A Paris, le sport prend un coup de jeune
Face au manque de temps et à des infrastructures pas toujours adaptées à leur rythme de vie, les franciliens s’organisent pour faire du sport. Focus sur les nouvelles pratiques sportives en région parisienne.
La ville, lieu de rencontre sportive
Mercredi après-midi au parc Ladoumègue de Massy en Essonne. Des enfants se rendent à leur entraînement de rugby, des parents les accompagnent, d’autres se promènent. Un groupe de trois collégiennes est allongé dans un coin du parc. Les trois filles font des abdos en musique, avec le haut parleur de leur portable. “C’est bientôt l’été” explique une des filles avant de rigoler.
Elles sont installées dans un espace de street work-out, ou musculation de rue, aménagé par la ville. Barre de tractions, asymétriques, squats, tout y est pour faire travailler ses muscles.. Mais rapidement les filles s’éclipsent, une dizaine de jeunes hommes arrive sur les lieux pour une séance de musculation. Brendan, 24 ans, un habitué, apprécie la convivialité de cet espace. « On a aussi le gymnase à disposition mais c’est plus sympa ici, entre nous, à l’air libre, on respire”, raconte-t-il.
Des installations de ce type ont fleuri peu à peu ici. On en compte désormais trois dans cette ville de 48.000 habitants. La ville accueillait même il y a quelques mois les pointures mondiales du street work-out pour une compétition. Mais Massy n’est pas la seule ville concernée, un peu partout en banlieue proche et surtout à Paris, des parcs de musculation ont poussé : quai de Valmy, Buttes Chaumont ou encore le dernier en date à Porte de Bagnolet, dans le 20ème arrondissement. Les Parisiens se sont emparés du phénomène, des groupes se sont formés comme au parc de la Villette.
Une manière de proposer des équipement adéquats, toujours gratuits et inciter à la pratique sportive.
Le street work-out, né simultanément aux Etats-unis et en Russie, médiatisé en 2008, notamment via Youtube, est venu depuis quelques années s’implanter en France. Discipline créée au départ pour palier un manque de ressources; elle a vite été reprise par les villes, de manière officielle. Une manière de proposer des équipement adéquats, toujours gratuits et inciter à la pratique sportive.
Paris : première grande métropole sportive au monde?
Ces installations en plein air offertes par la mairie font partie d’une stratégie. Paris souhaite devenir une des premières grandes métropoles sportives du monde avec l’avènement du Grand Paris courant 2020.
Installations gratuites, nouvelles infrastructures, la ville mise sur le sport pour insuffler du mouvement, de la modernité, le tout sur fond de cohésion sociale. Virgile Caillet, économiste du sport, explique, “ces infrastructures coûtent moins cher à la ville que les grands complexes comme les piscines et répondent également à une demande plus en plus forte des concitoyens qui est de pouvoir pratiquer quand ils veulent, où ils veulent.”
A Paris, 3,8% des licences sportives sont délivrées dans les quartiers prioritaires
Dans l’Union Européenne, les deux tiers de la population adulte n’atteignent pas les niveaux d’activité physique recommandés, étant entendu qu’il y a un facteur social. A Paris, 3,8% des licences sportives sont délivrées dans les quartiers prioritaires, soit 2 fois moins que leur poids dans la population. Le manque d’installations de proximité, de moyens de transport et surtout de moyens pécuniaires agissent comme une barrière à la pratique du sport. C’est à partir de ces constats que Paris souhaite remettre le sport au coeur d’une stratégie sociale pour la ville et c’est également le souhait des habitants.
Pour Virgile Caillet, ces infrastructures sont des lieux de lien social. « Les gens sont à égalité, il y a une équité devant l’engin, on rencontre des gens, ça crée un endroit de passage, ce sont des points qui deviennent important dans les villes”, explique-t-il.
Une façon de se réapproprier la ville
Un terrain de basket aux Halles, un skatepark dans le 20ème arrondissement, aménager des espaces sportifs, améliorer les équipements, créer des espaces extérieurs pluri-disciplinaires, un parcours de santé au Champs de Mars.. Sur le site du budget participatif de Paris, les projets sportifs ne se comptent plus, allant parfois jusqu’à 2 millions d’euros pour un projet. D’années en années les dossiers déposés par les citoyens se tournent de plus en plus vers le sport. “Les parisiens veulent se réapproprier leur espace. Comme la forte demande d’aménagement de jardin urbains, le sport est en train d’exploser”, glisse une employée du Budget Participatif de Paris.
Les habitants investissent les espaces publics, de nombreux sports urbains se créent : street golf, slackline, échasses urbaines, entre autres.. Depuis cinq ans, Andy parcourt les rues de Paris d’une drôle de façon. Adepte du Parkour, elle saute, elle escalade, elle se glisse, se faufile, elle crapahute. Paris est son installation de sport. Une discipline qu’elle pratique aussi dans des gymnases. “Quand j’en fais en intérieur, c’est totalement différent. C’est un sport inventé dans la rue, qui est fait pour être pratiqué dans la rue, on a une totale liberté de mouvement, tu te sens libre. Mais je ne m’interdis pas d’en faire en intérieur avec des équipements prévus pour”, explique-t-elle.