Attaque au couteau : Christophe Castaner fragilisé

Le ministre de l’Intérieur sera entendu jeudi, à 9h, par la commission des Lois du Sénat, une semaine après l’attaque qui a fait quatre morts à la préfecture de police de Paris.

Depuis l’attaque au couteau qui a touché jeudi la préfecture de police de Paris, Christophe Castaner est sous le feu des critiques. Il avait en effet déclaré, peu après la tuerie, que l’assaillant, Mickaël Harpon, « n’avait jamais présenté de difficultés comportementales » ni « le moindre signe d’alerte ».

Informations démenties quelques jours plus tard avec la parution d’un rapport de la direction du renseignement, qui indique que des signes de radicalisation ont été rapportés dès 2015, après l’attaque contre Charlie Hebdo.

« Je suis affirmatif dans le fait qu’aucun signe n’était apparu dans le dossier administratif de l’individu qui laisse penser qu’il puisse être radicalisé. Je vous le redis et je le dis hélas car si un signe était apparu, peut-être aurions nous pu éviter cela », s’est défendu le ministre de l’Intérieur.

Qui veut la démission de Christophe Castaner ?

Les Républicains (LR) et le Rassemblement National (RN) souhaitent l’ouverture d’une commission d’enquête à l’Assemblée nationale.

« L’affaire est très grave », souligne Christian Jacob (LR). Il faut la prendre « très au sérieux parce qu’elle engage la sécurité, l’efficacité de nos services de renseignement », a-t-il insisté.

Pour Marine Le Pen (RN), une commission d’enquête pourrait permettre « d’établir l’ensemble des responsabilités, dans ce qui apparaît déjà comme un scandale d’État, alors que des membres de la DDRP (ndlr : Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris) évoquent des pressions pour ne pas évoquer les alertes antérieures sur la radicalisation » de l’auteur de la tuerie.

Christophe Castaner dénonce un « procès politique » à son égard. « C’est un dysfonctionnement d’Etat. Un scandale d’Etat, je ne sais pas à quoi ça correspond », a déclaré le ministre de l’Intérieur.

Dimanche sur TF1, le ministre de l’Intérieur, qui conserve le soutien du Premier ministre Edouard Philippe, a déclaré que la question de sa démission ne se posait pas.

Plusieurs auditions parlementaires

Mardi, Christophe Castaner devra s’expliquer à huis clos devant la délégation parlementaire au renseignement, selon son président Christian Cambon.

Jeudi, une commission sénatoriale, présidée par le sénateur LR Philippe Bas, se penchera sur les « conditions ayant permis le déroulement » de cette attaque, ainsi que sur les « éléments relatifs à la radicalisation de son auteur » et les « signes qui auraient pu faire apparaître cette radicalisation dans le cadre professionnel ».

Le ministre de l’Intérieur sera interrogé sur « les conséquences qui en ont été tirées » et « sur les mesures administratives prises ou envisagées à l’égard des individus qui ont contribué à cette radicalisation ».

Ces attaques fragilisent encore un peu plus Christophe Castaner. Précédemment c’est sa gestion des violences en marge des manifestations des Gilets jaunes qui avait été critiquée, ou encore sa communication sur la disparition de Steve à Nantes.

L’Etat condamné suite au viol et à l’assassinat d’une adolescente

L’Etat a été condamné pour « faute lourde » dans l’affaire Agnès Marin, adolescente violée et assassinée en 2011 en Haute-Loire par un de ses camarades, scolarisé au lycée Cévenol après avoir été remis en liberté dans une affaire de viol, a-t-on appris ce mercredi de source judiciaire.

Dans un jugement rendu le 24 avril, le tribunal de grande instance de Paris a estimé que des « fautes » ont été « commises lors de la mise en liberté » du jeune homme. L’Etat a été condamné à verser 185.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime. Aux assises, le jeune homme, prénommé Matthieu, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en première instance comme en appel. Une peine rarissime pour un accusé mineur au moment des faits.

Le 18 novembre 2011, le corps carbonisé d’Agnès Marin, 13 ans, élève de troisième au collège-lycée Cévenol, établissement privé du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), avait été retrouvé dans une forêt alentour sur les indications de Matthieu, placé en garde à vue la veille. Outre des violences sexuelles, l’autopsie avait révélé 17 coups de couteau. Âgé alors de 17 ans, le jeune homme avait intégré le collège, qui a depuis fermé ses portes, dans le cadre d’un contrôle judiciaire strict, après quatre mois de détention provisoire pour le viol, sous la menace d’une arme, d’une camarade de 15 ans dans le Gard. La famille d’Agnès Marin avait engagé des poursuites contre l’Etat, reprochant au juge d’instruction d’avoir précipitamment ordonné la remise en liberté du jeune homme, sans attendre les conclusions de l’enquête socio-éducative, ni celle de l’expertise psychiatrique.

Alice Pattyn