La Cour des comptes appelle à plus de mixité sociale dans l’enseignement privé sous contrat

La Cour des comptes a rendu ce jeudi un rapport sur l’enseignement privé sous contrat. Elle y déplore un manque de mixité sociale dans ces établissements et préconise de renforcer leur dialogue avec l’État.

En France, 17,6% des élèves scolarisés le sont dans un établissement privé sous contrat. Crédit : Pixabay

Pour la première fois, la Cour des comptes a rendu ce jeudi 1er juin un rapport sur l’enseignement privé sous contrat. Le secteur, qui représentait 2 millions d’élèves et 7 500 établissements en France à la rentrée 2022, perçoit 10 milliards d’euros d’argent public, dont 8 milliards versés par l’État.

Les Sages de la rue Cambon déplorent un dialogue de gestion « presque inexistant », notamment sur la mixité sociale, et appelle à « rénover en profondeur » les relations entre l’État et les établissements privés. L’objectif : que le privé soit « davantage mobilisé au service de la performance éducative et de la mixité sociale ».

Des inégalités qui se creusent dans le privé

Le régime de l’enseignement privé sous contrat, créé par la loi Debré du 31 décembre 1959, prévoit la rémunération des professeurs par l’Éducation nationale et exige certains engagements des établissements, notamment la conformité aux programmes définis par le ministère de l’Éducation.

Cependant, ces écoles sont payantes et peuvent choisir leurs élèves, ce qui implique des inégalités d’accès à ces établissements selon la classe sociale des élèves. La mixité sociale est effectivement en « net recul » en France ces dernières années : les élèves de familles très favorisées, qui constituaient 26,4% des effectifs de l’enseignement privé sous contrat en 2000, représentaient 40,2% des effectifs en 2021.

Ce rapport intervient quelques semaines après que le ministre de l’Education, Pap Ndiaye, ait signé un protocole avec l’enseignement catholique, par lequel le privé sous contrat s’engage notamment à augmenter la part de ses élèves boursiers. Cependant, aucune obligation n’est prévue pour le moment.

Marie Scagni

Un abbé intégriste accusé de viols sur trois enseignantes

Le procès d’un abbé intégriste accusé de « viols » et « viols avec actes de barbarie » sur trois enseignantes d’une école privée vient de s’ouvrir ce mardi à la Cour d’assises des Yvelines. L’abbé dirigeait l’école privée où les victimes enseignaient. L’avocat des victimes, Me François Souchon, souhaite un procès à huis clos. Seuls l’ouverture du procès et le verdict seront publics.

Le religieux, âgé de 43 ans, avait été mis en examen et écroué en avril 2014 pour des actes présumés commis au sein de l’école Notre-Dame de la Sablonnière à Goussonville, près de Mantes-la-Jolie. L’établissement est proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, mouvement traditionaliste lefebvriste en rupture avec l’Eglise catholique depuis 1988.

La justice accuse l’ancien directeur de l’école d’avoir violé à l’automne 2010 trois enseignantes et de leur avoir fait subir des sévices, notamment à l’aide d’une brosse à dents, de ciseaux ou encore d’aiguilles à tricoter. Il aurait usé de son « influence spirituelle » sur ces trois femmes, pour leur faire subir des séances d’exorcisme où il mimait l’acte sexuel, avait révélé Le Parisien. D’autres faits se seraient déroulés au domicile des parents de l’accusé, dans la Manche, selon une source proche du dossier.

L’accusé conteste les faits selon son avocat, Me Jérôme Triomphe.

L’évêché de Versailles avait précisé en 2014 n’avoir « aucun lien avec ce mouvement »« être profondément attristé pour les victimes » et « blessé que la figure du prêtre soit salie ».

L’abbé a été placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines). Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Seulement deux des trois victimes sont présentes à l’audience. Elles se sont portés partie civile. Le jury est composé essentiellement de femmes. Le verdict sera rendu vendredi.

Alice Pattyn