Greenpeace : des militants bloquent un entrepôt de soja à Saint-Nazaire

Pour dénoncer l’inaction du gouvernement français face à la déforestation, une dizaine de militants de Greenpeace bloquent depuis 5 h 30 le port de Saint-Nazaire, premier port d’importation de soja en France, ce lundi 31 juin. 

Depuis 5h30, des militants de Greenpeace bloquent un entrepôt stockant du soja dans le port de Saint-Nazaire.© Sidney Léa Le Bour / Greenpeace

Enchaînés avec des antivols aux grilles d’accès de l’entrepôt de soja Sea Invest situé à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), les militants de Greenpeace empêchent tout accès aux poids-lourds ce lundi 31 juin. Les activistes ont aussi bloqué « un tapis roulant sur lequel sont acheminées les cargaisons », indique un communiqué de l’ONG.

Pour dénoncer « l’inaction climaticide de la France, qui importe chaque année dans ses ports trois millions de tonnes de soja destiné à nourrir nos animaux d’élevage, sans aucune garantie ou traçabilité suffisante », les militants ont accroché des banderoles aux slogans vindicatifs comme « Déforestation: soja hautement inflammable », ou encore « Entrepôts pleins de soja/Politique vide de sens ».

Une action politique 

L’ONG rappelle que « la culture du soja est l’une des causes majeures de la déforestation et de la destruction d’écosystèmes précieux en Amérique latine ». Pour elle, « il faut de toute urgence que le gouvernement prenne des mesures contraignantes pour s’assurer que nos importations de soja ne contribuent plus à détruire des forêts à l’autre bout du monde ».

Selon Héloïse Pichon, chargée des relations avec la presse, les forces de l’ordre ont fait évacuer les lieux peu avant 15 h. L’opération s’est déroulée calmement. Les activistes espéraient une prise de parole ou des engagements de la part des responsables politiques pour mettre fin à ce blocage.

Nolwenn Autret

 

 

Les futures éoliennes au large de la Normandie font des vagues

En Normandie, le projet d’un quatrième parc éolien en mer avance. Ce jeudi 12 novembre, l’Etat présentait le bilan du débat public amorcé en novembre 2019. Plus de 5.000 personnes ont contribué aux échanges. Une décision de l’Etat est attendue d’ici la fin de l’année sur la localisation de ce parc de 80 éoliennes qui doit voir le jour en 2028.

Illustration: Pour le moment, la France ne compte aucune éolienne offshore en fonctionnement. Contrairement à son voisin belge, ici au large d’Ostende en mer du Nord. (Photo par Eric Feferberg / AFP)

C’est un projet qui inquiète autant qu’il suscite l’enthousiasme. Depuis novembre 2019, plus de 5.000 personnes se sont exprimées sur le quatrième chantier de parc éolien offshore en Normandie. La consultation portait notamment sur la zone d’implantation des 80 éoliennes. Un dispositif qui doit permettre, comme les sept autres projets éoliens en cours au large des côtes françaises, de développer la production d’énergies renouvelables.

La restitution du débat public a eu lieu ce jeudi 12 novembre en ligne, en présence de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et de la ministre de la Mer Annick Girardin.

« Un obstacle à la navigation »

Pendant la réunion, les différents acteurs du monde maritime ont pris la parole. Ce projet qui vient s’ajouter aux trois autres en cours dans la Manche suscite des tensions entre pouvoirs publics et pêcheurs. « On sera les premiers touchés. C’est un obstacle à la navigation, sans compter les conséquences pour l’environnement », déplore Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM).

L’implantation d’éoliennes dans leur « espace de travail » passe mal auprès des pêcheurs, déjà privés des eaux britanniques à cause du Brexit. Ils demandent de l’aide aux autorités. « On est ni pour ni contre mais il faut nous accompagner dans ces développements industriels », souligne Dimitri Rogoff.

« Les parcs éoliens enlèveront très peu de surface de pêche aux pêcheurs, leur vrai problème c’est le Brexit », estime Hubert Dejean de la Bâtie, vice-président en charge de l’environnement de la région Normandie.

Contacté par le Celsalab, il explique que la Région est prête à fournir aux pêcheurs normands un prototype de chalutier fonctionnant à l’hydrogène. « L’hydrogène sera fabriqué grâce à l’énergie produite par les éoliennes et revendu à 50% du prix aux pêcheurs. Avec ce carburant qui leur coûtera moins cher, ils pourront faire la même marge en pêchant moins. Il y a tout un cycle vertueux local et durable à monter », précise-t-il. 

Pas d’études supplémentaires

Du côté de France Nature Environnement (FNE), ses représentants sont « favorables au développement de cette énergie renouvelable qui fait partie des moins destructrices pour la biodiversité » mais ils soulignent « la nécessité de faire des études supplémentaires » avant la mise en oeuvre du projet.

Or, Barbara Pompili a annoncé qu’une décision sera prise par le gouvernement « d’ici la fin de l’année ». Elle explique qu’il y a une date butoir, celle du 19 janvier 2021, soit trois mois après la fin du débat public.

Joint par le Celsalab, Guillaume Blavette, membre de FNE, s’est dit « très déçu » de cette annonce. Il espérait qu’une année supplémentaire serait prise pour mener des études complémentaires.  » Il a eu un vrai débat public, avec des échanges de grande qualité. La commission nationale du débat public a bien fait son boulot et les acteurs ont joué le jeu. On pensait être parvenus à un point d’entente et, finalement, l’Etat suit sa propre feuille de route », déplore-t-il.

« La France a énormément de retard »

Un avis qui n’est pas partagé par la député de Seine-Maritime Agnès Firmin Le Bodo qui défend le projet depuis le début. Pour elle, le chantier doit démarrer le plus tôt possible. « Je crois qu’on a assez d’éléments pour avancer, on a un retard énorme sur nos voisins européens. La France n’a pas une éolienne en mer », déclare-t-elle au Celsalab.

Elle souligne également que ce projet est « pourvoyeur d’emplois ». Environ 2 000 emplois directs devraient en découler.

Certains élus locaux s’agacent également de la lenteur des procédures. « Ça fait douze ans qu’on parle de ce parc. C’est inimaginable le temps qu’il faut pour développer des projets en France. Il y a cinq ans, les Anglais ont décidé de la création d’un parc et il tourne déjà », s’agace Hubert Dejean de la Bâtie qui est également maire de la commune de Sainte-Adresse (Seine-Maritime). 

Face à l’argument d’un manque de recul sur cette technologie, il réplique : « Les premiers parcs éoliens offshore datent des années 1990 au Danemark. Tout le monde parle comme si on partait d’une feuille blanche mais des études, il y en a. »

Pour ce promoteur de longue date de l’éolien, déployer cette source d’énergie renouvelable est une priorité. « C’est une nécessité absolue pour notre planète. Dans urgence climatique, il y a quand même urgence« , conclut-il. 

Juliette Guérit