Ecologie : Quand la coloc se met au vert

Alice Pattyn & Sarafina Spautz

Ecologie : Quand la coloc se met au vert

Ecologie : Quand la coloc se met au vert

Alice Pattyn & Sarafina Spautz
16 mai 2018

Dans le 20e arrondissement de Paris, cinq jeunes ont décidé de vivre en colocation mais en partageant une valeur commune : l’écologie. Zéro déchets et produits respectueux de l’environnement, c’est leur quotidien. Bienvenue dans la coloc écolo.

Une bonne odeur de tarte en train de cuire au four se répand dans l’appartement. Juliette est en train de cuisiner pour ses colocataires. Étant en jour de repos, elle est la première à se mettre aux fourneaux. Elle est ensuite rejoint par trois autres colocataires, Virgil, Thibault puis Sarah après leur journée de travail. Seul Pau manque à l’appel, il est en voyage. Tout le monde met la main à la pâte dans la cuisine.

Chaque soir, l’organisation est bien ficelée. Le premier qui rentre à la maison commence à préparer le repas. Sarah découpe les courgettes et Virgil épluche les concombres. Jusque là, la coloc semble comme les autres mais chez eux, l’aspect écologique rythme leur quotidien. En commençant par un repas 100% végétarien. “Sarah et Pau sont les deux seuls végétariens mais nous avons décidé de l’appliquer à toute la coloc comme ça c’est plus facile pour cuisiner”, justifie Juliette. “On mange de la viande le midi quand on travaille ou ailleurs.”

Haricots verts, tarte à la courgette et salade de fruits au menu. Leurs légumes ne viennent pas du supermarché du coin. Toutes les deux semaines, les colocataires récupèrent un panier de légumes dans une association pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap) à proximité. Ils veulent consommer moins mais de meilleure qualité en soutenant les producteurs locaux. Pour les autres aliments, ils privilégient les enseignes bio.

Objectif : zéro déchets

Et parfois la nourriture vient de lieux improbables. Quelques jours auparavant, en rentrant du travail, Juliette a découvert une montagne de courgettes près des poubelles à la sortie du métro. Prêtes à être ramassées par les éboueurs, la jeune femme a récupéré les légumes encore consommables. Juliette travaille dans une ressourcerie à Corbeil-Essonnes, un endroit où on récupère des objets et on les revalorise pour les vendre. Elle a le souci de récupérer ce qui est encore en bon état, autant les légumes que les meubles.

La décoration de l’appartement reflète ce recyclage : des chaises dépareillées autour de la table, deux canapés retrouvés dans la rue ou encore une table basse récupérée à la ressourcerie.

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Autour de la table, les chaises dépareillées ont été chinées dans plusieurs endroits. Crédit : Sarafina Spautz

 

Tous les colocataires, âgés de 24 à 25 ans, ne s’estiment pas être au même niveau dans les gestes écologiques du quotidien. Mais le faire ensemble leur permet d’avancer vers un habitat plus éco-responsable. En plus de cette démarche, certains travaillent en rapport avec l’écologie. Sarah est chercheuse sur l’économie d’énergie et Thibault travaille sur des projets agroalimentaires comme analyste financier.

Juliette tente de jeter un minimum de déchets quand elle le peut. Mais c’est parfois difficile, son péché mignon : les yaourts. Un opercule et un pot pour seulement 125g de yaourt. “Par contre quand je vais à la boulangerie prendre une pâtisserie, je demande le moins d’emballage possible. Je préfère prendre un dessert qui ne nécessite pas de cuillère. Et si je peux, je récupère ma part de flanc sur un mouchoir en tissu que j’ai. Les gens me regardent bizarrement mais je m’en fiche”, plaisante-t-elle.

Pour Thibault, ce n’est pas encore une habitude d’utiliser moins d’emballages mais il change progressivement sa manière de consommer. “J’aimerais qu’on fasse plus de courses en vrac. C’est un de mes objectifs.” Quant à Sarah, elle préfère un sandwich à la boulangerie plutôt qu’une salade au supermarché pour le déjeuner. “Les aliments sont beaucoup trop emballés.”

Ce geste zéro déchet passe aussi par la salle de bain. Sur l’évier traîne quelques cotons démaquillants lavables en machine. Le rasoir jetable est remplacé par un coupe chou.

“Il faut prendre le coup de main par contre !”, plaisante Juliette. “Mais le rasoir électrique c’est pas bien ?”, demande Virgil. “Bah ça utilise de l’électricité quoi”, lui répond Juliette.

Vider les placards de produits toxiques

En attendant que le repas se prépare, Thibault pianote sur son ordinateur dans le salon. C’est lui qui prépare l’atelier de ce lundi soir. “Chaque semaine, on essaye de se retrouver tous ensemble pour discuter de la colocation et mettre en place de nouvelles choses.” Ce soir il manquera Pau, le barcelonais qui est en voyage. Un calendrier affiché dans la salon indique les absences des uns et des autres. C’est Sarah qui l’a confectionné. “Cela permet de savoir qui est présent pour le dîner. En deux mois, on a été très peu souvent tous ensemble”, se rend-elle compte en regardant le calendrier.

Le thème de l’atelier de la soirée est la fabrication de produits ménagers. Terminé la lessive et le dentifrice de supermarché, des produits naturels les remplaceront. Plusieurs raisons les poussent à se mettre aux produits écolos. “D’abord, c’est économique. On achète le bicarbonate de soude, l’argile verte en grand format, cela nous reviendra moins cher que d’acheter plusieurs bidons de produits ménagers.”

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Une noix de coco en guise d’entonnoir, rien ne se perd tout se recycle. Crédit : Sarafina Spautz

 

Dans cette colocation écolo, le respect de l’environnement est majeur. “Beaucoup de produits toxiques sont rejetés dans les rivières. Ce qu’on utilise au quotidien impacte l’environnement, les produits que nous allons fabriqués seront plus neutres”, précise Thibault tout en inscrivant les trois recettes maisons qu’ils vont réaliser ce soir. Le bien-être et la santé semble aussi primordiale pour ces jeunes. “On veut éviter les perturbateurs endocriniens qu’on retrouve dans beaucoup de produits comme le dentifrice.” Une bonne raison pour réaliser son dentifrice maison, un des trois Do It Yourself (Fait maison) de la soirée. Le produit pour le lave vaisselle et la lessive se déclinent aussi en version écolo durant l’atelier.

Vivre ensemble, dormir ensemble

Au delà de vivre dans une colocation écolo, c’est un vraie démarche communautaire que les colocataires ont choisi. Vivre ensemble c’est bien mais partager sa chambre, c’est mieux. Avec plus de 500 colocations présentées sur le site de la cartedescolocs.fr, celle-ci est très rare dans les petites annonces. L’aspect atypique : tout le monde dort dans la même chambre. Les cinq colocataires veulent vivre au maximum la vie en communauté. “On voulait vivre pleinement notre colocation. Dans les précédentes où j’étais, cela arrivait que chacun mange dans sa chambre et fasse sa vie de son côté. Ici, ce n’est pas le but. La chambre, c’est seulement pour dormir. On profite au maximum du salon”, argumente Thibault.

 

Cuisiner, un moment de convivialité quotidien. Crédit : Sarafina Spautz
Cuisiner, un moment de convivialité quotidien. Crédit : Sarafina Spautz

 

Chambouler son intimité pourrait en troubler plus d’un. Mais pour ces colocs, des règles ont été établies. “Quand on dort dans la même chambre, on fait beaucoup plus attention à l’intimité des uns et des autres. On n’est pas obligé de dormir tout le temps ensemble. Quand la copine de Virgil est là, ils dorment dans le salon”, développe Juliette. Pour eux cette manière de vivre fonctionne car chacun est célibataire au quotidien. “Si deux personnes se mettent en couple, on rediscutera de notre mode de fonctionnement”, ajoute Juliette.

La solidarité prime dans la maison où un règlement a été établi. Si un des colocataires est en difficulté financière, les autres s’engagent à payer son loyer. Ce n’est pas encore arrivé mais Virgil n’hésite pas à plaisanter sur ce sujet. “Vous savez qui va en profiter en premier ? C’est le comédien raté (rires) !”

Pour les dépenses quotidiennes, la colocation utilise une application qui permet à chacun de rembourser celui qui a payé. “Chacun fait des courses pour tout le monde, et régulièrement on se rembourse les uns les autres”, explique Thibault.

Les cinq colocataires ont plusieurs projets pour les mois à venir. Notamment installer un lombricomposteur et faire pousser des plantes sur leur balcon. L’objectif : aller toujours plus loin dans leur démarche écologique.

Recette du dentifrice maison

Virgil mélange le dentifrice qu'il vient de fabriquer. Crédit : Sarafina Spautz
Virgil mélange le dentifrice qu’il vient de fabriquer. Crédit : Sarafina Spautz

 

Pour un geste plus écologique, certains décident de passer aux produits cosmétiques naturels. Réaliser son dentifrice maison n’est pas bien difficile, il suffit de deux minutes et de quelques produits :

– de l’argile verte en poudre

– du bicarbonate de soude

– du savon de Marseille

– de l’huile essentielle de menthe poivrée

– des clous de girofle

Mélangez deux cuillères à soupe d’argile verte en poudre avec une cuillère à soupe de bicarbonate de soude. Réduisez en poudre deux clous de girofle et incorporez-les au mélange. Ajoutez petit à petit de l’eau jusqu’à obtenir une pâte lisse. Et pour terminer, ajoutez deux gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée pour le goût.

La préparation doit se conserver dans un pot en verre hermétique et à l’abri de la chaleur. Le mélange peut se conserver une dizaine de jours.

Attention ce mélange n’est pas conseillé pour les enfants et ne doit pas être avalé. Ne pas chauffer le mélange.

4 réponses sur “Ecologie : Quand la coloc se met au vert”

  1. Bonjour à vous tous,

    J’adore votre démarche de vie commune. Elle est basée sur des règles de vie économiques, écologiques et équitables. Je tente de vivre ainsi : Zéro Déchet, confection artisanale de produits d’hygiène et de toilette, achat d’occasion, peu de technologie et de produits électriques. Je vous ai envoyé un sms en réponse à votre annonce de coloc 🙂 j’espère à bientôt.
    David

  2. Salut, j’avais vu votre coloc sur lacartedescolocs.fr il y a quelques temps et je suis maintenant à la recherche d’une nouvelle colocation de l’amour ! Donc je me demande, cherchez-vous toujours un coloc ?

  3. French Version Below:

    Good Afternoon,

    I am Rohil Gupta, a 24 year old guy, living his life in the lands of opportunities. I found your post for the search of 5th soul for the eco-system. I read everything that was written related to it in the post. It got me so much interested that rather than writing the pre-prepared application for the place, I decided to write a proper message to convey why I would like to join your place.

    So, little about my background, I am Master student in M2 year, dealing with Artificial Intelligence or to be precise Machine Learning and Data Mining in Saint-Etienne, France. So I got a master thesis in a startup in Paris for 6 months and hopefully after that a permanent job in the same company. I must say this is the least interesting thing about me, I personally feel that.

    If you dig deeper, you will find a guy living in his positivity and optimism even in his pessimistic thoughts. So, I have very positive outlook for everything with proper pinch of practicality. So about my passions, I love cooking to a point where, I plan my day around what I will cook and eat. I love sharing, because sharing is what I have been taught from the start. My other to love in life is playing badminton and being an audiophile. I am that person who likes to know other people through their music taste. I am very spiritual and believe in karma. So always ready to help other in life. I also have an ambition to go completely green in my habits and I think your place can provide me that chance.

    I am not clean freak, but like it when things are organised. I am currently living 3 other french guys in collocation, more than my flatmates, they are my friends. We now have good bond and understanding and great positive energy in the flat. I am looking for something like that from Feb, 2019 when I will start for my thesis. I found a small rabbit hole in one place in Paris, but the very idea to live in that hole after such a good time in with my current apartment is making me depressed to be very frank. So, I would really like the chance to know all of you all through any form of conversation suited.

    Please revert me back, my email id is rohil.rg@gmail.com and my cellphone number is 0767088612.

    Regards

    Rohil Gupta

    French Version
    Bonjour, bonjour,

    Je suis Rohil Gupta, un jeune homme de 24 ans, qui vit sa vie au pays des opportunités. J’ai trouvé votre poste pour la recherche de la 5ème âme pour l’écosystème. J’ai lu tout ce qui a été écrit à ce sujet dans le courrier. Cela m’a tellement intéressé qu’au lieu d’écrire la demande pré-préparée pour le lieu, j’ai décidé d’écrire un message approprié pour expliquer pourquoi j’aimerais rejoindre votre place.

    Donc, peu au courant de mon parcours, je suis étudiant en M2, en Intelligence Artificielle ou plus précisément en Machine Learning et Data Mining à Saint-Etienne, France. J’ai donc obtenu un mémoire de master dans une start-up à Paris pendant 6 mois et, je l’espère, un emploi permanent dans la même entreprise. Je dois dire que c’est la chose la moins intéressante à mon sujet, je le sens personnellement.

    Si vous creusez plus profondément, vous trouverez un gars vivant dans sa positivité et son optimisme, même dans ses pensées pessimistes. J’ai donc une vision très positive de tout avec une bonne dose de pragmatisme. Donc, en ce qui concerne mes passions, j’aime cuisiner à tel point que je planifie ma journée en fonction de ce que je vais cuisiner et manger. J’aime partager, parce que c’est ce qu’on m’a enseigné depuis le début. Mon autre amour dans la vie est de jouer au badminton et d’être un audiophile. Je suis cette personne qui aime connaître les autres à travers leurs goûts musicaux. Je suis très spirituel et je crois au karma. Toujours prêt à aider les autres dans la vie. J’ai aussi l’ambition d’avoir des habitudes complètement vertes et je pense que votre place peut me donner cette chance.

    Je ne suis pas un monstre propre, mais j’aime quand les choses sont organisées. Je vis actuellement 3 autres Français en colocation, plus que mes colocataires, ce sont mes amis. Nous avons maintenant de bonnes relations, une bonne compréhension et une grande énergie positive dans l’appartement. Je cherche quelque chose comme ça à partir de février 2019 quand je commencerai ma thèse. J’ai trouvé un petit terrier de lapin dans un endroit à Paris, mais l’idée même de vivre dans ce terrier après un si bon moment dans mon appartement actuel me rend déprimé pour être très franc. Alors, j’aimerais vraiment avoir la chance de vous connaître tous à travers n’importe quelle forme de conversation adaptée.

    S’il vous plaît, revenez-moi en arrière, mon numéro de courriel est rohil.rg@gmail.com et mon numéro de téléphone cellulaire est 076708888612.

    Salutations

    Rohil Gupta

  4. Dear écoloc,

    I hope it is okay for you if I write this in English – my French is okay but I can just not yet say things exactly the way I want to.
    I found your annonce on lacartedescolocs already a couple of weeks ago, and was instantly fascinated, but both too busy and a bit too shy to really contact you. Instead, I do so now – knowing that most probably you have found a flatmate to move in. Still, who knows, maybe you are looking for somebody new soon? Let me nevertheless tell you who I am and why I find your way of life very interesting.

    My name is Magdalena, I am 24 years old and a political science master student at Sciences Po. I grew up in a large family on the Austrian countryside, a place where hens are happy and the world is still in order… A little too much so, which made me leave (at least for now) and get to know other realities. What has stayed with me is a strong dialect, a faible for outdoor sports and decent knowledge about how to cook Käsespätzle!
    I went on to do an undergraduate degree in Freiburg, Germany, where I discovered how much I like to ride my bike (it has been a loyal companion ever since – I have learned how to fix it, maybe a skill I could contribute to your flat?).

    In short, I am simply very intrigued by the committment that you seem to have, both for a more ecological way of life and for each other. Sleeping in one room, and in general, organizing life the way you do also means getting really close to each other, having discussions and working stuff out together. It is exactly what I am looking for – I am seriously fed up with the tiny, solitary studio I sleep in at the moment. To be honest with you, I would at the same time be a little worried about whether I have the energy and time necessary for such a community, especially next to my degree program which I find quite challenging and time-consuming. In any case, I would very much like meeting you in person one day.

    I hope you read this and feel confirmed in what you’ve chosen to build together. Maybe you are looking for a new flatmate soon, or decide to host a party – let me know, I’d be there!

    Sincerely,
    Magdalena

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