L’Union des démocrates musulmans français : la 34e liste des européennes

Jeudi 9 mai, une 34e liste européenne, portée par l’Union des démocrates musulmans français (UDMF), a été validée, une semaine après la fermeture officielle des candidatures. Appelée « Une Europe au service des peuples », cette nouvelle liste fait face à de nombreuses critiques de communautarisme.

L’Union des démocrates musulmans français porteront la 34e liste françaises aux européennes du 26 mai. Crédit : Site du parti

 

Si ce parti, créé en 2012, demeurait jusqu’ici inconnu pour beaucoup de Français, l’UDMF a vécu sa première victoire électorale en 2014, en se voyant élire un conseiller municipal à la mairie de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Après des résultats décevants aux élections régionales de 2015, puis une impossibilité de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2017, faute de parrainages, l’UDMF compte se refaire un nom lors des élection européennes, qui se tiendront dimanche 26 mai. Le mouvement se revendique « non confessionnel » et vise à combattre la stigmatisation des minorités et l’islamophobie utilisée par les classes politiques comme argument électoral.

Le retard de sa validation comme liste européenne est due à une non-conformité de certains documents administratifs. Il a entraîné une difficulté à rassembler la somme nécessaire au financement de leurs bulletins de vote. Les potentiels électeurs devront donc imprimer eux-mêmes les bulletins, disponibles sur le site officiel du parti.

Que propose la liste « Une Europe au service des peuples » ?

Parmi les propositions phare de la liste UDMF, l’intensification de l’effort environnemental, la mise en place d’un SMIC Européen, la lutte renforcée contre l’optimisation et l’évasion fiscales, et le combat contre les discriminations visant les minorités. Depuis sa création, l’UDMF est régulièrement visée par toutes les classes politiques, qui leur reprochent une forme de communautarisme.

Troisième sur la liste, le franco-syrien et chrétien Bassam Tahhan, contacté par Skype, nous parle des ambitions du parti aux élections européennes et répond à ces critiques.

 

Cécile Da Costa et Agathe Harel

 

Elections européennes : le droit des femmes en quelques cartes

Les lois concernant les droits des femmes varient beaucoup d’un pays à l’autre. Avortement, PMA, féminicides, égalités salariales… Les inégalités persistent. L’enjeu des élections européennes, qui se dérouleront du 23 au 26 mai, est fondamental pour les Etats membres puisque les directives votées par le Parlement Européen doivent être appliquées dans tous les pays. Mais l’Union Européenne ne légifère pas sur les questions de société et laisse les pays membres se positionner sur ces sujets.
L’avortement

Un an après le référendum autorisant l’avortement en Irlande, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est aujourd’hui légale dans quasiment tous les pays de l’Union Européenne. Seule Malte l’interdit totalement, sans aucune exception. L’acte est puni de trois ans d’emprisonnement. Le sujet est encore très tabou dans la société maltaise, ce qui s’explique notamment par le poids de la religion : dans ce pays, 95% de la population est catholique. Le Vatican est ouvertement contre l’IVG, le Pape François s’est d’ailleurs plusieurs fois positionné en ce sens.

L’Irlande du Nord va encore plus loin. Cette nation constitutive est une exception au Royaume-Uni qui autorise l’avortement. Cette région du nord de l’Irlande interdit l’IVG, à moins que la vie de la femme soit en danger, ou en cas de risques pour sa santé mentale ou physique. Toute personne pratiquant l’avortement risque la prison à vie. Depuis 2017, les Nord-Irlandaises peuvent se faire avorter gratuitement en Angleterre, les frais de transport sont également remboursés pour les personnes aux faibles revenus.

Lorsque l’avortement est légalisé, il y a toujours un délai au-delà duquel l’intervention médicale n’est plus possible. Cette période peut varier de 10 semaines (comme au Royaume-Uni) jusqu’à 24 semaines (comme aux Pays-Bas).

Néanmoins, les lois ne sont pas gravées dans le marbre et le droit à l’avortement est parfois menacé, même dans les pays où il est autorisé. C’est par exemple le cas en Pologne. La loi y interdit l’IVG, sauf en cas de viol, d’inceste, de danger pour la vie de la femme ou malformation du fœtus. Le gouvernement a essayé à plusieurs reprises de supprimer l’exception concernant les cas de malformation (ce qui représente 95% des avortement légaux pratiqués en Pologne), voire même de l’interdire totalement. S’il n’a pas réussi à mettre en œuvre ces mesures, face à une importante mobilisation, il n’est pas pour autant aisé d’avorter en Pologne puisque de nombreux médecins refusent de le pratiquer, invoquant la « clause de conscience« . Les femmes sont alors obligées de se rendre dans l’une des nombreuses cliniques clandestines ou d’aller avorter dans un autre pays.

 

Les féminicides

En France, tous les trois jours une femme est tuée par son conjoint, compagnon ou ex. Un chiffre qui ne cesse de stagner depuis plusieurs années.

D’après une étude de 2016, les pays où l’on enregistre le plus grands nombre de cas de féminicides sont l’Allemagne, la Roumanie et la France. Ces chiffres récoltés par Eurostat, concernent également les femmes qui ont été tuées par des membres de leur famille comme leur père, leur frère ou encore leur cousin. De nombreux pays de l’Union Européenne ne communiquent pas le nombre de féminicides. Seuls 15 Etats membres ont rendu publiques leurs statistiques.

Pour qu’un féminicide soit considéré comme un homicide volontaire il faut que les forces de l’ordre recueillent le sexe de la victime ainsi que ses relations avec l’auteur du meurtre. Or dans certains pays de l’Union Européenne comme la Grèce, Malte ou encore la Pologne, ces données ne sont pas tout le temps récupérées dans les cas d’homicide. La France et le Royaume-Uni sont ceux qui fournissent les données les plus détaillées.

En 2017, l’Union Européenne a ratifié la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Cette convention vise à donner un cadre juridique commun à l’Europe pour protéger les femmes de toute forme de violence. Certains pays membre de l’Union Européenne n’ont toujours pas ratifié la Convention comme la Roumanie, la République Tchèque, la Bulgarie ou encore le Royaume-Uni.

 

Les inégalités salariales

Les Européennes gagnent en moyenne 16% de moins que les hommes. Ce qui signifie que lorsque ceux-ci gagnent 1 euro, les femmes n’en touchent que 84 centimes. Les écarts varient très fortement selon les pays : seulement 5% en Roumanie ou en Italie, contre plus de 25% en Allemagne.

Ces chiffres représentent l’écart de rémunération non ajusté, c’est à dire qu’il est calculé à partir des salaires de tous les secteurs économiques. Les raisons de cette inégalité salariale sont multiples : éducation et orientation différentes, discrimination à l’emploi, répartition inégale des tâches domestiques, pression sociale…

Il n’existe pas encore de chiffres à l’échelle européenne quant à l’écart de rémunération ajusté. Celui-ci permettrait d’évaluer les inégalités entre hommes et femmes de même âge, d’un même niveau de diplôme, sous le même contrat… En France, il se situe par exemple autour de 11%, ce qui signifie que lorsqu’un homme gagne 1 euro, une femme ne reçoit que 88 centimes, à travail égal.

L’égalité salariale entre les hommes et les femmes est donc loin d’être atteinte en Europe. Pourtant, les membres de l’Union Européenne ont tous ratifié le traité de Rome, dont l’article 157 stipule que « chaque État membre assure l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre travailleurs masculins et travailleurs féminins pour un même travail ou un travail de même valeur ».

La procréation médicalement assistée

Dans l’Union Européenne, une majorité de pays ont autorisé la procréation médicalement assistée. Cependant, certains pays ont ouvert la PMA uniquement pour les femmes seules comme la Grèce, la Hongrie, ou encore la Croatie. L’Autriche au contraire est le seul pays à accorder la PMA que pour les couples lesbiens et non aux femmes seules.

En France, la PMA est pour l’instant réservée aux couples hétérosexuels infertiles. Mais le projet loi sur la bioéthique prévoit une ouverture à toutes les femmes. Edouard Philippe a déclaré au micro de franceinfo que le projet de loi sera présenté au conseil des ministres avant l’été.

 

Poutchie Gonzales et Iris Tréhin

« Tinder » électoral, playlist Spotify : les dispositifs pour faire voter les jeunes

Les élections européennes n’attirent pas les électeurs, et encore moins les jeunes de 18 à 24 ans. A chaque scrutin, ils sont de moins en moins à aller voter. Alors de nombreuses initiatives tentent d’inciter les jeunes à se rendre aux urnes. Présentation de quelques unes d’entre elles.

 

Lors des dernières élections européennes en 2014, 74% des 18-25 ans s’étaient abstenus / Crédit : Wikipédia

 

A chaque élection, c’est le même constat : le taux d’abstention bat des records, les jeunes en première ligne. Lors des dernières élections européennes en 2014, 74% des 18-25 ans ne s’étaient pas rendus aux urnes. Selon un dernier sondage Ifop, près de 77% des jeunes électeurs prévoient de s’abstenir le 26 mai prochain. « Moins d’un jeune sur quatre prévoit d’aller voter. C’est une situation désolante mais pas surprenante », estime Hervé Moritz, président des Jeunes Européens-France, interrogé par France 24. « L’enquête explique notamment que cette abstention découle d’une méconnaissance de l’idée européenne et d’une défiance à l’égard de la capacité de l’Union européenne à répondre à leurs préoccupations et aux grands enjeux mondiaux. Ils estiment que leur participation européenne ne va pas changer la société. »

Pour mobiliser les jeunes, quelques dispositifs inédits ont été mis en place. L’objectif étant de dépoussiérer l’image vieillotte et austère de l’Union Européenne, et la rendre plus attractive. Principales plateformes ciblées par ce genre d’actions : les réseaux sociaux, et les applications smartphones.

 

  • La playlist « Get Vocal, Europe ! » de Spotify

Le 9 mai dernier, le géant du streaming musical Spotify a lancé sa playlist spéciale européennes. Intitulée « Get Vocal, Europe ! », elle regroupe 28 chansons, chacune interprétée par un chanteur membre des pays de l’Union européenne. La Belgique est donc représentée par Angèle avec Balance ton quoi, et les Pays-Bas, le récent gagnant de l’Eurovision, Duncan Laurence, avec Arcade. En France, c’est le tube Djadja de la chanteuse Aya Nakamura qui a été choisi. Petit plus informationnel : la description de la playlist redirige les utilisateurs vers le site officiel des élections européennes pour savoir, entre autres, comment et où voter.

Avec cette initiative, la plateforme suédoise espère inciter les jeunes à se rendre dans les bureaux de vote. « Nous croyons fermement que l’une des meilleures façons de faire entendre votre voix est de voter », a-t-elle expliqué dans la présentation de son projet. Au total, cette playlist inédite regroupe environ 61 600 abonnés. A savoir aussi que la moitié des 100 millions d’abonnés à Spotify Premium ont moins de 30 ans.

 

https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DXaCKdTrq9uHk

 

  • Les nouvelles fonctionnalités de Snapchat

L’application de messagerie a lancé jeudi 16 mai une série de fonctionnalités spéciales élections, fruit d’une collaboration avec le Parlement européen. Les Snapchatters disposent donc de filtres et autocollants conçus pour l’occasion. Le jour de l’élection, un message viendra même alerter les utilisateurs que le scrutin est en cours, avec un lien pour les aider à trouver plus d’informations. Aussi, la fonction « Explorer » de la Snap Map – une carte permettant d’identifier où se trouve les contacts de l’utilisateur en temps réel – affichera la localisation des bureaux de vote. Une fois le bulletin déposé dans l’urne, l’utilisateur pourra ensuite afficher la mention « a voté » sur son Bitmoji, un genre d’avatar électronique.

En réponse à cette nouvelle opération le réseau social a déclaré vouloir « aider les Snapchatters à faire des choix éclairés, à faire tomber les barrières pour qu’ils remplissent leurs devoirs civiques et fassent entendre leur voix ».

 

 

Ce n’est pas la première fois que Snapchat use de son réseau pour inciter les jeunes à aller voter. Lors de l’élection présidentielle de 2017, l’application avait réalisé des mini-interviews vidéos de quatre candidats – Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Marine Le Pen, et François Fillon, attirant plus de quatre millions d’utilisateurs.

Même chose aux États-Unis en novembre dernier pour les élections de mi-mandat. « La plateforme a permis à 1,4 million de personnes de trouver leur lieu de scrutin via un partenaire à but non lucratif, Get To The Polls », précise Snapchat dans un communiqué.

De part son rôle fédérateur auprès des jeunes, Snapchat semble vouloir de plus en plus s’investir dans le domaine politique.

 

  • Un « Tinder » électoral

L’association Vote&Vous, en partenariat avec l’OFAJ et Prodemos, a lancé jeudi 16 mai un quiz pour aider les électeurs à trouver leur vote. L’originalité de celui-ci se tient dans son nom : le « Tinder des élections européennes ». 30 questions y sont posées, sur des sujets divers et variés : écologie, immigration, exportation d’armes, PMA,  aides sociales, religion… Pour répondre, trois choix s’offrent à l’utilisateur : « d’accord », « indifférent », ou « pas d’accord ».  Une fois cette partie du test terminée, il doit ensuite choisir les sujets primordiaux à ses yeux, avant que l’algorithme ne compare les réponses données aux programmes des différents partis. Le quiz donne enfin à l’utilisateur les trois partis avec qui ça « matche », soit les trois se rapprochant le plus de son opinion politique.

En utilisant le nom « Tinder », l’association entend mobiliser les plus jeunes adeptes de cette application de rencontres. Le message et la problématique sont en tout cas les mêmes : choisissez bien avec qui vous voulez passer les prochaines années…

 

  • Hugo Décrypte, le jeune youtubeur spécialisé dans la politique française

A quelques jours du scrutin, une vidéo traduite en 16 langues cartonne en ce moment sur YouTube : « L’Union européenne est-elle vraiment démocratique ? ». A l’origine de ce projet : la chaîne YouTube « Kurzgesagt » – « en bref » en allemand – de la chaîne de télévision allemande Funk. Kurzgesagt s’affirme comme une chaîne de vulgarisation de l’actualité et de la politique.

Une belle opération qui a embarqué des youtubeurs de tous les pays d’Europe. En France c’est Hugo Décrypte qui s’y est collé, avec une vidéo qui cumule aujourd’hui près de 75.000 vues.

Le jeune youtubeur de 21 ans ne s’est pas arrêté à cette collaboration. Depuis quelques mois, Hugo Décrypte a sorti des vidéos décryptage de certains programmes pour les élections européennes – LREM et Rassemblement national notamment, ainsi qu’une vidéo live de près de 2h dans laquelle il reçoit la candidate de La France insoumise, Manon Aubry. Un autre live du même genre est programmé pour le mercredi 22 mai, à 18h30, avec Nathalie Loiseau, tête de liste LREM, en invitée principale. Toutes ces vidéos cumulent près de 500.000 vues.

 

  • Les dessins-animés de « Rock the Eurovote »

L’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) et l’association Européens sans frontières ont quant à eux misé sur une dizaine de dessins-animés de 30 secondes pour expliquer les enjeux de l’Europe aux jeunes, lancés en février dernier. A l’origine du projet : une dizaine de jeunes talents volontaires âgés de 18 à 30 ans, rassemblés autour d’un atelier d’écriture de courts-métrages en septembre dernier à Paris. Les 10 mini dessins-animés ont par la suite été posté sur YouTube, et projeté au studio Canal+ en février.

Les thèmes de ces réalisations sont encore une fois très variés : l’Erasmus, la protection des données, ou encore les questions écologiques. Des problématiques susceptibles de mobiliser l’opinion des jeunes Européens aux élections de samedi.

 

Alice Ancelin

Elections européennes : les intox des réseaux sociaux

Les fausses informations sont massivement relayées sur les réseaux sociaux. Crédits : Capture d’écran
Alors que la campagne pour les élections européennes a débuté lundi 13 mai, beaucoup de fausses informations s’invitent dans le débat politique. Décryptage de certaines rumeurs et imprécisions relayées sur les réseaux sociaux.

A chaque élections sont lot de fake news et les élections européennes n’échappent pas à la règle. Sur les réseaux sociaux de nombreuses fausses informations circulent encore à l’approche du scrutin le dimanche 26 mai en France. Décryptage de trois d’entre-elles :

  • « Un sondage « secret » donne LaREM à 6% » 

Cette info relayée sur les réseaux sociaux provient à l’origine d’un article publié sur un blog participatif du site de Mediapart. Son auteur affirmait que plusieurs instituts de sondage projettent un score de 3 à 5% pour la liste LREM aux élections européennes, alors que les sondages publiés depuis plusieurs mois évoquent plutôt au-delà de 20% d’intentions de vote. Selon cette rumeur, les résultats de ce sondage auraient été censurés par l’Elysée« Le dernier sondage qui donne LREM à 6% est passé entre les gouttes de la censure. Macron et son équipe de sondeurs sont furieux ! », expliquait l’article. L’article a depuis été supprimé.

L’information a été vivement démentie par les instituts de sondage. « Cette rumeur est absurde, notre travail est vérifié et validé par la Commission des sondages. Laisser penser que les instituts de sondage sont aux ordres d’Emmanuel Macron relève de la farce. Et quel serait notre intérêt de publier des enquêtes truquées, qui ne reflètent pas la réalité ? », proteste Jean-Daniel Lévy, directeur du département Politique et opinion de l’institut de sondage Harris Interactive auprès de 20 Minutes. Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut Ifop, confirme : « C’est bien sûr complètement faux. On envoie à chaque fois une notice à la Commission. » 

Les instituts de sondage sont en effet soumis à certaines obligations. Ils doivent notamment envoyer une note à la Commission des sondages dans laquelle sont compilées toutes les informations relatives au sondage avant sa publication (nom de l’organisme à l’origine du sondage, nombre de personnes interrogées, questions posées…).

  • « Un président sur une affiche électorale aux européennes, une première » 

L’une des affiches de campagne de La République en Marche a créé la polémique. La raison ? Celle-ci met en scène le Président de la République, Emmanuel Macron. Il y apparaît sans mention de la tête de liste Nathalie Loiseau. Au dessous, figure le slogan : « ¨Pour l’Europe ! Le 26 mai, je vote Renaissance. »

Sur les réseaux, certains contestent la légalité de cette campagne d’affichage « sauvage ». A droite comme à gauche, on fustige l’utilisation de l’image du chef de l’Etat pour promouvoir la liste du parti majoritaire. Néanmoins, cette pratique est totalement légale. Si les symboles de la République sont exclus (le drapeau tricolore, cocarde…) dans les campagnes d’affichage, rien n’empêche un représentant de l’Etat de s’impliquer dans la propagande.

« [Le Code  électoral] fixe la taille des affiches. Il interdit aussi la combinaison des trois couleurs bleu, blanc et rouge sur les affiches, à l’exception de la reproduction de l’emblème d’un parti ou groupement politique. Mais il ne précise aucune mention obligatoire ou prohibée », explique à franceinfo Thierry Vallat, avocat au barreau de Paris. De plus, le procédé n’est pas nouveau, contrairement à ce qu’a déclaré sur Twitter la député La France Insoumise, Mathilde Panot. Il n’est en réalité pas le premier président à avoir agi de la sorte. En 2009, l’UMP avait utilisé une photo de Nicolas Sarkozy pour faire campagne avec le slogan « Quand l’Europe veut, l’Europe peut ».

Emmanuel Macron n’est pas le premier président français à utiliser son image pour soutenir son parti aux élections européennes. Crédits : DR
  • « Le « droit européen » autorise l’Etat à « tuer des manifestants » en cas d’émeute »

Le droit européen autoriserait un Etat membre à tuer des manifestants en cas d’émeute. C’est bien sûr une information fausse mais qui circule massivement sur des groupes Facebook. Elle provient d’un blog nommé « Réveillez-vous » et notamment d’un article écrit par une certaine Jeanne. Celle-ci affirme que « c’est pourtant écrit noir sur blanc dans un traité européen ». Le traité mentionné dans l’article est la Convention européenne des droits de l’homme. Loin de donner un quelconque « permis de tuer » aux Etats, celui-ci consacre en fait, le droit à la vie.

« La Convention européenne des droits de l’Homme dit exactement l’inverse de ce que dit ce blog. L’article 2 reconnaît le droit à la vie, qui est un droit fondamental, le premier droit à devoir être respecté tant par les individus que les autorités », explique la professeure de droit public Marie-Laure Basilien-Gainche, interrogée par 20 minutes. L’article mentionne effectivement un « recours à la force rendu absolument nécessaire » et précise que la répression d’une émeute doit se faire « conformément à la loi ». Elle doit donc respecter le cadre légal de chaque État-membre.

Cette intox a été partagé par une cinquantaine de groupes Facebook, dont le groupe Anonymous France. Celui-ci, suivi par plus d’un million de personnes a donné une importante visibilité à l’article de ce blog.

Alors que des initiatives pour lutter contre les fausses informations sont créées, l’agence de cybersécurité américaine SafeGuard a publié mercredi 8 mai un rapport mettant en exergue la prolifération sur internet de fausses informations sur le scrutin européens. La lutte contre les fake news est donc loin d’être terminée.

Sylvia Bouhadra