Les résultats de Nissan en chute libre

Nissan va vivre la pire année de la décennie. Il y a quelques jours, le constructeur a annoncé que ses bénéfices nets avaient plongé de 57%  en 2018, pour atteindre 318 milliards de yens (2,5 milliards d’euros). Loin de son objectif initial de 500 milliards de yens. Ce mardi, Nissan a annoncé prévoir une chute de 27,7 % de ses profits sur l’année en cours, malgré la stabilisation des ventes à 5,5 millions de véhicules.
Avec ses bénéfices net en chute de 57 %, le constructeur japonais Nissan va passer l’année la plus difficile de la décennie. / Crédit : Alexandre Moisseyev – Flickr

Alors que Nissan parvenait encore à dégager une marge opérationnelle de 6.9 % il  y a trois ans, cet indicateur de rentabilité est désormais à 2%. C’est l’un des pires de toute l’industrie automobile. « Nous allons toucher le fond », a concédé Hiroto Saikawa, le PDG du constructeur, qui a succédé à Carlos Ghosn il y a tout juste deux ans.

Hiroto Saikawa se donne trois ans pour redresser Nissan

Saikawa a pointé du doigt la stratégie de course au volume de son prédécesseur, ayant consisté à vendre le plus de véhicules aux dépens de la rentabilité. « En Amérique, nous avons acheté nos parts de marché avec de gros rabais », a-t-il martelé, au point d’effondrer la profitabilité du groupe sur ce marché prioritaire ainsi que son image de marque. « Nous allons agir chirurgicalement pour nous redresser », a promis le dirigeant, qui semble se donner trois ans à la tête de la société avant de transférer un groupe en meilleure santé à un éventuel successeur. Cette restructuration va impliquer une réduction des moyens de production dans plusieurs pays, dont le Mexique, l’Angleterre et l’Espagne. La suppression de 4 800 postes est déjà enclenchée.

Véhicules électriques, renouvellement des franchises

Et pour relancer les ventes, Nissan promet de lancer vingt nouveaux modèles d’ici au printemps 2023 et de notamment proposer de nouvelles déclinaisons de toutes ses franchises vedettes, selon Les Echos. D’ici trois ans, 30 % de ses véhicules vendus dans le monde devraient être électrifiés. « Cela prend du temps d’atteindre cette voie royale des profits sains et soutenables », a commenté Hiroto Saikawa, avant de s’offusquer des commentaires comparant les déboires actuels de Nissan à ceux de 1999, qui avaient précédé le sauvetage par Renault.

« Notre situation financière est bonne actuellement et nous disposons de solides piliers économiques en Chine et au Japon », a martelé le patron. Le groupe assure que ses ventes sur le premier marché asiatique devraient encore croître de 9 % cette année, à 1,7 million d’unités, alors que la plupart des constructeurs redoutent une stagnation des commandes.

Nissan rejette toute fusion avec Renault

Si Hiroto Saikawa a expliqué qu’il pourrait, en partie, s’appuyer sur son partenariat industriel avec Renault pour organiser le redressement, il a essentiellement laissé entendre que le groupe japonais comptait, avant tout, sur ses propres forces pour rebondir et qu’une éventuelle révision des liens capitalistiques avec le groupe français n’était d’aucune utilité durant cette phase de restructuration. Il a redit qu’il « portait un regard négatif sur l’idée d’une fusion avec Renault », voulue par le constructeur français dont l’Etat est actionnaire.

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Vincent Jaouen

Trump tente de rassurer les agriculteurs, victimes du conflit avec Pékin

Les agriculteurs sont parmi les premières victimes collatérales de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. / Crédit : Flickr

Actuellement en guerre commerciale avec la Chine, qui s’est traduite par l’imposition mutuelle de droits de douanes supplémentaires sur des centaines de milliards de dollars de biens, Donald Trump a affirmé mardi que les agriculteurs américains seraient « parmi les plus grands bénéficiaires« , bien que qu’ils soient actuellement affectés par les représailles chinoises. Cet argent proviendra des droits de douane « massifs » payés pour autoriser la Chine, « ou d’autres » pays à faire des affaires aux Etats-Unis.

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Le président américain a également tweeté mardi matin : « Espérons que la Chine nous fasse l’honneur de continuer à acheter nos formidables produits agricoles, les meilleurs, mais si tel n’était pas le cas votre pays paiera la différence sur la base d’achat très élevé de la Chine… » Les agriculteurs avaient déjà été impactés au printemps 2018 par les représailles de l’Union européenne suite à l’imposition par les Etats-Unis de tarifs douaniers supplémentaires sur l’acier et l’aluminium.

Jeanne Seignol

Quatre questions pour comprendre la guerre économique entre la Chine et les Etats-Unis

Quitte à voir les entreprises américaines subir des pertes, l’administration Trump envisage désormais de taxer les produits de consommation chinois. Après l’échec des négociations commerciales, une escalade de représailles en forme de tarifs douaniers a explosé. Après la réponse chinoise, la riposte américaine : Washington envisage désormais de taxer la quasi-totalité des importations chinoises.

Jeudi soir, Donald Trump annonçait que les droits de douane sur les produits chinois passaient de 10% à 25% sur 200 milliards de dollars d’importations annuelles. © Flickr Recon Gimini
Où en est l’escalade de sanctions économiques entre la Chine et les Etats-Unis ?

La guerre ne semble pas prête de s’arrêter… Jeudi 9 mai, Donald Trump annonçait que les droits de douane sur les produits chinois passaient de 10% à 25% sur 200 milliards de dollars d’importations annuelles. La réponse chinoise n’a pas tardé : l’équivalent de 60 milliards d’importations annuelles de produits américains seront surtaxés par Pékin. Nouvelle réaction en chaîne de la part des Etats-Unis qui ont annoncé lundi 13 mai une nouvelle riposte, quitte à subir des pertes économiques. Le représentant américain au Commerce a annoncé le lancement de la consultation pour encore augmenter les tarifs douaniers sur près de 300 milliards de dollars supplémentaires d’importations chinoises. Selon Les Echos, ce serait ainsi la quasi-totalité des 540 milliards de dollars d’importations chinoises qui seraient taxées.

Sur quoi portaient les négociations ayant échoué la semaine dernière ?

Les jeudi 9 et vendredi 10 mai, les Etats-Unis et la Chine reprenaient leur négociations commerciales dans un contexte tendu. Selon des accusations américaines démenties par la Chine, Pékin aurait tenté de revenir sur certains engagements pris lors des précédentes négociations. Ces supposés retours en arrière auraient porté sur les principaux reproches fait à la Chine. Selon l’agence Reuters, « dans chacun des sept chapitres du projet d’accord, la Chine a retiré son engagement à légiférer pour répondre aux griefs qui ont amené l’administration Trump à déclencher une guerre commerciale : le vol de propriété intellectuelle et de secrets commerciaux, le transfert forcé de technologies, la politique de la concurrence, l’accès aux marchés financiers et la manipulation de sa devise ».

Malgré le démenti chinois, Donald Trump a décidé, dans la nuit de jeudi à vendredi soir, de mettre à exécution la menace qu’il brandissait depuis plusieurs mois : appliquer une surtaxe à la quasi-totalité des importations chinoises. Une augmentation de 10 % à 25 % les droits de douane sur 200 milliards de dollars (178 milliards d’euros) de produits chinois. Dans le même temps, l’administration américaine a refusé l’accès au marché américain à l’opérateur de télécommunication chinois China Mobile.

Pourquoi Donald Trump a-t-il déclenché des sanctions ?

L’attitude de Donald Trump est, une fois de plus, ambiguë. D’un côté, il évoque sur son compte Twitter des discussions  « franches et constructives », et que sa relation avec son homologue chinois Xi Jinping reste « très forte ». Il a ajouté que les nouvelles taxes imposées depuis le matin même  « pourraient être levées, ou pas », en fonction de l’avancée des « négociations futures », dont on ne connaît pas encore la date.

Les bons résultats de l’économie américaine donnent confiance à l’administration Trump, qui se sent en position de force. Pourtant il est certain que du côté chinois comme américain, ces mesures de sanctions économiques portent des coups à l’économie et à la croissance.

En quoi le niveau des sanctions économique atteint est inédit ?

La consultation qui s’ouvre est une première : elle envisage de taxer des produits de consommation. Cela aurait un impact direct pour les consommateurs américains. Parmi les produits concernés: vêtements, matériels électroménagers, produits agricoles, téléviseurs, matériels informatiques, téléphones, appareils photo, lunettes de soleil… Comme lors des autres vagues de sanctions, une période de concertation va désormais s’ouvrir, qui durera jusqu’au 17 juin. Une audience aura alors lieu, qui déterminera la suite de la procédure.

Le terme de « guerre » est désormais justifié, puisque les Etats-Unis sont désormais prêts à subir des pertes afin d’infliger des dommages conséquents à leur adversaire. Donald Trump a assumé ce choix, en annonçant que les sommes récupérées par l’administration fiscale seraient reversées aux entreprises américaines qui subiront des pertes.

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Vincent Jaouen

Le FMI débloque une aide financière au Sri Lanka

 

Après la crise politique à l’automne dernier, trois agences internationales de notation avaient abaissé la note de crédit du pays, ce qui l’empêchait de demander des financements à l’étranger. / Flickr – Valerie Hukalo

Le Fonds monétaire international (FMI) a alloué 164,1 millions de dollars de son plan d’aide en faveur du Sri Lanka, un coup de pouce très attendu pour le pays endeuillé depuis les attentats djihadistes qui ont fait 258 morts le 21 avril dernier lors des célébrations de Pâques.

Le plan d’aide avait débuté en juin 2016 et fait partie d’un paquet financier triennal de 1,5 milliard de dollars accordé au Sri Lanka. Il avait été suspendu en octobre 2018, alors que le président Maithripala Sirisena s’opposait au Premier ministre Ranil Wickremesinghe dans une lutte de pouvoir. Ce plan sera prolongé d’une année, selon un communiqué du FMI, publié lundi.

 

Jeanne Seignol