Qui est Cardi B, la rappeuse n°1 aux Etats-Unis ?

L’Américaine de 25 ans cartonne avec son morceau, « Bodak Yellow« . Elle s’impose désormais comme l’artiste rap féminine la plus populaire outre-atlantique. 

La rappeuse Cardi B (c) The Source / Wikipedia
(c) The Source / Wikipedia

« I’m the hottest in the street, know you prolly heard of me » (je suis la plus populaire, je sais que vous avez probablement entendu parlé de moi) dégaine Cardi B dans son hit, « Bodak Yellow ». Elle ne croyait pas si bien dire. Depuis trois semaines, la rappeuse new-yorkaise squatte la première place du Hot 100 du Billboard, le classement des chansons, avec ce single. Cardi B est la deuxième artiste rap à atteindre cette place. Avant elle, il y a eu Lauryn Hill avec le morceau culte « Doo Woo (That Thing) », il y a 19 ans.

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Jeune femme de son époque, pour Cardi B, le succès est venu avant la musique. Il y a eu le strip-tease, dans un club new-yorkais du Bronx. « Je suis devenue strip-teaseuse pour m’échapper de mon petit-ami violent« , confie-t-elle. Déjà, elle se sert de son corps et de son image pour s’émanciper. La jeune femme acquiert une petite célébrité locale qu’elle cultive grâce à des vidéos et photos postées sur les réseaux sociaux.

D’abord star des réseaux sociaux

Elle y raconte sa vie, ses relations amoureuses et distribue des conseils. Son humour fait mouche tandis que son nombre d’abonnés grandit. Influenceuse précoce, elle gagne sa vie grâce à ses posts à grande audience. « Cardi B fait partie d’une nouvelle génération. C’est un stratège, les artistes doivent désormais être de bons commerciaux« , souligne Eloïse Bouton, co-fondatrice du site Madame Rap.

A ce stade, la musique est encore un rêve un peu fou pour elle. « J’ai toujours eu peur de suivre mes rêves car si je les suis et j’échoue, je ne pourrais plus rêver. C’est plus facile d’en espérer moins« , confie-t-elle au magazine Fader. Son manager repère son flow, il l’encourage à se frotter au rap. Cette première tentative la conduit non pas dans un studio d’enregistrement mais dans Love & Hip-Hop, une émission de télé-réalité qui suit les péripéties de célébrités à la carrière dormante, ayant déjà (un peu) trempées dans le monde de la musique.

Féministe revendiquée

L’émission est son tremplin, elle n’y reste qu’un an avant de la quitter pour se consacrer à sa carrière musicale. En mars 2016, sa mixtape Gangsta Bitch Music Vol. 1 sort avec son premier tube : « Foreva ». Son succès est nourri par son omniprésence sur les réseaux sociaux alors que les maisons de disque ne parient pas souvent sur les femmes dans le milieu très masculin qu’est le rap. « C’est très dur pour les femmes d’avoir une visibilité dans les radios et les magazines. Les maisons de disque font le choix de promouvoir certains artistes et les rappeuses souffrent de ce sexisme institutionnalisé« , explique Eloïse Bouton.

Dans ses chansons, Cardi B parle d’argent, de sexe… les thèmes classiques du gangsta rap. « Elle a choisi de s’approprier les codes du rap viril pour les détourner« , souligne la spécialiste. Féministe revendiquée, elle montre son corps modelé par la chirurgie esthétique et hyper-sexualisé dans ses clips pour se l’approprier, à l’image de Nicki Minaj se touchant le pubis dans « Side to Side ». Dans une de ses plus célèbres vidéos « A Hoe Never Gets Cold« , Cardi B s’exprime en soutien-gorge et jupe ultra-moulante. Elle assume s’habiller comme elle veut parce qu’une « salope ne prend jamais froid« .

Son succès, elle l’assume et le partage avec ses 11 millions d’abonnés sur Instagram, un réseau social de partage d’images. Elle communique directement avec ses fans, donne ses réactions, aussi bien musicales que politiques.

(Ne soyez pas naïfs les gars, Face de carotte [Donald Trump] utilise juste l’épisode du football comme une distraction de la Corée du Nord qui veut nous faire exploser.)

Son succès est aussi une bonne nouvelle pour la place des femmes dans le monde du rap. Eloïse Bouton se réjouit : « cela montre une évolution dans l’audience du rap. Les gens sont de plus en plus prêts à voir une rappeuse pour son art et pas comme juste comme une fille« .

 

Anaïs Robert