La e-santé pour lutter contre les addictions

La majorité des patients souffrant d’addictions ne sont pas traités et la e-santé pourrait être une solution, comme le souligne un rapport dévoilé mardi.
13 millions de fumeurs quotidiens de tabac et 700.000 de cannabis, un million d’alcoolodépendants et trois millions de buveurs problématiques en France. / Crédit : Raul Lieberwirth, Flickr

« Dans le monde entier, on considère que 20% au mieux des patients souffrant d’addictions sont traités », explique Michel Reynaud, co-auteur du rapport pour la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), à l’AFP. La e-santé et le développement de ses nouveaux outils (applis, réseaux sociaux d’entraide, téléconsultations) pourraient aider à réduire « le fossé majeur entre le nombre de personnes atteintes d’addictions et le nombre de patients traités ».

En France, les chiffres – 13 millions de fumeurs quotidiens de tabac et 700 000 de cannabis, 1 million d’alcoolodépendants et 3 millions de buveurs problématiques – sont « préoccupants » pour le spécialiste et « les recours aux soins sont trop tardifs ». D’un côté, on est dans une société qui considère souvent, pour les substances licites, « qu’il est normal de consommer, même de surconsommer ». De l’autre, le « dispositif de soins est totalement insuffisant au regard des besoins ».

Favoriser l’échange

Michel Reynaud explique que la e-santé des addictions « permet de faciliter le contact avec quelqu’un qui vous aide à y voir clair ». Dans leur rapport, les auteurs proposent un « plan » en quatre niveaux de déploiement : l’échange entre usagers et patients, puis si nécessaire, le repérage, l’orientation et la prise en charge brève pour les usagers à risque avec du « télé-conseil » voire du « télé-soin » par des professionnels ou des « patients-experts » formés. Le rapport préconise de financer des associations de patients pour accéder à la formation pour devenir patients-experts, susceptibles d’intervenir dans les prises en charge et d’accorder une « tarification incitative » pour développer les téléconsultations.

La prise en charge médicalisée se fait grâce à ces nouveaux outils et s’appuie aussi sur des services et sites déjà existants comme le « Mois sans tabac » ou « Écoute Cannabis ». Le développement de la e-santé doit nécessairement garantir la sécurité et la protection des données des patients.

Marine Ritchie avec l’AFP

Les “stratégies d’invisibilité” des personnes LGBT+ pour éviter les agressions

Les actes de violence physique envers les personnes LGBT+ ont progressé de cinq points en un an en France selon une étude Ifop publiée ce lundi 13 mai. Face à cette escalade de la violence, la communauté LGBT+ se cache de plus en plus.
« Plus d’une personne LGBT+ sur deux déclare avoir fait l’objet d’une agression homophobe au cours de sa vie » / Crédits : Jaime Perez, Creative Commons

Plus de la moitié des personnes LGBT+ (55%) ont subi une agression au cours de leur vie.  C’est “une hausse significative”, souligne l’Ifop, qui a réalisé cette enquête pour la fondation Jasmin Roy-Sophie Desmarais. Révélée ce lundi 13 mai, dans le Monde et sur France Info, elle met en évidence une escalade de la violence à l’égard de cette communauté.

La dernière enquête de ce genre réalisée par l’Ifop datait de juin 2018. A cette époque, 3% des personnes LGBT+ avaient subi des violences physiques. Aujourd’hui le chiffre a doublé et atteint les 7%.

Des “stratégies d’invisibilité”

Le questionnaire adressé aux  1.229 personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, âgées de 18 ans et plus, montre également que pour éviter les agressions, la communauté LGBT+ se cache. Près de sept personnes LGBT+ sur dix (68%) ont mis en place des “stratégies d’invisibilité” dans leur vie quotidienne pour éviter les agressions. Deux-tiers des personnes interrogées évitent de s’embrasser en public (67%) ou de se tenir la main dans la rue (62%). La moitié des personnes LGBT+ interrogées ne se montrent pas à leurs voisins en compagnie d’une personne de même sexe. Et enfin 28% évitent de voir certains de leurs proches.

Même dans le Marais, à Paris, on évite de se montrer, les insultes pleuvent très vite” confie Nico, un jeune trans bénévole au Centre LGBT Paris Ile de France. Selon lui, “gommer son identité”, comme il le dit, devient indispensable pour se protéger. Au détriment de son affirmation identitaire. “Il faut ruser », poursuit-il, « le soir c’est toute une affaire. Il faut éviter de rentrer seul, avec une tenue provocante”.

 

A « l’invisibilité » s’ajoutent les “stratégies d’évitement”. Certains territoires jugés “anxiogènes” sont ainsi contournés. Ainsi, 37% des personnes interrogées évitent certaines rues ou quartiers de leur ville. C’est trois points de plus que l’année dernière. L’enquête révèle à ce titre que 16% d’entre elles aimeraient changer de ville en raison de l’hostilité qu’ils y ressentent envers leur orientation sexuelle.

Se protéger, une nécessité

Face à la recrudescence d’actes anti-LGBT+, les associations ont décidé de conseiller les personnes en cas d’agression. Des cours de self défense LGBT+ ont même été mis en place, comme à Nice. Depuis deux ans, Pierre-Yves en dispense pour les personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres, “qui souhaitent apprendre les techniques à adopter en cas d’agression”. En pratique, les gestes enseignés ne diffèrent pas vraiment des cours habituels d’auto-défense mais, réservés à la communauté LGBT+, ils se concentrent aussi sur la confiance en soi et l’affirmation de son identité.

L’application Hornet, concurrente du site de rencontre américain Grindr, a même élargi son champ d’action en ouvrant un site avec une ligne éditoriale. Sur leur page, de nombreux articles proposent des techniques pour sortir en sécurité. Il énumère également les cinq conseils établis par Catherine Haycraft, directrice de EMERJ-SafeNow, une organisation américaine qui enseigne différentes stratégies pour faire face à ce genre de situations. Parmi ces conseils, l’Américaine recommande par exemple de toujours planifier sa soirée  – allers et venues – pour ne pas être seul, de dire à ses proches où l’on va et avec qui. Il est conseillé de se tenir éloigné des haies, “qui offrent un camouflage idéal aux agresseurs” ou encore de crier en cas de danger pour attirer l’attention d’éventuels passants.

Les résultats de cette enquête seront présentés mardi 14 mai par Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, à quatre jours seulement de la journée mondiale de la lutte contre l’homophobie et la transphobie le 17 mai.

 

Anne-Cécile Kirry

Le fichage de personnalités par Monsanto concernerait « probablement » d’autres pays

Un responsable du groupe a annoncé lundi que les fichiers de personnalités tels que ceux révélés en France existent « très probablement » dans d’autres pays européens.
Un nouveau rebondissement dans l’affaire du fichage de personnalités commandé par Monsanto / Crédits : Chafer Machinery CC.

Le groupe Bayer, qui a racheté l’entreprise Monsanto il y a un an, fait face à un nouveau rebondissement dans l’affaire du fichage de personnalités commandé par Monsanto. Lundi 13 mai, Matthias Berninger, directeur en charge des affaires publiques du groupe allemand, a déclaré, lors d’une conférence téléphonique que les fichiers tels que ceux révélés en France existent « très probablement » dans d’autres pays européens. Il a indiqué ne pas disposer « d’informations certaines » mais a annoncé que le contrat entre Monsanto et l’agence de communication Fleishman Hillard, qui a établi ces fichiers, « s’étendait à toute l’Europe« .

Une enquête ouverte par la justice française  pour « soupçons de fichage illégal ».

Ces fichiers datent de 2016 et regroupent les positions d’une centaine de personnalités et médias quant au glyphosate, aux OGM, et indiquent la propension à être influencé. Le Monde et l’un de ses journalistes qui figurait dans ces documents ont déposé une plainte pour « collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite« . La justice française a ouvert une enquête pour soupçons de fichage illégal.

Dimanche 12 mai, le groupe Bayer a présenté ses excuses, même s’il estime ne pas voir « pour le moment » d’éléments montrant que ces listes établies pour le compte de Monsanto ont enfreint la loi. Matthias Berninger a pourtant déclaré lundi que « cette manière de travailler avec des journalistes, des politiques mais aussi des activistes est inappropriée« , ajoutant qu’une enquête interne était en cours et qu’un cabinet d’avocats serait mandaté pour éclaircir les faits. Il a également indiqué que Bayer comptait coopérer « pleinement » avec les enquêteurs et que les liens avec Fleishman Hillard étaient désormais « suspendus« .

Iris Tréhin avec AFP

Le Mercantour veut devenir une réserve internationale pour son ciel étoilé

La Côte d’Azur et son arrière-pays sont une véritable terre d’astronomie, avec un observatoire construit à la fin du XIXe siècle au-dessus de Nice. / Crédit : Vanil-Noir

Le parc national du Mercantour a annoncé sa candidature lundi pour devenir la troisième réserve internationale de ciel étoilé de France.

Le label couronnerait les efforts de 75 communes pour réduire l’éclairage public au profit de l’observation des étoiles et de la préservation des chauves-souris sur le territoire situé sur les départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence.

Le dossier va être diffusé dans les prochains jours « auprès de l’International Dark Sky Association (IDA), une association américaine qui reconnaît les sites qui font des efforts pour diminuer la pollution lumineuse » a précisé Charles-Ange Ginesy, le président du département des Alpes-Maritimes et du parc. « Réponse dans un mois ».

La candidature du Mercantour auprès de l’IDA est soutenue par le parc régional des Préalpes d’Azur. En France, le Pic du Midi et les Cévennes sont labellisés depuis 2013 et 2018.

Marine Ritchie