Les opposants au projet Cigéo au tribunal : un procès politique ?

Le procès de sept opposants au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) s’est ouvert ce mardi 1er juin, à Bar-le-Duc (Meuse). Une manifestation en soutien s’est tenue également devant le Palais de Justice, alors que le tribunal a mis en garde contre la volonté d’en faire une tribune politique. 

Les soutiens aux sept prévenus sont nombreux devant le Palais de justice de Bar-le-Duc (Meuse). © Capture d’écran Twitter de Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France.

« Il ne s’agit ni d’une salle de spectacle ni d’une tribune politique .(…) Je n’hésiterai à aucun moment à faire procéder à l’expulsion de la salle des éventuels éléments perturbateurs », a déclaré le juge Sylvain Roux à l’ouverture du procès, ce mardi 1er juin 2021, et qui se poursuivra jusqu’au 3 juin. Les prévenus, des opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires Cigéo de Bure (Meuse), étaient en effet soutenus par de nombreux militants sous les fenêtres du Palais de justice de Bar-le-Duc (Meuse). Pour eux, la mobilisation contre ce projet « n’est pas un délit ».

Les faits se sont déroulés en 2017, mais l’enquête aura été très longue. Des non-lieux ont déjà été prononcés à l’égard des prévenus qui étaient notamment soupçonnés d’avoir mis le feu à un restaurant. Innocentés pour plusieurs de ces soupçons, ils se trouvent aujourd’hui à la barre pour l’organisation d’une manifestation qualifiée d’illicite par les pouvoirs publics.

Un sujet par essence politique

Si le juge a rappelé que ce procès n’est pas une tribune politique, le sujet sensible est par essence politique. Les militants souhaitaient mettre fin au projet Cigéo d’enfouissement dans le sol de déchets nucléaires, notamment en raison de ses conséquences environnementales.

Durant les premières auditions de cette affaire, les prévenus ont laissé pensé que cette manifestation a été vue à grande échelle, comme lorsque Kévin, l’un des prévenus, évoque sa garde à vue et la comparaison avec un terroriste : « On m’a dit que si je luttais contre le nucléaire, je m’attaquais à l’état de droit et cela faisait de moi un terroriste. Qu’à cela ne tienne. »

De grands moyens logistiques et humains mobilisés

Pour les avocats de la défense, l’enquête, qui aura duré plus de trois ans, est disproportionnée. De très grands moyens ont été mobilisés, avec un million d’euros d’argent public dépensé, plus de vingt perquisitions. Le dossier d’instruction comporte plus de 20 000 pages, détaille notamment la journaliste Laury-Anne Cholez sur son compte Twitter.

Selon l’AFP, les enquêteurs ont « eu recours au logiciel Anacrim utilisé dans des dossiers complexes visant Michel Fourniret ou Nordahl Lelandais, ou encore dans l’affaire Grégory ».Toutes les télécommunications du périmètre ont été interceptées et enregistrées, comme cela est possible depuis les attentats contre Charlie Hebdo.

Une manifestation en cours devant le Palais de justice

Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le Palais de justice pour montrer leur soutien aux sept opposants. Parmi eux, la députée européenne écologiste Michèle Rivasi. « Se mobiliser contre un projet inutile est dangereux n’est pas un délit », justifie-t-elle sur Twitter. Greenpeace France était également représenté.

https://twitter.com/MicheleRivasi/status/1399643479337209858?s=20

Marine Ledoux

Greenpeace dénonce la surpêche en Afrique de l’Ouest

Un rapport de Greenpeace publié ce mardi 1er juin met en cause la surpêche en Afrique de l’Ouest à destination des industries européennes et asiatiques : l’exportation de farine et d’huile de poisson priverait les populations d’une part importante de leur alimentation.

En 2019, plus de 70% de l’huile de poisson produite en Mauritanie a été destinée à l’UE » explique Greenpeace. © Jo-Anne McArthur

500 000 tonnes de poissons, transformés en huile et farine pour l’exportation vers l’Europe et l’Asie, pourraient servir à nourrir 33 millions de personnes, dénonce un rapport de Greenpeace publié mardi. Les espèces principalement pêchées, la sardinelle et l’ethmalose (sardine des estuaires, ou bonga), sont « surexploitées ». Elles constituent également une source vitale de protéines animales pour les populations de la région côtière, mais également continentale.

 

Les farines et huiles exportées servent à l’aquaculture ou l’agriculture de l’Union européenne principalement : « En 2019, plus de 70% de l’huile de poisson produite en Mauritanie a été destinée à l’UE. » Cela fait plusieurs années que Greenpeace alerte sur la surpêche dans cette région.

Le rapport dénonce également l’augmentation de la production de farine et d’huile de poisson dans cette région, passée de 13 000 tonnes en 2010 à 170 000 tonnes en 2019.

Gaëlle Sheehan

Sri Lanka : l’équipage du porte-conteneurs en feu interrogé

L’équipage du porte-conteneurs en feu au large de Colombo depuis douze jours a commencé à être interrogé ce lundi, dans le cadre de l’enquête criminelle portant sur les causes et les conséquences de cet accident.

Le MV X-Press Pearl est en feu depuis douze jours au large de Colombo, la capitale économique du Sri Lanka. © Sri Lanka Air Force

Il s’agit de l’une des pires pollutions marines de l’histoire du Sri Lanka. Le 20 mai, un porte-conteneurs a pris feu au large de Colombo, la capitale économique du pays. Lundi 31 mai, trois membres de l’équipage, deux Russes et un Indien, ont été interrogés dans le cadre de l’enquête criminelle sur les causes du sinistre et sur les dommages provoqués sur l’environnement.

Immatriculé à Singapour, le bateau transportait notamment 25 tonnes d’acide nitrique, de matières plastiques, de soude caustique, de lubrifiants et autres produits chimiques. Le feu, contenu depuis dimanche à l’arrière du navire de 186 mètres de long, a détruit une grande partie de sa cargaison de 1 500 conteneurs, mais huit d’entre eux sont tombés dans l’océan Indien.

Des millions de granulés de polyéthylène, destinés à l’industrie de l’emballage, se sont échappés et ont recouvert les plages sri-lankaises, forçant à interdire la pêche dans une zone de 80 km et laissant craindre des ravages écologiques.

La menace d’une marée noire

Les autorités ont décidé de poursuivre les propriétaires du navire et son équipage et de réclamer des dommages et intérêts aux assureurs. Le propriétaire du bateau, X-Press Feeders, affirme que la coque est intacte et que ses réservoirs de carburant ne sont pas touchés, alors qu’une marée noire est également redoutée.

Le MV X-Press Pearl n’avait que trois mois. Il faisait route en provenance de l’État indien du Gujarat vers Colombo lorsque l’incendie s’est déclaré. Il était déjà passé par le Qatar et Dubaï et devait se rendre en Malaisie puis à Singapour, après l’escale prévue à Colombo.

Nolwenn Autret

Interdiction pour les plus vieux véhicules de circuler dans le Grand Paris

À partir du 1er juin, les plus anciens véhicules ne pourront plus circuler au sein du Grand Paris, sous peine d’amende. Une restriction qui ne fait pas l’unanimité au sein des automobilistes.

Embouteillages sur les Champs-Elysées. © AntonioMagri

La Zone à faibles émissions métropolitaines (ZEF), créée en 2019, se renforce : les restrictions s’appliquent dorénavant aux véhicules les plus anciens, avec des vignettes Crit’Air 4 et supérieures. À partir du 1er juin, ils ne pourront plus circuler au sein du Grand Paris. Une règle qui sera progressivement étendue aux véhicules classés Crit’Air 3 à partir de juillet 2022, et Crit’Air 2 en janvier 2024. Mais sur les réseaux sociaux, les critiques affluent.

Cette mesure ne fait pas l’unanimité, principalement car elle serait source d’inégalités. Alors que la crise sanitaire a durement touché les foyers, le Journal de l’automobile relève que le marché actuel connaît un regain de la vente d’occasion, plus économique. Les véhicules classés Crit’Air 4 et plus représentent 16% des véhicules sur le territoire national. Et l’âge moyen d’un véhicule français moyen est passé de 10,6 ans à 10,8 entre 2020 et 2021.

La ZEF est définie à l’intérieur de l’anneau de l’A86, zone de forte circulation journalière entre la grande et la petite couronne. Selon une enquête d’Île-de-France Mobilités et de l’Observatoire de la mobilité en Île-de-France, le nombre total de déplacements en voiture dans cette zone est de 14,8 millions par jour.

Une amende de 68 euros en cas d’infraction

De fait, l’interdiction concerne les voitures et deux-roues immatriculées avant le 31 décembre 2005 si moteur diesel, ou avant le 31 décembre 1996 si moteur essence. Ces véhicules seront interdits de circulation de 8 h à 20 h, hors jours fériés. Pour les bus et autocars, les restrictions s’appliquent tous les jours de l’année, aux mêmes horaires.

En cas d’infraction, le conducteur risque une amende de troisième classe, soit 68 euros. Mais plusieurs exceptions restent tolérées : l’interdiction de circuler ne concerne ni les personnes porteuses d’une carte « mobilité inclusion », ni les voitures de collection, ni les véhicules de secours ou d’approvisionnement de marchés. Les véhicules pour les déménagements, événements culturels ou tournages en sont aussi exemptés.

Charlotte De Frémont

Qu’est-ce qu’une vignette Crit’Air? Il s’agit d’un autocollant apposé sur le pare-brise du véhicule, et valable toute sa durée de vie. Il permet de le classer parmi les six catégories définies, du moins polluant (électrique) au plus polluant (niveau 5). Elle est délivrée selon les informations de la carte grise, et concerne tous les véhicules (voitures, deux-roues, poids lourds…). Les véhicules immatriculés avant 1997 n’entrent pas dans la classification.