Le comédien français Jean Rochefort est décédé

Jean Rochefort, lors de la cérémonie des Césars en février 2014. crédit : Georges Biard
Jean Rochefort, lors de la cérémonie des Césars en février 2014.
(Crédit : Georges Biard)

 

Le comédien français Jean Rochefort est décédé dans la nuit de dimanche à lundi. L’acteur avait 87 ans.

L’acteur français Jean Rochefort était l’une des figures populaire du cinéma français. Il est mort dans la nuit de dimanche à lundi. C’est sa fille Clémence qui a annoncé lundi en fin de matinée son décès dans un hôpital parisien.

Le comédien avait été hospitalisé en août dernier pour une intervention chirurgicale. Il avait 87 ans.

Dans les années soixante-dix, il s’était spécialisé dans le registre comique. Sa dernière apparition sur le grand écran datait de 2015, avec le film Floride, dans lequel il jouait le père de Carole, incarné par Sandrine Kiberlain, atteint de la maladie d’Alzheimer.

Dans une interview au Journal Du Dimanche datée du 9 août 2015, il avait déclaré « Je ne rêve pas de mourir sur scène. » Quand on lui demande s’il a peur de la mort, il répond alors : « Je la sens venir, et il y a des moments où je suis content qu’elle arrive. Le corps le demande, et la tête parfois aussi. Mais on n’a pas envie de faire du chagrin aux autres. »

Les éloges viennent de toutes parts, notamment sur les réseaux sociaux.

Des hommages qui permettent de voir ou de revoir ses apparitions les plus remarquables.

 

Louise Boutard

Un arc-en-ciel sur la Croisette

La Queer Palm a rejoint la liste des récompenses du festival de Cannes en 2010. Elle a été créée par le journaliste Franck Finance-Madureira pour  que les films aux thématiques LGBT gagnent en visibilité et en reconnaissance.

Moonlight, de Barry Jenkins, Oscar 2017 du meilleur film (image libre de droits)
Moonlight, de Barry Jenkins, Oscar 2017 du meilleur film (image libre de droits)

Le film 120 battements par minute de Robin Campillo, a créé la sensation au début de la 70ème édition du festival de Cannes. Ce long-métrage retrace l’histoire de la lutte militante d’Act-Up au moment de la progression mortifère du SIDA dans les années 90. Ce film est en compétition officielle mais a également été sélectionné pour la Queer Palm. Cette récompense a été créée en 2010 par le journaliste Franck Finance-Madureira. “En créant cette palme, nous voulions dire aux gens qui en sont pas concernés de près par ces sujets, que ce sont des bons films”, explique le fondateur de la Queer Palm. La sélection des films est faite à partir des autres catégories de films et le simple fait de choisir certains films plutôt que d’autres implique l’existence d’une spécificité queer : “Les caractéristiques principales qui nous permettent de sélectionner les films, c’est d’aborder un des sujets de la sphère LGBT et de casser les codes de genre”.
Depuis une dizaine d’années, les films queer gagnent en visibilité, notamment en France avec L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie et La vie d’Adèle d’Abellatif Kechiche (2013). Mais Franck Finance-Madureira considère qu’il y a encore des efforts à faire :  “Ces films arrivent à être un peu plus visibles parce que les mentalités évoluent. Par exemple, Carol de Todd Haynes a eu du succès mais n’a pas eu d’Oscar majeur. Moonlight de Barry Jenkins a faire mentir l’adage en recevant l’Oscar du meilleur film”.
Dans ses “Notes on Camp”, en 1964, Susan Sontag écrivait : “Les homosexuels ont fondé leur intégration dans la société sur la mise en valeur de leur sensibilité artistique”. L’existence de la Queer Palm confirme plus que jamais cette réflexion.

Anaëlle De Araujo & Jean-Gabriel Fernandez

« Tunnel », un thriller haletant, dernier né du cinéma sud-coréen

Combien vaut la vie d’un seul homme ? C’est toute la question soulevée par Tunnel, dernier long-métrage du réalisateur sud-coréen Kim Seong-hun, sorti ce mercredi en salles.

Tunnel

Après un passage remarqué au Festival de Cannes pour Hard day, en 2014 le réalisateur sud-coréen Kim Seong-hun revient avec Tunnel, un film catastrophe spectaculaire, avec, en filigrane une critique acerbe de la société sud-coréenne.

Jung-soo (interprété par Ha Jung-woo aussi vu dans Mademoiselle) est un jeune cadre sud-coréen prospère. Alors qu’il s’apprête à rejoindre femme et enfant pour fêter un anniversaire, il se retrouve piégé six pieds sous terre suite à l’effondrement d’un tunnel, dans lequel il était a priori seul à rouler. Il comprend rapidement qu’il va falloir s’armer de patience avant que les sauveteurs ne parviennent à l’extirper de la montagne de décombres. Avec pour seul soutien un Smartphone au stock de batterie limité, Jung-soo devient un homme en sursis, pris au piège.

 

Véritable succès en Corée, le film a réuni plus de 7 millions de spectateurs, se plaçant directement à la deuxième place du box office, une preuve de plus que le cinéma sud-coréen a le vent en poupe. C’est en effet l’un des seuls à parvenir à concurrencer le cinéma américain sur son propre territoire.

Un film de genres

Tunnel s’inscrit avant tout dans la catégorie du film catastrophe. L’effondrement du tunnel survient dès les premières minutes du film. Moins radical que Buried de Rodrigo Cortès, Tunnel reprend néanmoins le motif anxiogène de « l’enterré vivant. » Mais contrairement à Buried, le film de Seong-hun, n’est pas entièrement en huis clos. Le spectateur prend des bouffées d’air frais grâce aux séquences à la surface où le réalisateur met en scène l’hystérie des secours et des médias. C’est l’un des tours de force du film : proposer deux visions de l’événement. Le spectateur vit alors le drame tantôt du côté de la victime, tantôt du côté des secours.

Mais Tunnel ne s’en tient pas à son statut de film catastrophe. Mélanger avec brio les films de genres est d’ailleurs une grande spécialité du cinéma sud-coréen. Aussi, Kim Seong-hun parvient à faire cohabiter séquences irrespirables et passages frisant le burlesque.

Le réalisateur a également porté un soin tout particulier à la composition de ses personnages. Aussi, le spectateur s’identifie très vite à Jung-soo, homme ordinaire dont le véritable caractère se révèle au gré des coups du sort. Si c’est le personnage principal qui porte le film, Kim Seong-hun n’a pas pour autant négligé ses seconds rôles. La performance de l’acteur Oh Dal-Su en policier exemplaire est particulièrement convaincante, et vient renforcer le sentiment que les responsables politiques sont corrompus et négligents.

Une critique du gouvernement et des médias

Ce film vient faire écho à une successions de faits divers qui ont couté la vie à plus d’un millier de Coréens : effondrement d’un centre commercial, d’un pont ou plus récemment naufrage d’un ferry. Tunnel est aussi l’occasion pour le réalisateur de filmer l’engrenage d’un système défaillant pris dans une course effrénée à la rentabilité. L’accident est ici causé par la négligence des dirigeants politiques et des entreprises du bâtiment qui ont préféré faire des économies plutôt que de s’assurer de la solidité de la construction. Alors que le fait divers relaté par le film prend une ampleur nationale, les médias se révèlent également particulièrement perfides, prêts à tout pour une exclusivité.

Authenticité du décor, justesse des acteurs, rebondissements propices et effets spéciaux convaincants, le film parvient à tenir le spectateur en haleine pendant les deux heures de spectacle. Jung-soo verra-t-il finalement le bout du tunnel ?

 

Clothilde Bru

Cannes : la Semaine de la critique, machine à détecter les nouveaux talents

Révélé hier, le palmarès de la sélection officielle cannoise aurait presque éclipsé les lauréats des sélections parallèles. Ce que l’on peut retenir du Festival de Cannes ne s’arrête pourtant pas à la Palme d’or. En témoigne cette année encore la discrète mais néanmoins très plaisante Semaine de la Critique. Retour sur une sélection moins médiatique.

 

Devant l’entrée de l’espace Miramar, à quelques centaines de mètres du palais des Festivals, Alejandro González Iñárritu fume cigarette sur cigarette alors que son premier film est projeté devant une audience encore indécise.

Suffisamment proche des fameuses marches pour en rêver un peu, trop loin de la compétition officielle pour se l’imaginer vraiment, le quartier général de la Semaine de la Critique reste assez méconnu.

C’est là, pourtant, que le réalisateur mexicain a pour la première fois séduit un jury de festival. Le 21 mai 2000, Iñárritu remporte le Grand Prix de la Semaine de la Critique pour son long métrage Amours Chiennes ; quinze ans plus tard, il gagnait l’Oscar du meilleur réalisateur.

 

Une sélection parallèle centrée sur les nouveaux talents

 

« C’est un formidable tremplin, et ça m’a permis d’apprendre à gérer l’angoisse », confiait cette année Iñárritu à propos de la Semaine de la Critique. Depuis 1962, cette sélection parallèle consacre ses ressources à la découverte de jeunes cinéastes, de formes novatrices et de sujets hétéroclites. Délaisser les strictes structures et les noms légendaires, voilà la vocation de la Semaine de la Critique, qui ne sélectionne que des premiers ou seconds films.

 

 

Présidé cette année par l’actrice et réalisatrice Valérie Donzelli (La guerre est déclarée), le jury a sélectionné sept longs-métrages et dix courts au total. Peu connus mais déjà repérés, les jeunes réalisateurs en compétition ont pour point commun une réelle volonté de créer leur cinéma de demain. Victoria, de Justine Triet, est ainsi parvenu à marquer spectateurs et critiques lors de la projection d’ouverture. « Rythmé, drôle et esthète », selon les mots de Télérama, cette tragi-comédie française a brillamment annoncé le ton de la Semaine de la Critique.

 

Comme Philippe Garrel, Jacques Audiard, Wong Kar-wai ou Ken Loach avant eux, les réalisateurs sélectionnés pour cette édition 2016 avaient là l’occasion de mettre un pied dans la cour des grands.

C’est cette année Oliver Laxe, pour son film Mimosas, qui a obtenu le Grand Prix Nespresso, distinction suprême de la Semaine de la Critique. Le long-métrage du réalisateur espagnol narre le périple mystique d’un homme mourant, à travers les montagnes de l’Atlas, au Maroc. Fort de ses questionnements métaphysiques, ses décors grandioses et sa mise en scène léchée, Mimosas a su éblouir le jury de la sélection parallèle.

 

 

Au palmarès, Albüm de Mehmet Can Mertoglu remporte lui le Prix Révélation, tandis que le court-métrage Prenjak, du jeune Wregas Bhanuteja, décroche le Prix Découverte. Quand le premier dresse le portrait au vitriol de la Turquie d’aujourd’hui, le second dépeint en douze minutes chrono l’une des faces cachées de la société indonésienne.

 

 

À respectivement vingt-trois et vingt-sept ans, les deux réalisateurs ont tous deux choisi de proposer des films incarnés, locaux et personnels, qui ont su convaincre. Il leur reste désormais à parcourir ces quelques cinq-cent mètres qui les séparent de la Palme d’or.

 

 

Agathe Touny-Puifferrat