Comparutions immédiates : « C’est la première fois que je tenais une arme »

Avant le début des audiences, la greffière met de l’ordre dans ses dossiers / Crédit : Blandine Pied

Mardi 8 octobre, deux amis comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Paris. Il leur était reproché d’avoir grièvement blessé au couteau un homme, lors d’une altercation. Les deux prévenus affirment ne pas comprendre comment la victime s’est fait perforé le rein. Ils admettent toutefois que des coups ont été porté, pour se défendre contre une tentative de vol.

 

Ils sont deux à comparaître ce mardi, devant le tribunal correctionnel de Paris. Lui depuis le box des accusés, elle depuis le premier rang. Il est en détention provisoire depuis plus d’un mois, accusé de violences volontaires avec arme.  Elle, blessée à l’orteil, ne peut se tenir debout devant ses juges. Sous surveillance judiciaire, on lui reproche d’avoir transporté une arme, le couteau qui a servi à son ami pour blesser grièvement un homme.

C’est une fin de soirée tragique qui les amène au tribunal. Le 28 août dernier, les deux amis rentrent chez eux, accompagnés d’une autre camarade. L’horloge indique près de 6h du matin lorsque le groupe arrive à la station de métro Bastille, à Paris. Ils sont interpellés par trois hommes qui veulent passer avec eux les validateurs RATP, faute de titre de transport. L’un d’eux en profite pour tenter de dérober leur sac à main et la situation dégénère.

La jeune femme panique et sort un couteau de son sac. « Pourquoi avoir un couteau sur vous ? », l’interroge au procès le président. « Je ne me sens pas en sécurité à Paris », répond-elle. Son ami lui prend l’arme et tente de repousser ses agresseurs. L’un d’eux tombe au sol, les prévenus prennent la fuite. L’homme a reçu plusieurs coups et a le rein perforé par la lame.

Visiblement anxieux, le prévenu s’est animé pour expliquer longuement aux juges le déroulé des faits.
Crédit : Blandine Pied

« On ne savait pas qu’il était blessé, se justifie le jeune homme. Si j’avais su, j’aurais appelé une ambulance. » Il est catégorique, il n’a jamais eu l’intention de frapper : « J’ai pris le couteau pour leur dire de partir, c’est la première fois que je tenais une arme. Je lui ai demandé de reculer mais c’est lui qui a avancé. »  Il s’agite, pour mimer la distance qui le séparait alors de la victime. « J’étais mort de peur, je voulais juste partir », confesse-t-il avant d’avouer regretter son geste.

Une version des faits que confirme sa camarade, depuis le banc sur lequel elle était restée silencieusement assise : « On n’a pas vu de sang, juste un peu à l’arcade. »  « Mais comment expliquer une plaie aussi profonde si vous dites ne pas avoir mis de coups ? », s’exaspère le procureur, en allusion au rein perforé de la victime. Le débat tourne en rond, les deux prévenus répètent ne pas avoir porté de coups et ne pas savoir quand l’homme a été blessé. Pourtant, tous les deux assurent regretter la façon dont s’est déroulée l’altercation.

Pour la défense, il n’est pas question de contester les violences mais de prendre en compte leur contexte. « Tout cela se passe en quelques secondes, plaide l’avocat du jeune homme. Il n’y avait pas la volonté de blesser mais simplement celle de protéger. »  Du côté du ministère public, de telles plaies ne peuvent avoir été causées involontairement. Le procureur requiert dix mois d’emprisonnement ferme pour le jeune homme et trois mois avec sursis pour son amie, « une peine d’avertissement ».

Verdict : le prévenu écope d’une condamnation à huit mois ferme d’emprisonnement, sans mandat de dépôt. Il pourra bénéficier d’un aménagement de peine, s’il parvient à prouver au juge des libertés et de la détention qu’il a un vrai projet de réinsertion. La trentenaire, elle, devra payer une amende de 600€. Une peine qui ne sera pas inscrite dans son casier judiciaire pour, selon le président, ne pas la pénaliser dans sa vie professionnelle.

 

TGI Paris, 08/10/2019

Blandine Pied

Saisie de près d’une demie-tonne de cocaïne à Dunkerque

492 kg de cocaïne dans le plancher d’un conteneur de bananes. Il s’agit de la découverte la plus importante faite par les douaniers de Dunkerque, a annoncé mardi 14 mai le ministère de l’action et des comptes publics.
La saisie a été réalisée au terminal de Loon-Plage, sur le port de Dunkerque. / Crédit : Flickr Marco Chiesa

C’est en contrôlant un conteneur de bananes provenant du Suriname et passé par Pointe-à-Pitre que les agents des douanes du port dunkerquois, à Loon-Plage (59), ont découvert 415 pains de cocaïne, soit l’équivalent de 492,325 kg.

Dans un communiqué de presse, le ministre Gérald Darmanin a estimé la valeur de la saisie « à plus de 40 millions d’euros sur le marché illicite de la revente au détail des stupéfiants ». « En 2018, les services douaniers français ont intercepté 12,2 tonnes de cocaïne sur le territoire national et en haute-mer », a également rappelé le ministère.

La juridiction inter-régionale spécialisée de Lille a ouvert une enquête.

Ce n’est pas la première fois que les douaniers nordistes découvrent des stupéfiants dissimulés dans des cargaisons de bananes en provenance du Suriname. En 2018, 252 kg de cocaïne avaient été saisis dans des circonstances similaires. En 2014, c’était 120 kg de drogue qui avaient été découverts dans un conteneur de fruits.

Blandine Pied

Allemagne : deux nouveaux morts dans l’affaire des « meurtres à l’arbalète »

Le tueur présumé aurait abattu cinq personnes, dont trois avec une arbalète. / Crédit : Flickr

Deux nouveaux corps ont été retrouvés dans l’affaire de la tuerie à l’arbalète à Gifhorn (Basse-Saxe) en Allemagne ce lundi 13 mai. Les nouvelles victimes sont deux femmes âgées de 30 et de 35 ans et dont la police n’a pas encore dévoilé les causes du décès.

La découverte fait suite à celle de trois autres cadavres, trouvés dans une auberge isolée de Passau (Bavière), ce dimanche.  C’est la femme de ménage qui avait découvert les corps, deux jours après que le trio se soit enregistré dans l’établissement, situé à 600 km de la frontière autrichienne. Un homme et une femme gisaient sur le lit, main dans la main, des flèches enfoncées dans le crâne et le torse. La troisième victime, un homme, était étendu sur le sol, un carreau planté dans le crâne. Trois arbalètes ont été découvertes dans la chambre, dont une dans un sac.  Un client de l’hôtel déclare avoir vu les trois individus monter dans leur chambre, sans bagages. « Un étrange trio » selon ce dernier. C’est en fouillant l’appartement de l’une des victimes que les deux nouveaux corps ont été découverts, portant à cinq le nombre de macabés dans cette histoire.

Le mystère reste entier dans cette affaire, certains détails feraient penser à un suicide collectif. La police allemande, serait à la recherche d’un pickup aperçu sur les lieux de la première tuerie, arborant un dessin d’archer sur la carrosserie.

Selon un porte-parole de la Fédération allemande de tir à Wiesbaden, interrogé par l’agence DPA, les arbalètes peuvent être achetées sans autorisation dès l’âge de 18 ans.

Edouard Lebigre avec l’AFP

Il poursuit ses victimes avec un tournevis : 3 mois ferme

 

Les juges de la 23e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris jugeaient, ce mardi, des affaires en comparution immédiate. Entre port d’arme, vol aggravé et conduite sans permis, le box des prévenus affichait complet. Focus sur une affaire de violence en récidive sanctionnée par trois mois de prison ferme.

« J’avais les nerfs, alors j’ai sorti mon tournevis », ânonne Bernale F., 38 ans, pour justifier l’infraction qui lui est reprochée. Chemise à carreaux et longs cheveux bruns, il comparait ce mardi dans le box des prévenus pour des faits de violence en récidive. Le 8 octobre au matin, il aurait poursuivi avec un tournevis Mme F. et son fils. Prises de panique, les deux victimes se seraient réfugiées dans un restaurant. Le prévenu y aurait pénétré et bousculé Mme F., la blessant au tibia. Des témoins auraient alors rapidement immobilisé Bernale F., avant de contacter la police.

Face à un tel accès de violence, la juge reste coite. Bernale F. hoche la tête de droite à gauche. Il n’approuve pas cette version des faits. « Je me promenais rue Bichat lorsque deux hommes m’ont agressé, frappé. Ensuite, ils se sont enfuis et je suis parti à leur recherche. J’ai demandé de l’aide à deux passants qui n’ont pas voulu me répondre. Ca m’a énervé, alors je leur ai couru après, avec mon tournevis ». La présidente, impassible derrière ses petites lunettes rectangulaires, le coupe : « Doit-on en déduire que vous êtes prêt à menacer le premier venu ? ». Le prévenu bafouille, la juge ne lui laisse pas le temps de répondre : « Monsieur, vous avez quand même vu que ce n’étaient pas vos agresseurs ! ». Un maigre « oui », mal assuré, tient lieu de réponse.

« Il faut raison garder »

D’après les procès verbaux des témoins, il s’agirait d’une altercation sur fond de racisme. « Les serveurs du restaurants vous ont entendu proférer des insultes à l’encontre de vos deux victimes chinoises », lance la juge au prévenu. Un autre élément pèse contre lui : son taux d’alcoolémie, 0,78 grammes par litre de sang. Un an plus tôt, l’homme avait déjà été condamné pour des faits similaires, en état d’ivresse. « Cette fois-ci, le délit a eu lieu le matin. J’en conclus que vous n’avez pas entrepris de démarches pour vous sortir de cette addiction », l’accuse la procureure. Elle requiert quatre mois de prison ferme à son encontre : « Se faire justice soi-même est dangereux, surtout quand on commet une erreur judiciaire. Vos victimes ne vous avaient rien fait ».

La défense entre en scène. Son principal argument : la perte de discernement du prévenu. « Bernale F. n’a pas agi rationnellement après s’être fait agresser. Et sous l’effet de l’alcool, il n’a pas su se maîtriser ». L’avocat remet également en cause les déclarations des témoins. Il reste dubitatif sur la motivation raciste de son client. « Les victimes, elles, n’ont jamais fait état de propos racistes à leur égard », précise-t-il. La défense insiste sur le besoin de ne pas couper son client, alcoolique, de la société. « Il faut raison garder. M.Forrero a besoin de soins, non d’une peine de prison ». Malgré ce plaidoyer, le tribunal entre en voie de condamnation. Bernale F. écope de trois mois de prison ferme.

 

Ambre Lepoivre