L’actrice américaine Doris Day, interprète de « Que Sera, Sera », est décédée

La chanteuse et actrice américaine Doris Day est décédée ce lundi à l’âge de 97 ans. Elle souffrait d’une pneumonie.
L’actrice Doris Day dans « Le chouchou du professeur » du réalisateur George Seaton, sorti en 1958. / Crédit photo : Flickr

 

Icône d’Hollywood, Doris Day est morte à l’âge de 97 ans, a annoncé lundi 13 mai sa fondation, consacrée à la défense des animaux. Selon cette dernière, Doris Day, qui souffrait d’une pneumonie, est morte à son domicile en Californie, entourée de ses proches.

A la fois actrice et chanteuse, Doris Day a d’ailleurs une étoile pour chacune de ses passions sur le célèbre « Walk of fame », à Hollywood.

 

Star des comédies romantiques

Doris Day faisait partie des actrices les plus célèbres du box-office américain des années 1950. Elle était notamment à l’affiche de Romance Rio de Michael Curtiz (1948) et La Blonde du Far-West de David Butler (1954). En 1952, elle donne la réplique à Ronald Reagan dans The Winning Team, un film de Lewis Seiler. 

La blonde Américaine a 34 ans, en 1956, quand Alfred Hitchcock lui donne le rôle émouvant d’une mère dont l’enfant est enlevé par des espions venant du froid dans son classique L’Homme qui en savait trop. Dans le film, elle chante à deux reprises Que sera, sera (Whatever Will Be, Will Be), qui rencontrera rapidement un succès planétaire. Le titre, signé Jay Livingston et Ray Evans, obtient d’ailleurs l’Oscar de la meilleure chanson originale la même année.

Doris Day brille surtout dans le vaudeville, un genre qui culmine en 1959 avec Confidences sur l’oreiller, où elle tourne aux côtés de Cary Grant et Rock Hudson. 

Tout au long de sa carrière, Doris Day s’efforce de défendre son image d’Américaine propre sur elle, refusant même en 1967 le rôle de Mme Robinson dans Le Lauréat, jugeant trop osé ce rôle de mère de famille voulant séduire un jeune et innocent Dustin Hoffman. C’est finalement Anne Bancroft qui interprétera ce rôle.

« J’aime être gaie. J’aime m’amuser sur un tournage. J’aime porter de beaux vêtements et être belle. J’aime sourire et que les gens rient. C’est tout ce que je veux », résumait-elle lors d’une interview.

 

 

Adorée du public et militante pour les animaux

Des Oscars, Doris Day n’en décrochera pourtant aucun en son nom, malgré une quarantaine de films et l’adoration du public. De toute sa carrière hollywoodienne, elle devra se contenter d’un Grammy pour sa carrière de chanteuse, avec 650 titres et une vingtaine d’albums à son actif.

L’actrice est également connue pour sa vie personnelle mouvementée, et ses quatre mariages qui se solderont tous en échec.

Depuis qu’elle ne tournait plus, Doris Day était devenue une amie des animaux, qu’elle accueillait dans son hôtel de Carmel, en Californie. Elle avait d’ailleurs créé en 1977 sa propre œuvre caritative pour animaux, la Doris Day Pet Foundation.

Pour la critique de cinéma américaine Molly Haskell, elle est « l’actrice la plus sous-estimée, la moins bien reconnue qui soit jamais passée par Hollywood ». En 2004, le président George W. Bush lui remet la médaille de la Liberté, la plus haute récompense civile américaine, pour avoir « ravi les coeurs des Américains tout en enrichissant notre culture ».

 

Alice Ancelin avec AFP

Harvey Weinstein : quand le pouvoir étouffe les peurs

Les témoignages pleuvent contre le « monstre » du cinéma Harvey Weinstein. Harcèlement, violences, viols : deux actrices françaises racontent l’emprise du producteur sur leur jeune carrière. Décrit par certaines comme un « prédateur », Harvey Weinstein a bénéficié de la complicité d’une partie de son entourage. Derrière cette affaire, se pose la question du harcèlement sexuel en milieu professionnel et de la difficulté d’en parler.

Judith Godrèche est l'une des deux actrices ayant témoigné avoir été harcelée par le producteur américain Harvey Weinstein. (Georges Biard/CC)
Judith Godrèche est l’une des deux actrices ayant témoigné avoir été harcelée par le producteur américain Harvey Weinstein. (Georges Biard/CC)

1996. Judith Godrèche, 24 ans, rencontre Harvey Weinstein au Festival de Cannes. Le producteur vient tout juste d’acheter les droits du film « Ridicule », dans lequel joue l’actrice. Dans une enquête publiée par le New York Times, Judith Godrèche raconte comment ce prétexte a permis au producteur de l’isoler, avec lui, dans sa chambre d’hôtel. Weinstein se serait « collé » à elle, avant qu’elle prenne la fuite. « J’étais si naïve, je ne m’y attendais pas », avance l’actrice, vingt ans après les faits. A l’époque, Judith Godrèche affirme avoir appeler un membre de l’équipe de production pour lui signaler l’incident. L’équipe lui avait prié de ne rien dire. « Ils avaient mis mon visage sur l’affiche, explique l’actrice. C’est Miramax, on ne peut rien dire du tout ».

« Je sentais que plus j’avais peur et plus il était excité »

Autre journal, autres révélations. Dans une enquête fouillée, le New Yorker a révélé hier de nouvelles accusations concernant le producteur. En 2010, l’actrice Emma de Caunes accepte un déjeuner au Ritz, à Paris. Weinstein lui parle d’un rôle important, pour un film adapté d’un livre. Il invite l’actrice à monter dans sa chambre, pour lui montrer l’ouvrage. Une fois passé la porte, Weinstein file dans la salle de bain et en ressort entièrement nu. « J’étais pétrifiée, raconte Emma de Caunes, mais je ne voulais pas qu’il voit cette terreur parce que je sentais que plus j’avais peur et plus il était excité ». L’actrice affirme que dans le milieu hollywoodien, les frasques du producteur ne sont pas un secret. « Il ne se cache pas vraiment. Je veux dire, la manière dont il le fait, qui implique plusieurs personnes, qui deviennent autant de témoins potentiels. Mais tout le monde était trop terrorisé pour parler ».

La loi du silence

Cette peur, Franck Bénéï la connaît bien. À la Fédération Nationale des Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des familles, il déplore le silence des femmes harcelées sexuellement au travail. « La loi est pourtant très claire sur le sujet, elle protège les femmes de ce genre de prédateur. Mais trop nombreuses sont les femmes qui ignorent leurs droits, affirme Franck Bénéï. Certains hommes en profitent. Le cas Weinstein est spectaculaire parce qu’il règne sur le 7e art et qu’il est proche du Parti démocrate aux Etats-Unis, mais cette affaire cache une réalité plus large, loin du monde des célébrités et du scandale. Le nombre de femmes victimes de viol est chaque année plus alarmant, or le sujet reste trop peu abordé dans les médias« .

Pour l’heure, plus de vingt femmes ont affirmé avoir été agressées par Harvey Weinstein, à divers degrés. Suite aux premières révélations du New York Times, le producteur a été licencié de la Weinstein Company. Hier soir, sa femme Georgina Chapman a annoncé qu’elle le quittait. « Mon cœur se brise pour toutes les femmes qui ont souffert d’une peine énorme à cause de ces actions impardonnables », a-t-elle déclarée dans un communiqué.

Les internautes expriment depuis leur colère sur les réseaux sociaux via le hashtag #HarveyWeinstein. Plusieurs personnalités politiques américaines proches d’Harvey Weinstein ont également dénoncé le comportement du producteur, dont Barack Obama et Hillary Clinton.

Léa DUPERRIN