Coup d’état avorté au Gabon: Le fil des événements

Des militaires gabonais ont annoncé le matin de ce lundi 7 janvier un putsch en direct sur les ondes de la radio gabonaise.  Le chef de l’état Ali Bango est hospitalisé depuis le mois d’octobre au Maroc.

 

Lundi dernier les Gabonais se réveillent avec une vidéo qui circule sur le net. Des soldats, coiffés de béret vert et tenant des fusils d’assaut à la main.

 

Au milieu, le lieutenant Kelly Ondo Obiang, prend la parole. Il dit être commandant adjoint de la garde Républicaine. Puis  fait part de sa frustration suite au message prononcé par le Chef de l’Etat  lors de ces vœux pour le nouvel an.

Pour cette première adresse à son peuple depuis son hospitalisation, Ali Bongo a évoqué son état de santé:  « Il est vrai que j’ai traversé une période difficile, comme cela arrive parfois dans la vie, a déclaré le président gabonais. Cette épreuve je l’ai surmontée grâce à Dieu, aux personnes qui m’ont entouré, ma famille en particulier, mais aussi grâce à vos témoignages de soutien. Aujourd’hui, comme vous pouvez le constater, je vais mieux et me prépare à vous retrouver très vite ».

Loin d’être rassuré par cette prise de parole du président, le chef du groupe déclare que « les conservateurs acharnés du pouvoir, dans leur funeste besogne, continuent d’instrumentaliser et de chosifier la personne d’Ali Bongo Ondimba sous le regard complice de la haute hiérarchie militaire ».

 “ Si vous êtes en train de manger, arrêtez. Si vous êtes en train de prendre un verre, arrêtez. Si vous dormez, réveillez-vous. Réveillez vos voisins , levez vous comme un seul homme et prenez le contrôle de la rue ”

  •  6h30:  Annonce d’ un « Conseil national de restauration ».

Le message proclame la mise en place d’un « Conseil national de restauration »  en l’absence du président Ali Bongo Ondimba, afin « de sauver la démocratie, préserver l’intégrité du territoire nationale et la cohésion nationale »

“ Si vous êtes en train de manger, arrêtez. Si vous êtes en train de prendre un verre, arrêtez. Si vous dormez, réveillez-vous. Réveillez vos voisins , levez vous comme un seul homme et prenez le contrôle de la rue « , a encore déclaré le militaire à la radio.

Il a invité “tous les hommes du rang et les sous-officiers” à se procurer “armes et munitions” et à “prendre le contrôle” des points stratégiques dans tout le pays comme les édifices publics et les aéroports.

Il a appelé la population à les soutenir, lançant “il est temps de prendre notre destin en main” en ce “jour où l’armée a décidé de se mettre aux côtés de son peuple pour sauver le Gabon du chaos”.

Depuis plus de deux mois, la communication officielle a été rare et partielle quant à la santé du chef de l’Etat, alimentant les rumeurs.

  • 7h:  Les réseaux sociaux s’enflamment.

A cette heure il n y a pas de communication officielle des instituons gabonaises.  Mais sur internet la vidéo  de la prise de parole des mutins   circule, et les commentateurs tentent des explications au coups d’état.

 

Dans un Tweet l’euro-députée Cécile Kyenge dit suivre la situation de très prêt:

  • 7h30: Coupure du signal de la radio.

Les médias étrangers annoncent que le signal de Radio Gabon est coupé à 7 h 18

  • 7h40:  Tous les points stratégiques de la capitale sécurisés.

Des coups de feu sont entendus . Selon un témoin le quartier est  bouclé à 7h30. Alain F,   gérant d’un commerce dans le centre-ville de la capitale gabonaise raconte au  micro de RFI :

« Je travaille sur le boulevard Triomphal, à proximité de la Maison de la radio. Dès que j’ai su ce qu’il se passait par la radio ,  j’ai dit à mes employés de ne pas venir travailler. Je suis arrivé à 7h30, un cordon de sécurité avait été installé autour du bâtiment, à quelques centaines de mètres. De là, j’ai pu entendre de très nombreux coups de feu »

Des blindés des forces de sécurité gabonaises bloquent l’accès à ce boulevard.

  • 8h50: Le porte parole du gouvernement annonce l’arrestation des  mutins.

« Le groupe  qui s‘était emparé de la radio  nationales ce matin, est  arrêté à l’issue d’un assaut lancé à la radio par le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) » . L’information est donnée par le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Guy-Bertrand Mapangou. “La situation est sous contrôle et l’ordre sera complètement rétabli dans deux ou trois heures”, annonce-t-il à 9h.

Onze personnes sont présentes à l’intérieur des locaux de Radio Gabon lors de l’assaut, dont six agents de la radio gabonaise. Quatre militaires sont appréhendés mais leur chef Kelly Ondo Obiang reste en fuite

  • 15h: Dernier bulletin : Le chef du commando arrêté.

Un communiqué de la présidence annonce que « la situation est sous contrôle.  Les forces de sécurité ont «pris le bâtiment de la radio d’assaut, abattu deux membres du commando et libéré les otages».

 

 

 

 

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Indépendance de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine : des tensions ressenties jusqu’à Paris

Le ton monte entre la Russie et l’Ukraine depuis l’annonce, jeudi, de l’indépendance de l’Eglise orthodoxe ukrainienne. D’abord désaccord religieux, cette reconnaissance devient une source de tension politique perceptible jusqu’en France.

crédit: kwitkowski
crédit: kwitkowski

« Nous sommes très attristés de cette situation », confie Alexandre Kedroff, protodiacre de la cathédrale Saint Alexandre Nievski à Paris. Située dans le 8ème arrondissement, elle est le berceau parisien de l’Eglise orthodoxe russe, connue pour avoir accueilli les réfugiés politiques sous Staline. Au lendemain de l’annonce de l’indépendance de l’Eglise « sœur » de Moscou, prononcée  jeudi par le Patriarcat de Constantinople, Alexandre Kedroff est préoccupé. « Cela risque de provoquer un schisme, donc on ne peut pas ne pas être touchés » explique-t-il. Pour lui, pas de doute, c’est une décision purement politique mais surtout injuste. « On n’a pas de pape dans l’Eglise orthodoxe, et aucun patriarche aussi prestigieux soit-il ne peut interférer dans cette église » fustige-t-il, avant de conclure, tragique : « Il va y avoir mort d’homme ».

Pessimiste ? « C’est très inquiétant » répond Oleg Shamshur, ambassadeur d’Ukraine à Paris. Pour le diplomate, les propos de l’homme d’église ne reflètent en aucun cas les ambitions de son pays. « Nous voulons que la construction d’une Eglise indépendante se fasse dans un climat serein. Tous les pays ont le droit d’avoir une Eglise indépendante, et le cas de l’Ukraine n’est pas exceptionnel » explique-t-il. « C’était le cas jusqu’au 17ème siècle, donc pour nous aujourd’hui c’est un juste rétablissement des choses ».

La Russie va « défendre les intérêts des orthodoxes »

Considéré comme le « dernier outil de politique étrangère », l’Eglise orthodoxe de Moscou n’a plus à avoir une tutelle sur l’Eglise d’Ukraine explique l’ambassadeur. « C’est un acte d’indépendance en plus, la Russie perd ici son dernier levier d’influence sur l’Ukraine » résume-t-il. Un symbole important qui n’échappe pas au Kremlin, qui n’a pas manqué de réagir publiquement suite à l’annonce de jeudi. « Si des actions illégales ont lieu, (la Russie) va défendre les intérêts des orthodoxes » a déclaré vendredi leur porte-parole. Une déclaration aux allures de menace, même si ce dernier assure que tout se passera « dans la limite de la légalité» et par des moyens « exclusivement politiques et diplomatiques ».

De leur côté, les autorités ukrainiennes restent calmes, et affirment vouloir éviter toute « guerre religieuse ». Mais l’ombre d’une tension plane sur les deux Eglises, dont les relations se détériorent depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

 

Clara Losi

 

 

Au coeur d’une crise diplomatique entre Turquie et Etats-Unis, le pasteur américain Brunson libéré par la justice turque

Arrêté en, 2016 pour "soutien à des organisations terroriste", le pasteur Brunson vient d'être libéré. Crédit photo : AFP.
Arrêté en, 2016 pour « soutien à des organisations terroristes », le pasteur Brunson vient d’être libéré. Crédit photo : AFP.

Privé de liberté depuis plus d’un an et demi, le pasteur américain installé depuis plus de 20 ans en Turquie s’apprête à rentrer aux Etats-Unis.

Condamné mais relâché. Incarcéré pendant un an et demi et assigné à résidence pendant deux mois, le pasteur Brunson vient d’être condamné à trois ans et un mois de prison par un tribunal turc pour « soutien à des organisations terroristes ». Soupçonné d’être proche du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et du prédicateur Fethullah Güllen exilé aux Etats-Unis, accusé d’avoir fomenté le coup d’Etat de juillet 2016, il a cependant été remis en liberté sur demande du parquet compte tenu du temps qu’il a d’ores et déjà passé en détention. Son assignation à résidence et son interdiction de quitter la Turquie ont ainsi été levée.

Installé en Turquie depuis plus de 20 ans, ce pasteur était à la tête d’une petite église protestante à Izmir, sur la côté ouest turque. Alors qu’il a toujours démenti les accusations de terrorisme qui lui sont faites, sa détention a entraîné une grave crise diplomatique entre Ankara et Washington. De ce fait, l’administration Trump avait notamment pris des sanctions envers des ministres turcs et augmenté les taxes à l’importation des produits turcs, menant à une fragilisation de l’économie et de la monnaie turque.

Aujourd’hui libre alors qu’il encourrait jusqu’à 35 ans de prison, Andrew Brunson a dit avoir « hâte de rentrer à la maison et de retrouver (s)a famille ».

 

 

La Française Maryse Condé remporte le « nouveau prix de littérature »

Le prix Nobel de littérature alternatif a été décerné à l’écrivaine guadeloupéenne, ce vendredi, à la bibliothèque de Stockholm.

« La nouvelle académie », spécialement constituée après l’annulation du Prix Nobel de littérature 2018 a récompensé Maryse Condé du « nouveau prix de littérature ». Plusieurs fois citée pour le Prix Nobel, Maryse Condé « décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme, avec un langage précis dans ses œuvres » a félicité l’institution. Née en février 1937 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), l’écrivaine a publié une trentaine de romans ainsi que des essais et des pièces de théâtre portant notamment sur l’esclavage et l’Afrique.

«Je suis très heureuse et très fière d’avoir ce prix mais permettez-moi de le partager avec ma famille, avec mes amis et surtout avec tous les gens de la Guadeloupe […] qui seront émus et heureux de me voir récompensée», a-t-elle réagi dans une vidéo, peu après l’annonce.

Maryse Conde, réagit à sa récompense sur une vidéo retransmise on a screen at the Stockholm City Library in Stockholm, after being awarded the New Academy's Literature Prize on October 12, 2018. (Photo by Janerik HENRIKSSON / TT News Agency / AFP) / Sweden OUT
Maryse Conde, réagit à sa récompense sur une vidéo retransmise à Stockholm. (Photo by Janerik HENRIKSSON / TT News Agency / AFP)

Contrairement au lauréat du Prix Nobel, choisi par les 18 membres de l’académie, le «Nouveau prix» se veut le fruit d’un processus populaire. Une liste est d’abord établie par des bibliothécaires suédois, puis ramenée à quelques noms par un vote populaire. Les organisateurs indiquent avoir reçu près de 33 000 contributions. Sur la liste finale apparaissaient les noms du Britannique Neil Gaiman, de la Canadienne d’origine vietnamienne Kim Thúy et de Maryse Condé. Le japonais Haruki Murakami, faisait également partie de la dernière sélection, mais a préféré se désister. Il a précisé vouloir «se concentrer sur son écriture et rester à l’écart de l’attention médiatique» sur son mur Facebook.

La récompense équivaut à 97 000 euros soit un peu plus du dixième du chèque perçu par les lauréats du Prix Nobel. Une somme qui a été collecté par le biais du financement participatif et du mécénat.  Maryse Condé recevra son prix à Stockholm le 9 décembre prochain.

Audrey Abraham