Netanyahu rejette la conférence internationale face à Manuel Valls

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté lundi le projet français de conférence internationale pour relancer l’effort de paix au ralenti avec les Palestiniens, proposant à Paris d’accueillir plutôt des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens. Benjamin Netanyahu a en revanche fait une contre-proposition de négociations bilatérales. 

« Une conférence désintéressée », c’est ainsi que Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères avait présenté son projet de conférence internationale, dont l’objectif était de réunir une vingtaine de chefs d’Etat, dont Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas. En visite jusqu’à mardi en Israël et sur les territoires palestiniens, Manuel Valls, le Premier ministre français, proposait une réunion préalable le 3 juin à Paris afin de préparer la conférence internationale de l’automne.

Les négociations bilatérales sont « le seul moyen de progresser vers la paix », a expliqué M. Netanyahu lors d’une rencontre avec le Premier ministre français Manuel Valls. Il a proposé à M. Valls une « initiative française différente » sous la forme de discussions bilatérales à Paris. « J’ai entendu la proposition de M. Netanyahu. Je vais en parler au président de la République » François Hollande, a répondu M. Valls. M. Netanyahu s’est constamment opposé à l’idée d’une conférence internationale et s’est toujours dit prêt à rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas à tout moment et en tout lieu.

« Les autorités politiques israéliennes souhaitent en effet un tête à tête avec les Palestiniens, motivé par l’asymétrie totale des relations entre les deux parties, ce qui les placent en situation de force. Les Palestiniens sont épuisés et affaiblis par tant d’années d’occupation et par une situation économique qui n’est guère brillante, ce qui permettrait au gouvernement israélien, dans le cadre d’une négociation bilatérale, de maintenir le blocage et le refus de la proclamation d’un Etat palestinien », analyse Didier Billion, chercheur à l’Institut de Recherche des Relations Internationales de Paris (IRIS).

Une proposition française pour rattraper la résolution de l’UNESCO

Le 17 mai dernier, la France avait voté une résolution de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) qui vise à « sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est » dans une « Palestine occupée ». En visite en Israël, le 15 mai dernier, Jean-Marc Ayrault s’était justifié face à ce vote et à un accueil froid des autorités israëliennes. Pour Didier Billion de l’IRIS, cette « reculade » est symptomatique de l’attitude de la communauté internationale et de la France dans la gestion de la crise israëlo-palestinienne : « Ce n’est donc pas tant l’initiative positive de la France qui est problématique, mais sa tendance à reculer immédiatement à la moindre formulation d’un désaccord émis par le gouvernement israélien. C’est à la fois inacceptable et symptomatique de la situation ».

Les tentatives américaines pour une reprise du dialogue dans la région, initiées il y a deux ans, s’étaient soldées par la fin des discussions depuis avril 2014. A l’automne 2015, pendant la COP 21, Benjamin Netanyahu et le représentant de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’étaient pourtant serré la main devant les photographes, un signal important pour la communauté internationale.

Constance Léon

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