14 arrestations en lien avec l’agression de deux policiers le 31 décembre à Champigny-sur-Marne

Les deux policiers avaient été agressés en marge d'une soirée à Champigny-sur-Marne le 31 décembre.
Les deux policiers avaient été agressés en marge d’une soirée à Champigny-sur-Marne le 31 décembre.

Quatorze personnes ont été arrêtées ce mardi matin 10 avril 2018 dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine, la Seine-et-Marne et l’Eure, en lien avec l’agression de deux policiers à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) le 31 décembre dernier.

Les suspects, dont deux femmes, sont âgés de 16 à 20 ans. Ils ont été placés en garde à vue pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique avec une interruption de travail supérieure à huit jours », ce qui peut leur valoir jusqu’à sept ans de prison. Ces arrestations font suite à quatre mois d’enquête de la Sûreté départementale du Val-de-Marne et de l’Office central de lutte contre la cybercriminalité.

Une scène filmée

Pour rappel, les deux policiers avaient été pris à partie en marge d’une soirée privée. La policière avait été rouée de coups au sol. La scène aurait été filmée. Le policier, quant à lui, a eu le nez fracturé. Les deux policiers ont eu une semaine d’ITT chacun.

Solène Agnès avec AFP

Djihadistes de Lunel : Jawad S reconnaît avoir joué un rôle dans la radicalisation des jeunes

Le procès de cinq Lunellois soupçonnés d’être au coeur d’une filière djihadiste s’est ouvert jeudi dernier à la 16ème chambre correctionnelle de Paris. Ce lundi, Jawad S a reconnu un lien entre son discours et la radicalisation des jeunes partis en Syrie.

Lunel
Le hall du tribunal correctionnel de Paris, où se déroule le 3ème jour du procès de la filiale djihadiste de Lunel.

Cinq hommes décrits dans le dossier d’instruction comme ayant, « créé les conditions d’une émulation djihadiste collective » comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris depuis jeudi pour association de malfaiteurs terroriste : Hamza Mosli, Adil Barki, Ali Abdoumi, Jawad S. et Saad B (les deux derniers comparaissent libres). Âgés de 29 à 47 ans, ils avaient été interpellés fin janvier 2015.

Le procès s’est concentré lundi après-midi sur la personnalité de Jawad S, qui disposait d’une certaine aura auprès des jeunes Lunellois. Le tribunal a tenté de déterminer son rôle dans le départ en Syrie de 20 jeunes entre 2013 et 2014. Son implication au sein de la communauté musulmane de Lunel, ses prises de positions outrancières – qu’il dit derrière lui – font de lui un élément central du dossier.

Radicalisé en 2014

Élevé suivant les préceptes de la religion musulmane, Jawad S déclare s’y être plus particulièrement intéressé à partir de 22 ans. Il se rend alors deux à trois fois par semaine à la mosquée et affirme avoir mené des campagnes de sensibilisation contre la radicalisation. Lors de l’audience, Jawad S admet avoir présidé des assises sur l’Islam en 2013 à Lunel. La présidente du tribunal dévoile certains témoignages de Lunellois affirmant qu’il se positionnait en faveur du Djihad en Syrie. « C’est faux! » a récusé l’intéressé. Avant d’admettre s’être radicalisé en 2014.

Jawad S, ému, explique que son divorce est à l’origine de sa radicalisation. « J’étais perturbé. Je suis passé d’un Islam du juste milieu à un islam littéraliste ». Quand la présidente  poursuit « Je suis navrée d’insister mais comment expliquer vous ce basculement aussi brutal? », Jawad S répond :  « Au contact d’Hamza Mosli et d’Internet« . La présidente lit ensuite de longues conversations entre Jawad et ses interlocuteurs. Antisémitisme, soutien aux ambitions conquérantes et mortifères de l’EI, haine de l’Occident etc… « J’étais dans la radicalité » admet-il.

Après avoir minimisé son implication pendant deux heures, Jawad, bousculé par son conseil, reconnaît avoir joué un rôle dans la radicalisation des jeunes. Il nie cependant les avoir formellement incités à partir en Syrie. « Nous avons besoin de réponses. Est-il possible qu’il y ait un lien entre le discours que vous avez pu tenir et la radicalisation de certains jeunes partis en Syrie? » Jawad S acquiesce timidement : « Oui ». « J’admets avoir tenu des propos obscurs mais je n’ai jamais incité les jeunes au djihad » ajoute-t-il. Il ne nie pas sa radicalité d’alors ni sa propension au prosélytisme mais se défend d’avoir facilité le départ des jeunes Lunellois.

Le procès des cinq hommes doit se poursuivre jusqu’au mercredi 11 avril.

Victor-Isaac Anne et Caroline Baudry

Maison Felippa à Paris : le premier centre français d’accueil à la journée pour les personnes âgées

Ouverte depuis 15 mois, la Maison Felippa est le premier centre d’accueil à la journée pour les personnes âgées qui existe en France. Et il se situe à Paris, rue George Sand, dans le 16e arrondissement.

Plus de 70 ans séparent le jeune Alexandre à l’octogénaire Henriette. Et pourtant, ils partagent une même passion pour les loisirs créatifs (Crédit Photo : Noémie Gobron).

Des fleurs en papier crépon, taillées à coups de ciseaux. Lundi après-midi, une dizaine d’élèves de l’Ecole internationale de Paris sont venus participer à un atelier créatif aux côtés de quatre seniors, dans le cadre d’un projet intergénérationnel mené depuis octobre par la professeure de français Louise Elliott. « Nous avons décidé de nous lancer dans ce projet pour recréer du lien social avec la communauté locale, un lien intergénérationnel et faire profiter nos élèves de ce moment d’échange », précise la professeure. Un échange  qui se fait dans la langue de Shakespeare. Car ces élèves de CM2 sont américains, puerto ricans ou encore portugais. « Nos élèves sont internationaux. Et souvent, ils ont de la famille, leurs parents et même leurs grands-parents, qui sont à l’étranger. Rencontrer, ici, des seniors, c’est un peu trouver une nouvelle famille », renchérit Louise Elliott.

  • « Soit le domicile, soit la maison de retraite »

D’ailleurs, ce centre d’accueil porte le nom de la grand-mère d’une des deux fondatrices, Regina Hernanz de Benoist. « Ma grand-mère Felippa est morte en 2012. Elle avait 86 ans. Quand elle a commencé à être de plus en plus lente et à avoir des difficultés cognitives, j’ai eu l’impression que la société l’oubliait », souligne la co-fondatrice.

Vint alors l’idée de créer cette structure, qui accueille une soixante de personnes, âgées de 80 ans en moyenne. « Nous avons voulu créer un nouveau concept. Car, en France, lorsque l’on perd de l’autonomie, nous restons soit au domicile, soit à la maison de retraite. Ici, nous faisons sortir les gens à l’extérieur et leur proposons des activités de vie », précise Célia Abita, co-fondatrice. La Maison Felippa accueille exclusivement des personnes en perte d’autonomie non médicalisées de plus de 60 ans, avec l’objectif d’épauler non seulement le senior lui-même, mais également sa famille. Grâce à la prise en charge complète (transport, parcours de santé et repas), la structure se veut aussi être une alternative à l’EHPAD.

IMG-1676
Marie-Anne Dufeu, aromathérapeute, est venue faire découvrir les huiles essentielles et leurs bienfaits aux seniors de la Maison, au côté de Kevin, stagiaire (Crédit photo : Noémie Gobron).
  • Coups de ciseaux et effluves d’huiles essentielles

Lundi après-midi, Henriette, 80 ans et ancienne conservatrice au musée du Louvre, a pu s’essayer à la confection de fleurs en papier mais également à l’aromathérapie, aux côtés de Jean-Charles, Suzanne et Michelle, trois autres bénéficiaires des services de la Maison. Marie-Anne Dufeu est venue avec sa dizaine de fioles emplies d’huiles essentielles, disposées sur une petite table blanche de la plus douce à la plus forte. « C’est pour se faire les ongles ? », s’interroge Henriette. Géranium rose, benjoin, lavande ou encore pruche. Ces odeurs activent l’odorat et éveillent les sens, parfois oubliés. « La lavande, c’est très bon quand vous avez mal partout, c’est relaxant », affirme l’aromathérapeute. Quelques conseils et recommandations en fonction des maux de chacun, mais surtout « une stimulation intellectuelle et sensorielle ».

Myriam Martino, aide médico-psychiatrique, est accompagnée de trois stagiaires, Anasthasie, John et Kévin, âgés de 18 à 29 ans. « Nous restons à l’écoute des personnes âgées, nous sommes à leur service. On les accompagne dans leur déplacement », sourit la jeune stagiaire Anasthasie, arrivée fin janvier.

D’après la ville de Paris, en 2015, 465 000 personnes de plus de 60 ans habitaient la capitale, soit 20,8% de la population totale de la ville.

  • Des activités du lundi au vendredi

L’accueil se fait à la journée (50€ la demi-journée) mais il est possible de souscrire à un abonnement (tarif sur demande) pour profiter des activités quotidiennes. Échauffement sportif, stimulation mémoire, énigme sur écran… « plus on utilise sa mémoire, plus on l’entretien », lance Myriam Martino. « On leur propose des jeux, manuels ou intellectuels, pour faire de la prévention sur la maladie d’Alzheimer. On les stimule aux niveaux cognitif, moteur et social. » Pour la création et la prévention. Mais au sein de la Maison Felippa, l’adage est tout autre : « Le partage n’a pas d’âge ».

 

Noémie Gobron

 

 

Tentative de blocus avortée à l’université de Nanterre

Lundi matin, une cinquantaine de CRS ont fait évacuer trois bâtiments abritant le département des sciences sociales et de psychologie, bloqués et occupés par une trentaine d’étudiants depuis 7 heures. Par mesure de sécurité, les autres bâtiments ont fermé leurs portes. Leur revendication officielle? Protester contre la loi Vidal, qui instaure une sélection à l’entrée de l’université. La faculté Paris X-Nanterre est actuellement partiellement fermée, sur ordre de la direction. Sept étudiants ont été arrêté sur place, dont un militant de l’UNEF, qui est actuellement encore en garde à vue.

« On Nanterre la sélection », comme celui-ci à l’université Paris X-Nanterre, les murs ont été entièrement recouverts de tags revendicatifs. Sur une cloison en bois, érigée spécialement pour l’anniversaire de Mai 68, des lettres noires dégoulinantes indiquent « Macron, on va te pendre », au dessus d’une photographique signée Jean Pottier et sous-titrée, « Mai 68, ici et encore ». Mais, cinquante ans après, que reste-il de l’esprit de mai 68 à Nanterre?

20180409_120310
Arrivé sur le toit du bâtiment E, le petit groupe d’étudiant a déroulé plusieurs banderoles « On Nanterre la sélection », pour protester contre la loi Vidal.

« Pas grand chose », selon Myriam, étudiante en deuxième année de Licence de lettres modernes. Cette jeune femme aux longs cheveux noirs, est venue ce matin pour réviser ses partiels, qui auront lieu la semaine prochaine. « Je comprends leurs revendications, mais ils nous empêchent de travailler. Nous, on a rien demandé ! », s’indigne la jeune femme, prostrée devant le bâtiment L, qui abrite le département d’art du spectacle.

Plus tôt dans la matinée, les étudiants ont organisé une assemblée générale, pour voter le blocage de l’université Paris X-Nanterre, qui s’est soldé par un échec. Adrien, étudiant en Master 2 de droit dénonce un « bordel », qui serait orchestré par une « minorité bruyante ». « C’est toujours la même chose ici. Quand vous votez contre le blocus, on vous traite de facho et on ne prend pas en compte votre avis, ce n’est absolument pas démocratique », dénonce le jeune homme, qui préfère rentrer chez lui pour travailler ses partiels, qui auront lieu dans une semaine. Pourtant, à Nanterre, le syndicat étudiant UNEF « est toujours mobilisé », assure un de ses militants étudiant en histoire, qui souhaite garder l’anonymat. « Le but du blocus organisé aujourd’hui, c’est principalement pour faire enterrer la loi Vidal. On dit non à la sélection de la fac! Mais c’est aussi plus largement le ras-le-bol d’une jeunesse qui se sent totalement délaissé par le gouvernement, qui tente de nous bâillonner! », s’insurge ce militant de l’UNEF. « On a tenté de se réunir pour une Assemblée générale à plusieurs reprises, et à chaque fois, la direction, nous en a empêché! », conclut le jeune homme.

20180409_120347

Officiellement mobilisés contre la loi Vidal qui instaure une sélection à l’entrée de l’université, une partie des étudiants déclare vouloir « défendre le service public, les infirmières, les cheminots, les zads… ». Dimanche, le président de la faculté de Nanterre, Jean-François Balaudé, avait empêché la Coordination étudiante de se réunir et d’organiser un blocus des lieux.

Au bâtiment E, qui arbitre les plus grands amphithéâtres de l’université, une poignée d’étudiants ont bloqué les lourdes portes de l’entrée avec des chaises, rendant son accès impossible. Retranchés sur les toits du bâtiment, ils ont déployé plusieurs banderoles « On Nanterre la sélection », tout en scandant « Balaudé, démission ». Face à eux, une centaine d’étudiants, intrigués, sont venus écouter les revendications de leur camarades. Parmi eux, Blandine, étudiante en troisième année de Licence de psychologie. « Je suis d’accord avec leur combat. Commencer à sélectionner les élèves dès l’entrée de la faculté, ce n’est pas égalitaire! », explique l’étudiante, avant d’aller à la rencontre d’un CRS. Sur place, l’ambiance est bon enfant. Certains étudiants se laissent même aller à quelques blagues avec les policiers, comme Adrien. « Je les plains. Ils sont venus jusqu’ici pour pas grand chose. C’est une réaction disproportionnée », confie l’étudiant en droit. Vers 13 heures, la faim des étudiants commence à se faire sentir. « On crève la dalle », lâche l’un d’entre eux. La pluie froide, de plus en plus forte, démotive certaines étudiants. La foule commence à se dissiper. Déployés autour et à l’intérieur des bâtiments, les CRS sont parvenu a évacué l’ensemble des étudiants vers 15 heures. Sept étudiants retranchés à l’intérieur des bâtiments ont été arrêtés. Un militant de l’UNEF a été placé en garde à vue.

 

 

20180409_115651
Suite au blocus de trois amphithéâtres, la direction de l’université a ordonné la fermeture de tous les bâtiments du campus. Depuis les fenêtres, les étudiants ont pu assister aux revendications de leurs camarades.

 

L’université Paris X-Nanterre a réagi dans un communiqué publié cet après-midi, précisant, qu' »aucun dialogue n’a été possible avec ces personnes qui ont d’ores et déjà vandalisé des salles du bâtiment. Ne pouvant plus avoir de contrôle sur cette partie de nos locaux, et en considération du contexte national, nous avons décidé de procéder à l’évacuation. » « Il s’agit de mettre fin à l’occupation illégale d’un lieu », a confié Baptiste Bondu, le directeur de cabinet de l’université, au Parisien 92. Monsieur Bondu assure qu’« il ne s’agit pas pour autant d’empêcher les étudiants de se mobiliser ». La direction a également a ordonné la suspension des activités de la faculté pour la journée de lundi.

 

 La Coordination nationale étudiante (CNE) a appelé à une nouvelle mobilisation sur les campus mardi.

Camille Bichler