Décret pour la prévention de la radicalisation : les psychiatres tirent la sonnette d’alarme

Les vingt-trois associations dénoncent un « amalgame indigne entre le champ sanitaire et celui de la prévention de la radicalisation » / Crédits : Pixnio

Une « dérive sécuritaire ». C’est ce que dénoncent vingt-trois associations de psychiatres et de patients concernant un récent décret qui lierait psychiatrie et « radicalisation terroriste ». Elles ont demandé lundi l’abrogation de ce décret dans un communiqué commun.

Le décret est paru le 7 mai au Journal officiel et a comme objectif « la prévention de la radicalisation ». Il autoriserait le croisement de deux fichiers de données à caractère personnel: le Hopsyweb, qui concerne les personnes subissant des «soins psychiatriques sans consentement » et  le fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Cette autorisation permettrait aux préfets d’être prévenus lorsqu’une personne fichée pour « radicalisation terroriste » est hospitalisée sans consentement pour des raisons psychiatriques.

Les vingt-trois associations dénoncent un « amalgame indigne entre le champ sanitaire et celui de la prévention de la radicalisation » et une « étape supplémentaire inacceptable et scandaleuse au fichage des personnes les plus vulnérables touchées par la maladie mentale dans notre pays ».

En août 2017, le ministre de l’Intérieur de l’époque Gérard Collomb avait annoncé vouloir mobiliser les hôpitaux psychiatriques et les psychiatres pour « identifier les profils qui peuvent passer à l’acte ». Cette déclaration avait déjà fait polémique.

Marine Ritchie avec Afp

Une étude sanitaire juge le glyphosate « moins cancérogène que la charcuterie »

 

Un rapport parlementaire sur le glyphosate, l’herbicide très contesté, sera présenté aux sénateurs jeudi. L’étude réalisée par l‘Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques fait déjà débat après les déclarations d Pierre Médevieille Vice-président de l’Office qui juge que rien ne peut prouver la dangerosité du glyphosate. De nombreuses personnalités politiques ont réagi à ces déclarations accusant le sénateur d’être de connivence avec les lobbies.
En France le Roundup, l’herbicide vendu par Mosanto, est interdit à la vente aux particuliers depuis le 1er janvier 2019. / Crédit : Global Justice Now – Flickr

« J’affirme que si le glyphosate a certainement beaucoup de défauts, aucune étude scientifique ne prouve formellement sa cancérogénicité ni en France, ni en Europe, ni dans le monde » c’est ce qu’a déclaré Pierre Médevielle lors d’un entretien dans le journal La Dépêche. Vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, le sénateur UDI réfute tout lien entre les cancers et l’herbicide.

Pendant quinze mois, des parlementaires dont Pierre Médevielle ont été chargés, par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale et la commission du Développement durable du Sénat, d’enquêter sur l’herbicide. Les conclusions de ce rapport seront officiellement présentées jeudi au Sénat. Mais Pierre Médevielle, rapporteur du rapport, affirme déjà que le glyphosate est « moins cancérogène que la charcuterie« . Pour lui, le « climat d’hystérie »  autour du produit est une « névrose française« .

Pour réaliser cette étude, les parlementaires ont auditionné l’INRA et le CNRS pour avoir un point de vue scientifique sur le sujet. Ils se sont basés sur des études menées par l’Agence européenne de sécurité alimentaire de Parme à Bruxelles, agence que le parlementaire considère comme la « plus performante en Europe et probablement au monde« .

Depuis 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a classé le glyphosate comme « cancérogène probable« . Mais selon Pierre Médevielle,  le glyphosate n’est pas une priorité. Des produits utilisés notamment en viticulture seraient « beaucoup plus dangereux« .

Un rapport déjà très contesté

Les réactions ne se sont pas fait attendre lundi matin après les déclarations de Pierre Médevielle.  Pour José Bové, figure du mouvement altermondialiste,  cette étude ne peut pas être prise en compte car « le glyphosate ne s’analyse pas seul, mais avec ses adjuvants« . Le député européen pense qu’ « il serait intéressant d’aller plus loin pour savoir si les parlementaires ont été approchés« . Au micro de RTL, il déclare que les « parlementaires ont repris le discours prémâché de Monsanto » et il accuse le groupe d’être le réel auteur de ce rapport, « une fois de plus on a un enfumage XXL« .

 

Le député Matthieu Orphelin, ancien porte parole de la Fondation de la Nature et l’Homme, rejoint l’avis de José Bové et met en cause les lobbies.

« Vous ne lirez pas cela dans le rapport, » tempère Cédric Villani

Le député LREM, Cédric Villani, est lui aussi vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologique et « regrette que le sénateur Médevielle, en s’exprimant prématurément et sous une forme qui ne reflète pas le rapport, ait contribué à ajouter de l’huile sur le feu ». 

Invité sur franceInfo, le mathématicien a tenu à mettre les choses au clair. Il estime que les déclarations de Pierre Médevielle sont à prendre à titre personnel et n’engagent pas l’Office. « Sur la forme, il s’exprime avant la conférence de presse officielle, et sur le fond, il a parlé de certains éléments du rapport, mais y a ajouté son opinion propre, ses conclusions propres ».

Il explique que le but de ce rapport « est de dépassionner et d’expliquer la complexité, d’expliquer pourquoi le glyphosate fait couler tant d’encre. Il y a des pratiques hautement contestables de Monsanto à l’égard du glyphosate. Et évaluer de façon sérieuse la nocivité d’un produit, c’est un travail extrêmement compliqué. »

Depuis le 1er janvier, les particuliers ne peuvent plus acheter de Roundup, le pesticide de Monsanto qui appartient au groupe Bayer. Le gouvernement s’est engagé à interdire le glyphosate « dans ses principaux usages » d’ici 2021, et pour tous les usagers d’ici cinq ans.

Poutchie Gonzales

 

 

 

 

 

 

Les « benzo », première substance dans les cas de soumission chimique

La famille des benzodiazépines est la première substance utilisée avec en tête le zolpidem (Stilnox), suivi du diazépam (Valium) et du bromazépam (Lexomil).

Hallucinations visuelles, trous de mémoire, après avoir fini son verre Maxie ne sent pas très bien. L’étudiante se souvient parfaitement de son état lors de cette soirée en boîte de nuit il y a quatre ans. Elle a également en mémoire l’homme avec qui elle discutait quelques minutes avant, et de sa main au-dessus de son gobelet. Maxie a vécu une soumission chimique, soit l’administration à des fins criminelles ou délictuelles de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace. Beaucoup pensent au Ghb, la fameuse « drogue du violeur », mais la substance la plus utilisée est celle des benzodiazépines. En 2017, dans 42% des cas de soumission chimique une « benzo » était retrouvée dans le sang de la victime d’après l’Agence nationale de sécurité du médicament, l’ANSM. En 2012, l’établissement public décide de colorer de bleu les gouttes du Rivotril, qui est alors un des médicaments les plus utilisés. Depuis, son détournement se fait plus rare et les cas de soumission chimique aux benzodiazépines ont diminué, passant de 57% en 2013 à 42% en 2017. Ils restent néanmoins prédominant avec le recours en particulier au Stilnox et au Valium.

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Bertille Van Elslande et Clara Gilles

Et pour les hommes, ça a changé quelque chose Me Too ?

Me Too a-t-il eu un réel impact ? A en croire les hommes qui circulent à la Gare de l’Est ce jour-là, les avis divergent. Pour Mohamed, 39 ans, Me Too a remis en cause certaines choses : « Il y a eu un questionnement de ma part, mon rapport aux femmes a changé, et je réfléchis avant d’agir ». « Toucher à une femme pour moi, c’est grave », renchérit Jean-Michel, qui estime que « Me Too, ce n’est pas assez ». L’homme de 58 ans interroge quand même le côté « extrême », du mouvement. « Je connais quelqu’un qui a fait une blague. Et la personne a porté plainte. Maintenant, il va presque se faire virer », détaille-t-il.

Tous ne sont pas d’accord. Frédéric, 29 ans, se dit favorable à l’égalité entre les femmes et les hommes. Pourtant, il ne se sent pas « impacté par le féminisme », malgré la volonté de ses amies de débattre de ces questions. Il avoue même ne pas être prêt à « militer dans la rue en faveur de plus de place pour les femmes ».

Pauline Weiss