Pourquoi le dernier épisode de « South Park » a été censuré en Chine

Le dernier épisode en date de la série américaine South Park a été censuré par Pékin. Mardi 8 octobre, « Band in China » était quasi introuvable sur l’internet chinois.

Travail forcé, censure et totalitarisme économique : voilà quelques thèmes abordés par « Band in China », dernier épisode en date de la 23ème saison de la série américaine South Park. Dans cet épisode, les réalisateurs s’en prennent aux entreprises américaines prêtes à tout pour se faire une place sur le marché chinois, quitte à devenir complaisantes envers Pékin. « Vaut mieux pas trop défendre l’idéal de liberté quand on veut téter les lolos de la Chine », déclare par exemple l’un des personnages de « Band in China ». Ce mardi, impossible de trouver l’épisode sur le Twitter chinois Weibo, ni sur le site de critique de films et de livres Douban.

L’incident survient alors que la NBA, la ligue américaine de basket-ball, et sa franchise des Houston Rockets font face à de vives critiques en Chine pour un tweet : un dirigeant du club y soutient les manifestants pro-démocratie à Hong-Kong. Le manager s’est ensuite excusé, toujours via Twitter.

Quant aux créateurs de South Park, ils ont publié d’ironiques excuses : « Comme la NBA, nous sommes heureux d’accueillir les censeurs chinois dans nos foyers et nos cœurs, ont-ils écrit sur Twitter, Nous aussi nous aimons l’argent plus que la liberté et la démocratie ».

South Park, qui met en scène les aventures de quatre enfants d’école primaire, offre un regard sur la société américaine à travers un humour absurde et provocateur, et régulièrement sujet aux controverses. En effet, en France, la plateforme de streaming Netflix a choisi de ne pas diffuser une dizaine d’épisodes jugés « dénigrants », s’attirant les foudres de plusieurs fans.

Ces dernières semaines, plusieurs autres entreprises étrangères ont provoqué la colère de Pékin après avoir soutenu les manifestations à Hong Kong, comme c’est le cas de la marque de luxe Versace, ou encore la compagnie aérienne Cathay Pacific.

 

La rédaction de Celsalab

Déremboursement de l’homéopathie : quelles conséquences pour les pharmacies ?

A compter du 1er janvier 2021, les médicaments et les préparations homéopathiques ne seront plus remboursés par la sécurité sociale. Cette annonce, officialisée mardi par le ministère de la Santé via deux arrêtés, ne semble pourtant pas préoccuper les pharmaciens.

Les pharmaciens s’inquiètent des inégalités sociales que pourrait engendrer le déremboursement de l’homéopathie.

Arnica, oscillo cocillum, homéoplasmine ou encore camilia. Les étagères de la pharmacie de Villiers, à Levallois-Perret, sont remplies de boîtes colorées qui attirent instantanément le regard. Ici, crèmes et préparations homéopathiques se vendent comme des petits pains. « Quelle maman n’a pas un tube d’arnica chez elle ou dans son sac ? Quel enfant n’a jamais pris de stodal ?» glisse François-Xavier Moreau.
Ce pharmacien regrette le déremboursement progressif de l’homéopathie et s’interroge sur sa nécessité. « Les gens sont habitués à leur traitement, ils y tiennent beaucoup. Quant à ceux qui viennent sans ordonnance, soit la plupart, ils paient déjà. Cela ne va pas changer grand-chose ni pour eux, ni pour nous. Cette mesure va plutôt augmenter les inégalités face à l’offre de soins : 5€ pour certaines personnes, à la fin du mois, ce n’est rien, mais pour d’autres… »

Le déremboursement de l’homéopathie signifie en effet que les soins vont passer du statut de médicament à celui de complément alimentaire. Soit une hausse de la TVA de 2,1% à 5,5%. Si certaines personnes réduisent alors leur consommation de produits homéopathiques, grâce à cette augmentation de facto, l’impact économique sera très réduit sur le chiffre d’affaire des pharmacies.
« C’est une alternative qu’il est dommage de perdre, soupire François-Xavier Moreau. L’efficacité scientifique n’est peut-être pas prouvée, mais un être humain n’est pas un tube à essai. Je préfère me fier à ce qu’on me rapporte au comptoir. Si les gens sont guéris, que ce soit placebo ou non, c’est tout ce qui compte. »

« L’homéopathie, ça se vendra toujours »

En France, l’an dernier, l’homéopathie représentait 126,8 millions sur environ 20 milliards d’euros pour l’ensemble des médicaments remboursés, selon l’assurance maladie. Soit seulement 6% du budget de la Sécurité sociale. Chez les praticiens, l’incompréhension est donc parfois grande. Le syndicat national des médecins homéopathes dénonce ainsi une « décision aberrante » et « un climat insidieux ». Le collectif Mon homéo mon choix a, quant à lui, lancé une pétition, notamment appuyée par les laboratoires Boiron et Weleda, leaders du secteur. Elle atteint déjà plus d’un million de signataires.

« Boiron vient régulièrement faire campagne dans les pharmacies, confie en souriant Charlotte Morin, de la pharmacie de l’Europe (Levallois-Perret). Ils nous ont demandé de signer et de faire tourner cette pétition. Ils ont peur des conséquences du déremboursement. »
Pour la jeune pharmacienne, cette inquiétude n’est cependant pas forcément justifiée. «  Il y a une clientèle très attachée aux traitements dits naturels, qui a peur des traitements chimiques et de leurs effets secondaires. Nous risquons seulement de moins recevoir d’ordonnances de la part des médecins traditionnels, car les patients refusent souvent ce qui est non-remboursable. Il y aura donc peu de conséquences sur les pharmacies et les laboratoires, qui savent s’adapter. L’homéopathie, ça se vendra toujours. »

Audrey Dugast

La réalité des hackers derrière les clichés

Des hommes blancs, autodidactes, en sweat à capuche noir, en permanence derrière un écran, asociaux, travaillant depuis une chambre qu’ils quittent le moins possible, capables de pirater une banque en trois clics… La représentation des hackers dans les médias ou la fiction est en fait bien loin de la réalité.

Mr.Robot est une série américaine produite par USA Network et diffusée depuis 2015. (Flickr)

La quatrième saison de la série Mr.Robot a débuté le 6 octobre aux États-Unis. On y retrouve Elliot Alderson, officiellement ingénieur en cybersécurité, officieusement hacker hors pair. C’est un personnage déséquilibré, dépressif, paranoïaque, en marge de la société et très isolé. Il est toujours vêtu d’un sweat noir, capuche vissée sur la tête. En ce sens, Elliot correspond beaucoup à l’image du hacker telle qu’on la voit dépeinte dans les médias ou la fiction.

Néanmoins, le créateur de la série, Sam Esmail, a porté une attention toute particulière à la mise en scène des outils informatiques. Elliot utilise des techniques informatiques réelles et de vraies commandes dans ses lignes de code. “J’utilise les même dans mon travail” lance Jules, consultant en sécurité informatique. Les méthodes de Mr.Robot sont crédibles et les explications logiques : cette représentation est “plus juste que ce que l’on peut habituellement voir à la téléestime Edward Snowden, l’informaticien lanceur d’alerte à l’origine des Wikileaks.

Dans Mr.Robot, Elliot n’est pas toujours armé de bonnes intentions. D’ailleurs, la fiction et les médias associent souvent les hackers aux pirates qui mènent des activités criminelles. En plus, il y a un côté un peu mystique dans l’image qu’on dépeint du hacker. De par sa supposée personnalité, mais aussi à cause des outils qu’il utilise :

“Dans l’imaginaire collectif, c’est un peu un Robin des bois qui se défie de la loi et de l’ordre. C’est une figure romantique de l’anti-héros, du rebelle. D’autant qu’il fait des choses un peu obscures, il utilise des outils que monsieur Tout-le-monde ne sait pas utiliser” explique Agar, rédacteur en chef du magazine spécialisé Canard PC.

Il suffit d’ailleurs de taper le mot-clé “hacker” dans une banque d’image pour avoir une idée de l’image qu’il véhicule.

Capture d’écran des résultats de recherche pour le mot « hacker » sur la banque d’image Shutterstock.

Pourtant, “un hacker ce n’est pas forcément quelqu’un qui fait des attaques informatiques” précise Jules. “Hacker un système, c’est juste arriver à comprendre comment son code est fait” insiste le jeune informaticien. La suite dépend de son objectif !

Ce sont juste des gens qui bidouillent des objets” 

Selon lui, les hackers sont bien trop souvent caricaturés, que ce soit dans les médias, le cinéma ou les séries. “On les voit comme étant nocifs, méchants, mais ce sont juste des gens qui bidouillent des objets… Ça peut être positif” précise-t-il.

Il existe trois catégories, trois “chapeaux” pour désigner les hackers : les blancs, les gris et les noirs. Les “black-hats” sont ceux qui hackent avec une intention criminelle. À l’inverse, les “white-hats” assurent la sécurité et ne profitent jamais des vulnérabilités qu’ils trouvent. Enfin, les “grey-hats” oscillent entre les deux catégories et sont parfois des activistes. Ces termes renvoient en fait aux westerns dans lesquels le chapeau noir était l’apanage du “méchant” alors que le blanc était celui du “gentil”.

Il y a, surtout dans les films, cette idée selon laquelle le hacker est un génie absolu de l’informatique” analyse Agar. En fait, pour les “black-hats”, la majeure partie du hacking consiste à faire du social engineering, c’est à dire à se jouer des failles humaines. Dans ce cas, il ne s’agit plus de s’en prendre au système informatique, mais de manipuler l’utilisateur pour le mettre en confiance et récupérer des informations.

Souvent, dans la fiction, le hacker est un jeune autodidacte. Dans la vraie vie, nombre d’entre eux sont en fait ingénieurs en informatique. L’ancien hacker Ian Reynolds confie au Guardian qu’il n’y a pas de profil-type : “Pour le social engineering par exemple, la personnalité idéale est quelqu’un d’avenant, capable de pousser les utilisateurs à faire une tâche ou dévoiler leurs identifiants et mots de passe”. Bien loin du cliché du garçon asocial et désaxé.

Les retraités réclament une augmentation de leurs pensions

Plusieurs centaines de personnes ont défilé à Paris, de Montparnasse aux Invalides, pour demander une augmentation des pensions et l’annulation totale de la hausse de la CSG pour tous les retraités.

« Augmentation des pensions, droit à la santé et aux loisirs ». C’est le message qu’on pouvait lire sur les pancartes des manifestants en début d’après-midi, dans le quartier Montparnasse à Paris. Sous une pluie battante, les retraités étaient dans la rue, parapluie à la main, pour faire entendre leurs revendications. A savoir : l’augmentation des pensions et la suppression de la hausse de la CSG. 

En milieu de cortège, Martine Soret fait part de ses inquiétudes. A 70 ans, cette ancienne secrétaire indique toucher 560 euros de retraite par mois. « Heureusement que mes deux enfants m’aident à payer les factures », témoigne cette adhérente à la CGT et au Parti communiste.

Si le montant de sa pension est faible, c’est parce que Martine Soret a cotisé pendant 20 ans, au lieu de 43 pour avoir une retraite à taux plein. Selon elle, le gouvernement devrait augmenter les retraites, gelées depuis plusieurs années.

Revaloriser les salaires

Casquette CGT sur la tête et banderoles à la main, Martine Soret n’a pas manqué une seule manifestation depuis 1968. Elle aimerait par ailleurs bénéficier d’une retraite minimale à 1000 euros par mois. Une option envisagée par Emmanuel Macron, mais seulement pour les carrières complètes.

Pour Didier Le Reste, conseiller PCF de Paris, il faut agir en revalorisant les salaires des actifs, car ce sont eux qui payent les cotisations sociales, et donc les pensions de retraite. Selon lui, le gouvernement doit abandonner le système à points, car « il va faire baisser le niveau des pensions ». Puis de conclure : « Il faut s’opposer à cette réforme, qui en réalité concerne tous les retraités ».

Alexandre Cool