Abus sexuels : des victimes saisissent la justice fédérale contre le Vatican

Cinq américains veulent saisir la justice fédérale des États-Unis afin que celle-ci ordonne au Vatican d’ouvrir ses archives, pour «révéler les identités de milliers d’agresseurs connues uniquement du Vatican». Cette annonce survient quelques jours après l’obligation dictée par le pape d’obliger les prêtres à dénoncer tout abus sexuel, que de nombreuses victimes jugent insuffisante.
Une procédure de justice pour l’ouverture des archives du Vatican avait déjà été engagée par un Américain en octobre dernier / Crédit : Pixabay.

 

La chasse aux sorcières est lancée aux États-Unis. Cinq Américains se disant victimes d’abus sexuels, commis par des prêtres catholiques, vont saisir la justice fédérale américaine pour qu’elle ordonne au Vatican d’ouvrir ses archives. Ils veulent que le Saint-Siège « révèle les identités de milliers d’agresseurs connues uniquement du Vatican« , ainsi que « leurs dossiers » et « leurs histoires« , écrit le cabinet d’avocats Jeff Anderson dans un communiqué. Les cinq plaignants, dont trois n’ont jamais parlé publiquement, expliqueront leur démarche lors d’une conférence de presse mardi à Saint-Paul, dans le Minnesota.

Ils ont décidé de rendre leur action publique après l’annonce par le pape François le 9 mai dernier d’une modification de la loi canonique. Celle-ci oblige désormais l’ensemble des prêtres et religieux à signaler à l’Église tout soupçon d’agression sexuelle, de harcèlement ou de dissimulation.

« Un pas timide » ou un « écran de fumée« . Des associations et des victimes de prêtres pédophiles se sont dites déçues après l’annonce du souverain pontife. Le pape aurait dû selon elles rendre obligatoire le signalement de faits d’agressions aux autorités civiles. « Secret et silence sont la clef de voûte de l’agression sexuelle (…) C’est très facile de créer l’impunité quand l’enquête est faite par la même partie (l’Église, NDLR) », a commenté à l’AFP José Andrès Murillo, une victime chilienne qui a créé en 2010 une association de lutte contre les agressions sexuelles. En communiquant sur leur démarche, les cinq victimes américaines souhaitent mettre fin à l’opacité du Vatican qui pèse sur la question de la pédophilie dans l’Église.

Des listes incomplètes

De l’Australie au Chili, en passant par l’Europe ou le Japon, l’Eglise catholique traverse une profonde crise de confiance en raison des révélations d’agressions sexuelles, notamment sur mineurs, commis par des prêtres et longtemps couverts par leur hiérarchie. Aux États-Unis, une enquête des services du procureur de Pennsylvanie a révélé en août des sévices sexuels perpétrés par plus de 300 « prêtres prédateurs » sur au moins 1 000 enfants. Depuis, des procédures en justice ont été ouvertes dans plusieurs Etats et de nombreux diocèses ont publié des listes de prêtres ayant été visés par des accusations crédibles depuis les années 1950. Mais ces listes contiennent surtout des dossiers de prêtres déjà connus, jugés ou décédés. Les associations de victimes soupçonnent ces listes d’être incomplètes.

Quelque 500 cas dans l’archevêché de Los Angeles

En octobre dernier, un Américain de 52 ans, violé par un prêtre lorsqu’il était adolescent, avait annoncé avoir porté plainte contre le Vatican pour forcer le clergé catholique à révéler les noms de tous ceux en son sein qui sont soupçonnés d’actes pédophiles, quel que soit le pays. « Je cherche juste la vérité, il ne s’agit de rien d’autre que cela », avait déclaré le plaignant, Manuel Vega. « Vous ne pouvez pas imaginer ce que ces prêtres nous ont fait. Et l’Eglise catholique est restée inactive (…). Cette inaction continue à faire du mal aux enfants« , avait poursuivi le plaignant. Alors qu’il était enfant de chœur, il aurait été abusé durant cinq ans par Fidencio Silva-Flores, à l’époque curé d’une paroisse d’Oxnard en Californie. Manuel Vega fait partie des quelque 500 personnes victimes d’attouchements ou de viols commis par des prêtres qui ont conclu en 2007 un accord avec l’archevêché de Los Angeles, le plus grand des Etats-Unis. Les plaignants ont reçu au total 660 millions de dollars de l’archevêché contre l’abandon des poursuites.

Cécile Da Costa

Nouveau record du nombre de détenus en France

Le précédent record avait été établi au 1er décembre, avec 71 061 prisonniers. / Crédit : meesh – Flickr

C’est un nouveau record. Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint les 71 828 personnes incarcérées au 1er avril, selon les statistiques mensuelles de l’administration pénitentiaire publiées mardi par le ministère de la Justice.

Le précédent record avait été établi au 1er décembre 2018, avec 71 061 prisonniers. Les prisons françaises souffrent d’une surpopulation chronique depuis des années, une situation que le gouvernement tente de résoudre avec la création de 7000 nouvelles places d’ici 2022,ainsi qu’une redéfinition de l’échelle des peines.

Adrien Grange avec AFP

Besançon: un anesthésiste, déjà poursuivi pour empoisonnements, en garde à vue pour « une cinquantaine » d’autres cas

« Des faits d’empoisonnement susceptibles d’avoir été commis à la clinique Saint-Vincent de Besançon », a indiqué le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux. – Photo : Google Street View

Il avait déjà été mis en en examen en mai 2017 pour sept cas d’empoisonnement. Un médecin-anesthésiste de Besançon, Frédéric Péchier a été placé en garde à vue ce mardi matin dans les locaux de la police judiciaire de la ville pour être interrogé sur « une cinquantaine » d’autres cas, a appris l’AFP de source proche du dossier.

Cette garde à vue s’inscrit dans une enquête préliminaire conduite depuis deux ans, distincte de l’information judiciaire dans laquelle il avait été déjà mis en examen en mai 2017 pour sept premiers cas de patients, dont deux étaient décédés. Les faits remontent à une période allant de 2008 et 2017, rapporte France 3 Franche-Comté. Les incidents d’anesthésie s’étaient déroulés lors d’opérations sans difficultés particulières dans deux cliniques privées de Besançon. Selon les investigations de la police judiciaire, des doses létales de potassium et d’anesthésiques locaux ont été volontairement administrées aux patients.

Adrien Grange avec AFP

Roundup : Bayer condamné à verser plus de deux milliards de dollars à un couple californien

Le 26 avril, les actionnaires de Bayer ont voter contre la direction du groupe / Credit: Mike Mozart – Flickr – Creative Commons
C’est le troisième jugement d’affilée que perd Bayer aux États-Unis dans le dossier de l’herbicide controversé. La firme a immédiatement annoncé faire appel du verdict de la cour supérieure d’Oakland

Le jury a estimé que l’exposition au Roundup, produit commercialisé par Monsanto qui appartient désormais au groupe Bayer et dont la substance active est le glyphosate, aurait causé le cancer de Alberta Pilliod et de son mari Alva, deux septuagénaires américains atteints d’un lymphome. La cour reproche à la multinationale d’avoir failli à l’obligation de prévenir du grave danger que représenterait le désherbant pour la santé. Le jury a également reconnu que « Monsanto avait agi avec malveillance, oppression ou fraude et devait être puni pour son comportement », souligne la firme « Baum, Aristei & Goldman », l’un des cabinets qui défend le couple. Le jury a ordonné le versement de deux milliards de dollars de dommages compensatoires et plus de 50 millions de dommages punitifs au couple Pilliod.

Bayer dans la tourmente

Ce nouveau revers judiciaire aux États-Unis intervient un an après le rachat de Monsanto, spécialiste des désherbants et semences OGM, par l’industriel allemand Bayer pour 63 milliards de dollards. Le procès du couple Pilliod contre Monsanto s’est ouvert fin mars, quelques jours après la condamnation du groupe à verser 80 millions de dollars à un septuagénaire pour les mêmes raisons. En août 2018, Monsanto avait déjà dû verser 78 millions de dollars à un jardinier atteint d’un cancer, qu’il attribue à son utilisation prolongée du Roundup dans le cadre de son métier.

Aujourd’hui, le groupe est confronté à plus de 13.400 procédures similaires aux États-Unis. Il a vu sa capitalisation boursière dégringoler de 45% depuis le rachat du groupe américain. Mais Bayer persiste et écarte tout lien entre ces cancers et son produit. En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une institution qui dépend de l’OMS, avait pourtant considéré que le glyphosate était « probablement cancérigène ».

Une situation différente en Europe

De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) n’ont pas reconnu à ce jour le Roundup comme dangereux. Par ailleurs en France, une étude sanitaire, réalisée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, fait débat. Pour cause, les déclarations de Pierre Médevieille, vice-président de l’Office qui estime que le « climat d’hystérie » autour du produit est une « névrose française ».

 

L’étude sera rendue publique le 16 mai.

 

Thomas Coulom

 

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