Législatives en Hauts-de-Seine, 9e circonscription : Bruno Ricard, Brigitte le rend Bardot

Bruno Ricard (crédits : C.Tixier, S. Spautz, A. Boussaha)

De l’alcool, il n’a pas que le nom. Bruno Ricard, candidat aux législatives à Boulogne-Billancourt, dans la 9ème circonscription des Hauts-de-Seine, est membre de la famille Ricard, deuxième groupe mondial dans la vente des vins, spiritueux et alcools en tout genres. Il vit dans la commune, dans un petit pavillon intégré au musée Paul Belmondo et se présente sous l’étiquette Alliance Écologiste Indépendante. Pieds nus, bermuda kaki et chemise au col ouvert, il est loin de ressembler aux hommes politiques habitués aux médias dans leurs costards impeccables. Bruno Ricard a l’air d’un ancien explorateur, le visage curieux de ceux qui aiment voyager. Ancien journaliste, il se dédie maintenant à son cheval de bataille, la cause animale « qui n’est pas du tout représentée. Il n’y a aucun politique qui en parle ».

Bruno Ricard a une autre passion : Brigitte Bardot, qui est aussi une amie très proche. Dès l’entrée de la maison, le ton est donné : « BB » s’affiche sur tous les murs, dans tous les formats, noir et blanc, couleur, en dessin ou en photo. Contre les escaliers qui mènent à l’étage, trois immenses piles de vieux films dans leurs boitiers : des heures de vidéos de Brigitte Bardot, interviews en tout genres et films inédits. Un butin à 10 000 euros. Idem dans le salon, tout aussi encombré de pièces de collections inestimables à ses yeux. « En tout, j’ai environ 300 000 pièces de collections qui s’entassent dans toute la maison », dont une à même le corps : un tatouage du visage de BB sur son bras gauche.

Animal politique

Dans la pièce principale à la gloire de Brigitte Bardot, Bruno Ricard allume une cigarette et parle de son engagement. « Je travaille avec la fondation Brigitte Bardot depuis des années. Je gère aussi un blog relayant des actualités sur la cause animale. J’ai deux pages Facebook, dessus je parle des animaux mais des politiques aussi. Je les dézingue quand ils merdent. Je m’en fous, je l’ouvre ».

Les ennemis, Bruno Ricard s’en fiche : il a assez d’amis précieux sur lesquels compter. « J’ai un carnet d’adresses que beaucoup m’envient ». Brigitte Bardot bien sûr, mais aussi Paul Watson, le fondateur de Greenpeace, les membres de l’association L214 qui dénoncent la maltraitance animale dans des vidéos chocs, et des personnalités du monde musical et cinématographique. Invité au quatre coins du monde, il est interviewé par les plus grands magazines. « Un jour, une voiture se gare devant chez moi. Je vois des grandes jambes en sortir, et là : Pamela Anderson », affirme-t-il.

Sur le canapé, sa chienne s’est endormie et ronfle fort. « Je l’ai récupérée en Espagne, elle était malade et allait être euthanasiée ». Quand on aborde la politique, Bruno Ricard devient virulent :  « La première fois que je me suis présenté à Boulogne, je n’ai fait aucune affiche, je n’ai compté que sur mon nom. Les gens me connaissent, savent qui je suis. Et ils savent que ce que je dis, je le fais. Les politiques, ils te claquent le bécot, mais derrière s’ils peuvent t’enfoncer, ils le feront, ils en ont rien à secouer de ta gueule ».

Pour sa campagne, il ne tracte pas mais prévoit de le faire à la dernière minute. Il n’a pas d’assistants, ni de communicants. « Je suis pas comme Pierre-Christophe Baguet,(ndlr : le maire de Boulogne) pas comme Thierry Solère (ndlr : le député LR sortant). Eux, ce sont des communicants ». Quant au conflit qui oppose Thierry Solère à Marie-Laure Godin, candidate (LR) dissidente soutenue par le maire, il n’en pense rien, si ce n’est que « Marie-Laure Godin est quelqu’un de très bien ». « J’ai beaucoup d’estime pour elle. Elle vit uniquement de la politique, elle n’a jamais voulu faire autre chose ».

S’il est élu député de sa circonscription, Bruno Ricard voudrait faire passer une loi amplifiant les peines contre les bourreaux d’animaux ou encore interdire la tauromachie en France. Pour lui, toutes les propositions sont bonnes. « Je suis ouvert à tout, moi. Sauf à la connerie humaine ».

Asmaa Boussaha

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La 9ème circonscription des Hauts-de-Seine est le théâtre d’un duel interne à la droite : Thierry Solère, le député sortant (LR) à Boulogne-Billancourt affronte son meilleur ennemi, le maire (LR) de Boulogne.

Les affiches des deux candidats avec le même logo LR-UDI. Crédit: Asmaa Boussaha
Les affiches des deux candidats avec le même logo LR-UDI. Crédit: Asmaa Boussaha

 

Tous les cinq ans, la même histoire se répète. A chaque élection, les Républicains règlent leurs comptes sur la place publique à Boulogne-Billancourt. Et celle-ci ne déroge pas à la règle. Thierry Solère, le député (LR) sortant s’oppose de nouveau à son rival de longue date, le maire (LR) de Boulogne Pierre-Christophe Baguet.

Ce mardi matin, le traditionnel marché Escudier attire les habitants. Et les candidats aux législatives. Marie-Laure Godin est la première à se rendre à la rencontre des Boulonnais et des commerçants, accompagnée d’un soutien de poids : Pierre-Christophe Baguet justement. Adjointe au maire et soutenue par la majorité municipale, elle se positionne en dissidente de Thierry Solère. La commission nationale d’investiture des Républicains a en effet désigné l’organisateur de la primaire de la droite et du centre comme candidat sous l’étiquette LR-UDI. Problème : M.-L. Godin se revendique également de cette affiliation. Pour preuve, les deux logos sont présents sur les affiches de campagne des deux candidats.

 

Marie-Laure Godin et Pierre-Christophe Baguet ont été à la rencontre des commerçants et des habitants ce mardi sur le marché Escudier à Boulogne-Billancourt.Crédit: Asmaa Boussaha
Marie-Laure Godin et Pierre-Christophe Baguet ont été à la rencontre des commerçants et des habitants ce mardi sur le marché Escudier à Boulogne-Billancourt.Crédit: Asmaa Boussaha

 

 Une guerre de logos

Ce quiproquo a poussé l’UDI à réagir. Jean-Christophe Lagarde, président du parti, a envoyé une lettre à la candidate pour lui demander « de ne plus utiliser le logo de l’UDI » sur les affiches et à sa permanence de campagne.

Le courrier que Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, a envoyé à Marie-Laure Godin. Crédit: DR
Le courrier que Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, a envoyé à Marie-Laure Godin. Crédit: DR

 

Une missive que semble ignorer le maire de Boulogne : « On n’a pas fait l’objet d’un seul constat d’huissier, d’une seule remarque, on n’a pas été poursuivis en justice donc on a bien le soutien LR-UDI et des dirigeants. Ce sont des affabulations de Monsieur Solère ». Du côté de l’UDI, on assure que le courrier de mise en demeure a bien été envoyé : « Il a été signé de la main de Jean-Christophe Lagarde. Thierry Solère est le candidat officiel et est le seul à ce titre à pouvoir utiliser le logo de l’UDI. On ne peut pas vérifier tous les panneaux d’affichage mais il n’a pas le droit ». Et l’UDI a tenu à rétablir la vérité sur le terrain. Jean-Louis Borloo, président d’honneur du parti, a accompagné le candidat officiel ce matin sur le marché.

Avant la venue dimanche de François Baroin, chargé de mener la bataille des législatives pour les Républicains.

Thierry Solère : « Je ne suis pas en marche mais je veux que ça marche »

Pourtant Thierry Solère a été quelque peu infidèle à la droite ces derniers mois. Après avoir démissionné de son poste de porte-parole de François Fillon, il a fait de nombreux appels du pied en direction d’Emmanuel Macron. Résultat : aucun candidat de La République en Marche (LREM) n’a été investi dans sa circonscription. Contactée, la fédération LREM des Hauts-de-Seine affirme que « Thierry Solère a signé l’appel en réponse à la main tendue lancée par Emmanuel Macron. Dans le cadre de l’envie d’ouverture du mouvement, la Commission nationale d’investiture n’a pas investi de candidat LREM dans la 9e circonscription ». T. Solère ne se cache pas d’être « Macron compatible » : « Si nous ne sommes pas majoritaires nous Les Républicains moi je voterai toutes les réformes proposées par le gouvernement qu’Emmanuel Macron a désigné qui vont dans le bon sens. (…) Je ne suis pas en marche mais je veux que ça marche », ironise le député.

 

Une décision qui fait grincer des dents sur le marché. « Thierry Solère il n’aura pas ma voix. C’est une certitude absolue plus 15 personnes autour de moi. On ne trahit pas comme ça, il ne faut pas prendre les gens pour des demeurés. Son attitude m’agace, un pied à droite, un pied à gauche et là il attend les résultats des élections pour se déterminer. Qu’est-ce qu’il a fait à l’Assemblée Nationale pour Boulogne ? », se demande Raymond Nart, habitant du quartier.

Le point qui fâche : la fusion Boulogne-Issy-les-Moulineaux

La rivalité entre les deux hommes a repris de plus belle depuis le projet de fusion avec la commune d’Issy-les-Moulineaux voulu par le maire de la ville. T. Solère ne s’en cache pas : « J’ai un différend avec lui, c’est qu’il veut fusionner Boulogne et Issy-les-Moulineaux et moi je réclame un référendum local parce que je pense qu’on n’a pas le droit de faire disparaître la ville sans demander l’avis de la population ». Ce projet perturbe également les riverains qui ne se sentent pas assez informés sur le sujet. « Je ne suis pas vraiment pour mais on n’est pas assez au courant », assure une habitante. « Les justificatifs avancés sont assez légers, renchérit son mari. C’est une attitude qui semble purement politicienne. Qu’est-ce qu’il (ndlr : Pierre-Christophe Baguet) cherche à travers ça ? Peut être de peser dans l’Ouest parisien, de peser dans la future métropole. C’est plus une question de prestige individuelle ».

Pierre-Christophe Baguet et Thierry Solère: les deux rivaux du même camp (passez votre souris sur les images)

 

Ce point de friction a en tout cas relancé la guerre des clans. Et ce n’est pas T. Solère qui y mettra fin : « Si les habitants veulent une droite constructive ils votent pour moi, s’ils veulent une candidate de la Manif pour Tous excitée sur les sujets de la fusion de Boulogne et bien ils ne votent pas pour moi ». Ambiance.

Chloé TIXIER

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Portrait de Christophe Paillard, candidat royaliste dans les Hauts-de-Seine

Le candidat royaliste, Christophe Paillard, se présente pour la seconde fois. Crédits : Julien Percheron
Le candidat royaliste, Christophe Paillard, se présente pour la seconde fois. Crédits : Julien Percheron

Pour les petits partis politiques, les élections législatives sont avant tout l’occasion de porter leur idées dans le débat public. L’Alliance Royale est à nouveau présente cette année dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine, avec le candidat Christophe Paillard. Portrait d’un royaliste convaincu, mais réaliste. 

«  Il y a une ambiance qui n’est pas du tout la même qu’il y a cinq ans. Les électeurs se sont débarrassés des partis traditionnels. Dans ce contexte, la proposition des royalistes n’est pas mal venue », estime Christophe Paillard. Pour la seconde fois, le candidat royaliste se présente aux législatives dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine. Lors des élections de 2012, le candidat de l’Alliance Royale remportait 76 voix dans les cantons de Meudon, Chaville et Sèvres.

«  Un royaliste n’est pas de droite ou de gauche, il est royaliste et Français  »

«  Je m’intéresse à la politique depuis que je suis tout jeune. J’ai aussi milité un temps, et puis j’ai lu. Je me suis aperçu que la République, ne disait que ce qu’elle voulait, et ce n’était pas forcément vrai  », se souvient-il. Christophe Paillard garde un bon souvenir des périodes de cohabitations, droite et gauche travaillant ensemble. Puis, de rencontres en rencontres, l’idée d’un mouvement royaliste se forme. «  Avec d’autres, nous avons fondé l’Alliance royale. Aujourd’hui, nous avons 5 élus conseillers municipaux, principalement dans des villages. » Quel projet pour les Hauts-de-Seine  ? Christophe Paillard préfère voir plus large. «  Nos propositions peuvent intéresser tous les Français. Hormis le prix de l’immobilier et les problèmes liés aux transports, la 8e, c’est plutôt une circonscription heureuse  », commente le candidat. «  La moralisation de la vie politique est l’un de nos vieux chevaux de bataille. Pour nous, le roi en est l’arbitre  », poursuit-il.
«  Dans dix jours je serai élu, comme chacun sait  ! », plaisante Christophe Paillard. Le candidat, sommelier-caviste à Paris, ne se fait pas d’illusion sur la percée électorale de son parti aux législatives. Il l’assure, son objectif est de porter l’idée monarchique dans le débat politique. Ce mardi soir, il tient une réunion publique pour tenter de rassembler son électorat. «  Nous ne serons peut-être qu’une dizaine, mais ce n’est pas cela qui compte  », affirme-t-il.

Par Aline Bottin, Julien Percheron et Léa Duperrin

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