Front national : à Villepinte, un fossé entre les marinistes et les indépendants

Lundi midi, Marine Le Pen et son nouvel allié, Nicolas Dupont-Aignan, ont tenu un meeting à Villepinte, devant 6 000 militants plus ou moins impliqués. Etudiants, cadres, mélenchonistes, retraités ou anciens du GUD ; le public était pour le moins éclectique.

Une clameur d’enthousiasme s’élève dans le hangar 4B du parc des expositions de Villepinte lorsque Nicolas Dupont-Aignan arrive sur l’estrade. Les drapeaux s’agitent, le prénom du fondateur de « Debout la France » est repris en choeur, tandis que les retardataires pressent le pas pour traverser la salle, aux trois quarts vide. Marine Le Pen a vu les choses en grand pour ce meeting : énorme hangar, musique épique, milliers de drapeaux tricolores, Nicolas Dupont-Aignan en première partie, service d’ordre omniprésent et journalistes parqués dans des espaces dont ils ne pouvaient pas sortir. La mise en scène est maîtrisée.

Collecte de dons pour le service d'ordre du Front national
Collecte de dons pour le service d’ordre du Front national

Les fidèles soldats du Front

Certains militants ont totalement intégré la rhétorique de la candidate du Front national. Devant l’énorme drapeau français qui sert à recueillir les dons faits au parti et au service d’ordre, Nicolas Grandjean, 22 ans et étudiant en alternance dans le commerce international, explique pourquoi il soutient Marine Le Pen : « La mondialisation, c’est un piège à cons. L’économie n’est pas la base de la société ; il faut savoir où sont les priorités. Je n’ai pas peur que les entreprises quittent la France si Marine Le Pen est élue. Cela n’arrivera pas. Même mon patron, qui fait partie du comité d’En marche ! m’a dit qu’après avoir écouté Marine Le Pen sur TF1, il avait douté de son vote ». Pour ce jeune homme qui a participé aux manifestations contre le mariage pour tous, la priorité, c’est la famille : « Le Front national abrogera la loi Taubira et mettra en place des aides pour les familles en difficulté. Mais pas pour les familles étrangères qui bénéficient déjà des aides de l’Etat. C’est surtout pour cette politique familiale que j’ai choisi Marine Le Pen dès le premier tour ».

Quelques personnes ont choisi de suivre le meeting au fond de la salle. C’est le cas d’Arthur, Rennais de 21 ans qui cherche à acheter un bar, venu jusqu’à Villepinte avec son ami Maxime : « Je suis venu ici pour faire acte de présence. Je connais déjà le discours de Marine Le Pen mais ce qui me plaît le plus, c’est de favoriser la France et les Français, d’avoir une politique nationale comme la majorité des autres pays ».  » Mais Marine Le Pen ne parle plus trop de cela parce qu’elle cherche le plus d’électeurs possibles. Je pense qu’elle peut être élue mais cela va être compliqué. En tout cas, je connais beaucoup de jeunes qui vont voter pour elles, notamment quelques mélenchonistes », ajoute-t-il.

L’arrière garde

Mais, en marge du meeting, on pouvait aussi croiser des personnes moins policées. Les groupuscules d’extrême droite sont discrets mais présents. Loïc, un ancien du GUD (Groupe Union Défense), frontiste depuis 1983 et ancien garde du corps de Marie-France Stirbois, a préféré rester dehors plutôt que d’écouter le discours de Marine Le Pen. Ce quinquagénaire, arborant des lunettes d’aviateur et une mèche péroxydée, est venu à Villepinte en scooter après avoir assisté au discours du 1er mai de Jean-Marie Le Pen. « Je suis un peu nostalgique des débuts du Front national quand on était plus indépendants. Aujourd’hui, le GUD ne représente quasiment plus rien », déplore Loïc en fumant une énième cigarette alors que le slogan « On est chez nous ! » s’échappe du hangar.

Jean-Michel, 64 ans, ancien électeur de gauche qui votera pour Marine Le Pen
Jean-Michel, 64 ans, ancien électeur de gauche qui votera pour Marine Le Pen

Un homme qui est resté au fond de la salle pendant tout le meeting a également attiré l’attention des photographes. Jean-Michel, retraité de 64 ans, arbore un panneau « La gauche avec Marine » mais refuse de dire pour qui il a voté au premier tour. « On peut être de gauche et voter pour Marine Le Pen. Moi, je ne vote pas pour les banquiers. Je trouve que Mélenchon n’a pas eu de couilles en refusant de se positionner. De toute façon, les trotskystes ne sont pas des gens fiables. Moi, je suis un indépendant », explique-t-il. En plus, du protectionnisme économique, Jean-Michel est également d’accord avec la politique de réduction voire de suppression de l’immigration que veut mettre en place Marine Le Pen : « Je suis pour la paix civile. Je considère que tout le monde devrait pouvoir vivre et travailler dans son pays sans être bombardé par les Américains. Dans les années 60 et 70, l’immigration ne posait pas de problèmes parce qu’elle était européenne et chrétienne, alors que l’immigration musulmane d’aujourd’hui a tendance à favoriser la création de ghettos ethnico-culturels et le système libéral s’en sert pour faire baisser les salaires », considère celui qui se présente comme de gauche, avant d’ajouter : « Les réfugiés syriens sont des déserteurs ».

La dispersion des troupes

A la fin du meeting, la Marseillaise est reprise avec vigueur par les militants. Ceux qui sont venus de province se dirigent vers la gare routière, tandis que certains frontistes prennent à parti les médias. Quelques enfants courent dans l’herbe en s’amusant avec des drapeaux tricolores en criant « Marine présidente ! ». Les forces de l’ordre souhaitent une bonne journée aux militants qui les remercient pour leur présence. Dans le RER, les frontistes se mêlent aux voyageurs qui reviennent de l’aéroport Charles de Gaulle. La dernière trace visible de ce meeting se retrouve dans le doigt d’honneur qu’un militant esquisse dans le dos d’un journaliste en souriant à sa femme d’un air complice.

 Anaëlle De Araujo

BlaBlaCar se lance dans les trajets domicile-travail

La plateforme de covoiturage BlaBlaCar a lancé ce mardi BlaBlaLines, une application dédiée aux trajets domicile-travail. Elle sera disponible dans un premier temps entre Reims et Châlons-en-Champagne et entre Toulouse et Montauban, avant d’être étendue à l’ensemble de la France courant 2018.

« Le système vient en complément du système de transports en commun. On va pouvoir facilement être un moyen de transport supplémentaire », a souligné le responsable de BlaBlaLines, Simon Berger-Perrin, lors d’une conférence de presse. Alors que BlaBlaCar propose des trajets de covoiturage occasionnel, sur des distances de 300 kilomètres en moyenne, BlaBlaLines sera spécialisé sur les trajets domicile-travail. Les contraintes sont donc différentes: ne pas perdre de temps pour trouver son co-voitureur, et pouvoir rester flexible sur les horaires de départ et de retour.

Le système repose donc sur des « lignes », avec des points de rencontre prédéfinis, et des trajets aller et retour indépendants l’un de l’autre, pour n’avoir « pas besoin de calquer son agenda sur celui de quelqu’un d’autre », a détaillé Frédéric Mazzella, président-fondateur de BlaBlaCar. Les deux axes choisis pour le lancement, Reims-Châlons-en-Champagne et Toulouse-Montauban, sont « très fréquentés en trajets domicile-travail », a-t-il ajouté.

BlaBlaLines devra commencer par recruter un nombre important de conducteurs, afin que les passagers co-voitureurs soient certains de trouver une voiture pour l’aller et pour le retour. Ainsi, BlaBlacar ne percevra pas de commission dans un premier temps, le but étant « d’aller chercher l’usage », a indiqué Frédéric Mazzella.

La plateforme « va utiliser cette première expérimentation pour recueillir les retours d’expérience des utilisateurs afin d’affiner son service et d’ajouter progressivement de nouvelles fonctionnalités », selon un communiqué de presse. BlaBlaLines, qui bénéficie du soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise l’énergie (Ademe), devrait être étendu cet automne à 10 nouveaux axes, qui ne sont pas encore déterminés, avant d’être déployé sur l’ensemble de l’Hexagone courant 2018.

Garance Feitama

République Tchèque : le Premier ministre démissionne

Le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka a annoncé mardi sa démission, entrainant également celle de son cabinet, dont son ministre des Finances, l’influent milliardaire Andrej Babis. Cette décision fait suite au conflit que M. Sobotka entretenait avec M. Babis, ce dernier étant soupçonné de fraudes fiscales. Le Premier ministre tchèque l’a ainsi obligé à quitter son poste.

« Je présenterai prochainement ma démission au président Milos Zeman. Il est inadmissible qu’Andrej Babis reste au poste du ministre des Finances », a déclaré le Premier ministre social-démocrate. Andrej Babis, chef du mouvement centriste ANO, et deuxième plus grosse fortune du pays d’après Forbes, rejette quant à lui toutes les accusations à son encontre.

Sarafina Spautz

« Autisme », François Fillon dans le viseur des Français #julie

François Fillon, dont la campagne présidentielle bat son plein, est dans le viseur des français. Sa référence à l’autisme lors de son interview au JT de France 2 choque.

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« La libre communication des pensées et des opinions est un droit des plus précieux de l’homme »

Le candidat Les Républicains a t-il dépassé les limites du politiquement correct lors de son passage dans le JT de France 2 dimanche dernier? Le fondement même de la liberté d’expression est régie par l’article 11 de La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Cette liberté est précieuse, et chère à la France. Pourtant, avec l’ère du numérique et l’avénement des réseaux sociaux, il n’est plus possible de parler avec légèreté. Au contraire, les paroles qui traduisent les opinions doivent être mesurées, et François Fillon en a fait les frais récemment dans les médias. Dans un moment politique où la tension est palpable, les mots, les intentions et même les actes des candidats sont passés au crible.

« Je ne suis pas autiste »

L’ancien premier ministre, qui mène une campagne présidentielle à contre-courant, et qui fait polémique a rétorqué au journaliste Laurent Delahousse lors du 20h de France 2 qu’il n’était pas « autiste« . Une phrase « choc » qui a consterné nombre de téléspectateurs et internautes qui se sont vivement exprimé via les réseaux sociaux.

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— Politiquons (@PolitiquonsCom)

François Fillon a suscité stupeur et indignation face à l’emploi d’un terme fort, synonyme de souffrances pour ceux qui vivent et combattent l’autisme au quotidien. Nul doute que les propos maladroits de François Fillon ont énervés la toile. le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a reçu plus de 55 signalements de téléspectateurs reprochant au candidat à la présidence, des propos qualifiés « d’irrespectueux » à une heure de grande écoute. L’association SOS Autisme, en colère, demande des excuses publiques et l’invite à venir à la rencontre des familles qui connaissent cet handicap.

Habitué des « gros titres à scandales », l’homme fort de la droite aurait pu s’abstenir de ce « faux pas ». Néanmoins, si l’on prend en considération la définition du mot autisme dans le Larousse, il s’avère qu’au sens figuré, ce mot en perd tout son sens premier.

« Autisme, au figuré, par exagération: Déni de réalité qui pousse à s’isoler et à refuser de communiquer, et, particulièrement, d’écouter autrui. »

François Fillon serait-il un homme « maladroit » ou juste un homme « Incompris »? Après un rassemblement de la dernière chance au Trocadéro, le mystère qui plane sur l’identité du prochain président de la république ne sera plus qu’un souvenir d’ici quelques mois.