« Le risque pour les NEET : basculer dans la pauvreté et l’exclusion » (3/4)

Thierry Berthet est directeur de recherche au CNRS sur des thèmes d’économie et sociologie du travail. Il a participé à de nombreux travaux sur les NEET, ainsi que le décrochage scolaire.

Thierry Berthet lors d'une conférence au Centre Emile Durkheim. Crédits Centre Emile Durkheim.
Thierry Berthet lors d’une conférence au Centre Emile Durkheim. Crédits Centre Emile Durkheim.

Pourquoi avoir créé la catégorie statistique des NEET ?

C’est plus qu’une catégorie statistique, c’est une catégorie d’action publique qui sert à structurer des programmes d’intervention gouvernementaux. Depuis à peu près vingt ans, les dépenses de l’Etat sont réorientées vers la mise en activité des jeunes, on parle alors d’activation. Vous avez probablement entendu tout le discours sur l’assistanat, consistant à dire que c’est scandaleux de payer des gens à ne rien faire, et qu’il faut amener les gens vers le travail, qui est le moyen d’être intégré socialement. C’est une transformation de la conception que l’on avait de l’Etat providence. On s’intéresse donc aux jeunes non pas par rapport à leur conditions de vie, de santé, de logement, mais par rapport à leur situation face au marché du travail.

Qui sont ces NEET ?

Ce sont des jeunes pour lesquels on considère qu’il y a un risque, qui les définit principalement : le risque de basculer dans la pauvreté et l’exclusion. Les NEET sont la population ciblée par un certain nombre de dispositifs, notamment la garantie jeune, qui est le premier transfert social versé directement au jeune et non pas à ses parents ou ses représentants. Cela passe par les missions locales, créées dans les années 1980 par Bertrand Schwartz et qui regroupent tous les services dont les jeunes ont besoin, pour pas qu’ils aient à cavaler d’un service à l’autre.

Quel avenir voyez-vous pour les NEET ?

Il faut distinguer les NEET qui sont diplômés et ceux qui ne le sont pas. Ceux qui n’ont pas le bac ou un diplôme équivalent sont très mal placés sur le marché du travail car les emplois qui ne demandent pas de qualifications sont majoritairement occupés par les jeunes diplômés qui n’ont pas trouvé d’autre travail. La place des non-diplômés est donc extrêmement réduite. Le cœur du problème des NEET, ce sont les jeunes sans diplôme, c’est vers eux qu’il faut travailler. Le problème est que la garantie jeune n’est pas faite pour leur apporter un diplôme. Il faut, en plus de l’emploi, un parcours de qualification. Il existe des solutions comme les écoles de la deuxième chance, mais il faudrait développer cette offre, notamment dans les territoires ruraux, et savoir comment orienter au mieux les jeunes vers le dispositif qui leur convient le mieux.

Et comment développer cet accompagnement, notamment pour ceux qui ne ressentent pas le besoin d’utiliser ces dispositifs ?

Il faut penser des politiques très globales. Pour empêcher le basculement des jeunes dans l’économie informelle par exemple, il faut mettre en place un ensemble d’actions qui vont toucher à la politique de la ville, comme des travailleurs sociaux qui vont intervenir dans la rue ou une police de proximité. Il faut aussi un marché du travail ouvert au jeunes et qui ne fasse pas de la discrimination ethnique parce que c’est très clairement ce qui se passe aujourd’hui, et certains de ces jeunes se tournent ensuite vers la vente de substances illicites. Il n’y a pas de solution miracle mais il y a une solution sociétale. Il faut mobiliser, sensibiliser les gens comme ca peut se faire au Québec par exemple. Il faut que les différents niveaux de gouvernement, le niveau national, le niveau régional, municipal, travaillent ensemble pour lutter contre la pauvreté de ces jeunes et l’exclusion.

L’ensemble du dossier à retrouver ici :

Les NEET, une catégorie sociale qui inquiètent les pouvoirs publics (1/4)

À Bagneux, donner une seconde chance aux NEET (2/4)

Alexis, le sport et le deal (4/4)

Propos recueillis par Aline BOTTIN

À Bagneux, donner une seconde chance aux NEET (2/4)

L'encadrement des jeunes consiste très souvent à leur redonner confiance, en eux-mêmes et en l'avenir. Julien Percheron
L’encadrement des jeunes consiste très souvent à leur redonner confiance, en eux-mêmes et en l’avenir. Julien Percheron

118 centre de réinsertion professionnelle compose le réseau des Écoles de la deuxième chance. Le but, comme ici à Bagneux, offrir une solution à ceux qui sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification.

Dans les couloirs de cette école un peu différente, les travaux des années précédentes ornent les murs. Biographie de Lionel Messi, histoire de l’hôtel Hilton à Paris ou de la coupole Art Nouveau des Galeries Lafayette. Christian Larandière est le chef de site de Bagneux. Ici, on ne parle pas de professeurs, d’élèves ou de cours, mais de formateurs, de stagiaires et d’ateliers. Lunette rondes vissée sur le nez, son collier de barbe accompagne un large sourire.

« Ces jeunes sont arrivés il y a une semaine, dit-il en désignant quelques jeunes réunis autour d’une formatrice, on les fait entrer au compte-goutte, pour permettre l’individualisation de la formation. Chacun va suivre un parcours personnalisé en fonction de ses atouts et lacunes, mais aussi du métier qu’il choisit » explique le chef de site.

Avec 10 mois de cours, à raison de 35 heures par semaine, l’objectif est double : mettre les élèves à niveau dans les matières élémentaires et accéder à l’emploi ou à une formation qualifiante en alternance. « On est la marche qui leur permet d’entrer en CAP ou en Bac Professionnel » poursuit Christian Larandière.

« On cadre, on motive, on remobilise en permanence »

 

A quelques mètres de là, une autre salle, à l’ambiance studieuse. Sur la porte : Atelier Insertion Professionnelle. Ces stagiaires, arrivés en début d’année, travaillent leur CV. Au milieu de la pièce, Sandrine Araujo, formatrice. Brune, les cheveux bouclés et le regard bienveillant, elle s’adresse à Angel Cada, 20 ans, il arbore un T-shirt Star Wars et des lunettes loupe.

« Il faut que tu prennes conscience de tes compétences » dit-elle au d’une voix rassurante, penchée sur sa fiche de synthèse. Dessus, des triangles qui se croisent : mes valeurs, les valeurs que je rejette, mes intérêts, mes compétences et connaissances… L’an passé, Angel échoue en Terminal STMG et fait une dépression. Son redoublement est un échec, il fait une seconde dépression, plus violente. « Ici, on apprend des choses vraiment utiles » confie-t-il.

Après un premier stage “moyen” dans la vente, Angel se projette plus dans la logistique. « J’aimerai bien faire mon prochain stage à La Poste ou chez L’Oréal » sourit-il. C’est la grande particularité de cette école : trois semaines d’ateliers, trois semaines de stage. Juste à côté, un autre stagiaire fait mine de travailler son CV, légèrement affalé sur sa table. A 18 ans, Tyron n’a pas obtenu son Bac STMG.  « Les stages permettent d’acquérir des expériences et de se faire une idée d’où l’on voudrait faire l’alternance plus tard » explique le jeune homme, fan d’automobile, du PSG et des mangas.

L'atelier d'insertion professionnel est un temps pour que chacun avance dans ses recherches de stage. Julien Percheron
L’atelier d’insertion professionnel est un temps pour que chacun avance dans ses recherches de stage. Julien Percheron

Ce qui plaît aussi à la majorité des stagiaires, c’est l’indemnisation. Certes ils touchent aux alentours de 320 euros par mois. Mais ils gagneraient 100 euros de plus en préférant la Garantie Jeune. Pour cette raison, le dispositif de réinsertion professionnelle, sorte de pôle emploi pour les jeunes, attire bien plus que les écoles de la seconde chance.

Un phénomène que déplore Sandrine Araujo : chaque année, les écoles de la seconde chance ne sont pas remplies. « Je travaillais avant en Mission locale, se souvient-elle, il n’y a qu’un mois d’atelier puis deux rendez-vous hebdomadaire. Et les jeunes touchent les 400 euros, avec deux présence. Alors qu’ici, on donne beaucoup d’énergie, énormément même. On cadre, on motive, on remobilise en permanence. On est toujours derrière pour dire : tu vas y arriver » dit-elle, en serrant ses poings.

Une volonté partagée par les six formateurs de l’Ecole de Bagneux. D’ailleurs, chaque année, plus de 60% des jeunes stagiaires signent un contrat de travail ou suivent une formation professionnelle qualifiante dans un métier qu’ils ont choisi. 

L’ensemble du dossier à retrouver ici :

Les NEET, une catégorie sociale qui inquiètent les pouvoirs publics (1/4)

Le risque pour les NEET : basculer dans la pauvreté et l’exclusion (3/4)

Alexis, le sport et le deal (4/4)

Galerie photographique : Une matinée à l’école de la deuxième chance

Julien PERCHERON

Étudiant et entrepreneur : les institutions misent sur ce duo gagnant

Les espaces de coworking sont très appréciés par les jeunes entrepreneurs. Crédits : Rubiyj
Les espaces de coworking sont très appréciés par les jeunes entrepreneurs. Crédits : Rubiyj

Depuis 2014, le statut d’“étudiant-entrepreneur’’ soutien les envies d’innovation des jeunes étudiants. Pendant ou juste après leur diplôme, ils peuvent recevoir une aide précieuse, sous forme d’avantages économiques, de locaux adaptés et d’un entourage bien informé.

Les droits des étudiants mais un réseau professionnel. C’est la promesse de ce statut particulier : “étudiant-entrepreneur”. Comme son nom ne l’indique pas vraiment, le diplôme est ouvert aux étudiants, mais aussi aux jeunes diplômés. La seule condition est d’être détenteur d’un baccalauréat ou de son équivalent. Pour les jeunes qui suivent encore des cours dans une école ou une faculté, le statut permet de bénéficier d’un aménagement de l’emploi du temps et surtout, le temps passé à la création d’une nouvelle entreprise remplace le stage. Pour les diplômés pouvant les demander, c’est l’assurance de maintenir leurs droits auprès de Pôle emploi pendant la création. Pour tous, c’est la promesse d’une sécurité sociale moins lourde, d’un accompagnement, une aide à la recherche de financements, le soutien d’un réseau.

Enfin, le statut permet également l’accès aux PEPITE. Ces Pôles Etudiants pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat sont un ensemble d’espaces de coworking adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs. Les 29 centres PEPITE sont présents un peu partout en France (dont l’île Maurice et la Guadeloupe). Ils permettent un accès à des ressources numériques et favorisent le ‘’réseautage’’.

 

Ce sont ces structures qui examinent les demandes de statut ‘’étudiant-entrepreneur’’. Sur quels critères ? Qualité et réalité du projet, mais aussi motivation du porteur de projet lui-même. Pour l’année 2016-2017, 1 427 étudiant-entrepreneurs étaient soutenus par les PEPITE. Cela représente une augmentation de plus 40% par rapport à l’année précédente. Leur moyenne d’âge ? 23 ans.

Rester étudiants, devenir professionnel

Ce statut est unique en Europe. Mis en place en 2014 par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, il vise à soutenir les projets innovants des jeunes. Le diplôme d’“étudiant-entrepreneur” ou D2E doit permettre aux jeunes d’entreprendre le plus tôt possible s’ils le souhaitent. Tout en bénéficiant des avantages du statut d’étudiant. En France, une carte d’étudiant ouvre l’accès aux bibliothèques, des réductions pour les sorties culturelles, aux bourses et surtout à une sécurité sociale spécifique et avantageuse, calculée en fonction des revenus. Ces deux derniers avantages pécuniaires, sont réservés aux moins de 28 ans. Le statut leur est donc plus spécifiquement dédié. “Peu de nos étudiants ont le statut d’étudiant-entrepreneurs”, témoigne Carole Lahbabi, Responsable de la sensibilisation de l’Entrepreneuriat à HEC Paris “Mais ils sont plus nombreux à choisir d’en bénéficier lorsqu’ils finissent leurs études ou intègrent l’incubateur HEC. Cela leur permet d’avoir le temps de se retourner et de lancer leur projet.” Comme la plupart des écoles de commerce, HEC dédie un espace à l’entrepreneuriat au sein de ses locaux.

Ce statut d’étudiant permet de contrer un inconvénient majeur. “Beaucoup d’entrepreneurs autour de moi, se sont lancé plus tard et ils touchent le chômage pendant deux ans. C’est une chance pour eux. Moi, j’ai débuté mon entreprise pendant que j’étais à l’Edhec donc je n’ai pas bénéficié de ces revenus. Si ça foire, ça foire. Et je n’aurais plus rien”, explique Solène de Labordier, créatrice de L’atelier de Solène. Lorsqu’il se lance après un premier travail, l’étudiant est autorisé à toucher les allocations chômage pendant deux ans. Cela lui permet une source de revenu complémentaire à celle de son entreprise débutante. L’étudiant, lui paye moins d’autres charges, ce qui permet de créer une sorte d’équilibre.

Le nombre de demandes du statut d'étudiant entrepreneur augmente chaque année depuis sa création.
Depuis sa création en 2014, le D2E voit le nombre de candidatures pratiquement doubler chaque année. Source : Les Echos

Le coworking, clef du succès

Les écoles souhaitent valoriser les avantages que l’on peut avoir à créer une start-up sur leurs bancs, notamment grâce à ce statut. Nombre d’entre elles proposent une série de partenariats et parfois un incubateur. Elles complètent ainsi l’offre des PEPITE. Quel que soit leur choix, les élèves qui se lancent dans l’aventure trouvent des locaux pour travailler, l’accès à des Fablabs, mais aussi des interlocuteurs pour les aider à finaliser le projet.

Nicolas Drouault, 25 ans, a commencé à monter une entreprise de Street food Canard Street à sa sortie de l’EDHEC (voir ici les systèmes mis en place par l’EDHEC pour inciter à l’entrepreneuriat). Avec un ami issu de la même promotion,  il s’est tout naturellement dirigé vers l’incubateur de Lille, lié à son ancienne école. Il a proposé son dossier et a été sélectionné. “Financièrement, nous n’avons rien reçu, mais on nous prête un bureau. Des locaux, une adresse avec une imprimante et tout ce qu’il nous faut. Et ça, ça nous fait économiser de l’argent”, explique le jeune homme.

Du business plan à “comment bien embaucher”, le fait de pouvoir se confier à des personnes ayant eu la même expérience est toujours un avantage. Tous les espaces de coworking dédiés aux étudiant-entrepreneurs en ont pris conscience. Ces lieux sont donc pensés pour devenir un outil de lutte contre la solitude des entrepreneurs. Même – surtout – lorsqu’il s’agit d’un projet personnel, il est important de ne pas rester isolé, au bout du téléphone, en prenant seul toutes les décisions.

Soutenir la création à tout prix

Pour les aider à décoller, de nombreux prix sont décernés spécifiquement aux start-ups étudiantes. L’an passé, Nicolas Drouault a remporté  le grand prix des jeunes créateurs de commerce. Depuis 2014, Unibail-Rodamco organise annuellement un concours pour récompenser les meilleures start-ups des jeunes créateurs de commerce. Un moyen pour le groupe du CAC 40 d’inciter les jeunes à la prise de risque entrepreneuriale.  Le grand prix ? Un million d’euros   sous forme de dotation. “Cette année y a eu deux finalistes, nous et Laboté, et nous avons donc reçu seulement la moitié. Avec cet argent, on devrait pouvoir ouvrir un nouveau restaurant sur Paris.”

En plus de la dotation, un prix est l’occasion d’être repéré par des financeurs. Ce qui explique leur prolifération. Le Prix PEPITE Tremplin par exemple, a récompensé 53 projets de start-ups innovantes en 2017, sur 150 nominés. Les trois premiers lauréats ont chacun reçu une dotation de 20 000 euros. En plus de cela, de nombreuses écoles, universités et régions ont leur propre concours.

Chaque année depuis sa création en 2014, le nombre de demandeurs du statut d’étudiant-entrepreneur double. Entre le début du projet et 2016, ils étaient plus de 2000 diplômés. Pourtant, les acteurs du milieu estiment que ce système est encore mal connu du public, et espère que cette croissance impressionnante ne soit qu’un début.

Louise Boutard

 

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PSL1

Une centaine de porteurs de projets sont accueillis par le PSL-Lab, un espace de coworking à Paris. Ils ont moins de 28 ans, étudiants ou jeunes diplômés, et y mettent sur pied leurs entreprises. Un cadre convivial et une formule gagnante.

En lettres argentées, les mots PSL-Lab ornent le hall d’entrée des bureaux, hommage à l’union d’universités dont ils dépendent. Sur les murs, les photos de jeunes entrepreneurs et de leurs créations accueillent les visiteurs. Impossible de l’ignorer, on est dans un temple de l’entrepreneuriat, on y vient pour apprendre à entreprendre. Ici, une centaine de jeunes sont accueillis pour être accompagnés dans leurs projets depuis l’ouverture du Lab il y a deux ans. Pour y être admissible, il suffit d’avoir moins de 28 ans et l’envie d’entreprendre !

L'espace de travail du PSL-Lab.
L’espace de travail du PSL-Lab.

Des locaux pour travailler dans de bonnes conditions, une salle de réunion, un téléphone professionnel, un mentor et une équipe capable de prodiguer des conseils et d’établir des contacts avec des experts, c’est ce qu’offre le PSL-Lab. Les murs couleur vert pomme accueillent aussi des espaces de détente, et une cuisine pour se restaurer et échanger avec d’autres jeunes entrepreneurs. Toutes ces ressources sont accessibles pour 20 à 25 euros par mois, à condition d’être choisi par l’équipe du Lab, jusqu’à 3 ans après l’obtention du dernier diplôme.

Le PSL-Lab est l’une des nombreuses structures en place pour les jeunes qui choisissent de se lancer eux-même plutôt que suivre la voie classique du salariat. Il n’y a pas que les étudiants qui y sont les bienvenus. “Vous pouvez être accompagnés ici à partir du moment où vous avez le bac”, explique Kim Salmon, animatrice du Lab. “Vous venez de finir vos études ou de sortir du lycée, vous ne comptez pas faire plus, alors vous avez possibilité d’intégrer le PSL-Lab.” En plus de l’accompagnement qu’offre cet espace, il y a un diplôme d’étudiant entrepreneur à la clé, à condition de suivre de courts ateliers hebdomadaires, pour se former à l’entrepreneuriat.

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Un environnement riche d’idées

Sarah Tondji, fondatrice de Job'n'Roll.
Sarah Tondji, fondatrice de Job’n’Roll.

Affairée sur l’un des tables du Lab, on peut croiser Sarah Tondji, l’air professionnel mais détendu. Si la table qu’elle utilise est prévue pour dix personnes, elle exploite tout l’espace disponible ; ordinateurs, classeurs, papiers en vrac et gobelets de café vides parsèment son espace de travail, témoins de son ardeur. Le projet sur lequel elle est penchée, c’est Job’n’Roll. Cette boîte met en relation les jeunes en recherche d’un emploi et les entreprises en recherche d’employés, pour des missions à court terme ou des temps partiels.

Sarah a monté ce projet pendant ses études avec deux associés. Elle profite de la vague d’ubérisation qui lui permet de créer un modèle économique viable avec pour seul support un site internet ou une application. Moins de coûts pour elle, mais une masse de travail à fournir pour maintenir le site, mettre au point les algorithmes et étendre son business. Des tâches qu’elle effectue au PSL-Lab. “Ici, on peut travailler à plusieurs, et on a un encadrement tant psychologique que technique, grâce aux ateliers”, explique-t-elle. “Il y a des problématiques qui se présentent aux entrepreneurs qui vont être liées à la comptabilité, à la fiscalité, au droit. Quand on est seul, ça peut vite nous décourager. Ici on a des intervenants qui peuvent nous apprendre comment faire un tableau de compta et nous lancer, c’est essentiel.”

Marion Favre, fondatrice de Ici Là Là.
Marion Favre, fondatrice de Ici Là Là.

A quelques pas de Sarah Tondji, des écouteurs dans les oreilles, une jeune fille plus discrète s’affaire sur son ordinateur. Les cheveux châtains et le sourire amenant, Marion Favre s’échine à mettre en contact entreprises et restaurants. Son business, Ici Là Là, est un pionnier du “dîner nomade” : on prend l’apéritif, le plat et le dessert dans trois restaurants différents. Ce qui permet de mélanger les convives, idéal pour les dîner d’entreprise par exemple. Le concept est né comme un projet étudiant pour Marion, mais il a rapidement évolué en parallèle de ses études. “Quand j’ai découvert le statut d’étudiant-entrepreneur, je me suis lancée”, explique Marion. “J’ai la chance d’avoir un projet qui marche, une petite graine qui a commencé à pousser. Je ne veux pas arrêter sous prétexte que je dois trouver un travail.

Marion se considère chanceuse. “Je suis accompagnée depuis deux ans par le PSL-Lab, j’ai un espace de coworking au coeur de Paris pour 20 euros par mois… J’y trouve une convivialité, des échanges. On mange ensemble, ça permet de développer son réseau et de ne pas se sentir isolé.” Cet environnement a porté ses fruits : Ici Là Là a reçu le Prix de la Start Up Étudiante de BNP Paribas en février dernier.

 

 

 

 

 

Jean-Gabriel Fernandez

 

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