisant des gens du voyage, des personnes violentes car liées à des milieux criminels supposés.
La figure de la diseuse de bonne aventure reste aussi très présente dans certaines productions, anciennes ou plus récentes. Comme vu précédemment, le reportage télévisé de 1960 postule que les “Gitans explosent” de “matrones prophétiques”. Plus récemment l’article de La Provence publié le 19 mai 2015, et intitulé “Les Saintes-Maries plongent dans l’ambiance gitane”, s’ouvre aussi sur “une vieille gitane” qui propose de lire l’avenir dans les lignes de la main tandis qu’une autre propose des médailles de bonne fortune. Ces figures sont associées à l’imagerie mystique voir superstitieuse qui entoure ces communautés.
L’insécurité est aussi un stéréotype qui imprègne le traitement médiatique, étant très lié à l’aspect fait-divers. Si le pèlerinage des Saintes peut être le théâtre de “bagarres et de vols” comme le rapporte Guillaume Rancou, journaliste à La Provence à Arles, ces faits ne sont pas plus nombreux que dans d’autres rassemblements religieux, comme en témoigne l’absence d’articles sur cet angle.
Pour Marc Bordigoni, la presse, surtout locale, utilise trois angles pour traiter des gens du voyage. Le premier est celui du stationnement des véhicules, car “les gens veulent savoir quand les caravanes installées dans le stade voisin s’en iront”. Vient ensuite les faits divers composés de vols et bagarres. Enfin, le chercheur note une troisième catégorie, plus “positive”, en relation avec des artistes issus de ces communautés comme Kendji Girac ou encore les Gipsy Kings. Dans ce cas “on entre dans l’imagerie des Gitans musiciens” explique l’anthropologue.
Il existe pourtant d’autres manières de traiter médiatiquement les gens du voyage, mais elles sont plus diffusent et s’attachent à la vie quotidienne et à l’intime. C’est notamment le cas dans l’article du Monde intitulé ““Les clientes disent tout, leurs vies, leurs chagrins, leurs histoires” : la France dans le miroir des salons de coiffure”, publié le 17 octobre 2021, qui fait partie de la série “Fragments de France”. Dans ce reportage de Zineb Dryef, plusieurs personnes interrogées font partie des communautés voyageuses, mais sans que cette particularité soit à l’origine de l’article. Ainsi, les gens du voyage apparaissent comme des Français et non plus comme des nomades qui font l’objet d’un traitement médiatique particulier.