« Black Lives Matter » : la principale page Facebook du mouvement était une arnaque

La chaîne américaine CNN a révélé qu’un haut-fonctionnaire du syndicat national des travailleurs australiens a créé et géré une fausse page dédiée au mouvement « Black Lives Matter ». Une escroquerie qui lui a permis de lever 100.000 dollars.

Le mouvement afro-américain "Black lives Matter" milite contre les violences et le racisme systémique subit par les Noirs.
Le mouvement afro-américain « Black Lives Matter » milite contre les violences et le racisme systémique subi par les Noirs. Crédits : CC

L’escroquerie fait sévèrement grincer des dents. La chaîne américaine CNN a révélé mardi 10 avril qu’Ian Mackay, vice-président du syndicat national des travailleurs australiens (NUW), est à l’origine de la page Facebook principale du mouvement « Black Lives Matter » (en français « Les vies des Noirs comptent »). Ce mouvement militant afro-américain, né en 2013, se mobilise contre les violences et le racisme systémique envers les Noirs. La page en question date de 2015 et compte désormais 700.000 abonnés, soit un peu plus du double de la page officielle du mouvement. Le hic ? Ian Mackay est un homme blanc non lié au mouvement, et qui a profité de la cause pour amasser quelque 100.000 dollars, dont une partie a été reversée sur des comptes bancaires australiens.

La page a depuis été clôturée

La révélation de l’escroquerie a entraîné la suspension d’Ian Mackay du syndicat national des travailleurs australiens, et la page a été fermée par Facebook. Le NUW a déclaré dans un communiqué retransmis par le Guardian  qu’une enquête sur les allégations portées à l’encontre d’Ian Mackay et d’une autre personne impliquée dans l’affaire était ouverte.

Axelle Bouschon

Dans l’actualité de ce mardi à Paris

Plan de rénovation des logements sociaux de la mairie de Paris, des cours en Facebook Live ou encore une campagne contre les animaux sauvages dans les cirques… Voici un récapitulatif de l’actualité 100% Paris de ce mardi 10 avril.

Plusieurs cours sont dispensés en Facebook Live à l'Université Paris-I, suite au blocage de l'Université.
Plusieurs cours sont dispensés en Facebook Live à l’Université Paris-I, suite au blocage de l’Université.
  • La Mairie de Paris présente son plan « Réparer et embellir » 

Anne Hidalgo se rend cet après-midi, à 16 heures, dans le 19e arrondissement pour présenter le plan de la ville de Paris « Réparer et embellir ». Destiné aux familles en logement social, le plan est doté de 20 millions d’euros permettant la rénovation des parties communes, la réfection des cages d’escaliers, ou encore l’amélioration des espaces extérieurs. Anne Hidalgo a fait du bien-être des habitants en logement social l’une des priorités de sa mandature. Le plan cible en priorité les immeubles des quartiers populaires. Les 20 millions d’euros bénéficieront à 30 000 logements.

  • Dernier jour de campagne pour l’association « Paris Animaux Zoopolis »

L’association de défense des intérêts des animaux mènent depuis le 3 avril une campagne d’affichage dans le métro parisien en faveur des cirques sans animaux. 130 affiches, montrant notamment un petit singe vêtu d’un costume d’arlequin, corde autour du coup, avec le slogan « exigeons une loi », ont été réparties dans les couloirs du métro. Lundi, les bénévoles de l’association ont mené un happening devant le ministère de la Transition écologique et solidaire. Cette action se termine aujourd’hui.

 

  • Blocus des Universités : des cours en Facebook Live

Lundi, le CelsaLab vous a proposé un reportage aux côtés des étudiants de Nanterre, bloquant l’accès à leur université pour protester contre la loi Vidal, qui impose la sélection à l’entrée des universités. Le site Tolbiac de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a voté le blocage illimité jusqu’au retrait de la loi. Cette dernière propose d’ailleurs de suivre les cours avec des Facebook Live afin de palier le blocage de l’université. Lundi, la professeure Laurence Dubin a entamé son cours de « Relations internationales et introduction au droit international public » non pas en amphithéâtre, mais face à son écran d’ordinateur. L’expérience est renouvelée aujourd’hui.

 

 

Noémie Gobron

Le marché de la réalité virtuelle : une main de fer dans un gant de velours ?

Technologie révolutionnaire par son expérience d’immersion quasi totale, la réalité virtuelle ne parvient toujours pas à s’imposer en termes de ventes. Les investissements massifs des géants du numérique dans le secteur, cependant, pourraient prochainement changer la donne.

Il suffit de s’allonger sur une plateforme, de tendre les bras, et d’enfiler le casque de réalité virtuelle pour se glisser dans la peau d’un oiseau. Battez les ailes, et vous survolerez les rues de New-York ou de Paris. Voler comme un oiseau et admirer ces mégalopoles du point de vue des volatiles, un rêve qui semblait fou il y a encore plusieurs décennies. Il est devenu une réalité il y a un an à la bibliothèque MK2 de Paris, où une première salle de réalité virtuelle a ouvert ses portes en France.

La réalité virtuelle permet à un utilisateur, souvent grâce à l’aide d’un casque spécial, de vivre physiquement dans un environnement artificiel. Dans l’industrie du jeu vidéo, des capteurs retranscrivent à l’écran les mouvements physiques du joueur pour lui permettre d’évoluer en interaction avec l’univers virtuel. En clair : la promesse d’une immersion totale avec un « ailleurs ».

Une participante visite "virtuellement" l'atelier recréé d'un artiste au musée de Montmartre. Crédits Jean-Pierre Dalbéra.
Une participante visite « virtuellement » l’atelier recréé d’un artiste au musée de Montmartre. Crédits Jean-Pierre Dalbéra.

Une véritable révolution pour le divertissement … mais pas seulement. L’archéologie, l’immobilier, le tourisme, l’éducation, le management … Autant de secteurs que vient bouleverser l’apparition de la « VR » (virtual reality, réalité virtuelle en français). Car l’univers dans lequel est plongé l’utilisateur n’est pas seulement imaginaire, il peut aussi être bien réel.

Prenez des photos dans un lieu physique, scannez-les dans un casque de VR et vous pourrez permettre à un utilisateur à l’autre bout du monde, muni d’un casque, de visualiser ce lieu en 3D ou à 360°. C’est ce que compte proposer Air BnB prochainement pour ses visites d’appartements à louer. En entreprise, la VR permet par exemple à des employés situés dans des locaux différents de travailler ensemble sur un même projet virtuel.

Un marché encore poussif

Les avantages permis par la VR ne sont donc pas que ludiques, ils offrent de nouvelles expériences pour le public comme les entreprises. Pourtant, malgré un potentiel impressionnant (le blog spécialisé Digi-Capital parle d’un marché de 30 milliards de dollars en 2020), le secteur a du mal à décoller. Et ce malgré les investissements majeurs de grosses entreprises, les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) en première ligne.

« L’économie de la réalité virtuelle et augmentée ne pèse pas lourd actuellement (14 milliards de dollars de dépenses en 2017 selon le cabinet d’études IDC, un marché de 7 milliards de dollars pour la même année selon Goldman Sachs, ndlr) », tranche Julien Bergounhoux, journaliste spécialiste de la réalité virtuelle au média techno l’Usine digitale. « C’est encore un marché très jeune : la VR est apparue dans les années 1990, mais a été délaissée rapidement faute de succès. Ce n’est que l’an dernier qu’il a repris de l’ampleur, grâce aux investissements des GAFA notamment (injection de 542 millions d’euros de Google dans la start-up de VR MagicLeap, rachat de l’entreprise Oculus par Facebook pour 2 milliards d’euros en 2014). Mais même avec ça, l’impact reste mesuré, pour l’instant. »

Le casque standard de réalité virtuelle pour ordinateur, l'Oculus Rift de Facebook. Crédits BagoGames.
Le casque standard de réalité virtuelle pour ordinateur, l’Oculus Rift de Facebook. Crédits BagoGames.

En cause : une faible adoption de la part du public. « Graphiquement, l’expérience reste perfectible, et le prix est encore trop élevé (400€ pour le casque VR standard pour jeu vidéo sur ordinateur, l’Oculus Rift de Facebook, ndlr). Seulement 1 million de casques pour PC seront vendus cette année, et 8 millions de casques pour smartphones Samsung, alors qu’ils ne coûtent que 130€ et s’utilisent partout avec le portable. »

Ces lunettes de réalité virtuelle s'utilisent avec un portable Samsung. Crédits Jean-Pierre Dalbéra.
Ces lunettes de réalité virtuelle s’utilisent avec un portable Samsung. Crédits Jean-Pierre Dalbéra.

Décollage (bientôt) imminent ?

Pourquoi donc miser autant dans une technologie loin d’être extrêmement rentable ? Pour Julien Bergounhoux, les GAFA et autres entreprises espèrent un retour sur investissement à plus long terme. « La VR, selon moi, c’est la plateforme de technologie majeure du futur. Avec les affinements techniques à venir, c’est une technologie qui va se généraliser par sa qualité. Une entreprise comme Facebook, qui a raté le train du smartphone, se doit de se positionner dessus, et c’est ce qu’elle fait en finançant prochainement des contenus VR pour 1 milliard de dollars. »

Derrière cette apparente volonté des GAFA de se positionner en leaders d’un secteur qui compte d’encombrants concurrents comme Sony, HTC et une myriade d’entreprises asiatiques, se cache une stratégie plus concrète : l’utilisation de la VR comme moyen plutôt que fin pour attirer le public. « Avec respectivement Facebook Spaces et Jump comme propres plateformes de réalité virtuelle, Facebook et Google entendent fidéliser leurs utilisateurs, pour éviter qu’ils n’aillent voir ailleurs. »

Autre raison de placer ses pions dans la VR : « l’effet wahou ». « Une chaîne comme Arte, qui a dépensé 500 millions d’euros dans le documentaire en réalité virtuelle Notes on blindness, raisonne en termes d’image. Celle qui est cataloguée comme une chaîne « ancienne » veut devenir « branchée ». Cela séduit un nouveau public plus jeune, ça attire les investisseurs et ça crée du buzz. »

Douglas De Graaf

Google is watching you : un espion dans ma poche

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Entre illégalité et voyeurisme, Internet dispose, aujourd’hui, des ressources nécessaires pour surveiller un internaute, référencer ses recherches, optimiser ses achats selon ses envies et sa personnalité, ou encore connaître l’endroit exact où il se trouve. Le business des données personnelles sur Internet est en plein boom, mais les GAFA contrôlent 95 % du marché.

Google Chrome remplit les formulaires à la place de l’utilisateur, YouTube déniche les vidéos susceptibles de l’intéresser, les réseaux sociaux accèdent à son répertoire pour lui proposer de se faire de nouveaux amis. A chaque fois qu’un site web est consulté, Internet en sait plus sur l’utilisateur ; d’où il vient et où il va.

Les utilisateurs de smartphones installent en moyenne 26 applications, dont la plupart sont gratuites. Certaines d’entre elles traquent sans relâche et géolocalisent l’endroit exact où ils se trouvent. D’autres transmettent les informations personnelles de l’internaute, ses habitudes de consommation et ses centres d’intérêt à des compagnies publicitaires qui l’utilisent comme un cookie, ce petit fichier qui enregistre leurs activités sur la page internet, sur un navigateur pour lui envoyer des publicités ciblées.

Pour aller plus loin : Comment Netflix choisi les images des séries selon votre profil

L’internaute visite un site internet, sans savoir que des plateformes tierces se greffent à la recherche et reçoivent une notification à chaque fois qu’il navigue sur la page. Certains d’entre eux sont des traqueurs, des sociétés de collecte de données qui comparent le site sur lequel l’utilisateur est actuellement en train de naviguer avec ceux déjà visités. En d’autres termes, le tracking est une industrie opaque qui génère des milliards avec ce qu’elle sait de chacun d’entre nous. Mais si nous n’avons rien à cacher, pourquoi s’inquiéter d’être surveillé ? Ce que l’utilisateur publie en ligne affecte tout le monde. Faire partie du système de collecte de données, c’est accepter de devenir un élément comparatif à d’autres personnes, et que ses propres données soient utilisées à cet escient. Plus une application connaît ses utilisateurs, mieux elle fonctionne.

Pour aller plus loin : Do not track : webdocumentaire personnalisé consacré à la vie privée et à l’économie du web

L’économie de la surveillance

Le web d’aujourd’hui est construit de manière à ce que l’internaute publie, commente, aime, achète davantage. Les traces laissées derrière soi sur le Net sont devenues une industrie extrêmement lucrative. Les datacenters, ces immenses centres de traitement de données, fleurissent un peu partout dans le monde. Facebook a dépensé plus de 1 milliard de dollars en infrastructures en 2011, dont une large partie pour financer ces gigantesques réservoirs à données, situés dans l’Oregon, en Caroline du Nord, en Virginie, en Californie… Il en va de même pour Google. Selon IBM, 90% des données hébergées par les disques durs et les serveurs ont été collectées au cours de ces deux dernières années. Les GAFA représentent, à eux seuls, 300 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, soit plus de 800 milliards cumulés en Bourse. L’innovation n’a plus de limite, et les quatre géants du Web entendent faire de nos données personnelles une arme efficace pour accroître leur business. Mais parfois, la tendance s’inverse. Criteo en est l’un des parfaits exemples. Le géant français spécialisé dans le ciblage publicitaire sur internet s’est effondré à Wall Street, le 14 décembre dernier. L’impact d’une nouvelle fonctionnalité déployée par Apple, l’ITP pour Intelligent Tracking Prevention. Cette nouvelle version du système d’exploitation iOS 11.2 empêche le suivi publicitaire, au coeur de la technologie de Criteo, pour suivre les utilisateurs du navigateur Safari. Ironie du sort ? En 2018, le chiffre d’affaires de Criteo devrait être coupé de 22 %. Comme le rappellent les professionnels du marketing, « si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ».

Marie Lecoq


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