Extinction Rebellion : « Les militants ne sont pas des gros babos qui ont trois chiens dans leur garage »

Les militants du mouvement écologiste Extinction Rebellion occupent depuis lundi après-midi la place du Châtelet à Paris. Des assemblées générales, des prises de paroles, des séances de méditation y ont lieu dans une ambiance bon enfant. Une centaine d’activistes se retrouvent ici pour dénoncer l’inaction du gouvernement face au réchauffement climatique. Parmi eux, Maxime Ollivier, venu de Toulouse pour soutenir cette action de désobéissance civile.

Maxime Ollivier est venu de Toulouse pour occuper la place du Châtelet. Il n’a pas hésité à dormir dans une tente cette nuit. (crédit: Camille Kauffmann)

Sous des bâches installées quai de la Mégisserie pour se protéger de la pluie, Maxime Ollivier s’agite. Cet activiste de 22 ans est à l’aise avec tout le monde: il est le coordinateur d’un des six points de blocage de la place du Châtelet, à Paris. « Extinction Rebellion est un mouvement très horizontal et décentralisé, mais nous désignons chaque jour des référents pour que ça ne soit pas l’anarchie », explique-t-il en grignotant un bout de pain trouvé dans le frigo improvisé du mouvement écologiste.

Étudiant à Sciences po Toulouse, il a été séduit par l’antenne locale d’Extinction Rebellion et a fait le déplacement pour participer à l’occupation de la place parisienne. Sensibilisé à la cause environnementale depuis un stage en Malaisie, où il a vu les dégâts causés par la déforestation, Maxime Ollivier a eu une prise de conscience quand Nicolas Hulot a démissionné de son poste de Ministre à la transition écologique, fin août 2018. Au vu des ses études, le poste de Nicolas Hulot représentait son « life goal » : « pour moi c’était le poste qui permettait de faire changer les choses. Et le fait qu’un homme avec de telles convictions démissionne parce qu’il n’arrive pas à faire changer les choses de là où il est, ça m’a donné le déclic. » A la suite de sa démission, des marches pour le climat ont été organisées à Paris notamment. Celles de Toulouse tardaient à venir, Maxime a pris les choses en main et a organisé les marches pour le climat dans sa ville. « Je me suis dit que j’étais peut-être plus à l’aise au sein des contre-pouvoirs ». Cela fait plus un an qu’il multiplie les actions. Car si son engagement est récent, il n’en est pas moins intense.

« J’avais l’impression d’être dans la [série] Casa de papel ! »

Une action qui a marqué son parcours militant et personnel : l’occupation à la Défense de la Société Générale. Il faisait partie des 2.000 personnes en avril dernier à bloquer les tours des multinationales. Habillés en costume pour passer inaperçu, avec des faux badges de la société, les activistes se sont glissés à l’intérieur de la banque, « mais la sécurité s’est rendue compte qu’on était des activistes et a bloqué tous les accès. Je me suis retrouvé pendant 10 heures, assis, à bloquer l’intérieur de la banque. J’avais l’impression d’être dans la Casa de papel ! C’était ouf. C’était le premier blocage de masse. Il y avait même des gens qui avaient  pris des couches au cas où on n’aurait pas accès aux toilettes ! D’ailleurs, j’en ai dans mon sac.”

Il fait également partie des premiers à avoir rénové une clinique désaffectée pour créer le quartier général de La Bascule dans le Morbihan. Un lobby citoyen autogéré qui réfléchit à des propositions pour le climat,  sensibilise les citoyens à l’écologie, et forme des futurs candidats aux municipales de 2020. Après y avoir vécu quatre mois, il a repris ses études de communication à Toulouse mais reste sur le qui-vive. Il n’a pas hésité à rejoindre l’action de cette semaine. Son engagement le surprend lui-même: « Je me rends compte que c’est un peu fou :  je vais sécher une semaine de cours pour venir  à Paris et dormir dans une tente place du Châtelet. » Mais Maxime est convaincu de la nécessité d’agir et s’appuie sur des arguments de collapsologie « notre modèle socio-économique va s’effondrer parce qu’il est fondé sur une croissance infinie dans un monde fini. C’est rationnellement impossible. »

« Je suis une espèce de pont entre les deux milieux : pas tout à fait hors du système et pas non plus à 100 % dedans »

Si Maxime Ollivier est là aujourd’hui, c’est non seulement pour défendre ses idées et faire réagir le gouvernement, mais aussi pour faire changer l’image de l’activiste écolo. Le cliché du militant qui ne travaille pas l’agace « J’ai envie de montrer que les gens qui font du militantisme ne sont pas des gros babos qui n’ont plus de lien avec leur famille et qui ont trois chiens dans leur garage, beaucoup de gens pensent que c’est ça, un activiste. Moi je suis étudiant à Sciences po et j’ai fait deux ans de classe préparatoire. »

Selon lui, l’image du militant est souvent écornée et caricaturée. D’un ton calme, il explique que Ségolène Royal a fait de la désinformation en accusant les membres d’Extinction Rebellion d’être violents et de desservir la cause écologique, suite au blocage du centre commercial Italie 2, samedi dernier. « On est en train de mettre en place une cagnotte pour acheter des lunettes à Ségolène Royal pour qu’elle lise la 9ème clause d’XR qui est : “non violence” », explique-t-il d’un air désabusé.

Le mode d’action d’Extinction Rebellion, non-violent et ludique, a convaincu Maxime Ollivier, qui se prend à rêver d’un avenir plus ambitieux pour cette ONG encore jeune. A terme, il souhaite que l’organisation soit présente dans toutes les villes de France et qu’elle agisse localement, « en empêchant la construction d’un élevage intensif de poules en Bretagne, par exemple. »

 

Camille Kauffmann

 

 

 

 

La réalité des hackers derrière les clichés

Des hommes blancs, autodidactes, en sweat à capuche noir, en permanence derrière un écran, asociaux, travaillant depuis une chambre qu’ils quittent le moins possible, capables de pirater une banque en trois clics… La représentation des hackers dans les médias ou la fiction est en fait bien loin de la réalité.

Mr.Robot est une série américaine produite par USA Network et diffusée depuis 2015. (Flickr)

La quatrième saison de la série Mr.Robot a débuté le 6 octobre aux États-Unis. On y retrouve Elliot Alderson, officiellement ingénieur en cybersécurité, officieusement hacker hors pair. C’est un personnage déséquilibré, dépressif, paranoïaque, en marge de la société et très isolé. Il est toujours vêtu d’un sweat noir, capuche vissée sur la tête. En ce sens, Elliot correspond beaucoup à l’image du hacker telle qu’on la voit dépeinte dans les médias ou la fiction.

Néanmoins, le créateur de la série, Sam Esmail, a porté une attention toute particulière à la mise en scène des outils informatiques. Elliot utilise des techniques informatiques réelles et de vraies commandes dans ses lignes de code. “J’utilise les même dans mon travail” lance Jules, consultant en sécurité informatique. Les méthodes de Mr.Robot sont crédibles et les explications logiques : cette représentation est “plus juste que ce que l’on peut habituellement voir à la téléestime Edward Snowden, l’informaticien lanceur d’alerte à l’origine des Wikileaks.

Dans Mr.Robot, Elliot n’est pas toujours armé de bonnes intentions. D’ailleurs, la fiction et les médias associent souvent les hackers aux pirates qui mènent des activités criminelles. En plus, il y a un côté un peu mystique dans l’image qu’on dépeint du hacker. De par sa supposée personnalité, mais aussi à cause des outils qu’il utilise :

“Dans l’imaginaire collectif, c’est un peu un Robin des bois qui se défie de la loi et de l’ordre. C’est une figure romantique de l’anti-héros, du rebelle. D’autant qu’il fait des choses un peu obscures, il utilise des outils que monsieur Tout-le-monde ne sait pas utiliser” explique Agar, rédacteur en chef du magazine spécialisé Canard PC.

Il suffit d’ailleurs de taper le mot-clé “hacker” dans une banque d’image pour avoir une idée de l’image qu’il véhicule.

Capture d’écran des résultats de recherche pour le mot « hacker » sur la banque d’image Shutterstock.

Pourtant, “un hacker ce n’est pas forcément quelqu’un qui fait des attaques informatiques” précise Jules. “Hacker un système, c’est juste arriver à comprendre comment son code est fait” insiste le jeune informaticien. La suite dépend de son objectif !

Ce sont juste des gens qui bidouillent des objets” 

Selon lui, les hackers sont bien trop souvent caricaturés, que ce soit dans les médias, le cinéma ou les séries. “On les voit comme étant nocifs, méchants, mais ce sont juste des gens qui bidouillent des objets… Ça peut être positif” précise-t-il.

Il existe trois catégories, trois “chapeaux” pour désigner les hackers : les blancs, les gris et les noirs. Les “black-hats” sont ceux qui hackent avec une intention criminelle. À l’inverse, les “white-hats” assurent la sécurité et ne profitent jamais des vulnérabilités qu’ils trouvent. Enfin, les “grey-hats” oscillent entre les deux catégories et sont parfois des activistes. Ces termes renvoient en fait aux westerns dans lesquels le chapeau noir était l’apanage du “méchant” alors que le blanc était celui du “gentil”.

Il y a, surtout dans les films, cette idée selon laquelle le hacker est un génie absolu de l’informatique” analyse Agar. En fait, pour les “black-hats”, la majeure partie du hacking consiste à faire du social engineering, c’est à dire à se jouer des failles humaines. Dans ce cas, il ne s’agit plus de s’en prendre au système informatique, mais de manipuler l’utilisateur pour le mettre en confiance et récupérer des informations.

Souvent, dans la fiction, le hacker est un jeune autodidacte. Dans la vraie vie, nombre d’entre eux sont en fait ingénieurs en informatique. L’ancien hacker Ian Reynolds confie au Guardian qu’il n’y a pas de profil-type : “Pour le social engineering par exemple, la personnalité idéale est quelqu’un d’avenant, capable de pousser les utilisateurs à faire une tâche ou dévoiler leurs identifiants et mots de passe”. Bien loin du cliché du garçon asocial et désaxé.

Le difficile parcours pour la scolarisation des enfants handicapés

La scolarisation de l’enfant en situation de handicap.

La scolarisation des élèves en situation de handicap : Les différentes difficultés rencontrées et les démarches à entreprendre pour réussir son intégration

A la rentrée 2019, plus de 12 millions d’élèves ont franchi les portes des écoles. Dans le même temps, l’accueil des enfants en situation de handicap a sensiblement diminué. Comme chaque année, des milliers d’enfants handicapés n’ont pas pu rentrer en classe. Une situation inacceptable pour les associations. 

Quelles sont les difficultés rencontrées par les familles?

Aujourd’hui, il y a encore des parents qui n’ont pas leurs enfants handicapés à l’école, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens qu’ils ne peuvent pas aller travailler pour s’occuper de leurs enfants, soit parce que c’est une instruction partielle avec quelques heures par semaine. Mais aussi, ils sont sur des listes d’attente sur des établissements médicaux spécialisés qui depuis des années n’ont pas de place pour leurs enfants.

Ainsi, parvenir à scolariser son enfant handicapé n’est jamais une mince affaire. Il faut dire que leurs parcours scolaire inquiètent les parents. Petit à petit, ces derniers se trouvent devant des choix difficiles à faire et des décisions plus difficiles à prendre.

Et les questions qui se posent et qui s’enchainent:

Faut-il scolariser les plus petits, et à partir de quel âge? Auprès de qui s’informer? Quelles démarches accomplir?

Depuis la rentrée 2019, la scolarisation est rendue obligatoire à partir de trois ans. Donc pour favoriser l’instruction, améliorer la qualité de scolarisation et répondre aux besoins éducatifs des élèves handicapés, la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) facilite les démarches et donc assure l’inscription dans l’école vers laquelle l’élève a été orienté, la mobilisation des adaptations pédagogiques nécessaires pendant l’instruction du dossier et le suivi pour garantir un accompagnement attentif et régulier.

  • L’école de référence : Les parents sont appeler à prendre contact avec l’école de leur secteur qui doit inscrire leur enfant. Ils doivent se tourner vers la MDPH si à un moment donné le responsable estime qu’un aménagement de la scolarité est nécessaire.
  • La MDPH : Sa première mission est d’accueil les personnes handicapées et leurs familles. Le premier rendez vous peut être accompagné d’une assistante sociale. C’est le fil conducteur de la scolarisation des élèves handicapés.
  • L’enseignant référent : Ce dernier est capable de recevoir et mener avec les parents une première réflexion sur la scolarisation de l’enfant en situation d’handicap. Le directeur de l’école fournira son adresse.
  • Les associations de parents : Indépendamment du handicap, les associations de parents sont considérés comme représentatives, ils ont un rôle reconnu par l’Education nationale. Ils participent aux conseils d’école, de classe et d’administration des établissements d’enseignement.

La mobilisation des moyens pour assurer la scolarisation des enfants en situation d’handicap

L’intégration des élèves en situation handicape souffre encore d’un déficit de formation des équipes éducatives. Malgré que le droit à l’éducation pour tous les enfants, quel que soit leur handicap, est un droit fondamental. A la lumière de ce problème, l’éducation nationale consacre 2,4 milliard d’euros pour scolariser 340.000 élèves handicapés. Le budget dédié à la scolarisation de ces enfants a augmenté de 25% depuis deux années. Par la suite, cette dernière offre à chaque enfant en situation de handicap une rentrée similaire à celle de tous les autres enfants. 

 

Racha Miled

Loi de bioéthique: l’Assemblée vote la fin du « bébé-médicament »

Cette technique destinée à sauver des enfants atteints d’une maladie génétique posait de nombreuses questions éthiques.
L’Assemblée nationale interdit la pratique du « bébé-médicament ». Cette technique médicale permettait de concevoir un enfant indemne de la maladie dont souffre son frère ou sa soeur, et qu’il soit immuno-compatible avec lui ou elle.

C’est la fin du « bébé-médicament ».  L’Assemblée nationale a voté lundi soir un amendement proposé par Les Républicains mettant un terme à la technique dite du « bébé médicament », destinée à sauver des enfants atteints d’une maladie génétique mais qui posait des questions éthiques, dans le cadre de l’examen en première lecture de la loi bioéthique.

Dans cette technique, un enfant est conçu pour qu’il soit indemne de la maladie génétique dont souffre un frère ou une soeur et immuno-compatible avec lui (ou elle), ce qui peut permettre la guérison de l’enfant atteint grâce à un prélèvement de sang de cordon.

« Cette technique a été autorisée à titre expérimental par la loi du 6 août 2004. Mais, au regard de la transgression qu’elle représente, une telle possibilité ne saurait être maintenue dans le Code de la santé publique sans nécessité impérieuse », a plaidé la députée LR Annie Genevard dans son amendement.

Une majorité de députés ont voté l’abrogation de l’article incriminé

Rappelant que « cette pratique est arrêtée en France depuis 2014 », le rapporteur Jean-François Eliaou (LREM) avait recommandé cependant son maintien estimant que cette technique représentait « la seule possibilité pour traiter » certains patients. La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait elle donné un avis de sagesse estimant ne pas avoir le recul suffisant pour s’exprimer sur le sujet, compte-tenu de son passé de médecin hématologue et de praticienne hospitalière.

« On voit bien l’efficacité de cette méthode mais il y a une interrogation sur l’utilisation d’un embryon et, à terme d’une personne, comme un moyen et non comme une fin puisqu’on va faire peser sur lui le poids de la possibilité de la guérison d’un autre enfant », a souligné Xavier Breton (LR). « Il s’agit de familles qui ont un projet parental, décident de faire un autre enfant et, dans le cadre, se voient proposer de chercher en plus, la compatibilité pour que ce nouvel enfant puisse éventuellement sauver son frère ou sa soeur. Mais ce ne sont pas des enfants fabriqués pour sauver un autre bébé », avait rectifié Agnès Buzyn.

 

Celsalab avec l’AFP