Les cyberharceleurs du Tiktokeur Benjamin Ledig reconnus coupables

Les dix personnes accusées d’avoir participé au cyberharcèlement de l’influenceur Benjamin Ledig ont été jugées coupables. L’un des prévenus est condamné à quatre mois de prison avec sursis et le reste à des travaux d’intérêt général. Ils doivent aussi verser 8000 euros au Tiktokeur pour réparer le « préjudice moral » causé.

Un seul des dix prévenus était présent lors du verdict mais tous sont jugés coupables. Ce mercredi 13 septembre, le tribunal rendait sa décision concernant le harcèlement en ligne subi par le Tiktokeur Benjamin Ledig. Les dix prévenus, âgés de 19 à 43 ans, ont été reconnus coupables pour « des faits de harcèlement responsables de la dégradation des conditions de vie du plaignant » et « d’une incapacité au travail ». Une décision dont l’avocat de l’influenceur, Me Alexandre Bigot Joly, se dit « satisfait » : « À ma connaissance, c’est la première fois qu’il y a condamnation pour des faits de « doxing » donc c’est plutôt une bonne chose ». Répandu sur les réseaux sociaux, le « doxing » est un type de cyberharcèlement qui consiste à divulguer les données personnelles d’un individu dans le but de lui nuire.

Des peines de quatre à six mois de prison avec sursis avaient été requises par la procureure lors du procès qui s’était déroulé le 24 mai dernier. Neuf des prévenus écopent de travaux d’intérêt général et le dernier d’une peine de prison avec quatre mois de sursis. L’ensemble des prévenus doit aussi verser 8000 euros à Benjamin Ledig en guise de dommages et intérêts pour réparer le préjudice moral causé. Contrairement à la dernière audience, Benjamin Ledig n’était pas présent pour entendre la décision rendue : « Il n’était pas là parce que le dernier procès avait été intense émotionnellement », confie Me Bigot Joly. Il était accompagné de Me Raphaël Molina, avec qui il a co-fondé Influxio, un cabinet d’avocats visant à accompagner les influenceurs de manière juridique : « On espère que ça fera jurisprudence pour la suite », renchérit-il.

Des vidéos jugées blasphématoires

Mercredi 26 février 2022, une vidéo de Benjamin Ledig, un jeune Alsacien âgé alors de 18 ans, était devenue virale. Il se filmait avec un ami en crop-top en train de twerker (danser en ondulant son postérieur) dans l’église Saint-Paul Saint-Louis, une église du 4 ème arrondissement de Paris. Publiée sur Tiktok, cette vidéo avait été jugée blasphématoire et avait provoqué une polémique sur les réseaux sociaux. Benjamin Ledig s’était alors défendu de dénoncer l’homophobie de l’Église. Il avait ensuite publié une autre vidéo dans laquelle il utilisait le Coran pour nettoyer sa fenêtre ou pour caler un meuble. Durant l’année 2022, l’influenceur avait reçu une centaine de milliers de messages d’insultes et de menaces de mort comme l’explique 20 Minutes. Suite à la plainte du curé de l’église Saint-Paul Saint-Louis, Benjamin Ledig avait été reconnu coupable de « préjudice moral » par le tribunal judiciaire de Paris et avait dû verser 2500 euros de réparation à ce titre.

Autonomie : que peut espérer la Corse de la visite de Darmanin ?

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en visite en Corse ce mercredi et jeudi, afin de rencontrer différents élus locaux. La question de l’autonomie devrait être évoquée, de manière non-officielle, après plusieurs mois d’échanges entre le gouvernement et l’île de Beauté

Gérald Darmanin est arrivé ce mercredi 13 septembre en Corse pour une visite d’une durée de deux jours. Le ministre de l’Intérieur devait rencontrer Gilles Simeoni, président autonomiste de l’exécutif, à 16h30, avant une assemblée générale avec les maires de l’île. Ce jeudi, Gérald Darmanin doit rencontrer le maire d’Ajaccio, Stéphane Sbraggia, lors d’un petit-déjeuner, avant sa deuxième rencontre avec Gilles Simeoni, à 9h30.  Bien que ces visites aient pour objectif initial d’évoquer différents sujets tels que la gestion de l’eau et des déchets sur l’île de Beauté, la question de l’autonomie reste dans toutes les têtes.

Une autonomie « à la polynésienne« 

En mars 2022, à la suite des émeutes qui ont découlées de l’agression d’Yvan Colonna, incarcéré à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, Gérald Darmanin s’était rendu en Corse pour tenter de calmer la situation. Dans un entretien pour Corse Matin, le résident de la place Beauvau avait déclaré que le gouvernement pourrait « aller jusqu’à l’autonomie » en évoquant un statut semblable à celui de la Polynésie française. Un « discours désinhibé qui avait surpris tout le monde » selon Pierre Negrel, journaliste à Corse Martin, face auquel il faut rester prudent selon Don Joseph Luccioni, benjamin de l’Assemblée de Corse issu de la liste « Fà populu inseme » : « L’Histoire nous enseigne qu’il faut toujours se méfier avec les annonces des gouvernements. On reste prudents, mais la solution politique est nécessaire ».

Suite à la loi NOTRe de 2015, la Corse est devenu un territoire à statut particulier, et ce, de manière effective, depuis le 1er janvier 2018. Elle dispose ainsi d’une assemblée, mais aussi d’un conseil exécutif. Elle est responsable sur différents sujets tels que l’enseignement, la promotion de la culture, le tourisme, le logement mais également le développement durable de l’île. Mais le statut de la Corse reste loin de celui de la Polynésie Française, qui, elle, dispose totalement d’autonomie depuis 2004. Ce statut, que seul ce territoire dispose, permet à la Polynésie de se gouverner. Elle dispose d’une présidence, d’un gouvernement, seules les fonctions régaliennes (police, armée, diplomatie, fabrique de la monnaie, justice) restent attribuées à l’Etat français.

Darmanin en éclaireur pour Macron

La Corse pourrait donc tendre vers une telle autonomie, voulue par une part seulement de l’Assemblée Corse. En juillet 2023, l’Assemblée de Corse devait fournir un projet d’autonomie au gouvernement et à Emmanuel Macron. Cependant, nationalistes et opposition de droite ne s’étaient pas mis d’accord, aboutissant ainsi au rendu de deux projets. La question de l’autonomie reste donc un sujet épineux, même au sein de l’île de Beauté et la visite de Gérald Darmanin ne devrait pas permettre de trancher sur ce sujet selon Pierre Negrel et Don Joseph Luccioni, qui évoquent tous deux un rôle « d’éclaireur » pour le ministre de l’intérieur : « La visite de Gérald Darmanin est informelle et permet surtout de préparer la venue d’Emmanuel Macron pour les 80 ans de la libération de la Corse. On ne sait pas de quoi parlera le président. On peut penser à une réforme constitutionnelle, mais cela reste du domaine de l’hypothèse, car Emmanuel Macron est spécialiste des revirements de dernière minute », selon le journaliste de Corse Matin.

Procédure d’impeachment contre Biden, une stratégie à double tranchant pour les républicains

Le président républicain de la chambre des représentants, Kevin McCarthy, a annoncé mardi l’ouverture d’une procédure d’impeachment à l’encontre du président Biden, accusé de corruption en faveur de son fils Hunter. Une manoeuvre loin de faire l’unanimité dans son propre camp.

 

Alors que Donald Trump est inquiété ces derniers mois dans pas moins de quatre procès, c’est son principal rival aux présidentielles de 2024, Joe Biden, qui risque virtuellement de se retrouver sur le banc des accusés. Il est en effet visé, depuis mardi, par une procédure d’impeachment déclenchée par le président républicain de la chambre des représentants, Kevin McCarthy.

Une commission de la Chambre va mener une enquête sur des soupçons de corruption portant sur le temps où Joe Biden était vice-président de Barack Obama. Les républicains l’accusent de longue date d’avoir profité de sa position d’alors pour favoriser les affaires controversées de son fils, Hunter, en Ukraine.

Pression d’une « frange extrémiste »

Pour Michael Behrent, historien américain écrivant notamment sur la politique américaine dans la revue Esprit, cette procédure à cependant « très peu de chances d’aboutir. Il n’est même pas sûr que les républicains aient une majorité à la Chambre pour la poursuivre au-delà. » Les représentants doivent pourtant voter un à un les actes de mise en accusation avant un éventuel procès du président devant le Sénat.  

Mais cet impeachment est le fruit de la pression exercée sur Kevin McCarthy par une « frange assez extrémiste du parti, qui ne représente qu’une minorité de l’électorat, peut-être entre 30 et 40%. » S’ils ont obtenu gain de cause, cette procédure « représente un réel risque de retour de flamme, car il pourrait montrer que le parti est complètement sous contrôle » de cette minorité d’élus pro-Trump.

Plutôt que d’affaiblir Joe Biden, l’impeachment pourrait surtout souligner les importantes divisions du Grand old party (GOP), majoritaire à la Chambre des représentants. Il avait déjà fallu 15 tours de scrutin, un record, pour élire Kevin McCarthy comme speaker de la Chambre.

Un potentiel repoussoir

Pour l’historien, cette manœuvre relève donc probablement « davantage d’une stratégie strictement personnelle de ces députés » que d’une offensive généralisée contre Joe Biden. Il est d’ailleurs « intéressant de noter que les élus qui s’y opposent ne sont pas forcément modérés », souligne-t-il.

Et si les défenseurs de l’impeachment ont parfois reçu « 60 à 70% des scrutins  » lors des midterms, une partie des autres républicains sont moins certains d’être réélus. Le sénateur Mitch McConnell s’est notamment signalé contre ce choix qui risque d’agir comme un repoussoir pour les électeurs centristes qui ont été une des clés de la victoire du GOP dans des Etats ou des circonscriptions très disputés.

En outre, le soutien apporté par Donald Trump à différents candidats dans des états traditionnellement acquis aux républicains n’a pas empêché leur conquête par les démocrates.

« Aveu de faiblesse »

Pour Micheal Behrent, la décision de lancer l’impeachment est un « aveu de faiblesse » pour Kevin McCarthy, forcé aux concessions par une majorité qu’il ne parvient pas à contrôler. Comme un symbole, il n’a finalement pas soumis l’éventualité d’un impeachment au vote, comme il s’y était engagé, faute de disposer d’une majorité.

Mais, si cet impeachment ne devrait pas trop inquéter Joe Biden, l’historien s’inquiète de la « grande polarisation » de la société américaine. Même si Donald Trump devait être condamné dans un ou plusieurs de ses procès, « beaucoup y verraient un coup d’Etat contre lui, et se verraient renforcés dans leurs convictions. »

Inceste: la difficile formation des enseignants

Alors que le gouvernement vient tout juste de dévoiler sa première campagne de sensibilisation aux violences sexuelles sur les enfants, dans lequel le mot inceste est prononcé pour la première fois. La secrétaire d’État chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, a quant à elle affirmé mardi 12 septembre, sur le plateau de l’émission Quotidien que les enseignants étaient « formés régulièrement au repérage des violences subies par les enfants ». Un propos qui fait réagir les concernés.

« C’est un manque que je ressens au quotidien, on se sent complètement démunis ! » assure Karim* enseignant dans un collège à Marseille. Ce dernier exerce depuis sept ans en SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté des classes accueillant des jeunes élèves présentant des difficultés personnelles et scolaires importantes) et regrette le manque de formation sur les violences sexuelles. 

« Ce sont des élèves qui subissent d’autant plus les violences et ce n’est pas normal de ne pas avoir eu de formation sur cette question en formation initiale et continue », déplore-t-il.

« On ne comprend pas cette absence de formation »


Le Code de l’éducation nationale prévoit, depuis le 22 juin 2000, que les professeurs reçoivent obligatoirement une formation initiale et continue dans le domaine de la protection de l’enfance en danger. Pourtant, l’ensemble des témoignages convergent. Ils n’ont jamais bénéficié de cette formation sur les violences sexuelles. « J’ai effectué un signalement oral il y a quelque temps pour une élève de 14 ans, ce n’était pas une affaire d’inceste mais il s’agissait de violences sexuelles, elle fréquentait un adulte de 32 ans. J’ai signalé ce cas à la CPE mais on est assez seul dans ce processus », résume Pierre, un enseignant d’arts plastiques à Metz.

Le temps passé par les enfants dans les établissements scolaires est important et les enseignants se trouvent logiquement en première ligne pour détecter, repérer et signaler les violences sexuelles. Pour rappel, d’après la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France. Un chiffre impressionnant qui nécessite une meilleure prise en charge.

Karim* a récemment effectué un signalement « on doit se débrouiller, le formulaire n’est pas évident à trouver et à compléter. On ne sait pas à qui l’envoyer, on ne connaît pas ses interlocuteurs, c’est vraiment flou », regrette-t-il.

Un plan d’action gouvernemental de lutte contre les violences sexuelles intrafamiliales a été mis en place depuis la rentrée scolaire 2021, dans lequel on retrouve un guide à destination des personnels et en particulier des enseignants. L’objectif de ce guide est d’améliorer la connaissance et la compréhension des violences sexuelles/ d’outiller les personnels afin de favoriser la libération de la parole et le repérage des élèves victimes et renforcer les actions de préventions, notamment en éducation à la sexualité.

« On ne sait pas vers qui se tourner donc on bricole »

Confrontés à ce manque de formation, d’outils mis à disposition pour écouter et accompagner les enfants victimes d’inceste, les enseignants se débrouillent seul pour repérer les victimes. « Ça fait des années que je travaille au rectorat de Paris et la question de la formation aux violences sexuelles n’est jamais venue dans les discussions, donc les propos de la ministre sont hypers violents pour nous ! », fulmine Elisabeth Kutas membre du syndicat Snuipp-FSU Paris et professeur des écoles. Toutes les trois minutes un enfant est victime d’inceste en France, entre un et deux élèves par classe est concerné, « on ne nous apprend pas du tout à les repérer, à les prendre en charge, à écouter la parole de l’enfant. On ne sait pas vers qui se tourner donc on bricole »

Les assistantes sociales et les psychologues sont essentiels pour repérer les enfants victimes et sont un soutien pour le corps enseignant. Certains professeurs décèlent des indices dans les copies des élèves, dans les comportements et plus rarement des élèves peuvent se confier. « J’ai de la chance d’avoir une assistante sociale et une équipe géniale qui intervient mais ce ne sont pas des gens internes à l’éducation nationale », explique l’enseignante.

Sollicité par notre média, le cabinet de la secrétaire d’État chargée de l’Enfance indique que les enseignants sont de plus en plus sensibilisés à cette question et qu’il existe des dispositifs pour lutter contre ce fléau.