Caroline Garcia : pourquoi elle carbure (enfin)

Après un début de saison décevant, Caroline Garcia vient de remporter deux tournois de suite, en Chine. Les raisons d’une telle embellie ? Sa stratégie gagnante de renoncer à la Fed Cup pour se consacrer sur sa carrière individuelle, notamment. Mais pas que…

Caroline Garcia en Chine, c’est : 2 titres – Wuhan et Pékin, où elle a notamment vaincu la n°1 mondiale Simona Halep en finale, ce dimanche -, 11 victoires d’affilée, cinq joueuses du top 20 battues et une 9e place mondiale à la clé. Plus question, désormais, de la cataloguer « joueuse de coups ». Cette même Caroline Garcia, qui était capable de terrasser des cadors du circuit avant de balbutier son tennis contre des joueuses plus modestes, semble avoir passé un cap au niveau de la régularité. Qui pourrait bien l’emmener tutoyer les sommets dans un futur proche …

En janvier, la Lyonnaise annonçait sa décision de ne pas jouer la Fed Cup cette année, pour se donner plus de chances de bien figurer dans les tournois individuels. « C’est une compétition qui demande beaucoup d’énergie mentale et physique », se justifiait-elle. « Quand je joue en équipe de France, je me donne au maximum, je donne tout ce que j’ai et parfois je le paie un peu après. »

Le revers de Caroline Garcia, l'une de ses armes principales.
Le revers de Caroline Garcia, l’une de ses armes principales. Crédits Wikimedia Commons, Robbie Mendelson 

Un choix critiqué… mais gagnant

Ce choix avait surpris bon nombre d’observateurs du tennis, qui doutaient également de sa pertinence. Jean-Baptiste Baretta, journaliste à Tennis Magazine, était de ceux-là. « Je ne pensais pas que ce serait une bonne idée, confie-t-il. Des rencontres où tu affrontes les meilleures joueuses d’un pays, avec la pression des médias et du public français, sont des expériences très bénéfiques. Elle pouvait aussi beaucoup progresser aux côtés d’Amélie Mauresmo (capitaine de l’équipe de France de Fed Cup, ndlr). »

Mais force est de constater que cette décision a porté ses fruits. Pour expliquer son étincelante forme actuelle, la principale intéressée n’hésitera sûrement pas à placer son choix comme facteur n°1. « C’est vrai que cette compétition, qui est une institution en France, pompe pas mal d’influx. Ça lui a aussi permis de se recentrer sur son environnement familial, qui est très important pour elle », concède Jean-Baptiste Baretta.

Un cap mental franchi

Mais le journaliste estime que ce sont plutôt les conséquences inattendues de cette décision qui ont profité à la Française de 24 ans. « Elle a été énormément critiquée, ça l’a beaucoup touchée, mais je pense que c’était un mal pour un bien. C’était son premier gros coup dur et ça lui a permis de s’endurcir. Cela se ressent sur le terrain où elle a énormément progressé au niveau mental, qui était son point faible. »

Un déclic psychologique qui est à situer bien avant Wuhan et Pékin. « Avant, elle n’arrivait pas à jouer son jeu à Roland-Garros à cause de la pression. Mais, cette année, pour la première fois, elle a fait un bon résultat (quarts de finale) parce qu’elle s’est détachée du regard des autres. Désormais, elle peut se dire : ‘J’ai réussi à passer outre mes peurs à Roland-Garros donc je peux le faire partout' ».

Surfer sur la vague de confiance

C’est donc surtout hors des terrains que la nouvelle n°1 française a construit les fondements de son renouveau tennistique. « Certes, elle est également plus régulière dans l’échange, elle cherche moins à faire le point tout de suite. Mais son niveau de jeu ces dernières semaines, c’est avant tout une question de confiance. Et la confiance, ça peut aussi s’effriter… »

Une question subsiste donc : celle qui est coachée par son père Louis-Paul parviendra-t-elle à maintenir son niveau de jeu sur le long terme ? Jean-Baptiste Baretta en est convaincu : « Tout le monde sait qu’elle a le niveau tennistique et le physique, il lui manquait juste le mental. Ça y est, c’est fait. Elle est désormais épanouie dans les tournois individuels, il n’y a pas de raison pour que ça ne dure pas. Je suis même persuadé qu’elle pourra combiner sa propre carrière et la Fed Cup dès l’an prochain. » Histoire que tout le monde soit content.

 

Douglas De Graaf

Ballon d’Or : « Cristiano Ronaldo est grand favori »

Les trente nominés pour le Ballon d’Or 2017 vont être connus ce lundi. Nous avons posé trois questions à Christophe Bérard, journaliste au service des sports du Parisien. Il est spécialiste de l’équipe de France et de la Ligue 1.

Quels sont les trois favoris pour ce Ballon d’Or?

Cristiano Ronaldo sans hésiter. Il n’y a pas de suspense, il est grand favori car il continue de marquer avec le Real Madrid. Il a remporté la Ligue des Champions et le championnat d’Espagne. Au delà de son palmarès, Cristiano Ronaldo a un très bon comportement sur le terrain. Cela compte aussi pour le vote final. En 2000 par exemple Zinédine Zidane avait tout pour gagner le Ballon d’Or. Il venait de remporter l’Euro avec l’équipe de France. Lors d’un match contre Hambourg, il a donné un coup de boule à un joueur, Jochen Kientz. Au moment du vote, cela a joué contre lui. Finalement cette année-là c’est un joueur qui n’avait rien fait, Luis Figo, qui a rapporté le Ballon d’Or.

Lionel Messi est aussi favori. Il a beaucoup marqué avec son club, le FC Barcelone, même si ce n’est pas une grande saison pour l’équipe sauf leur match contre le Paris Saint-Germain (ndlr: le 8 mars dernier, en huitième de finale de la ligue des Champions, le FC Barcelone a battu le PSG 6-1). Enfin, le dernier joueur est Gianluigi Buffon. Il a décroché un sixième titre de champion d’Italie d’affilé avec la Juventus Turin. Cependant c‘est rare qu’un gardien de but soit dans les trois favoris. Le dernier à avoir été sur le podium était Manuel Neuer en 2014.

De gauche à droite: Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Gianluigi Buffon, favoris pour le Ballon d'Or. Crédits: Chris Deahr, Enric Lamarca Rizo, Puma
De gauche à droite: Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Gianluigi Buffon, favoris pour le Ballon d’Or. Crédits: Chris Deahr, Enric Lamarca Rizo, Puma

 

Quel joueur pourrait créer la surprise?

Je mets une petite pièce sur un autre joueur de la Juventus Turin, Paulo Dybala. C’est un attaquant tout simplement exceptionnel, qui marque beaucoup de buts. Il a été finaliste de la dernière Ligue des Champions et il a été très bon en ce début de championnat. C’est la nouvelle génération qui monte.

Paulo Dybala, attaquant de la Juventus Turin, pourrait créer la surprise pour le Ballon d'Or. Crédit: Leandro Ceruti
Paulo Dybala, attaquant de la Juventus Turin, pourrait créer la surprise pour le Ballon d’Or. Crédit: Leandro Ceruti

 

Est-ce qu’un Français pourrait remporter le Ballon d’Or?

J’ai vu que N’Golo Kanté faisait partie de la liste des trente joueurs. Mais il ne passera pas ce stade, il est milieu de terrain or c’est un poste trop dans l’ombre pour espérer gagner. Ensuite il y a bien sûr Kylian MBappé. On parle beaucoup de lui dans les médias et il ne faut pas oublier qu’un panel de journalistes participe au vote. Il pourrait être choisi au nom de son talent.

 

Propos recueillis par Chloé Tixier

Le Premier ministre maintient le cap malgré les critiques

La semaine s’annonce chargée pour le gouvernement: manifestation des fonctionnaires, union des syndicats contre les ordonnances, débat sur le budget 2018. Face aux différents fronts, le Premier ministre prévient qu’il ne pliera pas.

En avant toute. A l’approche de la manifestation des fonctionnaires et de la réunion des syndicats contre les ordonnances sur le code du travail, rien ne semble perturber l’exécutif. Edouard Philippe continue à défendre le projet de loi de finances 2018 qualifié « d’injuste » par certains observateurs.

  • Il persiste sur la hausse de la CSG pour tous

Le Premier ministre persiste notamment sur l’augmentation de la Cotisation Sociale Généralisée (CSG) pour toutes les catégories de population, y compris les fonctionnaires. Une source d’inquiétude pour ceux qui seront dans la rue mardi 10 octobre. Contrairement aux employés du privé, ils ne devraient pas voir augmenter, en contrepartie, leurs salaires. Mais ce n’est pas l’unique raison du mécontentement. Les enseignants, infirmiers, policiers défilent principalement contre la multiplication de mesures qu’ils jugent « inacceptables ». Ils pointent la suppression de 120 000 postes en cinq ans, les rémunérations gelées mais aussi la suppression du jour de carence.

Concernant la CSG, le Premier ministre a garanti qu’elle serait « neutre » pour les fonctionnaires. Ceux qui paient des cotisations devraient voir leur contribution baisser. Quant aux autres, ils devraient recevoir le « versement d’une prime« , précise-t-il. Il a également souhaité rassurer les fonctionnaires qui dénoncent collectivement les dégradations de leurs conditions de travail. Ils « ne sont pas du tout déconsidérés » et demeurent « essentiels dans le fonctionnement de notre pays », a-t-il ajouté. En dépit de ces remarques, il affirme assumer « pleinement les mesures qui ont été prises ».

  • Le gouvernement maintient sa décision sur la baisse de l’ISF

Le Premier ministre a également soutenu l’une des mesures du budget 2018 : la réforme de l’Impôt Sur la Fortune (ISF). Ce pan du projet de loi de finances 2018 a soulevé de nombreuses critiques, dont celle de l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande, Michel Sapin. Il juge ce budget favorable « non pas aux riches » mais « aux très, très riches », sur LCI ce lundi. Une attaque injustifiée pour Edouard Philippe soulignant que « le transfert de pouvoir d’achat qui va être réalisé vers les actifs n’a pas d’équivalent ».

https://twitter.com/Europe1/status/917274056071643137

Le chef du gouvernement défend la stratégie d’Emmanuel Macron. Pour le chef de l’Etat, cette politique devrait permettre de réinjecter de l’argent dans l’économie et de créer à terme de la richesse pour tous. « C’est un pari si vous voulez », a lancé Edouard Philippe au micro d’Europe 1. « Nous avons tout à gagner à faire en sorte que l’argent s’investisse en France dans les petites entreprises en France et dans les entreprises moyennes ».

Un amendement devrait tout de même être déposé pour taxer les yachts. Des produits de luxe qui ont particulièrement enflammé la critique sur les réseaux sociaux. Le patron du groupe La République En Marche à l’Assemblée, Richard Ferrand, présentera lui-même un amendement qui vise à taxer les propriétaires de bateaux de plus de 30 mètres.

  • Les réformes sociales ne sont pas encore au calendrier

Le prochain chantier du gouvernement devrait être la réforme de l’Unédic, organisme responsable de l’assurance-chômage. C’est une mesure phare du candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, qui devait être le gage social de sa politique de l’emploi. Cette réforme devrait assurer tant les indépendants et les démissionnaires que les personnes licenciées. Cette réforme incarne la flexi-sécurité car elle garantit à chacun un gilet de sauvetage pour tous ceux qui se retrouvent soudainement sans emploi.

Mais une telle ambition pourrait être revue à la baisse. Selon Les Echos, cette mesure pourrait coûter très cher à l’Etat : de 8 à 14 milliards d’euros la première année, puis de 3 à 5 milliards d’euros les années suivantes. Pour l’heure, l’objectif du gouvernement est de faire des économies. Il n’est donc pas sûr qu’Emmanuel Macron autorise un tel projet. Pour réduire le coût de la réforme, le gouvernement pourrait décider d’échelonner la baisse des indemnités chômage ou encore de revoir le montant des allocations versées.

 

Elisa Centis

Disparition de Jean Rochefort, un des acteurs préférés des Français

Icône du cinéma français populaire, l’acteur Jean Rochefort est décédé dans la nuit de dimanche à lundi 9 octobre à 87 ans. Il était hospitalisé depuis août pour des douleurs abdominales. 

« Au fond, je ne me prends pas du tout au sérieux. Ni moi, ni mon ‘art’. Monter sur une scène, faire le fou avec une bande de copains suffit à mon bonheur », confiait Jean Rochefort à Télérama en 1994. Un bonheur partagé. En environ 60 ans de carrière, il est devenu l’un des acteurs les plus populaires du cinéma français et une figure incontournable de la comédie.

Jean Rochefort laisse derrière lui plus de 150 films. S’il commence sa carrière au cinéma dans les années 50, c’est au début des années 70 qu’il connait le succès grâce au registre qui restera sa prédilection : la comédie. D’abord abonné aux seconds rôles, il tient pour la première fois le haut de l’affiche en 1972 dans Les Feux de la Chandeleur de Serge Korber. Affublé de sa célèbre moustache qu’il ne quittera plus, il devient le comédien fétiche d’Yves Robert, chantre du cinéma populaire, qui le fera tourner dans Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972). C’est avec le rôle d’Etienne dans Un éléphant, ça trompe énormément et sa suite, Nous irons tous au paradis qu’il devient une figure familière du grand public.

Un acteur aux trois Césars

Plébiscité par les Français comme comédien populaire, c’est par ses rôles dans des films dramatiques qu’il obtient la reconnaissance de ses pairs. En 1976, il remporte le César du meilleur second rôle pour Que la fête commence (1975), réalisé Bertrand Tavernier. Il enchaine ensuite sur Le Crabe tambour (1977), drame de Pierre Schoendoerffer. Pour ce rôle, il rafle le César du meilleur acteur. Couronnement de son importante carrière, il obtient un César d’honneur en 1999.

L’acteur a construit sa filmographie librement, alternant entre films grand public et longs métrages plus confidentiels.  « Je me suis toujours foutu de mon image de marque« , racontait-il à Télérama. Jean Rochefort était aussi présent là où on ne l’attendait pas. Le réalisateur surréaliste Luis Bunuel le fait tourner dans Le Fantôme de la liberté en 1974. Le comédien n’a jamais hésité à accepter des films de la part de réalisateurs débutants. Il joue dans L’Horloger de Saint-Paul, le premier long-métrage de Bertrand Tavernier en 1973, un de ses films qui l’a le plus marqué.

Jean Rochefort a également été un acteur de théâtre. Il a débuté sa carrière sur les planches et a fait partie de la bande du Conservatoire aux côtés de, entre autres, Annie Girardot, Jean-Paul Belmondo et Claude Rich.

Présent presque continuellement sur les écrans, petit comme grand, le comédien avait ralenti le rythme depuis quelques années. Sa dernière apparition au cinéma remonte à 2015 dans Floride de Philippe Le Guay. Les plus jeunes avaient découvert son humour dans « le boloss des belles lettres ».

Dans son autobiographie, Ce genre de choses (éd. Stock), publiée en 2013, il s’inquiétait : « Je ne voudrais pas claquer tout de suite parce que j’ai encore plein de choses à faire. »

 

Anaïs Robert