Obsolètes ou trop coûteux, la discorde autour des jours fériés

En 2023, le mois de mai a compté quatre jours fériés et la totalité est tombée un jour de semaine. Une situation qui réactive les débats annuels autour de leur existence et de leur nombre. Le maire de Grenoble Éric Piolle a proposé de remplacer les jours fériés religieux par des jours célébrant l’attachement commun à la République.

La France compte 11 jours fériés parmi lesquels, six sont des fêtes religieuses catholiques. Crédit : Pixabay

Noël, Pâques, Pentecôte, Ascension, Assomption, Toussaint… Plus de la moitié des 11 jours fériés du calendrier français sont des fêtes religieuses. Des jours que le maire de Grenoble, Éric Piolle (EELV), souhaite voir remplacés par d’autres, « davantage laïques et pluralistes » célébrant l’« attachement commun à la République ». Ces propos ont été tenus le 24 mai, en réaction au recensement des enfants absents à l’école lors de la fête de l’Aïd, fête religieuse musulmane, absences confirmées par le ministère de l’Intérieur.

L’élu écologiste évoque notamment l’idée d’un jour férié consacré aux droits des femmes ou des personnes LGBT, ou encore commémorant l’abolition de l’esclavage, comme cela existe déjà dans les départements français d’Outre-Mer.

Des propos qui ont fait réagir, notamment à droite de l’échiquier politique : « Stop à cette complaisance envers des propos de ce type, personne n’oblige Éric Piolle à rester en France », a réagi Hélène Laporte, députée du Rassemblement national.

Un débat ancien

Pourtant, ce n’est pas la première fois que le débat autour du maintien des jours fériés voit le jour. Autour du mois de mai, qui compte trois voire quatre jours fériés selon les années, la question est régulièrement mise sur le devant de la scène.

Si Éric Piolle propose simplement de remplacer les jours fériés déjà existants, certains les trouvent trop nombreux et préconisent d’en supprimer pour des raisons économiques. Depuis plusieurs années, le Medef propose notamment de tirer un trait sur deux jours fériés, ce qui permettrait selon le syndicat patronal, de soutenir la croissance économique et l’emploi. À noter cependant que la France est dans la moyenne européenne en termes de jours fériés, derrière l’Espagne, le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne.

L’idée de supprimer un jour férié a déjà vu le jour en France : en 2004, Jean-Pierre Raffarin a transformé le lundi de Pentecôte en journée de solidarité, c’est-à-dire un jour de travail non-payé visant à financer l’autonomie des personnes âgées. En 2018, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, avait rouvert le débat sur l’instauration d’une seconde journée de solidarité, une proposition qui n’avait pas abouti.

Marie Scagni

La Nuit Blanche fait une apparition estivale

La 21ᵉ édition du festival de la Nuit Blanche prend de l’avance et s’invite au printemps. Cette année, la directrice artistique, Kitty Hartl, embellira une fois de plus la capitale lors d’une nuit unique, le 03 juin. De quoi ravir les nombreux fans d’art contemporain qui s’attendaient à une prochaine édition en octobre.

Affiche du festival qui aura lieu en simultané à Rouen, Paris et au Havre. Crédit : site de la mairie de Paris.

On se souvient de la dernière édition du festival de la Nuit Blanche, comme si c’était hier, et pour cause, la précédente n’a eu lieu que 8 mois auparavant ! L’art contemporain avait envahi les rues de Paris lors d’une soirée automnale haute en couleurs. Entre les performances artistiques en plein air, le spectre lumineux de Mariona Benedito et Cube.BZ, la pluie violette synthétique de Pierre Ardouvin et la mousse multicolore XXL de Stéphanie Lüning, deux millions de personnes s’étaient réunies pour célébrer l’édition anniversaire du festival. Une nuit réjouissante imaginée par Kitty Hartl, qui sera à nouveau aux commandes de cette nouvelle édition de la Nuit Blanche le 03 juin.

Images de la précédente édition 2022 /crédit : Léa ZACSONGO-JOSEPH

La jungle s’invite à Paris

La manifestation artistique annuelle se réinvente une fois de plus, avec pour thème cette année la jungle imaginaire : « La première forme de cette jungle imaginaire c’est la Rumba, qui se déroulera sur le parvis de l’Hôtel de Ville, au cœur de Paris. » explique la directrice artistique dans Le Figaro. Un thème estival qui intègre cette année une dimension écologique et pédagogique. « Ça me tenait beaucoup à cœur et je voulais qu’on prenne conscience de l’écologie à travers la Nuit Blanche. J’ai eu un choc en traversant le Paraguay, où 90% des arbres ont été éliminés à cause du commerce de soja et de maïs. Ça a également provoqué la disparition de nombreux animaux. Alors je me suis dit, “ il faut vraiment réagir”».

Il s’agit donc d’une célébration festive à laquelle les familles et les enfants sont aussi invités à participer. « On a produit 2500 costumes et on invite les enfants de 6 à 10 ans à les enfiler. À côté de ce monde animalier, j’ai rajouté des Yétis Pop, qui sont des créatures assez ludiques, hybrides qui se déplacent en roller. Et pour ajouter du rythme, il y aura aussi des fanfares mobiles très atypiques ainsi que la danse des lions. On a créé un monde imaginaire et fantastique sur le parvis de l’Hôtel de Ville ». 

La nature sera mise à l’honneur dans un programme qui mettra en valeur la Seine. De la musique, des installations flottantes, de la danse et des performances enjoliveront les quais de Paris de 8 heures à 6 heures du matin. Pour marquer le coup, la Métropole du Grand Paris s’est associée à la Nuit Blanche afin d’étendre le rayonnement de l’événement aux villes voisines. Aubervilliers, la Seine-Saint-Denis, Romainville, Malakoff et Nogent-sur-Marne participeront aux festivités en ouvrant les portes de lieux artistiques exclusifs pour une nuit unique (liste des lieux participants ici).

Balades nocturnes urbaines

Le sport trouve également sa place dans l’événement, à l’aube des Jeux olympiques de 2024. Enlarge Your Paris propose cinq balades urbaines d’une durée de 3 à 5 heures, qui feront le tour des lieux incontournables de cette nuit de festivités. Gratuites et accessibles à tous, ces balades ont pour objectif de faire découvrir les créations contemporaines à proximité de Paris.

Même si l’invitation semble tentante, prenez en compte que les transports ne participeront pas à la nuit blanche et ne seront pas prolongés au-delà de leur horaire habituel. Cette nouvelle édition de la Nuit Blanche s’annonce encore plus populaire, plus ludique et festive.

Léa ZACSONGO JOSEPH

Harry Styles au Stade de France : « Tu es et tu aimes qui tu veux »

Ce jeudi 1er juin dès l’aube, une joyeuse foule s’est réunie aux abords du Stade de France. De nombreux fans attendent avec impatience le concert de leur idole pop Harry Styles. Sous les couvertures de survie des plus courageux, sur place dès la veille, les tenues les plus extravagantes sont permises, à l’image du chanteur qui revendique sa bienveillance et son ouverture d’esprit. Si certains accusent ce dernier de s’approprier les codes de la culture queer pour vendre, ses fans affirment qu’il représente un véritable changement bénéfique des critères de masculinité.

Les fans attendent le concert d’Harry Styles devant le Stade de France / Photo : Léa Warrin

Derrière les barrières qui les séparent de l’entrée, Marine et Marion se maquillent assises par terre. Les deux jeunes femmes de 19 et 23 ans sont là depuis six heures du matin. Elles racontent l’histoire qui les lie à leur idole : dès 2010, elles écoutaient les CD des One Direction dans leur chambre de jeunes adolescentes. Le boysband auquel appartenait Harry Styles se démarquait déjà par la bienveillance de ses paroles : « On regarde souvent avec mépris les groupes de fans féminins, elles passent pour des hystériques. Les One Direction ont réussi à former une grande communauté très forte, bienveillante et majoritairement féminine. On les aimait en tant que groupe, mais on aimait aussi chacun des membres pour leur personnalité« , témoigne Marine.

Autour d’elles, beaucoup de groupes se sont formés au gré des nouvelles rencontres. De nombreuses fans sont venues seules, persuadées qu’elles trouveraient des consœurs avec qui partager ce moment. C’est de cette manière que Linda et Morgane, 50 ans, se sont rencontrées. Ses deux fans de la première heure ont sympathisé dans la fil d’un concert et depuis elles parcourent le monde pour suivre leur idole ensemble. Linda affirme : « Nous sommes dans un monde régi par les hommes et Harry Styles est une figure qui permet de casser les codes. Il prône des valeurs de liberté et de respect qui sont importantes à transmettre. C’est comme cela qu’il a créé toute une sororité autour de lui ».

Les fans se rencontrent et se changent pour ce soir devant le stade de France / Photo : Léa Warrin

La majorité des personnes présentes ont grandi avec les One Direction et sont entrées dans l’âge adulte au rythme des chansons d’Harry Styles : une évolution au diapason qui renforce encore l’attachement. Pendant qu’elle peint de grands cœurs rouges sur une pancarte, Pauline, 18 ans, raconte : « Quand j’étais plus petite, j’aimais que le groupe parle des histoires d’amour entre adolescents. Aujourd’hui ce n’est plus ce que j’attends d’un artiste. Harry Styles évoque beaucoup les thèmes de la santé mentale dans ses chansons, et ça me parle« . Un discours qui évolue au rythme de son audience, et qui prend en compte des sujets de société comme le harcèlement, l’anxiété ou la dépression. En somme, Harry Styles se fait le porte-drapeau des luttes émergentes chez les adolescents en refusant de s’inscrire dans les stéréotypes de la masculinité.

Linda et Morgane se sont rencontrées à un concert et depuis elles parcourent le monde au rythme de leur idole / Photo : Léa Warrin

« Pas besoin de faire partie de la communauté pour la soutenir »

Certains considèrent que les engagements d’Harry Styles ne sont qu’une manière de rester en vogue. Il est accusé de « queerbaiting« , une pratique marketing visant à tenter d’attirer les personnes de la communauté LGBT en reprenant leurs codes. Du côté des fans, c’est la levée de boucliers : Evan, 20 ans, dénonce ce qu’il considère comme les travers de sa communauté : « Je suis LGBT et pour autant je trouve que ces accusations sont injustes. Le propos de la lutte est de mettre fin aux cases qui définissent les êtres humains de manière arbitraire, et lorsque quelqu’un d’extérieur reprend ces principes ça déplaît. Ça n’a aucun sens« .

Juliette colle les derniers strass sur son costume avant le concert / Photo : Léa Warrin

Quelques mètres plus loin, Juliette, 24 ans, continue à coller les strass multicolores sur son costume. Pour elle, les figures très médiatisées comme Harry Styles permettent de mettre en lumière les luttes féministes et LGBT : « Il remet en question ce que représente la masculinité et c’est comme ça qu’il participe à l’évolution des mentalités. Pas besoin de faire partie de la communauté pour la soutenir« . Devant le Stade de France, les avis sont dithyrambiques : cette icône contemporaine est positive et joyeuse, il ne faut pas chercher au-delà. Gwen, 20 ans, estime qu’une distance est nécessaire entre les artistes et le public : « Avec les réseaux sociaux, on essaye de faire coller nos idoles à nos idéaux, ce n’est pas sain. Je l’aime pour ce qu’il représente, au fond je ne sais pas ce qu’il est« .

Léa warrin
Manon et Marion ont fait leur costume ensemble pour l’occasion / Photo : Léa Warrin

 

Retraites : le camp présidentiel déterminé à faire barrage à la proposition de loi de Liot

Les députés de la commission des Affaires sociales ont rejeté ce mercredi l’article 1 de la proposition de loi du groupe Liot qui visait à abroger le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Dans la foulée, le président du groupe Liot, Charles de Courson a annoncé vouloir déposer un amendement en session parlementaire le 8 juin pour rétablir l’article. Face aux oppositions, la majorité présidentielle et le gouvernement sont déterminés à empêcher le vote du texte. 

Crédit : Pixabay

À la question : quelle est la probabilité que la proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites soit votée le 8 juin, la réponse de Yaël Braun-Pivet est sans équivoque : « faible ». Invitée au micro d’Europe 1 ce jeudi matin, la présidente de l’Assemblée nationale a assuré qu’elle prendrait « ses responsabilités » pour que ce « texte anticonstitutionnel » ne soit pas examiné dans l’hémicycle. « En séance publique, s’il y a un doute sur la recevabilité financière d’un amendement, c’est la présidente de l’Assemblée nationale qui est saisie, donc moi », et comme « je suis très cohérente (…) et que je me suis déjà prononcée, je ne changerai pas d’avis », a-t-elle réaffirmé ce jeudi matin. Autrement dit, même si elle a assuré ne « pas [avoir] encore pris de décision formelle », Yaël Braun-Pivet prévoit de censurer l’amendement qui vise à rétablir l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans. 

Et pour cause, si l’article 1 du texte – celui qui abroge le report de l’âge légal à 64 ans – a été rejeté mercredi en commission des Affaires sociales, le député et président du groupe Liot, Charles de Courson a annoncé qu’il comptait déposer un amendement qui le réintroduirait lors de la session parlementaire du 8 juin. Or, selon la présidente de l’Assemblée, cet amendement est  « inconstitutionnel », et l’article 1 n’aurait « jamais dû être voté en commission des Affaires sociales ». Yaël Braun-Pivet a notamment pointé du doigt le président de la commission des Finances, le député insoumis Éric Coquerel pour avoir « validé le texte malgré son inconstitutionnalité »

 

L’article 40, cheval de bataille du camp présidentiel

Depuis le dépôt de la proposition de loi le 23 mai dernier, l’ensemble du camp présidentiel n’a eu de cesse de dénoncer sa non-conformité au regard de l’article 40 de la constitution. Ce dernier interdit aux parlementaires de soumettre une proposition de loi ou un amendement qui conduirait à diminuer les ressources, ou à aggraver une charge publique. Or, en abrogeant la réforme des retraites qui permet à l’État de générer des recettes, cette loi conduirait à la diminution des ressources publiques. Dans un communiqué, les trois groupes de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, et Horizons), ont notamment jeté l’opprobre sur une loi qui « conduit indéniablement à une charge annuelle pour les finances publiques de 7,9 milliards d’euros d’ici 2027 et de 15 milliards d’euros en 2030. La solution absurde de financement serait donc de demander aux Français de fumer deux fois plus chaque année et pendant les vingt prochaines années ! ».

@celsamaster♬ son original – celsamaster

De son côté, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Berger, a dénoncé ce matin au micro de RMC/BFMTV « des scènes ahurissantes » en commission des Affaires sociales mercredi après-midi. L’ensemble des députés de la Nupes avaient notamment décidé de quitter la salle et de ne pas participer à la suite des débats après que le premier article abrogeant la réforme des retraites a été supprimé. « Compte tenu de la décision que vous avez prise de nous empêcher de véritablement discuter (…), on va vous laisser tranquille, on va vous laisser entre vous », avait déclaré Pierre Dharréville, député communiste. « Quand la démocratie parle, qu’un vote a lieu, mais qu’il ne leur convient pas, alors ils considèrent qu’il n’y a pas de démocratie », regrette Aurore Bergé qui accuse les députés insoumis de « fomenter » une obstruction parlementaire « massive, orchestrée, organisée ». Yaël Braun-Pivet a notamment évoqué le chiffre de « plus de 3 000 amendements déposés en moins de 10 minutes » dans l’objectif d’empêcher le vote du texte.

La majorité présidentielle accusée de « magouilles »

Une stratégie justifiée selon le député insoumis de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière. Il dénonce le comportement du gouvernement qui « fabrique du dégoût, de l’abstention, des gens qui ne croient plus en la démocratie ». Et de déplorer le recours massif du gouvernement aux instruments constitutionnels, et au parlementarisme rationalisé : « [avec] le 49.3 [qui fait passer sans vote une loi], les députés ne peuvent pas voter ; [avec] le 47.1 [qui limite les temps de débats législatifs], non plus ; et l’article 40, on ne peut pas voter. En gros, en macronie, l’opposition n’a aucun droit. »

Invité sur France Info, le député insoumis de la Somme François Ruffin s’est également insurgé contre « toutes les combines et les magouilles » de la majorité parlementaire qui aurait, selon lui, tout fait pour que le texte soit rejeté en commission des Affaires sociales : « Il y a quand même eu une espèce de mercato chez les députés pendant la nuit pour savoir qui siégera en commission des Affaires sociales du côté des LR, pour être sûrs que les esprits libres qui pourraient parler en leur âme et conscience, voter tranquillement, soient écartés. »

Ambre Mathieu-Xerri

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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