Devenir ingénieures malgré les préjugés
En 2018, les femmes représentent à peine 3 ingénieurs sur 10 en France. Historiquement dominée par les hommes, cette voie de prestige est propice aux paroles sexistes et aux discriminations mais évolue lentement vers l’égalité. Certains se dressent contre cette absence de parité, avec des événements comme la journée « Les sciences de l’ingénieur au féminin ». Objectif : inciter les jeunes filles à embrasser ces carrières, sans tomber dans un favoritisme.
« Femme ingénieure », un oxymore ? Aujourd’hui environ 30% des ingénieurs diplômés en France sont des femmes. Un chiffre qui a augmenté au cours des dix dernières années, mais reste éloigné de l’égalité. D’autant qu’il ne se répercute pas sur les plus hauts postes, notamment à partir de 35 ans. Entre 40 et 45 ans, 60% des hommes ingénieurs ont un poste avec des responsabilités hiérarchiques contre 50% des femmes.
Pourquoi un tel écart ? Les stéréotypes de genre veulent que les femmes soient davantage tournées vers les études littéraires, les sciences humaines et les métiers du relationnel. Ces filières sont le plus souvent des voies précaires, favorisant un travail à temps partiel. Les métiers de l’ingénierie, tournés vers les sciences mécaniques, chimiques ou informatiques sont liés à des compétences traditionnellement masculines.
Ainsi le cliché veut qu’à notes égales, parmi les élèves d’une même promotion ayant obtenu un bac scientifique, les garçons aillent vers une carrière d’ingénieur et les filles vers la médecine. « Elles se dirigent vers des formations liées au sanitaire et au social, alors qu’elles ont toutes les compétences nécessaires pour venir dans le domaine des sciences et de la technologie », témoigne Hervé Riou, président de l’Union des Professeurs de Sciences et Techniques Industrielles (UPSTI).
Mais les mentalités et les habitudes évoluent peu à peu. Pour orienter au mieux chaque élève en fonction de ses capacités et de ses envies plutôt que de son sexe, la sensibilisation commence de plus en plus tôt.
« Peu de filles s’orientent vers des formations post-bac qui les amènent à avoir des postes à responsabilités dans l’administration française et à l’international. Le plus souvent, par méconnaissance de ces métiers »
Au lycée Chaptal, à Paris, par exemple, quelques professeurs organisent chaque année une journée dédiée à la présentation de ces métiers auprès des jeunes filles. Dans ce collège-lycée accueillant 17 classes préparatoires scientifiques, l’enjeu est important. « Nous avons constaté que peu de filles, proportionnellement, s’orientent vers des formations post-bac qui les amènent à avoir des postes à responsabilités dans l’administration française et à l’international. Le plus souvent, par méconnaissance de ces métiers », déclare Hervé Riou (cf photo). Cet enseignant en sciences explique qu’il travaille au quotidien auprès de ses élèves sur ces problématiques. Si cette journée est organisée pour les élèves de seconde, c’est que cette année marque un tournant dans l’orientation des jeunes. « Nous devons les amener à pouvoir faire ce choix de façon éclairée », insiste-il.