En France, les sports US peinent à gagner du terrain

Léo Guérin, Nikita Guerrieri, Mia Goasguen--Rodeno

En France, les sports US peinent à gagner du terrain

En France, les sports US peinent à gagner du terrain

Léo Guérin, Nikita Guerrieri, Mia Goasguen--Rodeno
26 mai 2024

Cinéma, séries, musique et marques en tous genres sont le véhicule d’un soft power états-unien redoutablement efficace depuis des décennies. Mais alors que les Français s’arrachent les tickets de concerts des pop-stars d’outre-Atlantique et s’abreuvent de séries Netflix, un aspect de la culture américaine reste relativement sous-développé en France : le sport.

12.400 personnes possèdent une licence dans un club de football américain en France. C’est 200 fois moins que le nombre de licenciés en football (2,3 millions). Aux Etats-Unis, le football américain est pourtant le sport national, suivi de près par le baseball. Étant donnée l’influence culturelle des Etats-Unis sur le monde, le peu d’engouement – basket mis à part – que suscitent ces sports auprès de la population française questionne. Cette dernière reste relativement hermétique au développement de ces sports venus d’outre-Atlantique. Esprit chauvin ancestral, challenges économiques ou différences culturelles ? Les difficultés d’implantation des sports US en France sont à la croisée de ces chemins.

UNE INSUFFISANTE MÉDIATISATION

Près de 600.000 Français ont regardé la retransmission du Super Bowl en février 2024. En France, il est clair que les finales des grands championnats sportifs américains séduisent, à l’instar aussi des matchs de la NBA. « A 13 ans, je suis tombé sur un Superbowl à la télé avec mon frère. Ce qui m’a plu, c’était le spectacle, les épaulières, le casque… Je suis tombé amoureux », se remémore François Brémond, joueur pour le club parisien des Mousquetaires, seule équipe professionnelle de football américain en France. Coup de chance, un club ouvre alors dans sa ville et lui permet de concrétiser son intérêt. Mais l’histoire de François Brémond relève de l’exception. “En réalité, on n’a pas de pic de licenciés après le Superbowl”, explique Felix Mutio, président de la FFBS.

Pour Yann Descamps, docteur en civilisation américaine et maître de conférences en histoire du sport à l’Université de Franche Comté, la France est un public très “américanisé”. Cela est renforcé par la multiplication des médias permettant de suivre les compétitions internationales. Les réseaux sociaux, la multitude de séries télévisées et de films américains a aussi contribué à populariser les figures de quarterback et de cheerleaders auprès du public international. Pour autant, rares sont les fans de sport français pouvant citer le nom d’un joueur de football américain et encore moins de baseball. Aussi, cet intérêt relatif des français pour les événements sportifs américains se traduit rarement dans le développement et la médiatisation de ces sports à l’échelle nationale.

La télévision française à la traine

Si les chaînes de télévision françaises se sont lentement emparées des compétitions américaines, comme Bein Sport avec des émissions telles qu’ “American Dream”, elles délaissent les championnats français de ces sports. Pour regarder les compétitions françaises de football américain ou de baseball, les supporters français sont obligés de passer par des plateformes en ligne parfois peu connues, comme Sport en France. De son côté, le Flash de la Courneuve, pourtant une équipe de première division, diffuse ses matchs sur Youtube. Ce peu de médiatisation ne permet pas une hausse de l’intérêt sur le sol français.

Les Jeux olympiques offrent aux sports une médiatisation qui pourrait en théorie booster leur développement. Mais le football américain n’est pas considéré comme un sport olympique par le CIO. Le baseball, lui, apparaît et disparaît des Jeux en fonction des années. Pour Félix Mutio, le football américain “n’est qu’au début de son internationalisation, contrairement au volley, au baseball et au hockey qui sont joués depuis longtemps”.

DÉPASSER LA BARRIÈRE CULTURELLE

Banjo ! Banjo ! Banjo ! », « Houston ! Seattle ! », “Jog ! Jog !”, « Check ! Check ! Check !», en l’espace de quelques minutes le coordinateur défensif Arnaud Mboutcha lance une ribambelle d’exclamations de ce genre aux joueurs seniors du Flash de la Courneuve, équipe française de première division. Pour quiconque ne connaîtrait pas le football américain, cette terminologie est un mystère. Il faut être rompu à ce sport d’outre-Atlantique pour comprendre qu’il s’agit là de noms de codes de stratégies, ou de directives exprimées en anglais. A leur écoute, dur d’imaginer que la scène se déroule en Seine-Saint-Denis et pas en plein milieu du Texas.

Il est 19h45 à La Courneuve (93), et les joueurs de première division se sont déjà répartis sur le terrain du Stade Géo André pour s’entraîner selon leurs postes. D’un bout à l’autre de l’espace, pas moins de trois équipes distinctes s’entraînent : l’offensive, l’attaquante et la « spéciale ». Dans chacune de ces équipes, une dizaine de postes différents, dont les noms ne sont pas traduits en français. « Il y a un vocabulaire très précis en anglais qui est intraduisible », explique Victor David, joueur amateur de football américain depuis une dizaine d’années. « J’ai toujours été bon en anglais et ça aide beaucoup dans ce sport. Ça m’a permis de comprendre vite », se remémore Badis Grami, quarterback de 26 ans du Flash.

Dans l’équipe offensive, le bien connu Quarterback (ou « QB », prononcé à l’américaine) est en réalité accompagné de « running-backs » ou encore d’« offensive linemen ». Chacune de ces catégories de joueurs est elle-même subdivisée en plusieurs postes précis. Cette multitude de postes est le signe d’un sport extrêmement stratégique, aux règles complexes, impossible à comprendre pour qui s’aventurerait à regarder un match par hasard. En France, le développement du football américain et des autres sports issus des Etats-Unis se heurte à de nombreuses barrières culturelles.

« Au début, j’avais peur de me faire casser la gueule »

Le football américain porte en France le poids d’un paradoxe : une similarité avec le rugby, très implanté dans l’hexagone, mais en même temps une différence qui se voit notamment dans la violence exceptionnelle de ce sport. « Les premiers coups font mal. Au début, j’avais peur de me faire casser la gueule », avoue Victor David. Badis Grami, a commencé la pratique à Grenoble « dans les tranchées », c’est-à-dire dans des postes de l’équipe offensive. Cette expression est le signe de l’aspect résolument militaire du football américain. « C’est un jeu où il faut gagner du terrain, le but est de marcher sur l’adversaire. C’est très militaire, très patriotique et beaucoup plus cadré que l’équivalent européen, le rugby qui est plus dans l’évitement, le temps continu », analyse Yann Descamps. Des différences qui pourraient signifier l’incompatibilité des philosophies sportives françaises et américaines.

Du côté du baseball, la philosophie est encore différente. « Les spectacles sportifs sont normalement très régulés au niveau du temps. Mais le baseball est l’un des rares sports où les matchs peuvent durer plusieurs heures », explique Yann Descamps. Il est ainsi très commun de voir les spectateurs de baseball sociabiliser, discuter et se restaurer lors des matchs. « En France, on vient pour un temps limité et on a plutôt une culture du spectateur qui peut influencer le résultat. Le supporter est plus investi, d’une certaine manière il est acteur du divertissement, il va chanter etc.», note le chercheur. Ces différentes cultures de stade sont un challenge supplémentaire pour qui voudrait s’intéresser à, sinon se lancer dans un sport américain en France.

Faire des sacrifices

Aux États-Unis, le sport est mis en avant très tôt dans les programmes scolaires et le sport universitaire a une importance majeure. « Les américains suivent l’équipe de leur ancienne faculté ou des facultés qu’ils détestent », note Yann Descamps. En 2023, le match opposant Georgia State contre Ohio State réunit près de 24 millions de téléspectateurs aux États-Unis, selon Sports Media Watch. Là-bas, « quand les jeunes arrivent en senior, ils ont tous déjà joué dans de vraies structures, au lycée ou à l’université. En France, on fait du sport dans des clubs après les cours. On sacrifie le reste pour en faire », explique Badis Grami. Ces différences structurelles expliquent en partie le monde qui sépare les réalités des athlètes de haut niveau de sports américains en France et aux États-Unis.

« Les joueurs ‘imports américains’ arrivent dans un club français de haut niveau comme le nôtre et peuvent se retrouver avec des gens qui jouent depuis deux ans seulement. Eux, ils jouent depuis qu’ils ont cinq ans », s’amuse Badis. Pour le QB, les sportifs de haut-niveau français se distinguent par leur passion. « Les imports sont parfois surpris de tous nous voir venir aux entraînements en hiver, alors qu’on n’est pas payés », rit-il.

DES FREINS ÉCONOMIQUES ET LOGISTIQUES

Hans Soleberg, géant souriant originaire du Minnesota, joue pour le Flash depuis quelques mois : il est l’un des deux ‘imports’ du club. Ces joueurs américains sont payés et logés pour apporter leurs connaissances techniques à leur équipe. En revanche, ses coéquipiers français, bien que jouant au plus haut niveau compétitif national et européen, ne sont pas payés. En équipe de France non plus. Guillaume Busquet, coach au Flash, explique ce choix : “Nos joueurs ne sont pas rémunérés, car on n’est pas un club pro. Nous ce qu’on préfère c’est former les jeunes (plutôt que de payer les joueurs), c’est une décision politique.”

La professionnalisation est donc encore un horizon lointain pour les passionnés de football US et du baseball. Dans le cas du premier, la nouvelle équipe des Mousquetaires fait figure d’exception. Montée en 2023, elle est la franchise française de la Ligue Européenne de Football (ELF), les quelque 70 joueurs sont rémunérés mais François Bremond, receveur depuis le 20 avril 2024 chez eux, l’affirme : “je ne peux pas en vivre”. Malgré les trois à quatre entraînements par semaine, il continue en parallèle de travailler dans l’entreprise de remorques familiale. “On n’a pas choisi le bon sport dans le bon pays”, lance-t-il, rieur.

Et si les joueurs de baseball et football américain ne sont pas rémunérés, c’est aussi parce que les pratiquer coûte cher. Ces coûts reviennent à leurs pratiquants ou à leurs clubs. En prenant l’exemple du football américain, leur équipement caractéristique à un prix : Badis Grami, quaterback au Flash de La Courneuve s’est offert sa panoplie neuve après treize ans de pratique. « J’ai choisi du haut de gamme, mais le casque c’est 500-600€, les épaulières entre 500 et 800€, le short rembourré, un peu moins de 100€…», concède-t-il, « la plupart des joueurs se le prêtent ou le louent au club ». Autre dépense spécifique au football américain : le nombre de joueurs. « Une équipe de France c’est 45 joueurs, dix  coachs, des managers et des kinésithérapeutes…», énumère Félix Mutio directeur général de la Fédération française de football américain (FFFA),  « pour les rencontres, on fait vite de longues distances et se déplacer est très cher. »

Seulement 30 terrains de baseball en France

Pour le baseball, l’équipement est plus léger, plus abordable et les équipes plus petites. Le défi se trouve plutôt du côté des terrains, de 1,2 hectares minimum : « c’est l’équivalent de deux terrains de foot, il faut trouver la place », explique Elliot Fleys, directeur de la Fédération française de baseball et softball (FFBS). « Le budget est comparable à celui d’un autre stade, mais pour un élu local, c’est plus avantageux de construire un terrain de foot qui sera utilisé par plus de monde », reconnaît-t-il. On compte une trentaine de terrains entièrement destinés au baseball en France.

Conséquence de ces défis financiers, les clubs sont assez inégalement répartis dans l’Hexagone, l’Ile-de-France mise à part. Les rencontres entre clubs, ou même simplement l’adhésion des Français nouvellement intéressés s’en trouvent freinées. Elliott Fleys pointe un paradoxe : « nous sommes dans une bonne dynamique en Occitanie, en région PACA et en Nouvelle Aquitaine par exemple, alors que nous sommes moins implantés en Pays de la Loire, région pourtant très sportive ». Or plus le nombre de joueurs baisse dans une région, moins les clubs se développent et recrutent, et plus il est difficile d’y pratiquer la discipline : “c’est le serpent qui se mord la queue”, conclut le directeur général de la FFBS.  “Ce n’est pas le Superbowl qui fait venir du monde si derrière on a pas les structures et le maillage territorial pour accueillir les gens”, appuie son homologue de la FFFA, “donc on essaye de faire cet équilibre entre visibilité et travail de terrain.

L’EXCEPTION BASKET

Parmi ces sports à l’implantation difficile, le basket fait figure d’exception. En 2023, on comptait près de 700 000 licenciés : un nouveau record. Et c’est sans compter les pratiques informelles et universitaires. Il arrive en France à la fin du 19e siècle, soit plus tôt que la plupart des autres sports américains. Le plus vieux terrain de basket du monde est d’ailleurs construit en 1893 en plein cœur du IXème arrondissement de Paris, au 14 rue de Trévise. Malgré tout, le basket reste peu joué au départ. La Première Guerre mondiale accentue sa popularité. Les soldats américains pratiquent le baseball, le volley et le basket en marge des tranchées. « C’est comme ça que les Français voient les Américains jouer au basket pour la première fois », constate Eric Claverie. Naissent alors les premiers clubs.

A partir des années 1920, l’Église catholique s’approprie le basket, compatible avec les valeurs chrétiennes de partage, de non-violence, et de maîtrise de soi. Son inventeur James Naismith l’affirme en 1941 : « J’ai créé le basket-ball avec la notion chrétienne de l’amour du prochain, pour que les jeunes puissent y mettre, toutes leurs forces et tout leur cœur, tout en gardant constamment le contrôle de leurs réactions, sans les excès qui en feraient un instrument du Diable ». Le basket n’est pas un sport de contact, ce qui plaît à l’Église. A côté, les autres sports ne font pas le poids. Le rugby est trop violent, le baseball trop proche du cricket anglais. Nécessitant plus d’adresse que de force, le basket est aussi l’occasion de faire jouer des équipes féminines, et donc de toucher un public plus large.

La réussite des équipes tricolores

La révolution basket est en marche. L’envolée intervient quand la France regarde les premières diffusions NBA à la télévision dans les années 1980. Elle découvre alors Michael Jordan. C’est le début des figures identifiables, et l’avènement d’un sport populaire. Cet intérêt français, la NBA l’a bien cerné. En 2021, c’est en France que la ligue américaine a écoulé le plus de produits dérivés de toute l’Europe, selon Eurosport. La NBA trouve chez nous des débouchés, elle qui reste dominée aux Etats-Unis par les plus grosses ligues de baseball (MLB) et de foot US (NFL).

Si quelques équipes féminines existaient déjà dans les années 1930, le basket est aujourd’hui un des sports collectifs les plus mixtes. Sa proportion de licenciées est supérieure à un tiers. En comparaison, la pratique féminine du football est de l’ordre de 10% du nombre total de licenciés. Hors clubs, le basket reste très pratiqué dans les établissements scolaires français. « C’est super en termes de motricité, d’adresse, de tactique, de jouabilité en mixte, … », analyse Yann Descamps. Il rappelle que « si l’institution scolaire se saisit d’un sport, alors la pratique fait un bond. »

Aujourd’hui, les équipes tricolores sont une réussite. Elles trônent sur les podiums olympiques quand elles plafonnaient à la 2e ou 3e division européenne dans les années 1970. A l’instar de Tony Parker, Céline Dumerc ou de Victor Wembanyama, la France possède désormais ses piliers du basket. Des figures que s’arrachent les clubs : « On nous envie cette plasticité de jeu, cette intelligence, cette habileté tactique », valorise Eric Claverie. « On est forts parce qu’on fait revenir des joueurs qui ont gagné de l’expérience dans les championnats américains », analyse Eric Claverie.

VERS UN AVENIR PLUS RADIEUX ?

Côté baseball, le softball ou le baseball à cinq sont deux disciplines qui peuvent se jouer avec des équipes et terrains réduits, comme des terrains de rugby adaptés. Idem pour le football américain, qui privilégie le flag football, une variante aux règles plus abordables. Le “flag” a d’ailleurs été créé pour faciliter l’accès au football américain. “Le flag a un côté plus fun, moins contraint : on joue à cinq contre cinq, il n’y a pas besoin d’équipement, c’est plus dans l’air du temps”, décrit Felix Mutio enthousiaste.

Cette version sans contact physique fonctionne mieux auprès des femmes. “Au Flash, les femmes sont dix fois moins nombreuses que les hommes. Cependant au flagfootball, on se rapproche d’un équilibre 40/60”, décompte Guillaume Bucquet, coach du club courneuvien. C’est aussi un argument pour faire commencer les enfants plus jeunes. C’est d’ailleurs par le flag que Badis Grami est arrivé au football américain, il en parle maintenant régulièrement dans les écoles de La Courneuve.  “Il faut présenter le sport à partir du flag, et expliquer qu’en grandissant on a juste des équipements en plus, et que si on applique ce qu’on a appris depuis qu’on est petit, il n’y a pas tant de risques que ça”, détaille le quaterback.

L’effet olympique

Pour l’instant, la formule prend. Si le football américain perd des licenciés depuis 2015, “il y a une bascule entre certains pratiquants du foot US vers le flag”, analyse Felix Mutio, “même si ce dernier a pour l’instant moins de pratiquants.” En dix ans, le flag a triplé ses effectifs en France, de 3700 à 11 644 licenciés.  C’est sans compter l’espoir d’un “effet Jeux olympiques”, qui renforce généralement l’attention du public et les financements : “Le Flag est au programme des JO 2028 (à Los Angeles), donc on va essayer d’y amener deux équipes de France, une féminine et une masculine”, projette le directeur de la fédération.

Un autre sport américain est en bonne voie pour devenir olympique : le cheerleading. En 2021, le Comité International Olympique l’a reconnu comme sport à “potentiel” olympique. En France, il dépend de la fédération de football américain depuis 2008. Il fera son entrée aux World Games en 2025, compétition qui fait office d’antichambre des Jeux.

Il bénéficie aussi d’une forte représentation médiatique, notamment dans les films et séries. “La série documentaire Cheer (diffusée sur Netflix, ndlr) illustre bien le côté athlétique du cheerleading”, affirme Yann Descamps. Un succès qui se confirme en chiffres : “après la diffusion de la série, on a quelques centaines de pratiquantes qui ont rejoint la fédération”, assure Félix Mutio. En plus des 5.400 licenciées, les plus jeunes pratiquent essentiellement dans des clubs universitaires. Selon les calculs Celsalab, au moins deux universités sur trois ont une équipe de cheerleaders.

Entre une médiatisation quasi inexistante, des différences culturelles ancestrales et des difficultés économiques, les sports américains en France sont confrontés à des challenges importants. La route est encore longue pour transformer l’essai.

Léo Guérin, Nikita Guerrieri, Mia Goasguen–Rodeno

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