Scandale Cambridge Analytica : Mark Zuckerberg face aux sénateurs

Le PDG de Facebook a été auditionné mardi devant le Congrès américain. Le réseau social est accusé de ne pas avoir protégé les données de 87 millions de ses utilisateurs, exploitées illégalement par Cambridge Analytica pour servir la campagne présidentielle de Donald Trump.

 Mark Zuckerberg a répondu pendant près de trois heures aux questions des sénateurs américains. © Capture d'écran - NBC
Mark Zuckerberg a répondu pendant près de trois heures aux questions des sénateurs américains. © Capture d’écran – NBC

« Cette audition est tout sauf ordinaire car Facebook est tout sauf ordinaire« . Le sénateur américain John Thune résume parfaitement la situation dans laquelle se trouve Mark Zuckerberg, dans la tourmente après les révélations sur l’utilisation de données de plusieurs millions de comptes sur Facebook par Cambridge Analytica à des fins politiques. « L’histoire que vous avez créée avec Facebook représente l’American dream mais vous avez le devoir de ne pas transformer Facebook en un cauchemar pour la vie privée » a poursuivi le sénateur républicain.

L’homme d’affaires, qui avait délaissé jean et sweat-shirt à cette occasion, a reconnu des erreurs : « Je suis responsable de ce qui se passe en ce moment« . Après avoir présenté publiquement ses excuses, Mark Zuckerberg n’a toutefois pas tardé à annoncer des mesures drastiques. Facebook va d’abord informer tous ses utilisateurs victimes de collecte de données par Cambridge Analytica: 87 millions de personnes sont concernées. Le réseau social va également mener une investigation sur les applications collectant les données de ses utilisateurs lorsque ceux-ci s’y connectent avec leur compte Facebook. Enfin, Mark Zuckerberg a annoncé avoir amélioré son intelligence artificielle permettant de mieux détecter les faux comptes, « Vous n’avez pas le droit d’en avoir un sur Facebook« , a réaffirmé le milliardaire.

Des départs mais un rebond en bourse

La question du modèle économique a aussi fait débat. Le patron de Facebook a justifié sa gratuité par la présence de publicités ciblées car « les gens n’aiment pas les pubs, encore moins celles qui ne les intéressent pas« . Mark Zuckerberg n’a cependant pas exclu la possibilité de lancer une version payante du site. Autre point dénoncé par les sénateurs : les conditions d’utilisation du réseau social, jugées trop floues selon eux qui recommandent une réglementation à l’encontre des géants du web. Une proposition à laquelle le réseau social ne se conformerait que si elle est jugée « bonne » par Mark Zuckerberg.

En attendant, plusieurs personnalités de la Silicon Valley dont Steve Wozniak, co-fondateur d’Apple, ou encore Elon Musk, le PDG de Tesla et de SpaceX, ont tout récemment quitté le réseau social. À défaut d’avoir convaincu l’ensemble des sénateurs présents de ses bonnes intentions, Mark Zuckerberg aura rassuré ses investisseurs  : l’action de Facebook qui avait perdu près de 17,8% en deux semaines a rebondi au cours de l’audition pour atteindre les 165 dollars, sa meilleure séance depuis avril 2016.

 

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Hugues Garnier

INFOGRAPHIE – « Dialogue avec l’Église » : le discours de Macron fait débat

Ce lundi, le président de la République était invité par l’Église catholique de France dans une réception inédite par son ampleur. Face à 400 personnalités du monde clérical, Emmanuel Macron a tenu un discours cherchant à renouer le “dialogue” avec la première religion de France… Une vision qui a suscité de vives polémiques, notamment chez les partisans de la France Insoumise, qui dénoncent une enfreinte à la loi de 1905 sur la neutralité de l’État. Deux visions s’affrontent.

Les propos d'Emmanuel Macron devant des personnalités cléricales ont suscité la polémique.
Les propos d’Emmanuel Macron devant des personnalités cléricales ont suscité la polémique.

Fanny Guyomard

« Black Lives Matter » : la principale page Facebook du mouvement était une arnaque

La chaîne américaine CNN a révélé qu’un haut-fonctionnaire du syndicat national des travailleurs australiens a créé et géré une fausse page dédiée au mouvement « Black Lives Matter ». Une escroquerie qui lui a permis de lever 100.000 dollars.

Le mouvement afro-américain "Black lives Matter" milite contre les violences et le racisme systémique subit par les Noirs.
Le mouvement afro-américain « Black Lives Matter » milite contre les violences et le racisme systémique subi par les Noirs. Crédits : CC

L’escroquerie fait sévèrement grincer des dents. La chaîne américaine CNN a révélé mardi 10 avril qu’Ian Mackay, vice-président du syndicat national des travailleurs australiens (NUW), est à l’origine de la page Facebook principale du mouvement « Black Lives Matter » (en français « Les vies des Noirs comptent »). Ce mouvement militant afro-américain, né en 2013, se mobilise contre les violences et le racisme systémique envers les Noirs. La page en question date de 2015 et compte désormais 700.000 abonnés, soit un peu plus du double de la page officielle du mouvement. Le hic ? Ian Mackay est un homme blanc non lié au mouvement, et qui a profité de la cause pour amasser quelque 100.000 dollars, dont une partie a été reversée sur des comptes bancaires australiens.

La page a depuis été clôturée

La révélation de l’escroquerie a entraîné la suspension d’Ian Mackay du syndicat national des travailleurs australiens, et la page a été fermée par Facebook. Le NUW a déclaré dans un communiqué retransmis par le Guardian  qu’une enquête sur les allégations portées à l’encontre d’Ian Mackay et d’une autre personne impliquée dans l’affaire était ouverte.

Axelle Bouschon

Le Défenseur des droits Jacques Toubon toujours plus sollicité en 2017

Difficultés dans les relations avec les services publics, défense des droits de l’enfant… Le rapport publié ce mercredi montre une augmentation des saisines en 2017.

Jacques Toubon, défenseur des droits. Crédit : Wikimedia Commons
Jacques Toubon, défenseur des droits. Crédit : Wikimedia Commons

Avec plus de 140 000 demandes d’intervention, près de 94 000 dossiers de réclamations et quelque 51 000 appels aux plateformes de conseil, les réclamations auprès du Défenseur des droits Jacques Toubon ont connu une hausse de 7,8% en un an, et de 17,3% depuis 2015, selon le rapport dont l’AFP a obtenu copie. Difficultés dans les relations avec les services publics, défense des droits de l’enfant mais également protection des lanceurs d’alerte, nouvelle mission du défenseur des droits, les sujets à traiter n’ont pas manqué.

« Replis identitaires, relégations sociales, culturelles et économiques, des discriminations (qui) continuent » : les maux de la société sont nombreux, a souligné mercredi matin Jacques Toubon au micro de France Inter. Au-delà de cette analyse globale, le Défenseur des droits a tenu à alerter les auditeurs de Nicolas Demorand sur plusieurs points.

« Un retrait des services publics »

« Le pays souffre d’un retrait des services publics », a-t-il estimé, relevant que « l’accès au droit semble plus difficile, plus complexe et plus rare » dans certaines régions. La dématérialisation des documents et l’usage devenu indispensable d’Internet pour les démarches administratives ne sont pas suffisants pour pallier la fermeture des services. Ainsi, le Défenseur des droits s’alarme dans son rapport de la « marginalisation probable des personnes les plus vulnérables touchées par la fracture numérique ». Les relations entre usagers et services publics concernent différentes institutions : les CAF (Caisses d’allocation familiale), les CPAM (Caisses primaires d’assurance maladie), le  Pôle Emploi, le RSI (Sécurité sociale des indépendants) ou encore l’Urssaf, indique le rapport d’activités de cette institution indépendante de l’Etat, créée en 2011.

Un état d’urgence permanent ?

Jacques Toubon a évoqué une « ère de la suspicion » en rappelant ses désaccords avec la loi antiterroriste promulguée fin 2017, qui instaure une partie des mesures de l’état d’urgence dans le droit commun. « On a le sentiment qu’il y a un code pénal et à coté de cela, pour le terrorisme, non défini précisément, un droit administratif pour lutter contre le terrorisme. Mon inquiétude est que l’on soit là dans un domaine où l’équilibre entre la liberté et la sécurité ne soit pas garanti  » a-t-il prévenu.

La loi « asile et immigration », un texte déséquilibré

Le texte de loi qui doit s’appliquer aux migrants, et qui divise au sein même de la majorité, « n’est pas indispensable » selon Jacques Toubon. Le Défenseur des droits appelle à prendre les choses « froidement » et à « ne pas faire du phénomène migratoire un drame alors qu’on pourrait le traiter par l’accueil, l’hébergement. »

Lucas Martin avec AFP