L’Éducation Nationale en grève pour de meilleures conditions de travail

Alors que la rentrée des classes a eu lieu il y a à peine trois semaines, les enseignants du primaire et du secondaire sont appelés à la grève le 23 septembre partout en France. Leurs revendications : une meilleure protection contre l’épidémie dans les écoles, une hausse des effectifs et une revalorisation des salaires.

Il y a un véritable « déni de réalité » de la part du gouvernement. Quatre syndicats, CGT, FO, FSU et Sud Education, ont lancé un appel national à la grève ce jeudi 23 septembre. Les cortèges défileront dans l’après-midi partout en France pour dénoncer, entre autres, le manque de personnel dans les établissements scolaires et l’impréparation critique face au coronavirus lors de la rentrée de septembre 2021.

« Nos organisations appellent la profession à se mobiliser afin d’exiger un plan d’urgence pour le service public d’Éducation » ont écrit conjointement les syndicats dans un communiqué d’appel à la grève. D’après eux, le système éducatif manque à la fois cruellement de moyens et de mains parmi les métiers comme professeurs, CPE ou encore surveillants.

Hausse des salaires

Une des revendications centrales qui sera défendue lors de cette journée de mobilisation : la revalorisation des salaires. Un sujet très discuté dernièrement dans l’actualité, alors que la candidate du Parti Socialiste à la présidentielle 2022, Anne Hidalgo, a proposé le doublement des salaires des jeunes professeurs.

Le salaire moyen des enseignants en France se situe en effet dans la moyenne basse des pays de l’Union européenne et des Etats de l’OCDE. Après quinze ans d’expérience, les enseignants du primaire et secondaire touchent en moyenne 35 000 euros par an, ce qui fait de la France le 21ème pays de l’OCDE sur ce critère. De son côté, Jean-Michel Blanquer a fixé pour objectif qu’aucun professeur ne gagne moins de 2000 euros par mois d’ici 2024.

Lutte contre l’épidémie

Les syndicats appellent également le gouvernement à mieux les protéger dans l’exercice de leur métier. Depuis le début de la crise sanitaire, les écoles sont restées très majoritairement ouvertes sur le territoire, exposant de fait les salariés de l’Éducation nationale au virus de manière importante. D’autant que la couverture vaccinale des jeunes de moins de 18 ans en France est encore relativement faible à l’heure actuelle.

Certes, les syndicats se réjouissent « que les élèves bénéficient sans rupture de la socialisation et de l’enseignement-apprentissage dans un cadre scolaire non virtuel » , peut-on lire dans le communiqué de la CGT. Mais pour autant, ils réclament des protections sanitaires supplémentaires : « capteurs de CO2, purificateurs d’air, masques FFP2, masques gratuits pour les élèves, matériel de protection spécifique pour les AESH, campagnes de test dans les écoles et établissements ».

Maintien du baccalauréat

Autre revendication : celui du maintien du baccalauréat en tant qu’examen. Cela fait deux années consécutives, en juin 2020 et juin 2021, que l’examen du baccalauréat n’a pas lieu de manière conventionnelle, mais en grande partie par contrôle continu.

Les syndicats réclament la fin de la généralisation du contrôle continu comme évaluation des terminales pour valider leur bac. Ils veulent, en outre, le retour des épreuves nationales en présentiel et anonymes.

 

Joséphine Boone

Transports, économie, éducation… ce que l’on sait à la veille de l’annonce du plan de déconfinement

Après plusieurs semaines de concertation, le gouvernement s’apprête à présenter son plan de déconfinement mardi devant les députés.  L’occasion de revenir sur les mesures déjà annoncées par l’exécutif sur le sujet.

Frontispice de l’Assemblée nationale à Paris(MomentaryShutter/Flickr)

Le lundi 13 avril, le président de la République avait promis qu’un plan de déconfinement serait présenté à l’Assemblée nationale « d’ici quinze jours ». Deux semaines jour pour jour après cette déclaration, Édouard Philippe et Jean Castex, le « M. Déconfinement » du gouvernement, vont présenter la « stratégie nationale » qui devrait permettre aux Français de sortir progressivement de chez eux à partir du 11 mai et de lutter contre l’épidémie de coronavirus. Les mesures serviront à uniformiser les annonces faites ces dernières semaines par les membres du gouvernement. Petit bilan pour s’y retrouver.

  • Transports 

C’est un casse-tête que doit résoudre Élisabeth Borne : comment faire respecter la distanciation sociale dans les transports en commun ? Le déconfinement devrait passer par une augmentation du trafic, fortement réduit depuis la mise en place du confinement pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. « On est entre 10 % et 30 % de l’offre normale de transports en Île-de-France et en région », affirme la ministre de la Transition écologique. En ajoutant « qu’il faut remonter au maximum » tout en s’assurant « qu’il n’y ait pas trop d’affluence dans les transports ». Pour essayer de résoudre ce dilemme, la ministre propose de maintenir le télétravail quand cela est possible et de privilégier le vélo. L’objectif est d’éviter la surcharge de passagers aux heures de pointe.

Élisabeth Borne est aussi revenue sur l’aide de 7 milliards d’euros accordée par l’État à Air France. « Ce n’est pas un chèque en blanc », a t-elle prévenu. La ministre souhaite que la compagnie aérienne réduise « les émissions de CO2 par passager, de 50% les émissions de CO2 sur les vols domestiques d’ici 2024, via l’utilisation de biocarburant ». Six semaines après le début du confinement, 95% du trafic de l’entreprise est à l’arrêt laissant craindre des plans de départs chez les salariés.

  • Économie

En plus d’un prêt à Air France, le gouvernement à débloqué 5 milliards d’euros pour soutenir le constructeur automobile Renault. Le prêt sera « garanti par l’État » a confirmé Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie a aussi déclaré que qu’une décision concernant les bars et les restaurants ne serait pas prise avant « fin mai« . L’accès au fonds de soutien mis en place par le gouvernement sera élargi aux entreprises employant jusqu’à 20 salariés et réalisant jusqu’à deux millions d’euros de chiffre d’affaires dans l’hôtellerie et la restauration, fermées en raison du Covid-19, a annoncé également Bruno Le Maire. En outre le montant de l’aide sera doublé à 10 000 euros pour « l’ensemble de ces entreprises ». Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a aussi annoncé la suspension des charges pour ces secteurs entre mars et juin. « C’est une annonce importante pour un secteur qui souffre«  a ajouté le ministre.

Les députés et le sénateurs ont par ailleurs adopté un nouveau plan de soutien à l’économie pour surmonter la crise. Jeudi 23 avril, le Parlement a définitivement adopté le deuxième projet de loi de finances rectificative (PLFR) présenté par l’exécutif en un mois. Le texte a plus que doublé l’enveloppe du plan de soutien à l’économie, à 110 milliards d’euros – dont plus de 40 milliards de dépenses publiques, le reste consistant en des reports de charges et garanties de prêts. Le gouvernement n’exclut pas un troisième plan en fonction de l’évolution de la crise.

  • Éducation

La réouverture des écoles le 11 mai s’accompagne d’une certaine cacophonie. Jean-Michel Blanquer avait déclaré que « tout le monde ne rentrera pas au même moment », anticipant une rentrée en décalée selon les classes. Le ministre de l’Education nationale a également indiqué que les classes devraient se faire à partir du 11 mai par petit groupe de 15 élèves au maximum. L’Élysée a précisé dans la foulée que la rentrée se ferait sur la base du volontariat, un véritable casse-tête pour les élus locaux.

Les épreuves du brevet et du baccalauréat ne pourront avoir lieu. Pour le brevet, la moyenne des notes obtenues pendant les trois trimestres sera retenue, à l’exception des notes obtenues pendant la période de confinement. Concernant le bac toutes les épreuves sont suspendues au profit du contrôle continu à l’exception des oraux de français pour les élèves de première.  Les candidats libres et les élèves du privé hors contrat, eux, pourront se présenter à la session de septembre. Il y aura un rattrapage courant juillet pour les élèves entre 8 et 10 de moyenne.

Etienne Bianchi

PORTRAIT – Stage de fin d’études, les embûches du confinement

La crise sanitaire du coronavirus qui a conduit au confinement des Français provoque des situations délicates dans les cursus universitaires. Confiné près de Lorient, Nicolas Licari en dernière année de Master tente de décrocher un stage de fin d’études, indispensable pour valider sa formation et obtenir son diplôme.

Nicolas Licari (Crédits : L.D.)

Tee-shirt bleu marine et jean sombre, les 26 ans tout juste fêtés, Nicolas Licari, étudiant, cultive l’allure d’un garçon fougueux mais soucieux de son avenir. La discussion se tient sur la terrasse de la maison familiale, café et cigarettes sur le teck fané de la table du salon de jardin.

« Il me restait un mois et demi de cours suivi d’un stage de fin d’études et en décembre, après la remise des diplômes, je devais faire mon entrée dans le monde du travail. Aujourd’hui c’est difficile de se projeter. »

Avec la pandémie du coronavirus et l’annonce du confinement, tous les calendriers ont été bouleversés. Une situation angoissante et inédite où étudiants, écoles et entreprises naviguent à vue.

Un climat d’incertitudes

 « L’école a très vite réagi. Dès le lundi qui a suivi le confinement nous avions cours à distance via Teams ou Zoom. Pour ceux n’ayant pas internet chez eux, les cours sont enregistrés pour permettre le revisionnage », souligne l’étudiant. Si les enseignements théoriques devraient bien se terminer dans les temps, pour valider son cursus en finance de marché et investissement, Nicolas doit réaliser un stage de 4 à 6 mois en entreprise et là cela s’annonce plus compliqué.

« J’avais anticipé en postulant à plusieurs offres d’emploi. La semaine précédant l’annonce du confinement, j’avais eu trois entretiens dans trois entreprises différentes, pour moi c’était gagné. »

Mais la mise à l’arrêt d’une grande partie du pays et le manque de visibilité concernant l’après-Covid-19 a conduit de nombreuses entreprises à suspendre leur activité et de fait, les processus de recrutement, provoquant ainsi l’inquiétude de beaucoup d’étudiants. « Le mardi après-midi, un recruteur m’a rappelé pour me prévenir qu’ils annulaient tous les recrutements ne sachant pas vers quoi ils avançaient eux-mêmes… et je les comprends, difficile de prendre des stagiaires quand on ferme boutique ou qu’on licencie », explique Nicolas.

Élargir ses recherches à d’autres métiers dans son domaine d’études ? L’étudiant espère encore pouvoir l’éviter : « Un stage de fin d’études détermine aussi notre avenir, ça débouche souvent sur un CDI et je n’ai pas envie de revoir à la baisse mes exigences et attentes ».

Si Nicolas ne privilégie pas cette solution, certains de ses camarades de promotion s’y sont déjà « résignés » : « lls ont postulé en marketing ou en audit, des postes pour lesquels on a été formés mais qui ne sont pas ceux que j’espérais en choisissant une spécialité en finance de marché. » 

Différer les remboursements de prêts

Face à ce véritable casse-tête, son école de commerce Skema, a décidé de décaler ces stages pour permettre aux étudiants de réaliser cette expérience professionnelle déterminante dans leur formation. « Un moindre mal », pour Nicolas, « mais ce n’est pas la solution ». Comme d’autres étudiants, la question financière est un enjeu de taille.

« Pour financer mes études, j’ai contracté un prêt auprès d’une banque. Les premiers remboursements étaient prévus début juin. Sans garantie d’avoir un stage d’ici là, impossible de verser 800 euros tous les mois. »

Alors que le gouvernement planche sur un plan d’aide pour les étudiants et apprentis, plusieurs banques proposent d’ores et déjà des reports mais aussi de nouvelles offres de prêts à destination des étudiants. Nicolas s’est donc tourné vers la sienne afin de différer le remboursement de son prêt « qui est reporté à février 2021 », ajoute-t-il.

« Tout n’est qu’une question de timing »

Oser ou ne pas oser contacter les recruteurs, la question reste entière. Pendant le confinement, trouver le bon moment, le bon phrasé pour continuer malgré tout à candidater n’est pas chose aisée.

« Il faut réussir à exprimer que l’on a conscience de la gravité de la situation et du manque de visibilité qu’elle engendre pour les entreprises, tout en essayant de susciter l’intérêt auprès des recruteurs, on marche sur des œufs dans chacun de nos mails. »

Postuler à de nouvelles offres mais aussi « relancer d’anciennes pistes », poursuit Nicolas. « Le responsable du recrutement de l’un des postes pour lequel j’avais été retenu avant le confinement, m’a indiqué par mail que le processus était suspendu. Il espérait une reprise fin mai et m’a encouragé à le solliciter si j’étais toujours intéressé », ajoute l’étudiant.

Nicolas guette donc d’un œil inquiet et impatient le moment du déconfinement. « Désormais tout n’est qu’une question de timing. Alors qu’on est habituellement les seuls à rechercher des stages pour la période mai-septembre, là on va se retrouver en concurrence avec le reste des écoles sur un laps de temps très court… les places vont être chères », regrette-t-il.

Maintien de la date de délivrance des diplômes pour ne pas pénaliser

Un timing d’autant plus angoissant qu’il conditionne l’arrivée des étudiants sur le marché de l’emploi.

« Arrivé en cinquième année d’études, je n’imaginais pas devoir reporter mon entrée dans le monde professionnel. Quelques mois de plus, ça peut paraître dérisoire mais mentalement c’est un vrai coup dur. »

Pour limiter autant que possible le décalage de la formation lourd de conséquences, le directeur du Master de finance de marché et investissement à Skema a décidé de maintenir la délivrance des diplômes à décembre 2020. Le responsable de la formation a indiqué que les jurys se tiendront à la date initialement prévue, même si les stages ne sont pas terminés, afin de faciliter la transition des étudiants vers de possible propositions d’emploi.

La directrice générale de Skema Business School, Alice Guilhon, avec deux autres dirigeants d’école de management, a quant à elle signé une tribune pour une relance des contrats de stage et d’alternance dès la fin du confinement. « L’école se veut rassurante et essaye d’être vraiment disponible pour répondre à nos interrogations, mais les incertitudes sont trop nombreuses pour pouvoir se projeter dans l’avenir sereinement », soupire Nicolas.

 

Léa Deschateaux

Le projet de loi Blanquer arrive au Sénat sur fond de défiance

L’examen du projet de loi « pour une école de la confiance », débute mardi 14 mai au Sénat. Déjà adopté en première lecture par l’Assemblée nationale en février, le texte provoque une défiance et des craintes chez les parents d’élèves et les enseignants.

Jean-Michel Blanquer s’est exprimé au Sénat devant le Sénat mardi. (Illustration) / Crédits : S.Kerlidou – Flickr

Alors que le projet de loi « pour une école de la confiance » sera au programme des sénateurs pendant trois jours avant un vote solennel mardi prochain, les syndicats d’enseignants grondent. Répondant à un appel à la mobilisation, parents d’élèves et professeurs se sont rassemblés mardi devant le Palais du Luxembourg pour dénoncer des mesures jugées inquiétantes.

Le ministre de l’Education nationale a tenu à défendre son texte devant les sénateurs. C’est « une loi pour l’éducation et une loi profondément sociale », a-t-il déclaré mardi à la haute chambre. Il a dit entendre « les craintes » et souhaité que la discussion au Sénat permette de « rectifier certaines erreurs et mensonges » apparus ces dernières semaines. S’il souhaite  « faire de la France une grande puissance éducative » il a expliqué néanmoins que « cette loi ne prétend pas résoudre tous les problèmes ».

Pour le rapporteur de la commission de la Culture et de l’Education Max Brisson, il faut « un débat à la hauteur » qui « porte sur l’essentiel ». Il a néanmoins eu des mots durs en parlant d’un texte qui « manque de souffle ». Les sénateurs de droite comme de gauche fustigent « un manque de concertation, de dialogue » pour expliquer la défiance suscitée par ce texte, largement amendé par les députés. Si la mesure phare du projet de loi concernant l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire, passant de six à trois ans fait consensus, certaines proposition ne font pas l’unanimité.

  • Des propositions qui font débat

Parmi les mesures qui ont provoqué les critiques et inquiétudes, celle qui fixe un devoir d’exemplarité des enseignants. Les enseignants s’alarment en effet du dirigisme du ministre de l’Education nationale. « L’exemplarité est une notion morale, qui peut susciter la suspicion », a argumenté Marie-Pierre Monier (PS) auprès de France Info.

Deux événements récents inquiètent sur cette menace adressée aux enseignants : un directeur d’école réprimandé par sa hiérarchie après une interview radio, et une députée qui réunit inspecteurs d’académie et directeurs. « L’article 1 ne vise pas à museler les professeurs mais à rappeler les devoirs des fonctionnaires », s’est défendu Jean-Michel Blanquer auprès des sénateurs.

Les professeurs fustigent également certaines propositions anecdotiques comme la présence du drapeau français dans les écoles.

Les syndicats appellent à maintenir les mobilisations à travers la France.

Sylvia Bouhadra