À Paris, des nouveaux vélos en libre service et sans point d’attache

L'entreprise Gobee.bike a mis en service ses premiers vélos sans bornes ce lundi à Paris et dans les Hauts de Seine. Crédits : Aline Bottin
L’entreprise Gobee.bike a mis en service ses premiers vélos sans bornes ce lundi à Paris et dans les Hauts de Seine.
Crédits : Aline Bottin

L’entreprise Gobee.bike a mis en service ses premiers vélos disponibles en libre service et sans borne ce lundi dans la capitale et le département des Hauts-de-Seine. Aux abords de la gare Saint-Lazare, ces nouvelles bicyclettes vert pomme intriguent, mais ne déchaîne pas les foules en cette journée de lancement.

 

Sur le parvis de la gare Saint-Lazare, nombreuses sont les personnes qui pressent le pas. Mais ce lundi, quelques curieux s’arrêtent devant une lignée de vélos verts, non attachés. Il s’agit des nouveaux vélos en libre service Gobee.bike. Le principe est simple, les vélos disponibles sont géo-localisables à travers une application mobile. Une fois le trajet voulu effectué, ils peuvent être déposés sur n’importe quel espace de stationnement autorisé pour les deux-roues.

« Ces nouveaux vélos, c’est la facilité », lâche Didier Primard, qui essaye de télécharger l’application sur son téléphone portable. « On peut les déposer n’importe où, c’est la liberté que ça offre qui rend le concept intéressant, contrairement aux Vélib' », poursuit-il. Les Vélib’, mis en service en 2007, doivent en effet être rattachés à une borne. Seulement, beaucoup de Parisiens ont déjà rencontré le problème de stations saturées, condamnant l’utilisateur à trouver une place disponible dans les environs, souvent lointaine.

Pour l'application Gobee.bike, il suffit de scanner le code présents sur les vélos Crédits : Aline Bottin
Pour télécharger l’application Gobee.bike, il suffit de scanner le code présents sur les vélos
Crédits : Aline Bottin

Une initiative séduisante mais incertaine

Outre la liberté qu’offrent ces nouveaux vélos sans bornes, c’est également leur design qui séduit. « Ils sont quand même plus esthétiques que les Vélib’, sans parler qu’ils sont plus légers, ça se voit », explique Antoine Fakhriyat, utilisateur occasionnel de vélos en libre service. Lui se dit séduit par l’initiative, mais craint qu’elle ne dure qu’un temps. « Il va y avoir des dégradations, c’est sûr, du coup on ne sait pas combien de temps on pourra en profiter. C’est ça qui me dissuade de télécharger l’application pour l’instant », raconte-t-il.

Il est pourtant plus avantageux de se créer un compte Gobee.bike maintenant. La caution est fixée à 15 € si l’utilisateur s’inscrit dans les prochaines semaines, contre 50 € ensuite. Chaque demi-heure d’utilisation coûte ensuite 50 centimes d’euro. La caution est remboursée lors de la fermeture définitive du compte.

Pour utiliser les vélos Gobee, pas d'abonnement, mais une caution à payer à l'inscription qui sera remboursée lors de la fermeture du compte. Crédits : Aline Bottin
Pour utiliser les vélos Gobee, pas d’abonnement, mais une caution à payer à l’inscription qui sera remboursée lors de la fermeture du compte.
Crédits : Aline Bottin

Des Vélib’ en Afrique

Parmi les curieux qui se penchent pour comprendre le fonctionnement des vélos se trouve Pierre Elian. Cet ouvrier dans le bâtiment de 45 ans n’est pas convaincu par ce nouveau système de vélos en libre service. « On retrouve déjà des Vélib’ en Afrique, ceux là, ils vont partir encore plus vite, et plus loin ! », dit-il, rieur. « Un coup de tournevis et c’est fini, le système de blocage est retiré », ajoute-t-il, en montrant du doigt le mécanisme servant à verrouiller la bicyclette. L’entreprise a cependant assuré que seuls les vélos étaient équipés d’un système d’alarme et de capteurs pour détecter toute utilisation anormale.

Tout au long de la pause déjeuner, des curieux sont venus inspecter ces nouveaux véhicules vert pomme. Crédits : Aline Bottin
Tout au long de la pause déjeuner, des curieux sont venus inspecter ces nouveaux véhicules vert pomme.
Crédits : Aline Bottin

Pierre Elian fait donc partie des nombreuses personnes à s’être arrêtées à la vue de ces engins vert pomme, qui tranchent avec les tons grisâtres du paysage urbain. Seulement, durant la pause déjeuner ce lundi, devant la gare Saint-Lazare, pas un seul vélo n’a été emprunté, ni déposé. La nouvelle petite reine de la capitale reste plus chère que sa concurrente, et ne dispose pas encore de la même notoriété.

 

 

Aline Bottin

Cause animale : deux militants L214 condamnés à 6 000 euros d’amende

Les deux militants L214 s'étaient introduits en décembre dernier dans un abattoir dans les Yvelines. (domaine public)
Les deux militants L214 s’étaient introduits en décembre dernier dans un abattoir dans les Yvelines. (pixnio/bicanski)

Deux militants de l’association L214 ont écopé de 6 000 euros d’amende dont 5 000 avec sursis. En décembre dernier, ils s’étaient introduits illégalement dans un abattoir des Yvelines (78) pour y installer des caméras de surveillance.

Le tribunal correctionnel de Versailles a rendu son jugement dans l’affaire de l’abattoir de Houdan (Yvelines). Les deux militants de l’association L214 ont été condamnés à une amende de 6 000 euros dont 5 000 avec sursis pour « violation de domicile ». Le co-fondateur de l’association, Sébastien Arsac, et un autre militant s’introduisent dans l’abattoir de porcs et installent des caméras de surveillance. Ils parviennent à en glisser une sur une nacelle descendant les animaux dans un puit, où les porcs sont étourdis avec du CO2 avant d’être tués.

Trahis par la chute d’une caméra

Si cette méthode n’est pas illégale en France, les militants de L214 luttent pour son interdiction et estiment que cette pratique est « systématiquement longue et douloureuse ». A la barre, les deux hommes ont reconnu les faits qu’ils estiment « justes ». Ils se sont défendus en appelant « au droit à l’information du consommateur ».

C’est la chute de l’une des caméras qui a trahi les deux militants cagoulés. Venus récupérer les caméras à la nuit tombée, ils ont été pris sur le fait par les policiers. Les images, confisquées par les gendarmes, ont été en partie récupérées par l’association. Certaines vidéos ont été mises en ligne en juin dernier.

Un procès inédit

Ce procès est une première. Habituellement, les vidéos diffusées par L214 sont filmées par des salariés des abattoirs incriminés, ou des personnes ayant accès aux lieux en question. L’abattoir réclamait 215 000 euros de dommages et intérêts, mais cette demande n’a pas abouti. Le tribunal n’a pas non plus retenu l’accusation pour « tentative d’atteinte à la vie privée ».

Les avocats des deux parties ont indiqué qu’ils allaient consulter leurs clients sur un éventuel appel contre la décision du tribunal. L’affaire n’est pas terminée sur le plan judiciaire car une enquête pour maltraitance est également en cours pour le même abattoir. L214 avait porté plainte suite à des images montrant les porcs frappés et électrocutés par un employé.

Léa DUPERRIN

Sandro, Maje et Claudie Pierlot seront introduites à la Bourse

Le groupe de prêt-à-porter SMCP réunissant les marques Sandro, Maje et Claudie Pierlot va faire son entrée à la Bourse de Paris. L’objectif : se désendetter et continuer son expansion internationale.

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La première étape de l’introduction du groupe SMCP (comportant les marques Sandro, Maje et Claudie Pierlot) à la Bourse a été franchie ce lundi. Le groupe de prêt-à-porter a annoncé avoir enregistré son document de base auprès de l’Autorité des marchés financiers afin d’être coté à la Bourse de Paris. L’introduction devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année avec une augmentation de capital de 120 millions d’euros.

Le groupe SMCP, acteur du «luxe abordable », a annoncé avoir fixé sa fourchette de prix entre 20 et 25 euros par action ce qui le valorise entre 1,9 et 2,2 milliards d’euros. Cette tactique permettra au groupe de soutenir sa stratégie de développement et de croissance ainsi que de réduire son endettement.

Le géant chinois du textile Shandong Ruyi, premier actionnaire avec 83% du capital, entend conserver à l’issue de ce processus sa position avec 55% du capital. Le fond d’investissement américain KKR, présent à hauteur de 10%, ne sera plus actionnaire de SMCP tandis que la direction et les fondateurs détiendront environ 10% du capital. Les 35% du capital restant seront flottants. 

Contrôlé par Shandong Ruyi dès 2016, SMCP est en pleine expansion depuis sa création en 2010.

Malgo Nieziolek

 

Nobel d’économie : Richard Thaler, théoricien de la finance comportementale

Richard H. Thaler est le nouveau lauréat du prix Nobel d’économie. Ce sont ses recherches sur les mécanismes psychologiques et sociologiques des acteurs du marché qui ont valu à ce professeur de l’Université de Chicago la récompense suprême.

 

Pourquoi choisit-on d’acheter une nouvelle paire de chaussures alors qu’on est en retard sur le paiement du loyer ? Qu’est-ce qui justifie de dépenser une certaine somme au restaurant au lieu de l’épargner ? De manière générale, qu’est-ce qui fait qu’on prend l’une ou l’autre décision ? C’est ce que Richard Thaler, nouveau lauréat du prix Nobel d’économie, s’évertue à comprendre.

Ces recherches, qui tiennent autant de la psychologie que de l’économie, se basent sur un principe simple : l’humain n’est pas une machine. Même s’il parait simple, ce concept est novateur dans la recherche économique. En effet, la théorie économique suppose que l’humain est un « homo œconomicus », un être rationnel qui prend constamment les meilleures décisions pour maximiser son propre intérêt.

Pour Richard Thaler, il faut prendre en compte que les individus peuvent prendre des décisions irréfléchies, sont largement influencés par le plaisir instantané et ne comprennent pas nécessairement ce qui est mieux pour eux sur le long terme. C’est ce que l’on appelle l’économie comportementale.

 

Manque de maitrise de soi : Ulysse et les sirènes expriment la tension entre deux parts d’un même individu ; la partie raisonnable qui pense sur le long terme et celle qui recherche le plaisir sur le court-terme.

Rationalité limitée : Richard H. Thaler a développé la théorie de comptabilité mentale, qui explique comment les individus simplifient les décisions financières.

 

Les applications concrètes

« A moins d’être Spock, les choses insignifiantes ont leur importance », explique Richard Thaler dans un article qu’il a écrit pour le New York Times. Comme le personnage de fiction M. Spock, l’ « homo œconomicus » sur lequel se base la théorie économique dominante n’existe pas, selon l’économiste. « Un homo œconomicus n’attendrait pas de cadeau pour son anniversaire ou Noël, écrit-il. Le concept même de cadeau n’est pas rationnel. L’homo œconomicus saurait que le seul cadeau optimal, c’est de l’argent. Mais à moins d’être marié à un(e) économiste, je ne conseille pas de lui offrir du cash ! » La leçon qu’en retire Richard Thaler, c’est qu’il est impossible de se reposer uniquement sur les lois du marché.

C’est là qu’intervient le concept de « coups de pouce » (nudge en anglais), inventé par Richard Thaler dans son livre du même nom. Il s’agit de pousser gentiment les populations dans la bonne direction. Qualifiée de « paternalisme libéral », cette méthode consiste à construire la société de façon à pousser les individus vers le choix le plus rationnel pour eux, sans pour autant leur ôter leur liberté de choix.

Les gens ne donnent pas leurs organes ? Au lieu de demander l’autorisation de récupérer les organes des individus, Richard Thaler pense que le système devrait inscrire d’office tous les citoyens comme donneurs d’organes à la naissance. Même s’il serait possible d’être retiré de la liste de donneurs, le nombre d’organes donnés (et de vies sauvées) augmenterait drastiquement.

Le même système pourrait s’appliquer à toutes les décisions économiques. Richard Thaler imagine que les organisations économiques, seuls acteurs réellement rationnels, décideraient des choix optimaux, et la société s’organiserait pour pousser inexorablement les citoyens vers ceux-ci. Mécaniquement, l’efficacité du système économique en serait améliorée, car elle ne dépendrait plus des aléas des lubies humaines.

 

Jean-Gabriel Fernandez