« Les Leçons du pouvoir » : Hollande fait le bilan

Le livre de l’ancien président de la République est disponible dans toutes les librairies depuis ce mercredi 11 avril.

"Les Leçons du Pouvoir", le livre de François Hollande sort mercredi 11 avril en librairies © Jean-Marc Ayrault
« Les Leçons du pouvoir », le livre de François Hollande sort mercredi 11 avril en librairie © Jean-Marc Ayrault

Redorer son image, rétablir une vérité, reconquérir les Français ou simplement continuer à exister : autant de raisons qui poussent les anciens chefs d’État à coucher sur le papier leur expérience élyséenne. « Des livres qui prouvent que sans la politique, ces gens n’ont rien », observe Marie-Laure Defretin, ancienne responsable de la communication aux éditions Fayard. Aujourd’hui, c’est au tour de François Hollande de livrer sa version de l’exercice du pouvoir.

Et si ce livre intitulé « Les Leçons du pouvoir » fait couler beaucoup d’encre, cela ne signifie pas qu’il se vendra bien. À la librairie Decitre de Levallois-Perret, seulement deux exemplaires ont été vendus depuis ce mercredi matin. « On nous l’a beaucoup demandé », tempère Charlotte, 26 ans, libraire au rayon littérature, « les gens sont curieux, ils le feuillettent, mais ne l’achètent pas forcément ». De manière générale, les livres politiques, toutes catégories confondues, « boostent les ventes » des librairies, mais seulement pendant un temps. Une fois la date de sortie passée, l’euphorie retombe, et les ventes avec.

Mais qu’y a-t-il dans ces « Leçons du pouvoir » ? D’abord, des chapitres à l’infinitif : « décider », « voyager », « vivre »… Des verbes choisis méticuleusement par François Hollande pour retranscrire les états qu’il a traversés pendant son quinquennat. Et puis le choix de commencer par la fin, comme en atteste la première phrase du livre : « C’est mon dernier jour à l’Élysée ».

« Ce n’est pas qu’un bilan, c’est le journal d’un homme malheureux », décrypte Marie-Laure Defretin. « La perte de pouvoir, c’est compliqué. Ce livre est d’autant plus légitime que sa chute a été brutale ». Alors, bilan ou règlement de comptes ? Au fil des pages, un certain Emmanuel Macron en prend pour son grade. « Hollande souhaite qu’on n’oublie pas ce qu’il a fait pendant cinq ans, mais il veut aussi rétablir les choses sur Macron », explique l’attachée de presse.

Les livres de présidents, une tradition politique

Une fois parti de l’Élysée, François Hollande n’est pas le premier président à se confier dans un livre. Retour sur les testaments politiques des anciens chefs d’État de la Ve République.

Caroline Quevrain

Le dessinateur de bande dessinée F’murr est mort

Auteur du célèbre « Génie des alpages », le dessinateur de bande dessinée, Richard Peyzaret, alias F’murr est décédé mardi, à l’âge de 72 ans. 

Crédits : CC
Crédits : CC

« Si je fais ce métier, expliquait F’murr au magazine Bédéka en 2004, c’est parce que c’est une activité que je peux exercer sans avoir plein de gens autour de moi, et rêver un peu. ». Le dessinateur originaire de la capitale était un poète utopiste, à l’image des personnages qu’il avait créés. En 1973, F’murr lance sa série Le Génie des alpages, une oeuvre bucolique dans laquelle il met en scène Athanase Percevale, un berger solitaire accompagné d’un chien sans nom, doté d’un QI hors norme. Un fidèle compagnon comme Milou, l’ami de toujours de Tintin, que F’murr admirait tant.

Une carrière aux côtés des plus grands

Très tôt déjà, le jeune Richard Peyzaret se passionne pour le travail de l’école belge, et particulièrement pour Hergé (Les Aventures de Tintin) et Franquin (Spirou, Le Marsupilami, Gaston Lagaffe). Après une tentative dans le dessin d’humour, qui s’est soldé par un échec, il intègre l’Ecole supérieure des arts appliqués Dupérré, avant de rejoindre l’atelier de Raymond Poïvet, dessinateur qui lancera notamment les carrières d’Uderzo, Cabu et Gigi. F’murr travaille à ses côtés pour les magazines humoristiques Pif et Pilote. C’est dans ces publications que paraissent les premières planches de Le Génie des alpages. 

La série rencontre un succès immédiat auprès des lecteurs, grâce à l’humour décalé de F’murr. En 1988, pour les 50 ans de Spirou (Franquin), Spirella mangeuse d’écureuils, il réalise une histoire où l’on peut voir Spirou travesti en femme et accompagné d’un écureuil baraqué, dans un univers loufoque, style typique du dessinateur.

Le “génie des alpages“, mais pas que…

Passionné d’histoire, F’Murr affichait également un goût prononcé pour le Moyen-Âge qu’il revisitait avec des oeuvres tels que Attila le Hun, Jehanne d’Arque, Robin (des Boîtes), et l’archange Gabriel dans Porfirio & Gabriel. Toujours dans le même genre,  Le Pauvre Chevalier raconte la triste et brève histoire d’un chevalier sans-le-sou. Des oeuvres humoristiques qui parodient les personnages moyenâgeux de la BD.

 

Camille Bichler

Cinq raisons d’aller voir le spectacle « Carmen(s) »

José Montalvo, chorégraphe et metteur en scène français, signe un spectacle de danse sur le personnage de Carmen, une bohémienne andalouse symbole de la liberté. En dépit de quelques longueurs et de gestes imprécis, voici cinq raisons pour lesquelles ce spectacle vaut le détour…

carmens 1

1. Un spectacle politique

Liberté. Le personnage de l’opéra de Bizet incarne l’émancipation féminine, l’indépendance d’une bohémienne qui préfère mourir plutôt que de céder aux avances de son ex-amant. Car « l’amour est enfant de bohème, qui n’a jamais jamais connu de lois… » Mais cette liberté n’est pas réservée aux femmes : les hommes peuvent s’identifier à l’héroïne, comme ce danseur qui dira pendant le spectacle : « Carmen, c’est moi. »

Les seize danseurs balancent ainsi entre sensualité et force de caractère, et c’est là une originalité de l’oeuvre de José Montalvo : dévoiler la personnalité de chaque danseur, notamment lors d’une séquence où leurs témoignages sont projetés sur la scène. Fiers, touchants, les artistes disent ce que Carmen signifie pour eux, tandis que, seuls sur le plateau, ils meuvent leur corps librement et dans leur style respectif.

Support d’un discours sur la sexualité libre, Carmen évoque aussi l’exil. Chaque migrant est une Carmen, ce qui explique encore une fois le pluriel apposé au titre du spectacle. Et là encore, la danse vient libérer ces danseurs, qui viennent de France, d’Espagne ou de Corée.

2. Un classique revisité

On réécoute l’opéra de Bizet, ses morceaux orchestrés ou humés, chantonnés, frappés par les danseurs. Danse classique, claquettes, flamenco ou hip-hop s’harmonisent en un métissage rappelant le thème de la migration. De quoi enrichir cette oeuvre dont le thème semblait fait pour accueillir ce mélange de cultures.

3. Du bon usage de la vidéo

José Montalvo met aussi à profit ses compétences de vidéaste. Derrière les danseurs, un grand panneau projette des scènes qui viennent parfois faire partie intégrante du spectacle, comme lors de la séquence de témoignages dont nous avons parlé, ou quand une des danseuses joue avec un taureau… C’est aussi un moyen d’approcher les comédiens qui sortent de l’anonymat produit par la distance de la scène. On découvre leur personnalité, leur visage, leur style vestimentaire au quotidien… L’écran nous rappelle l’inscription politique de Carmen et brise la frontière du théâtre.

4. De la danse… et du chant

Les danseurs ont aussi des qualités de musicien. Ils se saisissent de percussions, d’une flûte exotique ou d’une cornemuse revisitée. Ils chantent, aussi, avec leur accent asiatique, anglophone ou hispanique. A capella, et avec justesse.

5. De l’humour

Le spectacle invite enfin au rire. Comme avec cette danseuse espagnole au caractère bien trempé et dont l’énergie est contagieuse. Elle est d’autant plus attachante que le public est parfois directement interpellé. Des scènes miment des bagarres échevelées aux accents ninja, d’autres se moquent du sexisme. Le tout est distillé de petites pointes d’humour. Et comble du plaisir : les danseurs, visiblement, s’éclatent.

carmens 2

Fanny Guyomard

Paris : les urgentistes manifestent pour dénoncer leurs conditions de travail

Les urgentistes du CHU de Strasbourg s’étaient donné rendez-vous, mercredi 11 avril, devant le ministère de la Santé. Rejoints par des collègues venus de toute la France, ils souhaitaient alerter sur la situation des urgences. Ils sont ressortis « déçus » de leur visite au ministère, Agnès Buzyn n’était pas là pour les recevoir.

IMG_9621 (1)
Devant le ministère de la santé, mercredi 11 avril. Crédits : Camille Sarazin

En grève depuis le 20 mars, le personnel des urgences du CHU de Strasbourg dénonce des conditions de travail dégradées et la mauvaise prise en charge des patients qui en résulte. Rejoint par des collègues venus de Lille, Creil, Angers ou encore Aix-en-Provence, ils manifestaient devant le ministère de la santé, mercredi 11 avril. Objectif : tirer la sonnette d’alarme sur la situation des urgences en France.

« Les conditions de prise en charge sont intolérables. Les professionnels, en sous-effectif permanent, sont arrivés à bout. » 

Christian Prud’homme, représentant de FO à Strasbourg, à l’AFP.

« Il y a de moins en moins de personnel, les temps d’attente sont de plus en plus longs, il y a de plus en plus d’incidents… » M. Bodersa, du CHU de Lille.

Suppression de lits, manque de personnel, épuisement au travail… Les urgentistes ont le sentiment de ne pas pouvoir faire leur travail correctement. Et ce sont les patients qui en pâtissent. Une sexagénaire est morte d’une crise cardiaque le 6 mars dernier aux urgences de Reims. Elle attendait depuis 2h30. M. Bodersa évoque une situation similaire à Lille : « C’est une mort qui aurait pu être évitée. »

La délégation, reçue par la direction générale de l’offre de soins (DGOS), est ressortie déçue. « Ils nous écoutent, ils comprennent« , mais « la ministre n’étant pas là, personne ne prend de décision », a expliqué Jean-Claude Matry, président de la CFTC au CHU de Strasbourg, à L’Express.

Camille Sarazin